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Le sous-type H5N8 du virus de la grippe A fait référence aux types de deux antigènes présents à la surface du virus : l'hémagglutinine de type 5 et la neuraminidase de type 8. Le virus de la grippe A est un virus à ARN monocaténaire de polarité négative à génome segmenté (8 segments) qui appartient au genre Alphainfluenzavirus de la famille des Orthomyxoviridae. Il est classé dans les « grippes aviaires » (groupe de virus qui infectent uniquement ou presque toujours des espèces d’oiseaux (sauvages ou domestiques et alors généralement des volailles dans ce dernier cas), même si certains de ces virus peuvent aussi infecter des oiseaux en cage, des mammifères et parfois l’Homme. Leur pathogénicité varie d'une part selon leur type génétique, et d'autre part selon la santé immunitaire des espèces infectés. Ces virus ont en commun de principalement infecter des voies respiratoires chez les espèces animales-hôtes. Le sous-type H5N8 est parfois considéré comme l'un des moins pathogènes pour l'homme, mais le risque épidémiologique qu'il représente est difficile à évaluer en raison de sa capacité à muter, susceptible de le rendre bien plus dangereux.
Domaine | Riboviria |
---|---|
Embranchement | Negarnaviricota |
Sous-embr. | Polyploviricotina |
Classe | Insthoviricetes |
Ordre | Articulavirales |
Famille | Orthomyxoviridae |
Genre | Alphainfluenzavirus |
Comme d'autres sous-types de virus de la grippe, le sous-type A (H5N8) est en constante évolution et peut donc contrer le système immunitaire de ses hôtes. Il est susceptible de parfois produire des variants dits « hautement pathogènes » (HP) pour les oiseaux, ce qui s'est notamment produit à partir de en Corée. Dans ces cas, l'évolution du virus grippal est généralement rapide et constante, et préoccupante pour les écoépidémiologistes car rendant la fabrication de vaccins presque impossible (quand un vaccin a été testé et distribué, le virus peut déjà avoir muté et l’avoir contourné). « H5N8 est hautement pathogène pour les volailles »[2], mais jusqu’en 2014 « aucun cas de contamination humaine n'a été recensé dans le monde »[2]. Son évolution phylogénétique (par le jeu de mutations et/ou de réassortiments génétiques) pourrait cependant éventuellement le rendre infectieux voire hautement pathogène pour l’Homme. L'importance de ce risque est impossible à évaluer. Ce virus fait pour cette raison l’objet d’une attention particulière de la part des réseaux de surveillance vétérinaire. En France, les virus de la grippe aviaire sont classés dans la catégorie « Dangers sanitaires »[3].
Parmi les risques et dangers zootechniques existent des risques de contamination entre oiseaux d’élevages et entre oiseaux sauvages, ainsi qu'entre ces deux catégories phylogénétiques d’oiseaux. À ce jour, selon l’OMS les risques sanitaires pour l’homme sont limités à des personnes en contact direct avec des oiseaux malades (ou des œufs ou déjections/fumiers provenant d’animaux malades)[4].
D'abord détecté en Irlande dans les années 1980, puis aux États-Unis, puis plusieurs fois repéré dans les années 2000-2014 en Chine (en 2010, avec un virus dérivant d’une souche trouvée sur une oie « Goose/Guangdong/1/1996 (Gs/GD) » puis détecté chez des canards d’élevage du Jiangsu en Chine[5]), puis au Japon, et surtout en Corée du Sud où plusieurs souches de variants réassortis du H5N8 inhabituellement pathogènes du virus[6] ont causé de graves épidémies aviaires[7],[8]).
Apparu en Irlande en 1983 (chez des dindes et canards), puis aux États-Unis, puis plusieurs fois repéré dans les années 2000-2014 en Chine (en 2010, avec un virus dérivant d’une souche trouvée sur une oie « Goose/Guangdong/1/1996 (Gs/GD) » ensuite détecté chez des canards d’élevage du Jiangsu[5]), au Japon, et en Corée du Sud où plusieurs variants réassortis du H5N8[6] ont alors causé de graves épidémies aviaires (avec dans ce cas un variant inhabituellement pathogène du virus[7],[8]).
L'adjdonction d'un préfixe HP au nom d'un virus (ex. : influenza A HP H5N8 signifie que cette souche est hautement pathogène pour ses hôtes aviaires. Parfois ce type de virus peut muter et s'adapter à l'Homme, au porc ou d'autres mammifères (chiens, chats, phoque…).
