En 58 avant J.-C., après avoir vaincu les Helvètes, Jules César est informé qu'Arioviste, chef du peuple germanique des Suèves, se dirige vers Vesontio (Besançon), la capitale des Séquanes. Il nous donne alors une brève description de l'oppidum:
Après trois jours de marche, on lui apprit qu’Arioviste, avec toutes ses forces, se dirigeait vers Vesontio, la ville la plus importante des Séquanes, pour s’en emparer, et qu’il était déjà à trois jours des frontières de son royaume. César pensa qu’il fallait tout faire pour éviter que la place ne fût prise. En effet, elle possédait en très grande abondance tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre; de plus, sa position naturelle la rendait si forte qu’elle offrait de grandes facilités pour faire durer les hostilités: le Doubs entoure presque la ville entière d’un cercle qu’on dirait tracé au compas; l’espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds, et une montagne élevée le ferme si complètement que la rivière en baigne la base des deux côtés. Un mur qui fait le tour de cette montagne la transforme en citadelle et la joint à la ville. César se dirige vers cette place à marches forcées de jour et de nuit; il s’en empare et y met garnison.
(la)Cum tridui viam processisset, nuntiatum est ei Ariovistum cum suis omnibus copiis ad occupandum Vesontionem, quod est oppidum maximum Sequanorum, contendere [triduique viam a suis finibus processisse]. Id ne accideret, magnopere sibi praecavendum Caesar existimabat. Namque omnium rerum quae ad bellum usui erant summa erat in eo oppido facultas, idque natura loci sic muniebatur ut magnam ad ducendum bellum daret facultatem, propterea quod flumen [alduas] Dubis ut circino circumductum paene totum oppidum cingit, reliquum spatium, quod est non amplius pedum MDC, qua flumen intermittit, mons continet magna altitudine, ita ut radices eius montis ex utraque parte ripae fluminis contingant, hunc murus circumdatus arcem efficit et cum oppido coniungit. Huc Caesar magnis nocturnis diurnisque itineribus contendit occupatoque oppido ibi praesidium conlocat.
La Guerre des Gaules(-52), Jules César, éd. Les Belles Lettres, coll.«Collection des universités de France»,1924, chap. 38,livre I,p.54(texte intégral sur Wikisource)
Dans le premier poème de ce recueil, qui n'a pas de titre mais qui est connu sous l'intitulé Ce siècle avait deux ans, Victor Hugo évoque sa naissance à Besançon, où il a vu le jour le 26 février 1802 (d'où la première strophe).
Ce siècle avait deux ans: Rome remplacait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.
Et du consul déjà par maint endroit
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon vieille ville espagnole
Jeté comme une graine au gré de l'air qui vole
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix.
Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,
C'est moi.
Il est à noter qu'en 1802, Besançon était française, n'ayant été espagnole que pendant les quatorze années précédant la conquête française de 1674. Cela était donc seulement pour Victor Hugo un moyen de trouver une rime en "ole".
Une partie de l'action du roman se déroule à Besançon (les derniers chapitres de la première partie), où le caractère principal Julien Sorel entre au séminaire après avoir été chassé de Verrières par M. de Rénal et avant de partir pour Paris chez le Marquis de la Môle. L'extrait suivant relate son arrivée à Besançon.
Enfin il aperçut, sur une montagne lointaine, des murs noirs; c'était la citadelle de Besançon. «Quelle différence pour moi», dit-il en soupirant, «si j'arrivais dans cette noble ville de guerre pour être sous-lieutenent dans un des régiments chargés de la défendre.»
Besançon n'est pas seulement une des plus jolies villes de France, elle abonde en gens de cœur et d'esprit. Mais Julien n'était qu'un petit paysan et n'eut aucun moyen d'approcher les hommes distingués. Il avait pris chez Fouqué un habit bourgeois, et c'est dans ce costume qu'il passa les ponts-levis. Plein de l'histoire de siège de 1674, il voulut voir, avant de s'enfermer au séminaire, les remparts et la citadelle. Deux ou trois fois il fut sur le point de se faire arrêter par les sentinelles; il pénétrait dans des endroits que le génie militaire interdit au public, afin de vendre pour douze ou quinze francs de foin tous les ans.
La hauteur des murs, la profondeur des fossés, l'air terrible des canons, l'avaient occupé pendant plusieurs heures, lorsqu'il passa devant le grand café sur le boulevard. Il resta immobile d'admiration; il avait beau lire le mot café, écrit en gros caractères au-dessus des deux immenses portes, il ne pouvait en croire ses yeux. Il fit effort sur sa timidité; il osa entrer, et se trouva dans une salle longue de trente ou quarante pas, et dont le plafond est élevé de vingt pieds au moins. Ce jour-là, tout était enchantement pour lui.
Le Rouge et le Noir(1830), Stendhal, éd. Lévy Frères, 1854, chap. XXIV: Une capitale,livre premier,p.159-160(texte intégral sur Wikisource)
Il y avait un certain temps que je flânais dans les rues tranquilles de la curieuse ville de Besançon, qui se dresse comme un promontoire dans une boucle de la rivière en fer à cheval. Vous trouverez sans doute dans les guides que Victor Hugo y naquit et que c'est une ville de garnison aux nombreux forts, proche de la frontière française. Mais vous ne trouverez pas dans les guides que les tuiles de ses toits semblent d'une teinte plus délicate et plus insolite que les tuiles de toutes les autres villes du monde; que ces tuiles ressemblent aux nuages menus d'un étrange coucher de soleil aux écailles chatoyantes de quelque étrange poisson. Il ne vous diront pas que dans cette ville le regard ne peut se poser sur rien sans y découvrir quelque attrait, parfois magique: un visage sculpté au coin d'une rue, une arche mutilé par laquelle on voit luire des champs verts, ou quelque couleur inattendue dans l'émail d'un clocher ou d'un dôme.
(en)For some time I had been wandering in quiet streets in the curious town of Besançon, which stands like a sort of peninsula in a horse-shoe of river. You may learn from the guide books that it was the birthplace of Victor Hugo, and that it is a military station with many forts, near the French frontier. But you will not learn from guide books that the very tiles on the roofs seem to be of some quainter and more delicate colour than the tiles of all the other towns of the world; that the tiles look like the little clouds of some strange sunset, or like the lustrous scales of some strange fish. They will not tell you that in this town the eye cannot rest on anything without finding it in some way attractive and even elvish, a carved face at a street corner, a gleam of green fields through a stunted arch, or some unexpected colour for the enamel of a spire or dome.
Tremendous Trifles(1909), Gilbert Keith Chesterton(trad. Marie-Claire Hamard), éd. Paperbackshop.Co.UK Ltd - Echo Library, 2006 (ISBN1406803197), chap. VIII: The End of the World,p.44(texte intégral sur Wikisource)
Chéri, aimerais-tu me faire un grand plaisir? Emmène-moi cet après-midi à Besançon… Ta mère m'a tellement chanté les charmes de cette ville que j'aimerais la visiter… Nous y ferons une promenade d'amoureux…
Le Château de la juive(1958), Guy des Cars, éd. J'ai Lu, coll.«J'ai Lu n°97»,1961 (ISBN2277120979), p.225