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Le positivisme religieux est un mouvement « religieux » fondé par Auguste Comte dans la phase dite religieuse de sa pensée, qu'il développe dans la deuxième partie de sa vie (1846-1857), et qui l'amène à fonder l'Église positiviste.
Auguste Comte souhaite ainsi contribuer à régénérer la société par l'institution d'un « sacerdoce » nouveau.
Cette phase débouche sur des réflexions sur l'organisation de la société et de l'État. Auguste Comte fonde en 1848 une société positiviste et fait les plans d'une sorte d'Église de nature positiviste, à caractère de culte des morts[1].
Après son éviction de l'École polytechnique, Auguste Comte est secrétaire de Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon de 1817 à 1824. Il partage les idées de son employeur sur le progrès industriel, et le passage d'un âge théologique et féodal à un âge positif et industriel.
La publication du Nouveau christianisme, dernière œuvre de Saint-Simon (1825), sensibilise Comte aux réflexions sur un système religieux propre à répondre aux aspirations de la société française au moment de l'arrivée au pouvoir de Charles X (1757-1836, roi de 1824 à 1830).
Auguste Comte avait dès ce moment choisi de vivre de cours privés et de conférences portant sur les sciences. Toutefois, après une dépression nerveuse, il compose en 1826 le cours de philosophie positive, une présentation de son système.
Dans la phase philosophique de son œuvre, que l'on qualifie quelquefois de positivisme scientifique, développée dans le cours de philosophie positive (1830-1842), Auguste Comte ramène la connaissance du réel au phénoménal au sens strict du terme.
Autrement dit, pour Comte, la connaissance que nous avons du monde nous est donnée par la perception directe que nous pouvons avoir à travers l'expérience sensible ou à travers des raisonnements scientifiques. Les causes premières des actions humaines sont oubliées.
Seule compte l'explication scientifique des phénomènes physiques par la recherche des lois scientifiques et techniques.
Ceci est atteint lorsque l'humanité, partant d'un âge théologique, parvenue à l'état métaphysique, arrive à l'âge positif : les sciences ont atteint le stade positif dans l'évolution historique. Comte appelle la progression vers ce stade la loi des trois états.
À la mort de Clotilde de Vaux (), Auguste Comte cherche à faire son deuil. Il considère que sa vie privée concerne toute l'humanité. Il cherche à réorganiser son système philosophique antérieur, le positivisme scientifique[2]. Selon Auguste Comte, cette idée lui serait venue dès 1845.
Il développe les principes d'organisation qui doivent, selon lui, fonder les sociétés humaines.
Dans cette phase de sa vie, Auguste Comte emploie un vocabulaire religieux : il s'imagine « grand-prêtre » de l'Humanité, il parle de « catéchisme », de « sacrements », il imagine un « temple » de l'Humanité, le positivisme est la « religion » de l'Humanité, etc.
Le positivisme « religieux » proprement dit a aujourd'hui pratiquement disparu en tant que mouvement « religieux ». Il subsiste néanmoins une chapelle à Paris, la chapelle de l'Humanité, et une Église positiviste au Brésil.
Auguste Comte a développé cette « religion » naturelle, afin de définir ce qu'il considérait être une morale pour la vie en société : l'amour de l'autre serait selon lui vécu d'abord à travers l'union des sexes, sentiment de générosité et de désintéressement, qui serait généralisable à des groupes humains plus larges.
Dans le système de politique positive (1851-1854), Auguste Comte développe ses idées sur la « religion » qu'il introduit.
La « religion de l'humanité » de Comte, telle qu'il la désigne, s'appuie sur trois notions :
Comte établit aussi une classification des sentiments.
Certains[Qui ?] considèrent qu'Auguste Comte est le fondateur de la sociologie. En fait[pas clair], Sieyès a déjà employé le terme en 1789, avant Comte qui, lui, a popularisé l'usage du terme au XIXe siècle[réf. nécessaire].
