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monument en hommage aux Voortrekkers qui ont quitté la colonie du Cap entre 1835 et 1854, Pretoria, Afrique du Sud De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Voortrekker Monument (monument aux Voortrekkers), situé à Pretoria, rend hommage aux pionniers boers qui partirent en 1835-1838 de la colonie du Cap pour s'installer à l'intérieur des terres d'Afrique du Sud. Cette grande migration fut appelée « Grand Trek ». Elle est à l'origine de la création des républiques boers du Transvaal et de l'État libre d'Orange.
Destination initiale |
Mémorial dédié à l'histoire des Voortrekkers |
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Dédicataire | |
Architecte | |
Matériau | |
Construction |
1938-1949 |
Ouverture | |
Inauguration | |
Hauteur |
40 m |
Patrimonialité |
Site du patrimoine national sud-africain (en) |
Site web |
Division administrative | |
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Commune |
Coordonnées |
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Emblématique du nationalisme afrikaner, le monument se dresse depuis 1949 sur une colline à l'entrée sud de la capitale sud-africaine. Il est au début du XXIe siècle le monument de ce type le plus visité de la province du Gauteng et l'un des 10 sites culturels et historiques majeurs du pays[1].
Il est inscrit au patrimoine national sud-africain (national heritage site) depuis le [2].
Dans les années 1930, les Afrikaners ont gagné en influence et gouvernent l'Afrique du Sud avec les blancs anglophones. Leur élite politique et institutionnelle veut néanmoins symboliser leur histoire, affirmer leur place dans la construction du pays et consacrer leur supériorité culturelle sur les autres populations du pays, que ce soit les sud-africains blancs anglophones et les populations de couleurs[3]. Comme pour le Nasionale Vrouemonument à Bloemfontein, il s'agit aussi pour les élites intellectuelles de rétablir la confiance des Afrikaners en leur destin, en ravivant le souvenir de leurs heures glorieuses, avant la défaite face aux Britanniques, alors que la Grande Dépression, les périodes de sécheresse à répétition ont encore aggravé la situation des populations afrikaners des classes sociales blanches les plus défavorisées. L'intensification des difficultés économiques a ainsi poussé un nombre croissant de métayers et de fermiers afrikaners à rechercher un travail en villes[4]). Mal qualifiés, ils sont confrontés à la concurrence d'immigrants blancs qualifiés et à des travailleurs noirs non qualifiés, prêts à travailler pour des salaires très bas[4]. Une enquête de la Commission Carnegie de la fin des années 1920, avant même que la Grande Dépression n'ait produit ses effets, soulignait qu'une grande partie des Afrikaners étaient dans une situation économique difficile(« environ 17,5 % de familles « très pauvres » soit quelque 300 000 personnes). Ainsi, au moment des célébrations du centenaire du Grand Trek, le révérend John Daniel Kestell (1854-1941) appelait à sauver les descendants de Voortrekkers de la pauvreté, qu'elle soit économique, morale et spirituelle[4].
Dans ce contexte, la conception d'un monument commémoratif de l'histoire des Afrikaners fut attribué à l'architecte Gerard Moerdijk qui, assisté par une équipe de quatre sculpteurs pour la fresque intérieure et les statues d'angle, va créer un mémorial commémorant le Grand Trek, cet évènement central de l'histoire des Afrikaners.
Combinant le style art déco et le Style « paquebot »[5], le monument, conçu par l'architecte sud-africain Gerard Moerdijk, compte plus de 60 000 blocs de pierre, est haut de 41 m et repose sur une base de 40 m x 40 m[5],[6]. Sa construction fut en grande partie supervisée par Cornelius Pretorius. Moerdijk aurait puiser son inspiration auprès de certains monuments européens comme le Dôme des Invalides en France, le Volkerschlachtdenkmal en Allemagne, ainsi qu'auprès de l'Égypte antique[5].
Pour arriver au portail du monument, il faut d'abord grimper 299 marches[7].
La statue en bronze de la femme boer et de ses deux enfants de quatre mètres de hauteur et de 2,5 tonnes, située à la base du monument au centre de la façade principale (la façade nord), a été conçue par Anton van Wouw en 1938 (ce fut sa dernière commande publique) et réalisée par la fonderie de Renzo Vignali. Il s'agit de la première sculpture publique sud-africaine coulée d'une seule pièce en bronze[8]. Les modèles furent Cato Roorda (1919-2009) ou Isabel Snyman[8] pour la femme, Bettie Wolk pour la fille et Joseph Goldstein pour le garçon. La femme boer est représentée debout, portant le regard au loin, le visage protégé par une coiffe (kappie) à larges bords, tandis que les enfants, tournés vers elle, tirent sur sa longue jupe pour y trouver du soutien et du réconfort. Quatre bas reliefs, réalisés par Ernst Ullman (1900-1975)[9], représentant des gnous tournés vers l'extérieur, symbolisant le danger (en l’occurrence s'éloignant), sont placés en hauteur sur le mur, de chaque côté de la statue[10].
