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personnage d'Honoré de Balzac De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Vautrin, de son vrai nom Jacques Collin, est un personnage qui apparaît dans plusieurs romans de La Comédie humaine d’Honoré de Balzac et qui en est parfois considéré comme une «espèce de colonne vertébrale[1] ».
Vautrin | |
Personnage de fiction apparaissant dans La Comédie humaine. |
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Vautrin avec Rastignac dans la cour de la pension Vauquer (Le Père Goriot). | |
Origine | France |
---|---|
Sexe | Masculin |
Caractéristique | Jacques Collin de son vrai nom, Trompe-la-Mort ou encore l'abbé Carlos Herrera |
Entourage | Madame de Saint-Estève, sa tante, Eugène de Rastignac, Lucien de Rubempré |
Ennemi de | Bibi-Lupin |
Créé par | Honoré de Balzac |
Romans | La Comédie humaine : |
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Pour la création de Vautrin, Balzac se serait inspiré du personnage historique d'Eugène-François Vidocq (1775-1857), un forçat évadé, tout comme Vautrin[2] et de l'escroc Anthelme Collet[3].
Vautrin (Jacques Collin de son vrai nom) est un ancien forçat, bien que les dates varient selon les romans, parfois né en 1799 comme Balzac, le passé chargé de Vautrin oriente sa naissance vers 1780, il a en effet 40 ans dans le père Goriot, qui se déroule en 1819.
Évadé du bagne de Toulon et du bagne de Rochefort, chef d'une bande de truands («les Dix Mille»), qui se cache sous divers pseudonymes : Vautrin, Trompe-la-Mort, M. de Saint-Estève, Carlos Herrera puis William Barker.
C’est un homme qui en impose par son autorité naturelle. Il possède un savoir considérable, grâce à son réseau. Il a fait de bonnes études dans un collège d'oratoriens (comme Balzac). Son dévouement à aider « les jeunes qui ont de l’ambition » (d’abord Eugène de Rastignac, puis Lucien de Rubempré), va jusqu’à le pousser à tuer.
Cependant, dans Splendeurs et misères des courtisanes, après le suicide de son protégé Lucien, il entre dans le droit chemin et devient chef de la police. Eugène de Rastignac, qu’il veut aider à faire fortune, désapprouve ses moyens, car Vautrin ne cache pas qu’il est prêt à tuer.
Dans Le Père Goriot, le chef de police, Bibi-Lupin, qui se présente sous le nom de Gondureau à Mlle Michonneau et à Poiret, leur raconte que Collin a été condamné à vingt ans de bagne pour un faux meurtre commis par un autre, un beau jeune homme, Théodore Calvi, un Corse, que Collin aimait beaucoup et qui était joueur (dans Splendeurs et misères des courtisanes, on apprendra que Collin avait été condamné à cinq ans et que le reste résultait de ses tentatives d'évasion).
Il doit son surnom au fait qu'il n'a jamais risqué une condamnation à mort. Gondureau leur apprend aussi que Trompe-la-Mort n’aime pas les femmes, mais plutôt les hommes.
À l’aide de Mlle Michonneau, Gondureau veut se rendre compte si le prétendu Vautrin est en effet Trompe-la-Mort : il lui donne un flacon contenant une drogue, qui doit simuler une apoplexie. Dès qu’elle sera seule avec l’homme évanoui, elle devra lui appliquer un coup sur l’épaule droite, pour faire y apparaître les lettres TF (avec lesquelles on marquait les forçats). Le plan est exécuté le et Vautrin est reconnu comme Collin. Mlle Michonneau avertit la police, qui apparaît peu après que Vautrin s'est réveillé. On le met au bagne de Rochefort.
Il réapparaît en 1822 dans Illusions perdues, sous le nom du prêtre Carlos Herrera, sans qu’on sache d’abord sa véritable identité. Collin/Herrera empêche Lucien de Rubempré de se suicider en lui proposant un pacte : Lui, Herrera, l’aidera à faire fortune à la condition que Lucien lui obéisse aveuglément.
C’est dans Splendeurs et misères des courtisanes qu’on saura comment le bagnard est devenu prêtre : Jacques Collin, évadé moins de deux ans après avoir été arrêté, avait trouvé ce moine, Carlos Herrera, un homme que personne ne connaissait, dont il était alors très simple de prendre l’identité. Il a tué le vrai prêtre et il a modifié son visage à l’aide de substances chimiques, pour avoir une certaine ressemblance avec Herrera.
Lucien apprend peu à peu la véritable identité de Collin, mais il obéit au pacte. La belle vie des deux (voir Splendeurs et misères des courtisanes) finit avec le suicide d’Esther en 1829, dont on les tient responsables : ils sont tous les deux arrêtés. Herrera réussit presque à persuader le juge d’instruction de son identité de prêtre, mais Lucien succombe et révèle tout. Quant à Vautrin, lorsqu’on lui demande les motifs de son affection pour Lucien. Il prétend, chose peu vraisemblable, que celui-ci est son fils.
