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romancier et artiste américain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
William Seward Burroughs (/ˈwɪljəm ˈsuɚd ˈbɜɹoʊz/[4]), dit William S. Burroughs, né le à Saint-Louis au 4664 de Pershing Avenue[5],[6] dans l'État du Missouri et mort le dans sa propriété de Lawrence (Kansas) de complications liées à une crise cardiaque[7],[8], est un romancier et artiste américain. Principalement connu pour ses romans hallucinés mêlant drogue, homosexualité et anticipation[9], il est associé à la Beat Generation et à ses figures emblématiques : ses amis Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Il a élaboré le cut-up, technique littéraire consistant à créer un texte à partir d'autres fragments textuels d'origines diverses.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
William Seward Burroughs |
Surnom |
William Lee |
Pseudonyme |
Willy a William Lee |
Nationalité |
Américaine |
Formation |
Université Harvard John Burroughs School (en) |
Activités | |
Période d'activité |
À partir de |
Père |
Mortimer P. Burroughs (d) |
Conjoint |
Joan Vollmer (en) (de à ) |
Enfant |
A travaillé pour |
Naropa University (en) |
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Membre de | |
Mouvement | |
Label | |
Genres artistiques |
Science-fiction, satire, littérature dystopique (d), autobiographie |
Influencé par | |
Condamné pour | |
Site web |
(en) realitystudio.org |
Distinctions | |
Archives conservées par |
Junky, Nova Express, Les cités de la nuit écarlate (d), Parages des voies mortes (d), Le Festin nu |
William Seward Burroughs naît dans une famille bourgeoise. Il est le petit-fils de William Seward Burroughs I[10], inventeur de la première machine comptable et fondateur de la « Burroughs Adding Machine Company ». Sa mère, Laura Lee Burroughs, est la fille d'un homme d'Église dont la famille se réclamait de l'ascendance de Robert E. Lee. Burroughs entre à l'université Harvard pour une licence de littérature anglaise dont il sort diplômé en 1936. Son expérience à Harvard est résumée au début de Junky : « J'ai détesté l'université et la ville dans laquelle je vivais. Tout en elle était mort. L'université était un faux décor anglais entre les mains de diplômés de faux collèges anglais. » Il y étudie ensuite l'anthropologie puis la médecine à Vienne, expérience dont il garda toute sa vie un goût prononcé pour la chirurgie et les modifications du corps, la chimie du cerveau et les drogues.
En 1944, Burroughs est détective et travaille avec la pègre à New York. Il vit avec Joan Vollmer, une jeune femme brillante, passionnée de littérature et de philosophie, dans un appartement partagé avec Jack Kerouac et sa première femme Edie Parker. C'est à cette période, entre autres marquée par une affaire de meurtre dans laquelle sont impliqués des amis proches — l'affaire Kammerer-Carr, relatée dans le roman coécrit avec Kerouac Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines —, qu'il commence sa consommation d'héroïne et de morphine, jusqu'à son traitement à la méthadone à partir de 1980. Il épouse Joan deux ans plus tard, en 1946, avec le projet de fonder une famille. Leur fils William S. Burroughs Jr. naît en 1947, au Texas. Le , en voyage à Mexico, Burroughs, ivre, tue sa femme d'une balle en pleine tête[11], alors qu'il essayait de reproduire la performance de Guillaume Tell[12], qui fendit d'une flèche la pomme posée sur la tête de son fils. Burroughs est inculpé pour homicide involontaire. Il est arrêté et passe un court séjour en prison avant d'être relâché.