Situées aux quatre angles du monument, les quatre statues en granit des chefs voortrekkers, mesurant chacune 5,5 mètres de hauteur pour un poids de 6 tonnes, ont été conçues par Frikkie Kruger puis ciselées sur site et terminées par Hennie Potgieter.
Le mur d'enceinte, où sont représentés 64 chariots en laager, est composé d'un mélange de morceaux de marbre blanc de Marble Hall, de ciment blanc importé d'Amérique et de morceaux de granit bleu du Namaqualand. Les fondations du mur de laager furent posées en mars 1949 et le premier chariot réalisé durant le même mois. Il fut conçu par Frikkie Kruger et réalisé par la firme italienne Lupini de Johannesburg. Chaque chariot mesure 4,6 mètres de long et 2,7 mètres de haut. La longueur totale du mur de laager est de 313 mètres[8].
La frise intérieure en marbre, située dans le grand hall du monument (25 m x 25 m), est composée de 27 panneaux retraçant l'épopée des Voortrekkers. Elle mesure 92 m de long sur 2,3 m de hauteur pour un poids de 180 tonnes. C'est la plus grande frise en marbre au monde. Elle a été conçue par Frikkie Kruger, Laurika Postma, Hennie Potgieter et Peter Kirchoff et réalisée en Italie dans les ateliers de Romano Romanelli d'abord sous sa supervision directe puis sous celle de Postma et de Potgieter.
Au sous sol du monument (niveau où est situé un cénotaphe), accessible par un escalier, se trouve une grande salle pavoisée aux couleurs des républiques boers, où sont présentés et exposés, au travers de divers objets, peintures (notamment une huile sur toile de 1949 de J.H Pierneef) et artefacts, l'histoire, la vie des Voortrekkers et la construction du monument.
Un large amphithéâtre de 20 000 places a été aussi construit au nord-est du monument.
Situé sur une colline, face à celle où sont situées les Union Buildings, le siège du gouvernement d'Afrique du Sud d'où il est visible (comme un rappel permanent pour les gouvernants du pays), Le monument Voortrekker est un sanctuaire monumental dédié au Grand Trek, à la bataille de Blood River et à ses dirigeants. Pour son architecte, Gerard Moerdijk, le monument doit servir de mémorial pendant mille ans et plus, afin d'expliquer à la postérité l'histoire et la signification du Grand Trek[7]. L'objectif symbolique du monument est de souligner l'héroïsme et la domination culturelle des Afrikaners en Afrique du Sud, et ce, en dépit d'une défaite désastreuse intervenue au début du XXe siècle[3], face aux Britanniques (la seconde guerre des Boers) qui les avaient privés de leurs républiques boers indépendantes.
Les principaux chefs du Grand Trek sont représentés aux quatre angles du monument par des grandes sculptures en granit volontairement imposantes pour accentuer leur héroïsme[3]. Ces quatre statues surélevées, qui représentent Piet Retief, Andries Pretorius, Hendrik Potgieter et un Voortrekker inconnu, pour symboliser tous les Voortrekkers, forment ainsi une garde d'honneur symbolique[11]. Chacun, vêtu du costume typique du Voortrekker composé d'une veste courte boutonnée et d'un pantalon bouffant jusqu'à la cheville, tient un fusil entre ses mains[3].
Un cercle de 64 chars à bœufs protège symboliquement le monument[11]. Il s'agit du même nombre de chariots que ceux du laager (technique défensive consistant à ranger les chariots en cercle) formé par les boers lors de la bataille de Blood River.
La statue de la femme et de l'enfant rend hommage à la femme Voortrekker et à son rôle pendant le Grand Trek. Elle symbolise aussi le christianisme et la culture que les femmes maintinrent durant toute cette période tandis que les gnous figurent à la fois le danger et les guerriers du roi zoulou Dingane[11]. Plus particulièrement, la femme fait office de mère de la nation (Volksmoeder) sud-africaine, celle-ci étant entendue comme afrikaner[3].
Au portail, les sagaies représentent le pouvoir de Dingane[11].