La période d'incubation chez les volailles peut être de quelques heures à quelques jours (1 à 3) chez les oiseaux individuels[9] et jusqu'à 2 semaines dans le troupeau. Une période d'incubation de 21 jours, qui tient compte de la dynamique de transmission du virus, est utilisée pour une population aviaire dans le cadre de la lutte contre la maladie. On pense également que la période d'incubation des virus de la grippe aviaire chez les mammifères est courte et peut ne durer que 1 à 2 jours dans certains cas[10].
Chez les oiseaux :
Chez l'Homme : les symptômes attendus d'une infection par le virus H5N8 devraient principalement être respiratoires et de type "syndrome pseudo-grippal" (fièvre, frissons, maux de tête, toux et fatigue).
Un risque accru de conjonctivite a également été associé à ce virus chez la ou les personnes proches d’oiseaux malades ou de matières contaminantes (fientes…)[12].
Un nouveau variant hautement pathogène a sévi dans la péninsule sud-coréenne début [13],[7],[8], avec une extension rapide et géographiquement large des foyers (8 foyers éloignés les uns des autres[14]. En moins d'un an, ce sont en 2014 plus de 10 millions de volailles d’élevage qui ont dû être abattues dans le pays, [« soit presque 6 % de la production nationale »[15]. La Corée du Nord, déjà touchée par le H5N1 en 2013 reconnait en avoir également été fortement touchée par le H5N8 et avoir euthanasié de nombreux oiseaux[16].
Des oiseaux sauvages ont aussi été trouvés touchés par le virus A H5N8 dont la Sarcelle élégante ainsi que d’autres oiseaux migrateurs (infectés et morts du virus)[17],[18],[19],[20].
Un an plus tôt, AH5N8 avait aussi été trouvé sur un canard chinois vendu dans un marché de volailles vivantes[21],[22].
Le variant hautement pathogène HP H5N8 qui a sévi en Corée du Sud en 2014 est réassorti et semble avoir nettement gagné en pathogénicité, tant pour les oiseaux sauvages que domestiques. Il a été isolé sur des oiseaux migrateurs sauvages (parfois asymptomatiques) et chez des oiseaux d’élevage (vivants et morts) et notamment chez des Colverts (vivants et morts), mais aussi chez des poulets, oies et canards d’élevage avec en général plus de 70 % d’oiseaux infectés dans les élevages touchés[20].
Le , le Japon a signalé à l’OIE un cas d’infection sub-clinique sur la côte Est[23], suivi d’un foyer signalé (Chosei-gun, Nagara-machi, CHIBA) le . Le , il est confirmé que 2 échantillons fécaux d’Anatidae sauvages prélevés le (parmi un total de 50) contenaient le H5N8. Une étude de pathogénicité virale est annoncée.
À partir du , trois élevages de volailles du sud-ouest du Japon sont victimes de cette grippe aviaire. 85 000 poulets au total sont exterminés dans ces trois fermes situées à Miyazaki, Nobeoka et Nagato[24]. Le , un nouveau cas apparaît à Kasaoka : l'intervention des forces d'autodéfense japonaises est demandée pour tuer les 200 000 poulets de cette ferme dans les quatre jours suivant, selon le protocole[25]. Une zone de quarantaine est établie dans un rayon de dix kilomètres, concernant 21 fermes pour près d'un million de poulets[25]. Un nouveau cas se déclare le à Arita, les 73 000 poulets de cet élevage et d'un autre voisin sont tués[26].
Les premiers foyers et cas connus de H5N8 (virus a priori d’origine asiatique) ont été détectés en Europe en 1983 dans des élevages de volaille (en Irlande, et d'autres ont suivi épisodiquement).
Les premiers foyers européens sont apparus presque conjointement, mais pour certains distants de à 25 km à plus de 100 km les uns des autres[32]. Ce fait a fait suggérer que des oiseaux migrateurs aient pu contribuer à véhiculer le virus dans le pays et outre-manche, mais aussi de l’Asie à l’Europe de l’Ouest[2], hypothèse fréquemment avancée pour ce type d’épidémie/zoonose. Cependant, il ne s’agit que d’une hypothèse parmi d’autres, car dans le passé des transports de volailles ou de poussins ou le déplacement de personnes ont aussi été des causes prouvées de diffusion du virus.
Ces cas ont suscité en Belgique, France, Suisse et dans d’autres pays proches un renforcement de la veille sanitaire et vétérinaire (avec en France et une saisine l'Anses par le ministère de l'Agriculture).
Une épizootie d'influenza A-H5N8 se déclare fin 2020 en Europe[36]. Elle atteint un premier élevage français début décembre, dans le département des Landes[37],[38].
Un virus de type H5N8 est détecté dans un cadavre de phoque retrouvé échoué sur la côte polonaise de la mer Baltique en novembre 2016[39].