Lucien avait écrit avant sa mort une lettre au juge d’instruction dans laquelle il se rétracte complètement : il y a donc de nouveau de l’incertitude sur l’identité du prétendu Herrera.
Quand, dans la cour de la prison, il rencontre d’anciens camarades, Collin apprend qu’un homme surnommé Madeleine, son camarade de chaîne à Rochefort, pour qui il avait aussi de l’affection, attend son exécution. Collin réussit à parler à Théodore / Madeleine et il conçoit un plan pour faire sortir plusieurs de ses camarades de prison.
Il se présente devant le juge d’instruction et avoue sa véritable identité en faisant en même temps la proposition de changer de camp. Il deviendra alors espion de police, à la condition que Madeleine ne soit pas renvoyé à Rochefort.
Un petit paragraphe à la fin du livre apprend qu’il a pris le poste de Bibi-Lupin, l'ancien chef de la Sûreté, en 1830 et qu’il s’est retiré en 1845.
Quand Charles Rabou écrit la fin du Député d'Arcis, vers 1857, il fait encore une fois reparaître Vautrin, mais sans pouvoir reproduire le caractère et le génie de l'ancien forçat. Dans ce roman, Vautrin découvre qu'il a un fils (peu vraisemblable, puisqu'il n'aimait pas les femmes) et finit par être tué par un faussaire. Aujourd'hui, Le Député d'Arcis est généralement publié dans sa version inachevée.
Une première ébauche de ce personnage apparaît, en 1833, dans Ferragus, qui est lui aussi un ancien forçat, expert en déguisements et en usurpation d'identités, chef des « Dévorants ».
Vautrin est considéré comme un personnage homosexuel de la littérature française. En effet, ce qui frappe chez cet ancien forçat évadé, endurci par le bagne et la cavale, c'est son attachement sans borne pour de jeunes hommes, dont il devient le protecteur, prêt à tout. On l'a dit, il tente de séduire Rastignac, ce qui échoue, puis Lucien Chardon à la fin d'Illusions perdues, lequel, au bord du suicide, accepte. Cette protection est au début paternelle, un riche abbé espagnol sauve un jeune homme désespéré. Mais Vautrin veut faire de Lucien l'instrument de sa propre vengeance contre la société. Leur relation devient une relation de domination, d'abord de Herrera sur Lucien, mais à la mort de Lucien, le désespoir de Jacques Collin montre son attachement extraordinaire.
Ce qui semble corroborer la thèse de l'homosexualité de Vautrin, évoquée par Félicien Marceau, dans son ouvrage Balzac et son monde : « Dès les premières tentatives de Vautrin auprès de Rastignac et dans la marmelade de mots dont il l’embrouille, il me semble que l’homosexualité se révèle. « Mais je vous aime, moi, lui dit-il… Un homme est un dieu quand il vous ressemble. » (Le Père Goriot) », c'est surtout la quatrième partie de Splendeurs et misères des courtisanes où apparaît l'ancien compagnon de chaîne de Jacques Collin à Rochefort, le jeune Corse Théodore Calvi. Celui-ci, surnommé Madeleine par ses compagnons de bagne, est désigné comme étant la « tante » de Vautrin, ce que Balzac explique comme suit :
« Pour donner une vague idée du personnage que les reclus, les argousins et les surveillants appellent une « tante », il suffira de rapporter ce mot magnifique du directeur d'une des maisons centrales au feu Lord Durham, qui visita toutes les prisons lors de son séjour à Paris. […] Le directeur, après avoir montré toute la prison, les préaux, les ateliers, les cachots, etc., désigna du doigt un local, en faisant un geste de dégoût. « Je ne mène pas là Votre Seigneurie, dit-il, car c'est le quartier des 'tantes'… — Hao ! fit Lord Durham, et qu'est-ce ? — C'est le troisième sexe, milord. » »
— Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, éd. Le Livre de poche, 1963, p. 503.
Le dialogue entre Jacques Collin, sous les traits de l'abbé espagnol, et le jeune condamné à mort montre la misogynie du vieux forçat, et l'attachement réciproque des anciens compagnons de chaîne[4]. Il dit en effet : « Les hommes assez bêtes pour aimer une femme périssent toujours par là », puis «Les femmes] nous ôtent notre intelligence » et le jeune Théodore achève par : « Ah ! si je veux vivre, c'est maintenant pour toi plus que pour elle. »
Balzac est donc un des premiers romanciers du XIXe siècle à évoquer la question de l'homosexualité masculine, qu'il place dans le personnage de Vautrin, fascinant forçat, en lutte permanente contre la société. Cela montre aussi la prudence de Balzac avec un sujet épineux à l'époque, car Vautrin est en trame de fond dans tout le roman, sans en être réellement le personnage principal (excepté dans la quatrième partie), et son fort attachement pour Lucien n'est jamais explicité, tout en étant toujours présent.
- ATTENTION : Le texte écrit sur ce point n'avance aucune source ni aucune preuve.
Vautrin est un personnage important de La Comédie humaine. Il apparaît dans :
Le personnage se trouve aussi dans une pièce de théâtre :
Son nom est mentionné dans :
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