À l'intérieur du monument, le grand hall au centre du monument est recouvert d'un sol à motifs en zigzag, symbolisant l'eau et la fertilité[6]. La fresque intérieure, qui figure tout autour des murs de ce hall, présente le grand trek sous forme de récit chronologique. Elle met en exergue le triomphe des Afrikaners face à l'adversité qu'ils ont rencontrée, que ce soit celle des autorités coloniales du Cap ou celle des chefs bantouphones et de leurs guerriers. Les hommes voortrekkers sont représentés portant des vêtements de style européen (longs manteaux, nœuds papillon, hauts-de-forme ou chapeaux à large bord). Ils se distinguent des autres hommes européens représentés qui sont des soldats britanniques et portugais portant des décorations sur leurs uniformes. Quant aux populations noires, elles sont essentiellement représentées dévêtues et armées de lance, dans une position souvent belliqueuse et désordonnée, face notamment à des Boers bien ordonnés[3]. Les chefs africains se démarquent aussi de leurs guerriers en étant représentés avec des ornements et des coiffes, de même que les employés de couleur des Boers, qui apparaissent vêtus de chemises et de pantalons amples et tissés[3]. Les femmes voortrekkers sont représentées généralement correctement vêtues, coiffées de leur ample bonnet traditionnel, soutenant les hommes et leurs maris, les stimulant quand ils sont découragés ou effectuant des travaux domestiques ou agricoles, voire participant aux combats contre les guerriers Ndébélés[10]. Des femmes noires n'apparaissent que dans un seul des vingt-sept panneaux, en tant qu'épouses de Dingane, vêtues de colliers, de ceintures et de petits tabliers[10]. Enfin, le mobilier et les wagons des voortrekkers sont particulièrement détaillés[3].
Le récit de la fresque ne se termine pas cependant par le triomphe sur les Zoulous mais par le départ des Voortrekkers du Natal, contraints de se retirer après l'occupation britannique, et par la signature de la convention de Sand River où les Britanniques reconnaissent l'indépendance du Transvaal.
Au centre du monument, un cénotaphe symbolise le tombeau de Piet Retief et tous les Voortrekkers morts pendant le Grand Trek[11]. Sur ce cénotaphe est gravée la dernière ligne du premier couplet de l'hymne Die Stem van Suid-Afrika et serment d’allégeance des Afrikaners : Ons vir Jou Suid Afrika ("Nous pour toi, Afrique du Sud"). Tous les 16 décembre (jour de la victoire à Blood River), cette inscription est éclairée par la lumière naturelle du soleil qui parvint par un orifice au sommet du dôme. Ce rayon de soleil symbolise la grâce que Dieu répandit sur le travail et les espoirs des Voortrekkers[11].
Enfin, par sa localisation sur une colline, l'énorme monument de granit peut-être vu de la plupart des quartiers de Pretoria afin d'être un rappel aux Afrikaners de leur héritage[7].
La fresque intérieure en marbre retrace sur 92 m de long et 27 scènes l'histoire des Voortrekkers.
L'idée de bâtir un monument en l'honneur des Voortrekkers revient au président de la république sud-africaine du Transvaal, Paul Kruger à l'occasion du 50e anniversaire de la bataille de Blood River le . L'idée fit long feu à cause notamment de la seconde guerre des Boers avant de ressurgir en 1931 quand la « commission centrale des monuments du peuple » (Sentrale Volksmonumentekomitee - SVK), chargé de soutenir la construction de monuments nationaux pour le centenaire du Grand Trek, en fit son projet principal. L'architecte Gerard Moerdijk est alors chargé de dessiner les plans d'un monument tandis que la SVK étudie les sites où il pourrait être construit.
Plusieurs sites, tous intimement liés à l'histoire des Voortrekkers, sont proposés pour construire le monument et font l’objet d'intenses débats : Pietermaritzburg, Weenen, le lieu de la bataille de Blood River, Bloemfontein, Potchefstroom et Pretoria. Le 6 octobre 1936, le choix se porta sur Pretoria[13]. Il était prévu que le monument soit inauguré pour le centenaire du Grand Trek, mais très vite, par manque de fonds financiers, il s'avère que cela serait impossible.
Néanmoins, le , une cérémonie, présidée par Ernest George Jansen, président de la SVK, officialise sur Monument Hill, près de Pretoria, le lieu retenu pour la construction du mémorial,située quasiment en face de la colline où sont situées les Union Buildings, le siège du gouvernement sud-africain. Dix entreprises répondirent à l'appel d'offres pour les travaux de construction, remportée par l'entreprise italienne A. Cosani[8].