Conformément à la réglementation européenne et pour limiter les risques commerciaux ou liés aux transports de marchandises ou d’animaux susceptibles de contribuer à une diffusion du virus, les exportations de volailles et d’œufs ont été suspendues pour une durée de 72 heures, et de 30 jours pour les élevages situés dans un rayon de 10 kilomètres autour de celui affecté[15].
Le directeur de l’OIE a également rappelé qu’« il est également nécessaire d'essayer d'éviter les contacts entre les oiseaux d'élevage et les oiseaux sauvages. Par exemple, il faut mettre la nourriture des volailles d'élevage à l'intérieur des bâtiments, au lieu d'à l'extérieur, pour qu'elle ne soit pas contaminée par les oiseaux sauvages lorsqu'ils la mangent »[2].
Les travailleurs exposés à des volailles malades ou jugées « porteuses saines » doivent médicalement surveillés durant dix jours afin de documenter de possibles symptômes et un traitement préventif antiviral (de type Tamiflu) est parfois proposé[12].
En France : Étant donné la géographie des premières zones déclarées touchées à l’automne 2014 et étant donné le sens des flux migratoires automnaux (Globalement et principalement nord-sud), la France s’attend à aussi détecter des foyers où trouver des animaux sauvages (dont potentiellement des espèces gibier telle que les canards) touchés.
Le ministère français de l'agriculture s’est dit prêt[40] à « activer le Plan national d’intervention sanitaire d’urgence », plan qui concerne les « professionnels des filières animales » et qui s’applique obligatoirement[41] en liaison avec la Commission Européenne[42] et sur la base d’un décret (de ) fixant les « modalités de fixation de la liste des dangers sanitaires de première et deuxième catégorie et d'approbation des programmes collectifs volontaires ainsi que des schémas régionaux de maîtrise des dangers sanitaires visant à organiser la prévention, la surveillance et la lutte contre les dangers sanitaires concernant les animaux » (et les végétaux)[3]).
Selon France 3, en Picardie (zone de passage de millions d’oiseaux migrateurs), la Fédération des chasseurs a alerté ses adhérents en les encourageant à signaler à l’ONCFS les cygnes et canards retrouvés morts[43].
En 2020-2021, 380 000 canards ont été tués en France: la pandémie se propage au sein des élevages, avec la faune sauvage, mais le recours à une même société de transport pourrait également jouer un rôle.
D'autres facteurs peuvent également être en cause comme le manque de distanciation physique des animaux ou l'aspect mono-race des élevages[44].
De 1998 (plus de 10 ans après la détection des premiers cas européens) à 2011, plusieurs foyers ont été signalés aux États-Unis[45]
Les membres de cette famille de virus évoluant très rapidement, ils sont regroupés, quand on dispose des connaissances le permettant, par arborescence phylogénétique en clades à partir des souches originelles identifiées.
Bien que H5N8 ait autrefois été considéré comme l'un des sous-types peu pathogènes et à faible risque de le devenir, son statut épidémiologique est en train de changer, car plusieurs fois, le H5N8 a joué un rôle d’incubateur naturel pour le virus H1N1 hautement pathogène[46].
En 2014, les souches identifiées en Corée du Sud sont réassorties à partir de virus aviaires différents[47], avec 2 variants identifiés en 2004 dans ce pays, dits 1) « souche Gochang » et 2) « souche Buan »). Selon les données accumulées durant les 6 premiers mois de 2014, ce H5N8 est susceptible de causer des pertes importantes dans les élevages et de toucher des oiseaux d'eau sauvages, mais ne semble pas contaminant pour l’Homme (sur 397 analyses sérologiques de personnes à risque, c'est-à-dire ayant approché ou manipulé des volailles malades ou susceptible de l’être, aucune sérologie positive n'a été détectée en Corée du Sud)[47].
Une étude a testé la pathogénicité d’une souche coréenne de 2014 sur la souris de laboratoire et le furet et a conclu a une pathogénicité accrue de l'une des souches coréennes pour les mammifères : la souche « H5N8 Buan 2 » s’est montrée très peu pathogène pour le furet et « modérément hautement pathogène » pour la souris[47].
