Yssyk Koul
lac du Kirghizistan De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L’Issyk-Koul parfois autrefois Issygh koul[1] (en russe : Иссык-Куль) ou Ysyk-Köl (en kirghiz : Ысык-Көл), qui signifie en kirghiz « lac chaud », est le plus grand lac du Kirghizistan et l'un des plus grands d'Asie centrale.
Issyk-Koul | |||
Administration | |||
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Pays | Kirghizistan | ||
Province | Ysyk-Köl | ||
Statut | Site Ramsar | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 42° 27′ 14″ N, 77° 17′ 15″ E | ||
Type | Lac salin de montagne | ||
Superficie | 6 236 km2 |
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Longueur | 182 km | ||
Largeur | 60 km | ||
Périmètre | 688 km | ||
Altitude | 1 606 m | ||
Profondeur · Maximale · Moyenne |
668 m 279 m |
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Volume | 1 738 km3 | ||
Hydrographie | |||
Bassin versant | 21 900 km2 | ||
Alimentation | Jyrgalan River (en), Tamga River (en), Tosor River (en) et Tyup River (en) | ||
Durée de rétention | 305 années | ||
Géolocalisation sur la carte : Kirghizistan
Géolocalisation sur la carte : Asie
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Atteignant une profondeur maximale de 668 m, le lac est situé à une altitude de 1 606 m, au creux d'une dépression d'origine glaciaire, entre les crêtes du Terskey Ala Tau et du Kungey Ala Tau, deux branches du massif des Tian Shan, aux frontières du Kirghizstan, du Kazakhstan et de la Chine. Ce lac endoréique légèrement salé[2], qui ne gèle pas en hiver malgré l'altitude, reçoit plus de 80 ruisseaux et petites rivières et contient plusieurs ressources importantes, dont la morue et l'eau potable. Bénéficiant d'un climat tempéré, la région de l'Issyk-Koul est un des greniers du pays : sur le littoral sud, on trouve de nombreux champs de blé, d'orge ou de maïs. À son extrémité orientale, se dressent les plus hautes montagnes du Kirghizstan : le Jengish Chokusu (anciennement pic Pobedy, le "pic de la Victoire", 7 439 mètres) et le Khan Tengri (7 010 mètres), ainsi que l'un des plus longs glaciers du monde, l'Inylchec, qui dépasse les 50 km. Les principales villes bâties sur les rives de l'Issyk-Koul sont Karakol (63 000 habitants en 2009) à l'est, centre administratif de la région qui possède une petite université, Cholpon-Ata au nord et le petit centre industriel de Balyktchy à l'ouest.
L'Issyk-Koul est long de 182 km d'est en ouest et mesure 60 km dans sa plus grande largeur. Il couvre une superficie de 6 280 km2, plus de dix fois la superficie du lac Léman, ce qui en fait le deuxième plus grand lac de montagne du monde après le lac Titicaca[2].
Selon les résultats de recherches et analyses ADN publiées dans la revue Nature du , la peste noire, qui a sévi pendant le Moyen Âge de 1346 à 1353 environ, trouverait son origine dans le secteur du lac Yssyk Koul[3], et il semblerait que ce sont les marmottes qui, porteuses de la bactérie Yersinia pestis, l'auraient ensuite diffusée vers l'ouest, par l'intermédiaire des hommes, mais aussi des poux, des puces et des rats. L'actuel Kirghizistan se trouvait sur la route de la soie, l'une des principales voies commerciales et de circulation de cette époque[4].
Ella Maillart rapporte dans un récit de voyage[5] une version de la légende du roi Midas, attribuée aux Wusun (qu'elle orthographie Oussounes). Le barbier ayant confié le secret des oreilles d'âne du roi à un puits, il oublia de refermer l'orifice : l'eau du puits déborda, noya le palais et engendra le lac actuel de l'Yssyk Koul.
Site de peuplement très ancien, Issyk Koul a accueilli des monastères chrétiens dans l'Antiquité. Au Moyen Âge, son village fortifié de Barskoon (rive sud du lac), probable étape sur l'une des branches de la route de la soie, voit naître le savant et géographe Mahmoud Al-Kashgari (1008-1105), dont les ouvrages géographiques seront célèbres dans le monde musulman.
Beaucoup d'historiens pensent que le lac est le point d'origine de la terrible peste noire qui a sévi en Europe et en Asie au début du XIVe siècle. Ce lieu de passage pour les voyageurs a en effet permis à la peste de se propager à travers les deux continents par l'intermédiaire de commerçants contaminés sans le savoir par les piqûres de puces. Un monastère du XIVe siècle fut découvert sur le littoral nord-est du lac grâce à une ancienne carte utilisée par les Vénitiens au Moyen Âge. Dans les cimetières nestoriens mis au jour, des épitaphes mentionnent que les personnes inhumées ont succombé à une terrible épidémie de peste en 1338 et 1339, qui semble avoir mis fin à la domination nestorienne au profit des mongols musulmans[6].
