Saint-émilion (AOC)
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Le saint-émilion[5] est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée (appellation d'origine protégée au niveau européen) produit sur plusieurs communes autour de la ville de Saint-Émilion, dans le département de la Gironde.
Saint-émilion | |
![]() Une bouteille de saint-émilion : Château Cheval Blanc 1947 (« saint-émilion 1er grand cru classé » à partir du millésime 1955, puis en appellation saint-émilion grand cru depuis 1985). | |
Désignation(s) | Saint-émilion |
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Type d'appellation(s) | AOC / AOP |
Reconnue depuis | 1936 |
Pays | France |
Région parente | vignoble de Bordeaux |
Sous-région(s) | vignoble du Libournais |
Localisation | Gironde |
Climat | tempéré océanique |
Ensoleillement (moyenne annuelle) |
2 142 h (à Saint-Émilion)[1] |
Sol | calcaires et argilo-calcaire |
Superficie totale | 5 400 hectares |
Superficie plantée | 1 091 ha (en 2023)[2] |
Cépages dominants | merlot N[3], cabernet franc N et cabernet sauvignon N |
Vins produits | rouges |
Production | 48 935 hl (en 2023)[2] |
Pieds à l'hectare | minimum 5 500 pieds par ha[4] |
Rendement moyen à l'hectare | 45 hl par ha (en 2023)[2] |
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Située dans le Libournais, une importante partie du vignoble de Bordeaux, son paysage viticole et la juridiction de Saint-Émilion sont inscrits depuis 1999 au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Historique
Résumé
Contexte
Développement tardif
Le début de la viticulture autour de Saint-Émilion est attribué aux Romains. Ausone (Decimus Magnus Ausonius), préfet du prétoire des Gaules durant le Bas-Empire romain, aurait été propriétaire d'un villa à Saint-Émilion (d'où le Château Ausone). Les restes d'une autre villa remontant à la fin du IVe siècle ont été fouillées au Palat (aujourd'hui le Château La Gaffelière)[6] en 1969-1971 puis en 1982-1988[7].

Au haut Moyen Âge, le territoire est décrit comme sauvage ; un ermitage troglodyte s'y installe, marqué par le moine Emilianus (Émilion de Combes, d'origine bretonne) qui meurt en 767. Le site attire, d'où l'installation d'une communauté de moines bénédictins, remplacés au début XIIe siècle par des chanoines augustins, le creusement de l'église souterraine et le développement d'une petite ville, qui est ceinte de murailles à partir du XIIIe siècle. Durant le reste du Moyen Âge, Saint-Émilion produit plus de blé que de raisin[8], la vigne étant défavorisée jusque-là par la propriété ecclésiastique (les terres de Saint-Émilion avaient pour seigneur le chapitre de la cathédrale de Bordeaux) et par les petits ports de Pierrefitte (à Saint-Sulpice-de-Faleyrens) et de Libourne (les exportations devaient passer par Bordeaux jusqu'en 1728)[9].
La viticulture ne se développe dans le Libournais qu'à partir du milieu du XVIIIe siècle, destinée à fournir le Nord de la France et les Flandres (l'Angleterre se fournissant rive gauche)[10]. En 1817, la commune de Saint-Émilion compte 980 ha de vigne ; en 1847, 1 028 ha (40 % de la surface) ; en 1873, 1 500 ha[11], évoluant donc vers la monoculture. Aucun vin de Saint-Émilion ne figure dans le classement des vins de Bordeaux réalisé à l'occasion de l'exposition universelle de 1855, car ils dépendent pour leur vente des négociants de Libourne (et non ceux des Chartons) et sont vendus beaucoup moins chers que ceux de la rive gauche. 37 saint-émilions furent tout de même présentés lors de l'exposition universelle de 1867 à Paris, recevant collectivement une médaille d'or ; puis durant l'exposition de 1889, 60 saint-émilions remportèrent le grand prix[12].
