En 1903, les dramaturges autrichiens Leo Stein et Victor Léon décident d'adapter L'Attaché d'ambassade, une comédie française d'Henri Meilhac ayant remporté peu de succès à sa création en octobre 1861 au théâtre du Vaudeville, en livret d'opérette et proposent à Richard Heuberger, alors populaire grâce à son opérette Der Opernball représentée en 1898 au Theater an der Wien, de le mettre en musique. Les premiers essais n'étant pas concluants, le secrétaire du théâtre suggère Franz Lehár qui malgré les réticences de Victor Léon, est finalement coopté.
Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet adaptent le livret de la version française qui est créée le à l'Apollo de Paris, avec Constance Drever, qui venait de jouer le rôle à Londres, dans le rôle de la veuve[1], rebaptisée Missia Palmieri, et à Bruxelles le . La mode de l'opérette viennoise est lancée auprès du public parisien: forte de 200 représentations lors de la première série, elle atteint la 1000e en janvier 1914. La Première Guerre mondiale interrompt toutefois ce succès, les œuvres germaniques étant devenues indésirables.
Il faut attendre 1925 pour la revoir sur la scène parisienne, où elle est dès lors reprise régulièrement, notamment en 1942 au théâtre Mogador dans une mise en scène d'Henri Varna, au théâtre du Châtelet, ou en 2005 à l'Opéra-Comique, revisitée par Jérôme Savary. Elle est également entrée au répertoire de l'Opéra de Paris dans sa version originale en 1997, dans une mise en scène de Jorge Lavelli.
Œuvre la plus connue de Franz Lehár, La Veuve joyeuse a été jouée plus de 300 000 fois entre sa création et la mort du compositeur en 1948[n 2].
À Paris, à l'hôtel de l'ambassade de Pontévédro (Marsovie en version française), une belle fête est organisée pour l'anniversaire du prince régnant. L'ambassadeur, le baron Mirko Zeta, après avoir porté un toast, s'inquiète de sa femme, la belle Valencienne. Elle bavarde «en toute innocence» avec Camille de Rosillon qui lui déclare sa flamme, mais elle résiste. Apparaît la jeune et belle veuve du banquier de la cour, Hanna Glawari. Le comte Danilo Danilowitsch, revenant de chez Maxim's, est pressenti par raison d'État pour devenir l'époux de la belle et riche veuve. Danilo fait la sourde oreille car jadis, sur refus de son père, il n'avait pu épouser Hanna, alors modeste fille du peuple.
Le lendemain, la veuve offre une réception dans sa résidence. Elle se dit éprise de Camille, ce qui contrarie les plans officiels. Deux duos, l'un cavalier, l'autre d'amour, montrent que Danilo et Hanna n'ont cessé de s'aimer malgré le temps écoulé.
Lors d'une soirée chez Maxim's, après moult péripéties et intrigues, la veuve deviendra la baronne Danilowitsch et les biens resteront pontévédrins.
Colette Riedinger, Marthe Amour, Reda Caire, Bernard Alvi, Robert Destain, Richard Blareau (dir.) - Universal Accord 4769992 (+ Le Comte de Luxembourg et Frasquita); rééd. Decca 163 823 (1 V)
Janette Vivalda, Monique Linval, Michel Dens, Raymond Amade, Franck Pourcel (dir.) - EMI C 057 10 849; rééd. CD EPM 767872.2
Géori Boué, Lina Dachary, Willy Clément, Michel Cadiou, Raymond Chevreux (dir.) - Polydor 266.5328
Geori Boué, Agnès Noël, Jacques Luccioni, André Mallabrera, Jacques Pastory (dir.) - Vega 30 LT 13007
Nicole Broissin, André Dassary, André Mallabrera, Gabrielle Delourlet, H. Killer (dir.) - Vega 16158 A
Lina Dachary, Olga Miléa, Pierre Mollet, Aimé Doniat, B. Mersson (dir.) - GID SMS 2346
Lina Dachary, Willy Clément, Geori Boué, Michel Cadiou, Raymond Chevreux (dir.) - Polydor 266 53 28 (1 V)
Claudine Granger, Christian Lara, Michèle Comanester, Bernard Sinclair, Christian Asse, Jean Doussard (dir.) - SPI Milan 160 065; rééd. CD Laserlight 14321
Claudine Granger, Françoise Pétro, Micaël Piéri, Jacques Ducros, Jean Doussard (dir.) - TLP 91007
John Lanchbery et Alan Abbott ont adapté la partition de l'opérette pour le ballet et conservé le style de l'orchestration de Lehár. L'arrangement comprend les airs bien connus de l'opérette. Ronald Hynd a réalisé une première chorégraphie pour l'Australian Ballet en 1975, et la seconde par Veronica Paeper pour le Cape Town City Ballet Company en 1988.
Le nom de Pontévédro est inspiré du Royaume du Monténégro, petit État des Balkans qui était effectivement, au moment de l'écriture de l'opérette, en situation de faillite et dont il était alors courant de se moquer. La version française utilise le nom de Marsovie.
Le prénom du héros, Danilo (Daniel en français), est un clin d'œil à la réalité dynastique du Monténégro car le souverain de l'époque, Nicolas Ier, est le neveu de Danilo, dernier prince-évêque de Monténégro auquel il a succédé.
Britannique et dotée de ce fait d'un fort accent en français, elle est à l'origine de la tradition consistant à interpréter le rôle avec un accent anglophone.
Dans la version française, le duo est amputé de toute sa première partie et de la romance de Camille, transformée en intermède orchestral en place de la reprise du Vilja-Lied (no12a).