Pour Comte, la sociologie couronne les autres sciences :
Voir la signification exacte du terme « catéchisme » dans l'article détaillé catéchisme.
Dans le catéchisme positiviste (1851), Auguste Comte est allé jusqu'à formaliser sa religion en définissant neuf « sacrements »[3]:
L'Incorporation est l'union avec les morts, censés gouverner le monde, dans la doctrine d'Auguste Comte, d'où l'expression employée par Raquel Capurro de « culte des morts ».
Auguste Comte a défini aussi un « calendrier positiviste ».
Il écrivit aussi la Synthèse subjective (1851).
La doctrine s'appuie sur un « Grand-Être », qui symbolise l'Humanité. La conception de l'Être Suprême dans le positivisme diffère de celle des religions traditionnelles. Dans le positivisme, l'Être Suprême est considéré comme une représentation symbolique de l'ensemble de l'Humanité et de ses valeurs morales et sociales. L'accent est mis sur l'adoration de l'Humanité en tant qu'idéal collectif plutôt que sur la vénération d'une entité divine transcendante.
Si l'on regarde les sources sur lesquelles se fonde la pensée d'Auguste Comte, il semble qu'il ait négligé deux apports de la pensée occidentale :
Auguste Comte s'appuie, à l'exception de Roger Bacon (XIIIe siècle), sur des philosophes tous postérieurs au XVIIe siècle.
On constate que d'autres penseurs se sont penchés sur les phénomènes sociaux avant Comte. Le terme de sociologie a été employé par Sieyès.
Montesquieu, au siècle des Lumières, s'était déjà penché sur l'étude des sociétés humaines, et constatait déjà la nécessité d'un changement de représentation du monde.
Le positivisme religieux (mais aussi philosophique) est très éloigné des grandes religions monothéistes et des philosophies orientales.
Le positivisme, tant philosophique, que religieux, nie la transcendance. C'est un humanisme athée selon Henri de Lubac.
Dans le même temps que les causes premières sont oubliées, la logique d'enchaînement des événements est dénaturée, de sorte que l'on ne comprend plus les causes finales telles qu'elles étaient exposées par Aristote dès le IVe siècle av. J.-C. (Éthique à Nicomaque). Dans ce dernier traité, Aristote identifiait quatre types de causes, dont la cause finale, ou telos.
Selon Raquel Capurro, le Grand-Être est en quelque sorte la continuation du Culte de la Raison de la Révolution française.
En fait, cette « religion » semble avoir été développée et acceptée par les contemporains de Comte en raison du rejet de la métaphysique et de la philosophie d'Aristote, probablement parce qu'Aristote adoptait la théorie du géocentrisme.
Les ouvrages d'Auguste Comte écrits dans cette phase de sa pensée - surtout le Système de politique positive - ont influencé des théoriciens du droit public :
Cela correspond à une certaine partie du droit public français.
Le positivisme religieux a aussi influencé la médecine.
Selon Claude Allègre, Jean Jaurès aurait participé aux banquets positivistes.
Selon Jacques Prévotat[5], Charles Maurras, fondateur de l'Action française, eut une « nuit d'extase » en lisant la Synthèse subjective de Comte.
Le Grand-Être de Comte, qui englobait originellement l'humanité entière, aurait été réduit, selon Jacques Prévotat, à la nation, engendrant le nationalisme en France.
Le positivisme s'est beaucoup répandu en Amérique latine à la fin du XIXe siècle, à travers ses formes « religieuses » (temple au Brésil), ou philosophique (Argentine et autres pays d'Amérique latine).
La devise du Brésil est « ordem e progresso » (ordre et progrès, deux notions de la religion positiviste), que l'on peut voir sur le drapeau brésilien.
Voir Raquel Capurro.
La réception du positivisme religieux en Angleterre d'abord, puis dans le monde anglo-saxon en général, s'est surtout faite à partir de la notion d'altruisme.
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