La construction proprement dite débute au début de l'année de 1938 et la pierre angulaire du monument Voortrekker posée le , lors des célébrations du centenaire du grand trek, en présence de plus de 100 000 personnes. Lors de cet évènement, les pierres de soutien des quatre angles du monument furent déposées par trois descendants des chefs voortrekkers : Mme J.C. Muller (petite fille d'Andries Pretorius), Mme K.F. Ackerman (arrière-petite-fille d'Hendrik Potgieter) et Mme J.C. Preller (arrière-petite-fille de Piet Retief). Sous la pierre angulaire furent placées une bible, une copie du texte du vœu prononcé en 1838 à Blood River, une copie du traité signé entre Piet Retief et le roi Dingane, une copie du journal de Jan van Riebeeck et le texte de l'hymne national Die Stem van Suid-Afrika.
Les travaux sont arrêtés au début de la Seconde Guerre mondiale et Cosani se retrouva dans l'impossibilité financière de poursuivre les travaux. Un nouvel appel d'offres pour l'achèvement de la construction fut remporté par l'entreprise de W.F. du Plessis[8]. En 1942, l'équipe de 4 sculpteurs, chargés de réaliser la frise intérieure en marbre, est constituée.
Le monument est achevé et inauguré devant plus de 250 000 personnes, essentiellement des Afrikaners, le vendredi à midi (le « Jour du vœu ») en présence du gouvernement sud-africain au complet, après 3 jours complets de célébrations, comprenant des discours (tous en afrikaans à l'exception d'un seul), des services religieux et des danses folkloriques(« volkspele »). La victoire l'année précédente du parti national aux élections générales lui permet de dominer politiquement les célébrations et à Daniel François Malan, le Premier ministre, de s'adresser à la foule en tant qu'orateur principal[14]. Mais plusieurs personnalités interviennent également comme son prédécesseur Jan Smuts, connu aussi pour ses faits d'armes face aux britanniques durant la guerre des Boers, ou Ernest George Jansen. Parmi les spectateurs, très peu de blancs anglophones sont présents et, mis à part Old Jacob (85 ans), invité en tant qu'ancien chauffeur (noir) de Paul Kruger, peu de personnes de couleur également, essentiellement des employés (souvent en coulisse), des gardiens et du personnels de maison (les nounous) accompagnant leurs employeurs[15]. Lorsque les grandes portes du Monument s'ouvrirent lentement, douze garçons et filles en tenue de Voortrekkers furent les premiers à entrer dans le hall du monument (la salle des héros), symbolisant l'avenir de l'Afrikanerdom[15]. Cet événement fixe aussi de nombreux éléments du folklore et de la tradition, pour certains introduits en 1938 (comme la danse populaire, le volkspele, des chansons, certains vêtements) qui deviennent des éléments du patrimoine national sud-africain, appris par les enfants des écoles primaires[14].
Si Gerard Moerdyk souligna qu'il n'y avait aucun motif politique dans sa démarche et celle des autres sculpteurs, le contexte de la construction du monument et de son inauguration, l'associe étroitement au gouvernement au pouvoir et à ses politiques d'apartheid, d'autant plus que le parti national parvint à gouverner le pays durant 40 ans, correspondant aux premières 40 années du monument[14]. Ainsi, devenu synonyme tout simplement d'Afrikaners pour beaucoup de sud-africains, l'édifice est souvent utilisé, durant ces quarante premières années d'existence, comme symbole politique, notamment en 1961 pour des célébrations d'action de grâce organisées par la Fédération des organisations culturelles afrikaans (FAK) à l'occasion de la fondation de la République d'Afrique du Sud, marquées par la glorification des anciens dirigeants afrikaners. Ce fut aussi le cas en 1966, pour les commémorations célébrant le cinquième anniversaire de l'établissement de la république. Le monument, tout comme le drapeau national orange-blanc-bleu et l'hymne national « Die Stem », tous deux également établis bien avant l'arrivée au pouvoir du Parti national, deviennent étroitement liés aux politiques d'apartheid du gouvernement transformant d'ailleurs, selon Cyril Ramaphosa ces deux derniers symboles de l'identité afrikaner en symboles de discrimination, d'oppression et de misère[14].
La popularité des festivités du 16 décembre commence à diminuer à la fin des années 1970, notamment du fait du désintérêt de la jeunesse afrikaner pour le symbolisme du Grand trek[13]. En 1988, pour les célébrations des 150 ans du Grand Trek, la commémoration du Grand Trek est presque symbolique des divisions qui traversent alors la société afrikaner avec deux célébrations distinctes organisées par deux organisations culturelles opposées.
