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composé chimique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'isoprène ou 2-méthylbuta-1,3-diène est un composé organique, l'un des quatre isomères du pentadiène. Il possède deux doubles liaisons qui, du fait de leur position (formelle) 1,3, forment un système conjugué. À température ordinaire, c’est un liquide incolore volatil et odorant, facilement inflammable, susceptible de former des mélanges explosifs avec l'air. Il est soluble dans l'alcool, l'acétone et le benzène.
Isoprène | |||
Formule développée et modèle tridimensionnel de l'isoprène. |
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Identification | |||
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Nom UICPA | 2-méthylbuta-1,3-diène | ||
No CAS | |||
No ECHA | 100.001.040 | ||
No CE | 201-143-3 | ||
PubChem | |||
SMILES | |||
InChI | |||
Apparence | liquide incolore très volatil, d'odeur caractéristique[1] | ||
Propriétés chimiques | |||
Formule | C5H8 [Isomères] |
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Masse molaire[2] | 68,117 ± 0,004 6 g/mol C 88,16 %, H 11,84 %, |
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Moment dipolaire | 0,25 ± 0,01 D[3] | ||
Propriétés physiques | |||
T° fusion | −146 °C[1] | ||
T° ébullition | 34,05 °C[4] | ||
Solubilité | dans l'eau : nulle[1] | ||
Paramètre de solubilité δ | 15,1 MPa1/2 (25 °C)[5] | ||
Masse volumique | 0,680 6 g cm−3[6]
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T° d'auto-inflammation | 220 °C[1] | ||
Point d’éclair | −54 °C (coupelle fermée)[1] | ||
Limites d’explosivité dans l’air | 1,5–8,9 %vol[1] | ||
Pression de vapeur saturante | à 20 °C : 53,2 kPa[1]
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Point critique | 206,05 °C[4], 38,5 bar[8] | ||
Thermochimie | |||
Cp | |||
Propriétés électroniques | |||
1re énergie d'ionisation | 8,84 ± 0,01 eV (gaz)[9] | ||
Propriétés optiques | |||
Indice de réfraction | 1,419 4[6] | ||
Précautions | |||
SGH[10] | |||
H224, H341, H350 et H412 |
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SIMDUT[11] | |||
Produit non classé |
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NFPA 704 | |||
Transport | |||
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Classification du CIRC | |||
Groupe 2B : peut-être cancérigène pour l'homme[12] | |||
Écotoxicologie | |||
LogP | 2,30[1] | ||
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |||
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Le terme « isoprène » a été forgé en 1860 par le chimiste Charles Greville Williams (en) sans explication à partir du préfixe iso- (« égal ») et de la contraction de pr(opyl)ène[13] et est resté son nom courant.
Ce monomère peut polymériser en caoutchouc. En raison de sa grande réactivité, cette polymérisation peut devenir explosive sous l'action de la température. L'isoprène est toxique au-delà de certains seuils, ce qui en fait un polluant s'il est émis dans l'environnement en quantité significative par un processus industriel.
L'isoprène fait partie des gaz largement répandus, en faibles concentrations, dans la nature et dans certains de nos aliments. Il contribue à la production d'aérosols réactifs et en particulier de terpènes.
La biosphère émet plus de composés organiques volatils (COV) non méthaniques dans l'atmosphère que les activités humaines, et l'isoprène en constitue une part importante au-dessus des canopées, qui contribue aussi à la formation (inattendue jusqu'au début des années 2000) de molécules d'époxyde[14].
La connaissance et modélisation de son cycle (et donc de ses flux et rôles) sont des enjeux pour les modélisations et évaluations de la qualité de l'air et l'évolution des climats et microclimats passés, présents et futurs.
Le modèle MEGAN (acronyme de Emissions of Gases and Aerosols from Nature) a été produit en 2006 notamment pour évaluer les émissions nettes (régionales et globale) d'isoprène dans l'atmosphère par la biosphère terrestre, selon une résolution spatiale d'environ 1 km2[16]. Il s'appuie sur les données théoriques et de terrain, issues de mesures in situ et d'expériences en laboratoire, sur les facteurs expliquant les taux et variations d'émissions d'isoprène par les écosystèmes (ces facteurs d'émissions sont complexes ; biologiques, physiques et chimiques, directs et indirects, immédiats et différés et interagissant entre eux). Ce modèle utilise les mêmes variables que d'autres modèles, des observations satellitaires et des mesures faites au sol[16]. Selon le modèle MEGAN :
L'isoprène intervient dans la structure de nombreux composés cellulaires, par exemple dans les terpènes comme le carotène (tétraterpène), qui sont dérivés de l'isoprène.