Dans la seconde moitié du Moyen Âge, la cuvette est un lieu de pastoralisme semi-nomade des tribus kirghizes. À l'époque contemporaine, il s'agit des Bugu, Sary Bagysh et Sayak.
À partir du milieu du XIXe siècle, la région fait l'objet d'expéditions de sociétés géographiques russes, notamment sous la direction de l'explorateur et officier de l'armée russe Prjevalski (1839-1888, mort au bord du lac dans la ville de Karakol, qui portera le nom de Prjevalsk pendant la période soviétique). Des colonies de paysans russes sont implantées massivement. En 1916, les Kirghizes de la région se soulèvent contre le colonisateur et font l'objet d'une violente répression. Mais à la suite de la Révolution russe, les bolchéviques reprennent ces territoires au début des années 1920. Les rives du lac sont actuellement peuplées par des populations de diverses origines ethniques : Kirghizes, Dounganes, Russes, Kazakhs et Ouïghours.
À partir des années 1950, les infrastructures hôtelières se développent et le lac devient un lieu de villégiature réputé en Union soviétique. Il accueille notamment les cosmonautes soviétiques en convalescence après leur retour de mission, des équipes sportives effectuant des stages en altitude, ainsi que les cadres dirigeants des administrations. Durant la période soviétique, le lac devint un célèbre centre de vacances avec une multitude de sanatoriums, de résidences de vacances et de sites de villégiature le long de son littoral nord autour de la ville de Cholpon-Ata.
En crise dès la fin de l'ère soviétique, le tourisme y renaît petit à petit depuis les années 2000. Le lac et la région avoisinante étaient, à l'époque soviétique, fermés aux étrangers.
L'Issyk Koul propose des stations balnéaires très appréciées des Kazakhs, des Kirghizes et des Russes. La rive sud, notablement moins équipée que la rive nord, offre des paysages sauvages et pittoresques d'une grande beauté, ainsi qu'un accès facile à pied ou à cheval vers les pâturages d'été et les hauts plateaux situés au-delà de 4 000 m.
Enfin, la ville de Karakol est une base logistique pour les expéditions d'alpinistes vers le massif du Khan Tengri situé à 150 km au sud-est. Un des plus vastes ensembles de pétroglyphes du Kirghizistan se trouve à Cholpon-Ata. La ville de Karakol s'appelait autrefois « Prjevalsk » d'après la translittération en russe du nom de l'explorateur polonais Przewalski, sujet de l'Empire russe, qui y est mort. C'est le siège administratif de la province d'Yssykköl. La ville est située près de l'extrémité orientale du lac. Le vieux cœur de la ville contient une impressionnante mosquée en bois, ainsi qu'une église orthodoxe également en bois qui a servi d'étable durant la période soviétique.
Une large zone à l'est du lac fut employée comme zone militaire par la Marine soviétique pour tester des torpilles et des technologies sous-marines[7]. En 2008, des journaux kirghizes rapportèrent que 866 hectares du lac autour de la péninsule de Karabulan, où se trouve la ville de Karakol[8], seraient loués pour une période indéfinie à la marine russe qui envisagerait d'y établir une base de tests dans le cadre de l'accord de 2007 d'amitié, de coopération, d'aide mutuelle et de protection des secrets entre les deux pays. La marine russe paierait l'équivalent de 4,5 millions de dollars pour cette location[9].
L'Inde avait aussi envisagé en 2011 d'investir dans une base sur le lac pour tester des torpilles lourdes ou à navigation thermique. Un avantage du test en lac est que les torpilles tirées peuvent être récupérées pour études. L'Inde envisageait également d'y tester son véhicule sous-marin autonome développé par le Naval Science and Technological Laboratory. Pour cela, elle se proposait d'engager des compagnies locales ayant un savoir‑faire dans le test de torpilles pour co-développer cette base[10].
Le lac est, par ailleurs, utilisé comme site de référence pour la calibration des satellites altimétriques qui mesurent le niveau de la mer[11].
Le lac Issyk-Koul a été reconnu site Ramsar le [12].
Selon Sylvain Tesson, dans son récit La chevauchée des steppes, le lac a été pollué en 1998 par un déchargement accidentel de cyanure destiné à une mine d'or voisine exploitée par une société canadienne. Un camion transportant une citerne de cyanure s'est renversé et son contenu s'est déversé dans une rivière alimentant le lac. « En quelques heures des millions de poissons sont morts »[13].
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