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général et homme politique thébain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Épaminondas, en grec ancien Ἐπαμεινώνδας / Epameinốndas, né à Thèbes entre 420 et 415 av. J.-C., et mort à la bataille de Mantinée le 4 juillet 362, est un général et homme d'État thébain.
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Ἐπαμεινώνδας |
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Homme politique, homme d'État, chef militaire, militaire, officier d'armée de terre |
Père |
Conflits |
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Il transforme sa cité-État pour la conduire à une position prééminente en Grèce antique et fonde de nouvelles alliances. Il brise la puissance militaire spartiate avec sa victoire à Leuctres en 371 et libère les hilotes messéniens, réduits en esclavage par les Spartiates. Son œuvre militaire est considérable : il révolutionne la tactique au sein de la phalange hoplitique en renforçant considérablement les rangs de l'aile gauche, prémices de l'ordre oblique.
Issu d'une famille noble, mais modeste, Épaminondas a un frère et une sœur. Ses parents sont encore en vie au temps de la bataille de Leuctres en 371.
Son père Polymnis a recueilli pendant un temps le philosophe Lysis de Tarente, alors en exil à Thèbes à la suite du massacre des écoles pythagoriciennes de Sicile en 440. Épaminondas a donc profité d'une éducation de très grande qualité. Cette éducation pythagoricienne influencera plus tard le jeune général[1]. En 394, Épaminondas, alors qu’il a vingt-cinq ans, combat côte à côte avec Pélopidas à la bataille de Coronée[2].
En 382, Sparte s’empare de la Cadmée de Thèbes et occupe la ville avec une garnison[2]. Épaminondas perd beaucoup de ses amis qui se réfugient à Athènes et est l'un des rares démocrates à rester dans la cité. C'est là qu'il encourage les jeunes Thébains à lutter contre les soldats spartiates.
En décembre 379, aidé par un groupe d’exilés thébains et de volontaires athéniens, il mène avec Pélopidas et Gorgidas un coup d’État contre le régime oligarchique et parvient à expulser la garnison spartiate[2].
En 378, 377 et 376, Sparte envoie successivement ses deux rois, Cléombrote et Agésilas, combattre Thèbes. La cité résiste, et ce, malgré la défection de nombreuses cités voisines telles que Thespies et Tanagra.
Au cours de ces campagnes entre 378-376, Épaminondas, devenu rapidement béotarque, mène ses troupes aux côtés de son ami Pélopidas et de Gorgidas, le fondateur du Bataillon sacré. D'abord vainqueur en suivant une tactique de guérilla, il gagne par la suite sur les champs de bataille, même lorsque ses troupes sont en infériorité numérique à Tégyres et à Orchomène en 375. La légende d'Épaminondas est née. Pour punir les défections de Tanagra, Platées, l'alliée d'Athènes, et Thespies, Épaminondas décide de raser ces cités, ce qui contribue à renforcer la légende noire de Thèbes. En raison de l'agression contre Platées, Athènes abandonne son alliance avec les Thébains et c'est seuls qu'ils devront affronter la puissance dominante en Grèce.
Au début de l’année 371, les représentants des cités grecques sont convoqués à Sparte pour négocier ensemble une koiné eiréne, c’est-à-dire une paix générale[2]. Ce congrès est un échec. Agésilas refuse de reconnaître la confédération béotienne. Il exige de Thèbes qu’ils signent la paix sous le nom des « Thébains » et non sous celui de « tous les Béotiens »[2]. Épaminondas refuse, rétorquant qu'il le fera uniquement si Sparte reconnaît l’indépendance des cités de Laconie. Les deux cités se préparent donc à la guerre.
Furieux, les Spartiates se lancent dans une grande invasion de la Béotie, menés par le roi Cléombrote II. Épaminondas parvient à convaincre ses collègues de livrer bataille en achetant les oracles. C'est la bataille de Leuctres, où Épaminondas déploie son génie militaire. En infériorité numérique, il tente un coup audacieux : placer le gros de ses troupes à l'aile gauche et non à droite comme à l'habitude. Il désorganise les lignes spartiates grâce à un premier assaut de cavalerie, puis déploie à nouveau sa phalange en concentrant toutes ses forces sur le côté gauche et non le droit, côté gauche où sont concentrées les troupes d'élite de Sparte. Ses troupes sept fois plus nombreuses, étalées sur une profondeur de cinquante hommes contre douze du côté spartiate, enfoncent de manière décisive les lignes ennemies et font perdre à Sparte le tiers de ses citoyens soit 700 homoioi, dont le roi Cléombrote en personne, et bon nombre de soldats d'élite, qui composaient la garde royale personnelle[2].