Commencent alors des années d'errance : il parcourt l'Amérique du Sud à la recherche d'une drogue hallucinogène du nom de yagé, puis l'Afrique du Nord, avant de s'installer dans le sillage de Paul Bowles à Tanger, au Maroc en 1954. Il sombre dans une totale déchéance, conséquence d'une consommation effrénée de drogues[13] : « J’ai passé un mois dans une chambre de la Casbah en train de regarder la pointe de mes pieds […] j’ai compris brusquement que je ne faisais rien. J’étais en train de mourir ». Parvenu « au terminus de la came », il écrit cependant un grand nombre de pages sous le titre provisoire Interzone[14] et c'est Jack Kerouac qui donnera plus tard le titre définitif The Naked Lunch à cet ouvrage. Il confesse dans Queer, roman écrit en 1953 mais qui ne sera publié qu'en 1985 : « I am forced to the appalling conclusion that I would have never become a writer but for Joan’s death… [S]o the death of Joan brought me into contact with the invader, the Ugly Spirit, and maneuvered me into a lifelong struggle, in which I had no choice except to write my way out ». (Queer, 1985, p. xxii).
En 1956, il entame une première cure de désintoxication avec l'aide de John Dent[15], un médecin londonien qui inventa la cure d'apomorphine[16]. À l'issue du traitement, il emménage au légendaire Beat Hotel[17] à Paris, où il accumule des masses de fragments de pages manuscrites.
Avec l'aide de Ginsberg et Kerouac, il fait éditer Le Festin nu par Olympia Press. De leur côté, les fragments deviennent les trois épîtres d'une trilogie : La Machine molle, Le Ticket qui explosa et Nova express. Après sa sortie, le Festin nu est poursuivi pour obscénité par l'État du Massachusetts puis de nombreux autres. En 1966, la Cour Suprême du Massachusetts déclare finalement le livre « non obscène », ce qui ouvre la porte à d'autres travaux comme ceux d'Henry Miller (en particulier Tropique du Cancer).
Burroughs part pour Londres en 1960, où il publie de nombreux petits textes dans des magazines underground, travaillant dans le même temps sur un projet qui est publié en trois parties : Les Garçons sauvages, Les Cités de la nuit écarlate et Havre des saints. Il retourne à New York en 1974, où il devient professeur d'écriture pendant quelque temps, avant de réaliser que l'écriture ne peut être enseignée. Dans les années 1980, il entame une cure de désintoxication, s'installe à Lawrence en 1981 avec son dernier compagnon de vie et amant James Grauerholz, avec qui il forme un couple de 1974 à sa mort.
Dans les années 1990, Burroughs a attiré de nombreux symboles de la culture pop. Il apparaît notamment dans le film Drugstore Cowboy de Gus Van Sant, et, sur le conseil d'Allen Ginsberg[11], collabore avec Bob Wilson et Tom Waits pour donner naissance à la pièce Black Rider, jouée la première fois au Thalia Theatre de Hambourg le [18]. Burroughs participera ensuite à des enregistrements de ses textes qui sortent chez Industrial Records, label de musique expérimentale et bruitiste de Londres : Throbbing Gristle pour le titre Nothing Here Now But the Recordings, Sonic Youth pour le titre Dead City Radio, Kurt Cobain pour le titre The Priest They Called Him ; R.E.M., Ministry, Bill Laswell, Parrhesia Sound System, entre autres.
Burroughs se distingue également par son utilisation du cut-up, technique qu'il met au point dans une petite chambre du Beat Hotel, rue Gît-le-Cœur à Paris avec Brion Gysin[19] : le cut-up consiste à créer un texte à partir d'autres fragments textuels de toute origine (littérature, articles de presse, catalogues de vente par correspondance…) découpés de manière régulière, et remontés selon une logique prédéfinie, afin de faire émerger l'implicite, l'inavoué des textes de départ[réf. nécessaire]. Associé aux routines (récurrences de fragments du texte) tout au long d'une œuvre, le cut-up a également pour objectif de briser la cohérence logique imposée au discours par l'emploi du langage, considéré comme structure structurante. L'impression de semi-chaos générée par les cut-ups et de déjà-vu initié par les routines permettent de se rapprocher, sur le plan formel, de la logique de perception d'un individu plongé dans un environnement dont il ne maîtrise par définition pas les stimuli. L'ensemble a pour ambition de faire faire à la littérature la même révolution que celle de la peinture lors du passage à l'abstrait.