Délimitation de l'appellation
Le « syndicat viticole et agricole de Saint-Émilion » et celui de Lalande-de-Pomerol affirment chacun être le premier de France, le saint-émilionnais datant du tandis que le lalandais du , soit au moment de la légalisation des syndicats (loi Waldeck-Rousseau du ) ; l'argument en faveur de Saint-Émilion est que celui de Lalande était alors une association de circonstances dont l'objectif était de traiter les vignes phylloxérées, et pas une association professionnelle ayant pour but de valoriser la production viticole (d'où un nouveau nom en date du ). Un des rôles du syndicat est de défendre le nom de leur vin, qui pouvait être utilisé par n'importe quel autre producteur, notamment des communes voisines. En 1890, est fondé le « syndicat de la juridiction de Saint-Émilion » regroupant des producteurs des communes de Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Étienne-de-Lisse, Saint-Hippolyte, Saint-Laurent-des-Combes, Saint-Pey-d'Armens, Saint-Sulpice-de-Faleyrens et Vignonet, revendiquant le droit à l'appellation car elles faisaient partie de l'ancienne juridiction[13]. Le bras de fer juridique (la cour d'appel de Bordeaux excluant les communes voisines en 1908) se poursuit, jusqu'à la fusion des deux syndicats le . En conséquence, le tribunal civil de Libourne limite le l'aire d'appellation d'origine saint-émilion à l'ancienne juridiction, ce qui exclue Lussac, Montagne, Parsac, Puisseguin et Saint-Georges. Le même jour, le tribunal autorise les producteurs de ces communes à ajouter « Saint-Emilion » après le nom de leur commune pour la commercialisation des vins (confirmé par la cour d'appel de Bordeaux le ), ainsi que l'appellation « Sables-Saint-Emilion ». Le , la cour d'appel de Bordeaux exclut les communes de Monbadon (réuni à Puisseguin) et de Saint-Cibard de l'aire d'appellation. La coopérative, l'« Union de Producteurs de Saint-Émilion », est fondée le par sept producteurs[14].
Le , une série de décrets définit les aires de production des appellations contrôlée saint-émilion (sur huit communes), saint-georges-saint-émilion (sur Saint-Georges, hameau de Montagne), puisseguin-saint-émilion (sur Puisseguin), montagne-saint-émilion (sur Montagne), lussac-saint-émilion (sur Lussac) et parsac-saint-émilion (sur Parsac) ; ces appellations ont alors les mêmes cépages autorisés (cabernet, malbec ou pressac, bouchet et merlot), le même niveau de sucre minimum dans le moût (170 g/l), le même degré d'alcool minimum (10°) et le même rendement maximal (42 hl/ha en moyenne sur cinq ans)[15]. En 1937, se rajouta l'appellation « Sables Saint-Émilion », produit dans la vallée sableuse au sud et à l'ouest des coteaux de Saint-Émilion[16] ; cette dernière appellation est intégrée à l'appellation saint-émilion en 1973[17].
En 1954, l'appellation saint-émilion est complétée par celles « Saint-Emilion premier grand cru classé » et « Saint-Emilion grand cru classé », ayant le même cahier des charges[18] et ayant fait l'objet d'un classement homologué par l'INAO ; les deux dernières fusionnant en une seule appellation en 1984, avec un cahier des charges spécifique[19]. Le cahier des charges du saint-émilion a été modifié en 2009[20], en 2011[21] et en 2023[4].
Vignoble
Résumé
Contexte
Localisation de l'appellation au sein du vignoble de Bordeaux. |
Le vignoble produisant le saint-émilion se situe dans le département de la Gironde, dans la partie du vignoble de Bordeaux appelée le Libournais, sur la rive droite de la Dordogne.
Image externe | |
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Aire parcellaire de l'appellation |
L'aire d'appellation est de 5 400 hectares, ce qui représente 67,5 % de la superficie totale des communes productrices (Saint-Émilion, Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Hippolyte, Saint-Étienne-de-Lisse, Saint-Laurent-des-Combes, Saint-Pey-d’Armens, Saint-Sulpice-de-Faleyrens, Vignonet et une partie de la commune de Libourne) et 6 % de l'ensemble du vignoble de Bordeaux. À proximité, les communes plus au nord ont le droit de produire les quatre « appellations satellites »[22] : saint-georges-saint-émilion, montagne-saint-émilion, lussac-saint-émilion et puisseguin-saint-émilion (plusieurs auteurs y rajoutent les deux dénominations de l'appellation côtes-de-bordeaux que sont le castillon et le francs).
L'aire de production (la surface déclarée) du saint-émilion était pour la récolte 2005 de 1 753 ha, auquel on peut rajouter les 3 851 de l'appellation saint-émilion grand cru[23]. En 2023, les surfaces étaient de 1 091 ha en appellation saint-émilion et de 4 177 ha en saint-émilion grand cru[2].