Cet écrasant succès permet à Épaminondas d'adopter une politique plus ambitieuse : mettre fin à l'hégémonie de Sparte et la remplacer par celle de Thèbes. L'assassinat de Jason de Phères en 370, tyran dominant la Thessalie, supprime un obstacle important. Thèbes s'allie aux cités de Grèce centrale, aux Phocidiens, Locriens, Acarnaniens et Eubéens, réunissant ainsi une grande armée.
Épaminondas lance une grande offensive contre le Péloponnèse à la fin de 370, malgré l'hiver et le fait que les béotarques soient en fin de mandat. Épaminondas réunit une des plus grandes armées en son temps (80 000 hommes), les anciens alliés de Sparte ayant rejoint ses rangs. Il pille la Laconie, mais, face à l'habile tactique de guérilla du roi Agésilas II et l'échec d'un premier assaut, il renonce à prendre la ville de Sparte. En 369, il se replie sur la Messénie et libère les hilotes messéniens [2]. Il fait bâtir une cité autour du mont Ithômé, forteresse historique des guerres de Messénie, la fortifie, y installe une garnison thébaine, et invite tous les Messéniens exilés en Grèce ou en Grande-Grèce à rentrer. La nouvelle ville, Messène, considère le thébain comme son œciste, c'est-à-dire son fondateur. Il fonde également Mégalopolis pour bloquer la route du Nord à Sparte. Il relève les murs de Mantinée et met fin à son dioecisme. Ayant déjà dépassé la durée de son mandat, Épaminondas rentre à Thèbes.
En rentrant à Thèbes, c'est un procès qui attend Épaminondas pour avoir usurpé la fonction de béotarque sur quatre mois. Il encourt la peine de mort, mais rapidement, le procès tourne au triomphe pour les deux généraux qui ridiculisent leurs adversaires. La réponse d'Épaminondas mérite d'être citée car elle contribue aussi parmi d'autres événements à sa réputation de grand orateur. Il plaida en s'inspirant de la fameuse réplique de Socrate à son procès : « Il ne demanda qu’une seule chose à ses juges, c’était d’inscrire sur le procès-verbal de sa condamnation les paroles que voici : Épaminondas a été puni de mort par les Thébains pour les avoir contraints de vaincre à Leuctres les Lacédémoniens, qu’avant son commandement aucun des Béotiens n’a osé regarder en face sur le champ de bataille ; pour avoir, en un seul combat, non seulement sauvé Thèbes de sa ruine, mais encore rendu la liberté à toute la Grèce ; pour avoir à ce point modifié la situation des deux camps que les Thébains ont pu assiéger Sparte tandis que les Lacédémoniens n’avaient qu’à s’estimer heureux s’ils avaient la vie sauve ; pour, enfin, n’avoir pas cessé de faire la guerre avant d’avoir relevé Messène puis contenu la ville des Spartiates en la soumettant à un blocus. » Sur ses paroles, les jurés pouffèrent de rire et aucun ne vota pour sa condamnation. Mais il n'en avait pas fini avec ses opposants pour autant.
Épaminondas est de nouveau élu béotarque et conduit une nouvelle fois l'armée dans le Péloponnèse. Sparte n'a pas tardé à lancer une armée contre Mantinée. De plus, à cette occasion Athènes et Corinthe s'allient à Sparte et envoient des troupes pour bloquer le passage de l'isthme. Mais encore une fois, grâce à une ruse de guerre typique de son génie militaire, Épaminondas parvient à passer entre les mailles du filet athéno-corinthien et rejoint ses alliés argiens, éléens et arcadiens. Ils prennent Sicyone, pillent les terres de Pellène et Épidaure. Sur le chemin du retour, ils essayent de prendre Corinthe, mais échouent face au génie d'un autre chef militaire, Chabrias l'Athénien. Après quoi Épaminondas retourne à Thèbes. Épaminondas décide alors de se venger sur Athènes et de menacer son empire maritime. Il fait voter par l'Assemblée la construction d'une nouvelle flotte de cent trières en 368.