Au début des années 90, le monument est stéréotypé comme le point de ralliement pour les Afrikaners les plus conservateurs, hostiles aux réformes du Président Frederik de Klerk et à la fin de l'apartheid. Ainsi, après que F.W. de Klerk ait annoncé la levée de l'interdiction de l'ANC et la libération de Nelson Mandela, le Parti conservateur d'Afrique du Sud organise dans le grand amphithéâtre du Monument des rassemblements comptant de 65 000 (1990) à 100 000 de ses partisans (1993)[16].
La croyance que le monument ne serait pas autorisé à survivre avec un gouvernement de l'ANC est alors une crainte partagée dans la population blanche sud-africaine. En 1991, Louis Eksteen, réalise une linogravure (intitulée Quo vadis–triptiek) en trois parties qui dépeint le déboulonnage du bâtiment[14]. En 1992, Penny Siopis réalise la couverture du programme d'un symposium de l'atelier d'histoire de l'Université du Witwatersrand où le Voortrekker Monument apparait renversé par une foule tirant sur des cordes. En 1993, les craintes que le monument Voortrekker ne soit détruit sous un gouvernement de l'ANC ou que les monuments afrikaners ne soient plus entretenus et se détériorent[14] amènent le gouvernement de Klerk à prendre quelques précautions comme celui de céder ce monument de statut public, à une société à but non lucratif nouvellement créée et appelée Voortrekker Monument and Nature Réserve, disposant de son propre conseil d'administration[14] où l'on retrouve plusieurs associations culturelles afrikaners comme la FAK, Rapportryers et AKTV[13] .
En octobre 1994, l'ANC adopte ainsi une résolution recommandant la suppression de tous les monuments commémoratifs situés dans des lieux publics et leur déplacement dans des musées à des fins de déconstruction et de conscientisation[14]. Si le Monument fut inévitablement associé à la politique d'apartheid, ses dirigeants s'attachent à l'en dissocier, avec le soutien de quelques uns des principaux dirigeants du pays. Ainsi, dès 1995, le président Nelson Mandela, déplore que certains appellent à la suppression massive des icônes afrikaners car les méchants des uns peuvent être les héros des autres[14]. Les tensions demeurent cependant à l'ANC entre les partisans de la conservation et ceux de la suppression. En 2000, le ministre des Arts et de la Culture, Ben Ngubane, charge le président de la nouvelle Agence sud-africaine des ressources patrimoniales (SAHRA), de réaliser un registre des monuments coloniaux et des monuments liés à l'apartheid afin de notamment préparer une nouvelle réglementation pouvant justifier la suppression, la reconfiguration et la réinterprétation des monuments de l'apartheid et de l'ère coloniale[14]. Peu de monuments sont finalement supprimés de l'espace public, surtout des sculptures, peintures et autres bustes de dirigeants afrikaners dont plusieurs sont entreposés dans les réserves du Voortrekker Monument (et ressortis lors d'exposition temporaire) ou ré-érigés sur son site comme celle restaurée dédiée à Danie Theron (à Fort Schanskop en 2002) ou la statue de la Liberté apprivoisée de Hennie Potgieter (à l'entrée du Centre du patrimoine)[14].
La formation de la société du Voortrekker monument, ainsi que le lobbying efficace réalisé auprès du gouvernement pour le maintien d'un financement gouvernemental, a évité au Voortrekker Monument mais aussi au site de Blood River et au mémorial à Piet Retief à Pietermaritzburg (tous deux gérés par ladite société), de subir les avanies du temps, au contraire du monument voortrekker situé à Winburg, négligé par les autorités locales[14], en l’occurrence le département provincial des sports, des arts, de la culture et des loisirs de la province de l'État-libre.
Le 16 mars 2012, le Voortrekker Monument est finalement le premier monument afrikaner à être inscrit au patrimoine national par le gouvernement de l'ANC. La décision est annoncée officiellement par Paul Mashatile, le ministre des Arts et de la Culture, devant le panneau de marbre représentant les Boers mettant en déroute les guerriers zoulous à Blood River pour mettre en perspective le concept de « culture partagée »[14].
Le Voortrekker Monument reçoit environ 250 000 visiteurs par an (54 000 estimés pour le Freedom Park, créé à proximité et relié par la Route dite de la Réconciliation). Les visiteurs internationaux ont constitué de 51% à 57% de la fréquentation totale entre 2012 et 2017, les plus nombreux ayant été des ressortissants de Chine. Le monument reçoit aussi la visite de groupes scolaires (36% du nombre de visiteurs) dont de nombreuses écoles à majorité issues des townships ou des quartiers noirs[17].
Dans les décennies qui ont suivi la construction du mémorial, plusieurs agrandissements du site sont intervenus, avec la création notamment d'une réserve naturelle, et d'autres monuments ont été érigés ou intégrés à proximité ou autour du Voortrekker monument[18]:
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