Concernant le tropisme du virus pour certains organes-cible : Pour 10 types d’organes/tissus explorés, la charge virale était plus élevée dans les poumons, la trachée et parfois l’intestin ; trois organes susceptibles de contribuer à la réplication/dissémination du virus[48]. Les auteurs de cette étude ont conclu à une « possibilité sporadique d’infections de petits groupes de cas humains chaque fois que les virus de la grippe circule chez les poulets », notamment pour les personnes directement exposées aux volailles[48]. Ils insistent néanmoins sur le fait que le AHP (H5N8) ne semble pas avoir en 2014 franchi la barrière des espèces dans la nature[48], et qu’il convient de continuer à aussi surveiller les virus A (H7N9), A (H5N1) et A (H5N6)[48]. Cependant, dès , les autorités de Corée du Sud ont signalé que le virus est apte à infecter le chien (onze chiens, asymptomatiques, testés entre le 11 et le ont révélé des anti-corps au H5N8, dans deux fermes (à Cheonan, à 80 km au sud de Séoul, et à Buyeo, à environ 100 km plus au sud)[49]. Or le chien est proche de l'homme et est consommé en Corée (cynophagie).
Au même moment un article du journal Clinical Infectious Diseases (en) signale que dans la province du Guangdong (Chine), des tests faits sur des chiens errants fréquentant les marchés de volaille ont pour la première fois détectés des chiens ayant été infectés par un sous-type viral proche (virus de la grippe A (H10N8)), ce qui laisse penser que l'organisme canin peut aussi être un lieu de réassortiment génétique pour plusieurs souches virales en circulation[50]. Or le H10N8 pourrait ne pas être anodin pour l'Homme : quelque temps auparavant (le ), la Chine avait signalé puis confirmé qu'une patiente de 75 ans (morte d'une pneumonie sévère dans la province du Jiangxi) était la 1re infection humaine connue par un virus du sous-type A (H10N8)[50]. ; deux mois plus tard (le ) 3 autres cas humains de H10N8 étaient ont été confirmés dans la même province du Jiangxi, dont deux mortels[50].
Les virus de type « HxNx » semblent tous avoir une origine aviaire ou en grande partie aviaire. Ils co-évoluent en permanence avec le système immunitaire des oiseaux, généralement sans provoquer de mortalités massives détectables chez leurs hôtes à l'échelle des métapopulations. Les migrations aviaires sont l’occasion de transferts géographiques de virus, habituellement sans conséquences majeures pour les populations d'oiseaux, mais certains de ces virus - exceptionnellement - peuvent muter (par exemple par glissement antigénique ou à la suite d'un ré-appariement pour devenir plus pathogènes pour les oiseaux et/ou très pathogènes pour d’autres espèces (on parle alors de « franchissement de la barrière des espèces »). Dans ce cas des problèmes de sécurité sanitaire et de risque biologique peuvent apparaître.
Lors de la découverte du premier foyer aviaire anglais de 2014, le gouvernement britannique, s’est voulu rassurant arguant que « le risque pour la santé humaine est très faible, et il n’y en a aucun pour la chaîne alimentaire »[15]. Au même moment, Elizabeth Mumford de l’OMS se montrait prospectivement plus nuancée en expliquant que : « Si sa propagation augmente, il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas de cas humains, mais tout dépend du virus et de son évolution »[15].
L'aspect potentiellement dangereux du virus AH5N8 pour l'Homme en 2014 est lié au fait que le génome de variants recombinés de ce virus pourraient intégrer des gènes du H5N7 (plus infectant pour l’homme) et/ou du H5N1 HP (hautement pathogène). Une souche émergente pourrait alors être plus pathogène et/ou plus transmissible de l’animal à l’homme (et éventuellement d’homme à homme).
Or :
L’importance du H5N8 en termes de risque écoépidémiologique est mieux cernée :
S'il s'adapte bien aux animaux d'élevages et à leur contexte de gestion, Le H5N8 (et en particulier ses variants très pathogènes) deviendront aussi un enjeu économique important pour les éleveurs.
Il est maintenant scientifiquement admis que l'érosion génétique diminue les chances et capacité d'adaptation des espèces aux maladies et aux changements de leur environnement[62].
Il existe un paradoxe et une source de biais en gestion du risque sanitaire avicole, induit par trois problèmes au moins, qui contribuent à faire des élevages et de la nature des lieux anormalement et de plus en plus favorables aux grandes épizooties :
Des canards d’élevage introduits à fins de repeuplement dans la nature en saison de chasse (automne-hiver) comme « gibier » pour alimenter les loisirs cynégétiques et/ou compenser les pertes dues aux tirs des années précédentes[66], sont chassés dans plusieurs pays européens (dont en chasse de nuit dans certains pays). D'autres oiseaux chassables sont potentiellement vulnérables au H5N8. Ces animaux seront souvent en contact avec les chiens de chasse (dressés pour les ramener dans leur gueule) et/ou avec les chasseurs et leur famille ou avec d’autres consommateurs ou utilisateurs de ces canards tirés à la chasse.
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