Géologie
Le vignoble de Saint-Émilion et celui de ses « appellations satellites » (montagne-saint-émilion, puisseguin-saint-émilion, saint-georges-saint-émilion, lussac-saint-émilion, castillon et francs) occupent un plateau découpé par des vallons, dont les sommets sont formés de calcaires à Astéries datant du Rupélien (Oligocène supérieur) avec une épaisseur de 10 à 15 mètres marneux dans leur partie inférieure, des versants formés d'argiles vertes carbonatées (nodules blanchâtres) et de sables feldspathiques, puis des molasses du Fronsadais.
La partie méridionale de l'appellation saint-émilion descend les différentes terrasses sableuses et graveleuses : haute du Mindel, moyenne du Riss et basse du Würm (Pléistocène)[24],[25].
Climatologie
C'est un climat tempéré de type océanique, assez chaud pour permettre la culture des vignes même sur terrain plat. La pluviométrie est répartie de manière assez homogène tout au long de l'année avec des automnes plutôt pluvieux. L'arrivée plus précoce des perturbations entraine une année difficile. Au contraire, les années à belle arrière-saison assurent de bons millésimes. Les températures donnent des hivers doux et des étés relativement chauds. Le bon ensoleillement assure une bonne maturité au raisin.
La station météorologique de Météo-France à Saint-Émilion (44° 55′ 04″ N, 0° 11′ 17″ O, près de Cheval Blanc, à 38 mètres d'altitude)[26], fournit des relevés depuis 1995.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 3,3 | 3,1 | 5,2 | 7,6 | 11 | 13,8 | 15,1 | 14,9 | 11,8 | 9,6 | 5,8 | 3,6 | 8,7 |
Température moyenne (°C) | 6,6 | 7,3 | 10,3 | 13,1 | 16,6 | 19,8 | 21,5 | 21,5 | 18,2 | 14,9 | 9,8 | 7,1 | 13,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 9,9 | 11,6 | 15,4 | 18,6 | 22,2 | 25,9 | 27,8 | 28 | 24,7 | 20,1 | 13,8 | 10,5 | 19 |
Ensoleillement (h) | 77,8 | 125,8 | 164,2 | 199 | 222 | 248,7 | 272,9 | 255 | 226,9 | 156 | 101,5 | 92,4 | 2 142 |
Précipitations (mm) | 78,2 | 61,5 | 58 | 72,4 | 68,1 | 58,2 | 47,7 | 55,2 | 62 | 61,4 | 91,4 | 84 | 798,1 |
Encépagement
Pour produire l'appellation, les producteurs ont droit de planter leurs parcelles avec les cépages suivants : le cabernet franc N[3], le cabernet sauvignon N, le carménère N, le côt N (ou malbec), le merlot N et le petit verdot N (ce dernier comme cépage accessoire, limité à 10 % de l'encépagement)[4].
Rendements
Selon le cahier des charges de l'appellation, le rendement maximal est fixé à 53 hectolitres par hectare, avec un rendement butoir à 65 hl/ha[4]. En 2023, le rendement moyen a été de 45 hl/ha[2].
Vin
Résumé
Contexte
Le volume produit en 2005 a été de 84 600 hectolitres, auxquels on peut rajouter les 156 380 hl de l'appellation saint-émilion grand cru. En 2023, la production était respectivement de 48 935 (saint-émilion) et de 173 598 hl (saint-émilion grand cru)[2].

Les vins de Saint-Émilion sont des vins d'assemblage de différents cépages. Les trois principaux sont le merlot (60 % de l'encépagement), le cabernet franc (ou bouchet, près de 30 %) et le cabernet sauvignon (environ 10 %).
Classement
Les vins ayant le droit de porter sur l'étiquette les mentions « grand cru classé » ou « premier grand cru classé » sont tous sous l'appellation saint-émilion grand cru.
Hiérarchie des prix
Pour une comparaison entre les appellations, on peut prendre les prix pratiqués (en € pour une tonneau de 900 litres) officiellement pour le calcul des fermages[28] en 2023, qui fournissent une hiérarchie[29] :
- 833,5 € (92,5 €/hl) pour du bordeaux rouge ;
- 1 098 € (122 €/hl) pour du côtes-de-bordeaux ;
- 2 008 € (223 €/hl) pour du lussac-saint-émilion ;
- 2 299 € (255,5 €/hl) pour du montagne-saint-émilion ou du saint-georges-saint-émilion ;
- 2 428 € (270 €/hl) pour du puisseguin-saint-émilion ;
- 3 708 € (412 €/hl) pour du saint-émilion ;
- 9 230 € (1 025,5 €/hl) pour du pomerol.
Les prix dans le commerce sont évidemment bien plus élevés, variant considérablement en fonction du nom du producteur.
Gastronomie
Notes et références
Voir aussi
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