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Le vavasseur ou vavassal, du latin médiéval vassus vassorum (vassal des vassaux), était le vassal d'un seigneur lui-même vassal.
C'est un titre des débuts de la féodalité qui disparut par la suite. Le titre existait déjà à l'époque carolingienne. L'Adarga Catalana, traité d'héraldique catalane[1], parle d'un certain Arnald d'Oms, fait vavasseur du village de Montescot dans les Pyrénées-Orientales : « [...] Don Arnoldo de Oms, primer Vervesor de Montescot, cuya Plaza, y Castillo, le encargò Carlo-Magno Emperador, sacasse del poder de los Sarracenos, en tiempo de la conquista de este Principado ». Au XIIe siècle, ils faisaient partie de la classe la plus inférieure de la noblesse, avec les chevaliers.
Le Livre de Jostice et de Pletz énumère ainsi les « hommes francs » (libres) : « Duc est la première dignité, et puis comtes, et puis vicomtes, et puis barons, et puis chastelains, et puis vavassor, et puis citaen [bourgeois, citadin d'une ville s'administrant elle-même], et puis vilain [paysan libre, non serf]».
Sur son fief, nommé vavassorie, le vavasseur avait droit de basse mais non de haute justice, car celle-ci relevait de son suzerain. La vavassorie est transmissible par foi et hommage, comme tout autre fief, mais elle n'est pas divisible entre plusieurs enfants. Ceux-ci y exercent alors conjointement les droits et devoirs féodaux. Un tel système entraîne évidemment un appauvrissement de cette classe nobiliaire et amène les enfants de vavasseurs à tenter l'aventure, ce qui est le cas par exemple de Robert Guiscard[2].
Dans certaines régions (notamment en Normandie), ce terme désigne aussi quelquefois le titulaire d'un fief plus petit que celui d'un chevalier : la vavassorie.
On parle aussi quelquefois de « grands vavasseurs », pour désigner ceux qui dépendent d'un seigneur directement vassal du roi, et de « petits vavasseurs », pour ceux qui dépendent d'un seigneur vassal d'un autre.
En même temps que la féodalité, les Normands ont introduit en Angleterre le nom de vavasseur, sous la forme de vavassor ou encore vavasour, à partir de la conquête de Guillaume le Conquérant en 1066 : par exemple, la famille Vavasour (en), baronet d'Hazlewood.
Introduit sous les Carolingiens, le système d'arrière-vassalité existe dans tous les pays autrefois membres de l'Empire Carolingien. Ainsi, en Italie, il existe des Valvassori, notamment dans le nord de l'Italie, en Espagne des Valvasallos et en Allemagne des Lehmann.
Avec la fin de la féodalité, disparaît la fonction de vavasseur, et le mot devient soit le patronyme de familles aristocratiques sous les formes « Le Vavasseur », « Levavasseur », « Vavasseur », « vassor », « vavassor », soit est accolé au nom de la terre (par exemple Charles-Auguste Levassor de La Touche-Tréville, Le Vavasseur d'Hérouville[3] ou comme l'historien et prêtre Louis Le Vavasseur de Masseville), soit disparaît en cédant la place au nom de la vavassorie ou d'un fief plus important (les Le Vavasseur, seigneurs d'Esquilly par exemple).
En Angleterre, la forme vavasour est également devenue un patronyme avec la famille précitée Vavasour, baronet d'Hazlewood, mais aussi les personnages d'Agatha Christie, "Mr Vavasour" dans la nouvelle Vol d'un million de dollars de bons[4],[5], "Johnnie Vavasour " dans Le Flux et le Reflux et "Roley Vavasour" dans La Voix dans les ténèbres
Membres de la petite noblesse, les vavasseurs font partie du paysage quotidien de la société paysanne médiévale. Ils apparaissent très souvent dans la littérature médiévale. Par exemple, au chapitre 9 du roman de Renart, lorsqu'Ysengrin est pris dans la glace, sa queue est coupée par un vavasseur parti à la chasse avec toute sa maisonnée.