Cette invasion est un semi-échec pour Thèbes : elle n'est pas arrivée à prendre Corinthe et n'est pas allée plus au sud que Pellène. Les Arcadiens commencent à douter de leur puissance et à se quereller avec d'autres alliés de Thèbes, les Éléens. L'Arcadie, sous la conduite de Lycomédès de Mantinée, tend à prendre son autonomie par rapport à Thèbes.
En 364, les Arcadiens, avec lesquels les relations deviennent tendues, envahissent l'Élide et font main basse sur le trésor sacré d'Olympie. Mantinée, adversaire de Thèbes, proteste et obtient gain de cause auprès de l'assemblée des Dix Mille, qui régit l'Arcadie. Or, le traité entre l'Arcadie et Thèbes interdit une paix séparée. Épaminondas est envoyé pour mettre Mantinée au pas. Celle-ci fait appel à Sparte, qui envoie une armée commandée par Agésilas. La bataille a lieu en 362 sur la plaine de Mantinée. Les Thébains enfoncent les lignes spartiates grâce à leur tactique habituelle et remportent la bataille, mais Épaminondas trouve la mort au cours du combat et Thèbes ne saura pas exploiter ce succès.
Ayant reçu dans le combat une blessure mortelle, mais apprenant que l'ennemi est en déroute, il aurait dit : « J'ai assez vécu puisque je meurs sans avoir été vaincu ». Comme on regrette qu'il n'ait pas de postérité : « Je laisse, dit-il, deux filles immortelles, Leuctres et Mantinée ». Lorsqu'on l'a porté dans sa tente, il fait appeler Daïphante et ensuite Iollidas. On lui rapporte qu'ils sont morts l'un et l'autre. Alors il conseille aux siens de faire la paix, parce qu'ils n'ont plus de généraux. L'événement confirme cette façon de penser, et prouve qu'il connait parfaitement ses concitoyens[3].
À son retour de Laconie, on lui intenta, ainsi qu'à ses collègues, une accusation capitale, pour avoir retenu la charge de béotarque quatre mois au-delà du terme fixé par les lois. Il obligea les autres généraux à rejeter la faute sur lui seul, et à dire qu'il les avait contraints à céder à ses ordres. Pour lui, il dit qu'il n'était pas plus habile à parler qu'à agir ; mais que s'il fallait absolument répondre devant ses juges, il demandait, au cas où il fût condamné, qu'ils fissent graver sur une colonne la cause de sa condamnation afin que toute la Grèce sût qu'Épaminondas avait forcé malgré eux les Thébains à ravager la Laconie qui, depuis 500 ans, n'avait point éprouvé d'invasion, de rebâtir et repeupler Messène 230 ans après sa destruction, de réunir par une confédération commune tous les peuples d'Arcadie, et de rendre à la Grèce le pouvoir de se gouverner par ses propres lois.
Épaminondas est un personnage admiré dans l'Antiquité, à Thèbes, mais aussi dans tout le monde grec. Cornélius Népos, qui lui consacre une biographie, lui rend hommage en disant qu'avant sa naissance et après sa mort, Thèbes est toujours dominée par une puissance étrangère, mais que pendant qu'il est au pouvoir, Thèbes se retrouve à la tête de la Grèce. Plutarque aurait écrit une Vie d'Épaminondas, mais aucun manuscrit n'en a été retrouvé.
Montaigne réserve une place de choix à Épaminondas dans ses Essais. Il en fait le troisième et le plus glorieux « Des plus excellents hommes » (II, 36). De même, le premier chapitre du livre III, De l'utile et de l'honnête, se termine sur un éloge d'Épaminondas : « Il mariait aux plus rudes et violentes actions humaines la bonté et l'humanité, voire la plus délicate qui se trouve en l'école de la philosophie ».
Mais au XXe siècle, après un détour complexe par la mer des Caraïbes, le nom d'Épaminondas va devenir pour des générations d'enfants celui d'un personnage de conte, symbole de la Bêtise (cf. Miss Sara Cone Bryant, Épaminondas et sa marraine. Conte nègre des États-Unis du Sud, éd. française 1926).
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