Selon le UK Natural Environment Research Council (NERC), de l'isoprène est émis par les plantes vasculaires en cas de stress biotique et abiotique, en particulier en cas de sécheresse ou de canicule, car il améliore leur thermotolérance[17], non sans effets collatéraux car ce composé organique volatil (COV) interagit notamment avec l'ozone troposphérique toxique et écotoxique (en le détruisant), mais il réagit aussi avec les oxydes d'azote (réaction photochimique, c'est-à-dire catalysée par la lumière) pour redonner de l'ozone.
De nombreuses espèces d'arbres (le chêne en produit par exemple de grandes quantités) en relarguent dans l'air, principalement via les stomates de leurs feuilles. La végétation planétaire en émettrait environ 600 millions de tonnes par an, dont 50 % venant de la ceinture intertropicale[16].
Dans l'air, l'isoprène est converti en particules époxydes par des radicaux libres tels que le radical hydroxyle (OH). Il contribue ainsi à produire des aérosols qui eux-mêmes créent des microclimats. Ces aérosols contribuent en effet à nucléer les gouttelettes d'eau qui forment des brumes ou des nuages puis des smogs ou des gouttes de pluie[18],[19].
Ce mécanisme semble être un des mécanismes évolutifs développés par les forêts pour surmonter les effets négatifs de la surchauffe des feuilles et/ou une irradiation excessive par les UV. Il pourrait aussi aider les arbres à lutter contre les radicaux libres les plus agressifs pour les feuilles (dont l'ozone troposphérique[20]).
L'isoprène a été découvert, et isolé, à partir de la décomposition thermique du caoutchouc naturel en 1860[21].
L'isoprène est chimiquement plus actif que le butadiène. Obtenu par craquage de naphta, il est très utilisé par l'industrie chimique, essentiellement pour produire le cis-1,4-polyisoprène qui est le caoutchouc synthétique composant par exemple les pneumatiques de voiture ou des gants de chirurgie.
Les molécules de caoutchouc sont constituées de chaines de plusieurs milliers de maillons -CH2 – C(CH3) = CH – CH2… La masse moléculaire du polymère peut varier de 100 000 à 1 million. Le caoutchouc naturel est de bonne qualité, mais il contient des traces d'autres substances : protéines, acides gras, résines, etc. Dans d'autres caoutchoucs naturels, on peut trouver l'isomère de structure, le trans-1,4-polyisoprène, qui lui confère des propriétés légèrement différentes. Par exemple, une résine, la gutta-percha, est un polymère naturel « tout trans » de l'isoprène.
Des quatre méthodes de synthèse industrielle de l'isoprène, l'une, par addition de l'acétone à l'acétylène, mise au point par Georg Merling en 1911[22], a été en usage jusqu'en 1982 ; deux autres, par dimérisation du propène en isohexène ou par double addition de formaldéhyde à l'isobutène (réaction de Prins), étaient encore employées en 2000 ; la dernière, par métathèse de l'isobutène et du but-2-ène, suscitait un grand intérêt, mais n'était pas encore employée à cette date[23].
Il est le plus facilement disponible industriellement comme sous-produit du craquage du naphte ou pétrole, comme sous-produit de la production d'éthylène.
Environ 20 000 tonnes sont produites annuellement par l'industrie[15], dont 95 % servent à produire du cis-1,4-polyisoprène (caoutchouc synthétique).
En 2012, l'Organisation mondiale de la santé ne considère pas l'isoprène comme cancérigène[24]. Un an plus tôt cependant, en 2011, le département américain de la Santé écrit : « Il n'y a pas de raison de penser que les mécanismes par lesquels l'isoprène provoque des tumeurs chez l'animal de laboratoire n'opéreraient pas chez l'Homme », mais il précise : « On n'a relevé aucune étude épidémiologique consacrée à l'évaluation de la relation entre cancer humain et exposition caractérisée à l'isoprène[25]. »
Depuis 2008, selon le règlement européen (CE) no 1272/2008, l'isoprène est classé dans la catégorie 2B[26] des cancérigènes (effet cancérigène supposé chez l'humain), et dans la catégorie 2 des mutagènes (effet mutagène suspecté chez l'humain). Les informations disponibles à ce sujet restent insuffisantes en 2015.
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