« La nuit passe, l’aube parait, le soleil se lève. La neige avait blanchi la terre, et messire Constant des Granges, un honnête vavasseur dont la maison touchait à l’étang, se lève et sa joyeuse mégnie. Il prend un cor, appelle ses chiens, fait seller un cheval ; des clameurs partent de tous les côtés, tout se dispose pour la chasse[6],[7]. »
Les vavasseurs sont aussi très présents dans la légende arthurienne :
Dans la chanson d'Aspremont, le vavasseur Richer est mis en scène et le texte met en valeur la promotion de vavasseurs suggérant que ce sont parmi les modestes que se recrutent les plus aptes (discours du duc Girard[10].)
Dans la chanson de geste Gaydon[11],[12], Thierry d'Anjou (surnommé «Gaydon» après qu'un geai s'est posé sur son casque) qui succède à Roland auprès de Charlemagne, trouve dans le vavasseur Gautier qui s'illustre par de nombreux exploits (vers 1791-2468), un fidèle allié contre les proches du traître Ganelon.
Les romans de Chrétien de Troyes dans la littérature médiévale, mettent souvent en scène les vavasseurs qui sont toujours présentés comme très aimables :
Selon Erich Köhler (dans L'aventure chevaleresque. Idéal et réalité dans le roman courtois), Chrétien de Troyes exalte la petite noblesse : les chevaliers les plus pauvres auraient autant de dignité que les plus riches.
Le chevalier et troubadour Bertran de Born par ailleurs vavasseur[18] exalte lui aussi les vavasseurs autant qu'il souligne leur pauvreté[19],[20] :
Rassa als rics es orgolhoza
e fai gran sen a lei de toza
que no vol Peiteus ni Toloza
ni Bretanha ni Saragoza
ans es de pretz tan enveioza
qu'als pros paubres es amoroza
pois m'a pres per chastiador
prec li que tela car s'amor
et am mais un pro vavassor
qu'un comte o duc galiador
que la tengues a dezonor.
(Rassa, envers les puissants, se montre fière,
et fait preuve du bon sens,
qui est la loi des jeunes filles
et ne veut ni Poitiers, ni Toulouse,
ni Bretagne, ni Saragosse,
mais elle estime tant la bravoure,
qu'elle est amoureuse de preux sans fortune
puisqu'elle m'a pris pour maître,
je la prie qu'elle tienne pour précieux son amour
et qu'elle aime davantage un preux vavasseur
qu'un comte ou un duc trompeur qui l'amène au déshonneur)
Dans ces vers, « Poitiers » se rapporte à Richard Cœur de Lion, comte de Poitiers, « Toulouse » au comte Raymond V de Toulouse, « Bretagne » à Geoffroy Plantagenêt et « Saragosse » au roi d'Aragon, auxquels dame Rassa (en réalité Mahaut de Turenne, « Maeuz ») a préféré Bertrand de Born[21].
Je vis certainement, et il me semble encore le voir, un buste sans tête aller comme allaient les autres du triste troupeau.
Avec la main il tenait, par les cheveux, la tête pendante, en façon de lanterne, et la tête nous regardait et disait : « Hélas ! »
Il se faisait de soi-même une lampe, et ils étaient deux en un, et un en deux. Comment cela se peut, le sait celui qui ainsi l’ordonne.
Quand il fut droit au pied du pont, en haut avec le bras il leva la tête, pour rapprocher de nous ses paroles, qui furent :
« Vois la peine cruelle, toi qui, vivant, vas regardant les morts ; vois s’il en est aucune aussi grande que celle-là.
Et pour que de moi tu portes nouvelle, sache que je suis Bertrand de Bornio, celui qui donna au roi Jean les encouragements mauvais.
Je rendis ennemis le père et le fils : d’Absalon et David ne fit pas plus Achitophel par ses méchantes instigations.
Pour avoir divisé des personnes si proches, je porte, malheureux, mon cerveau séparé du principe de sa vie, qui est dans ce tronc.
Ainsi en moi s’observe le talion.[22]
Henri Heine et Ezra Pound lui ont consacré des poèmes[23],[24]
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