Après l'éclipse de Kerouac et la gloire que connaît Ginsberg à l'époque des hippies, Burroughs connaît un regain de popularité dans les années 1980-1990[20].
Décoré chevalier des Arts et des Lettres en 1984, lors de son passage en France au Printemps de Bourges avec Brion Gysin, Burroughs est considéré comme un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Un des Cahiers de l'Herne lui fut consacré par Dominique de Roux, qui avait été son premier éditeur chez Christian Bourgois.
William S. Burroughs a consacré les quinze dernières années de sa vie à la peinture et aux arts visuels. Il a eu une production artistique dès les années 1960, et fut initié à l’art par Brion Gysin ; en 1963 ils produisirent ensemble un grand nombre de collages.
En 1978, ils réalisent également l’ouvrage The Third Mind, qui utilise la forme du cut-up pour élaborer un ensemble de courtes histoires. Du collage plastique au cut-up littéraire il n’y a qu’un pas, les fragments originaux de ce livre en témoignent : Gysin et Burroughs mélangent morceaux de textes et images afin de leur conférer un sens nouveau. Le titre The Third Mind renvoie à la sensation bouleversante que les deux artistes ont ressenti à la découverte de leur travail collectif — ils avaient la forte impression qu’une tierce personne avait réalisé ce livre — un troisième auteur ou esprit, synthèse de leurs deux personnalités[22].
En 1982, il se retire et s’installe au Kansas pour mettre en œuvre de nombreuses expérimentations plastiques. Il réalise alors des peintures au tir de carabine, séries intitulées Gunshot, faisant exploser la peinture sur des planches de bois. Il revient ensuite sur ces pièces avec des pochoirs et de la peinture fluo, des collages et des dessins à l’encre. Ces combine paintings relèvent de l’assemblage et sont dans la filiation de ses techniques d’écriture et de ses romans[23].
« Burroughs réalisait tout ce qui se trouvait dans ses romans, mais sur des toiles, exposées dans des galeries d'art. Sa peinture est une extension logique de ce qu'il a toujours fait[24]. » (John Waters à propos de Burroughs).
« En 1982, Burroughs s’est retiré loin de tout, au Kansas. Grâce à la fidèle et efficace amitié de James Grauerholz, il put enfin poser bagages, s’occuper de ses chats, regarder par la fenêtre de sa chambre les frémissements des feuilles et des arbres […] et surtout peindre et dessiner, avec ou sans fusils de chasse, autant qu’il le voulait. C’est à cette période qu’il produisit une bonne partie de ses peintures sur papier ou sur cibles cartonnées et imprimées, d’abord criblées de balles, puis retravaillées au pinceau et, enfin, signées et datées en tant qu’œuvres d’art[25]. »
Burroughs travaillait également au pinceau et à l’encre de couleur sur des pochettes qu’il utilisait pour classer ses papiers administratifs ; sur certaines, il est possible de lire son écriture au crayon décrivant ce qu'elles contenaient. Cette série appelée folders est très souvent recto-verso. De manière décomplexée Burroughs vidait ces pochettes de leur contenu, les ouvrait et peignait instinctivement dessus, figurant une représentation abstraite et colorée[26].
William S. Burroughs a exposé de son vivant dans de nombreuses galeries, son œuvre a également fait l’objet d’une rétrospective au LACMA, Musée d’art de comté de Los Angeles en 1996, puis au ZKM de Karlsruhe en 2012. En 2014 une exposition à la Photographer’s Gallery de Londres lui est consacrée.
Aujourd'hui, William Burroughs Communications à Lawrence (Kansas) gère et garantit la protection de son œuvre littéraire et visuel. À Paris, la galerie Semiose le représente et lui a consacré une exposition personnelle en 2016, parallèlement à l’exposition sur la Beat Generation au Centre Pompidou dans laquelle de nombreuses œuvres de l’artiste étaient présentées[27],[28].
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