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Trente-six vues du mont Fuji
série d'estampes de Katsushika Hokusai De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Les Trente-six vues du mont Fuji (富嶽三十六景, Fugaku-sanjūrokkei ) sont une série de quarante-six gravures sur bois (trente-six plus dix additionnelles) réalisées par Katsushika Hokusai (1760-1849) et dont les dates d'édition s'étendent entre 1831-1833[1]. Elles représentent le mont Fuji depuis différents lieux, suivant les saisons. Cette série est aujourd'hui très célèbre car elle marque l'intégration dans les thèmes de la tradition japonaise (la plus ancienne des nombreuses représentations artistiques du mont Fuji semble dater du XIe siècle) des modes de représentation occidentaux, et en particulier de la perspective utilisée dans la peinture occidentale.

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Historique
Résumé
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Le mont Fuji était déjà apparu à plusieurs reprises dans l'œuvre de Hokusai, comme dans les Voyageurs à Enoshima, ou dans un surimono de 1805 entre des cerisiers en fleur. Vers 1830, Hokusai contacte probablement l'éditeur Nishimuraya Yoachi pour lui soumettre son projet de graver une série de grandes estampes de paysage sur ce thème unique. Dix estampes paraissent d'abord, dont La Grande Vague de Kanagawa, Le Fuji par temps clair et L'Orage sous le sommet, souvent considérées comme les trois plus célèbres estampes japonaises et dont le succès fut immédiat.

Bien que cette série s'appelle les Trente-six vues du mont Fuji, elle comporte en fait quarante-six planches dont : Le Fuji vu de la plage de Shichirigahama dans la province de Sagami, Mesurage d'un cèdre au col de Mishima dans la province de Kai, Le Bac sur la Sumida à Onmayagashi, avec au loin le pont de Ryogoku, Gens admirant le Mont Fuji depuis une maison de thé à Yoshida, Gens sur le balcon du temple de Gohyakurakan ou encore Le Mont Fuji et le château d'Edo vus de Nihonbashi.
Les Trente-Six Vues du Mont Fuji est une des premières séries entièrement consacrée au paysage, mais réalisée en grand format, et en cela Hokusai a révolutionné la peinture de l'époque. Cependant même si le Mont Fuji est l'élément principal de la série, il ne constitue pas son but essentiel. Le thème principal qui ressort de ces estampes est davantage l'illustration du rapport entre l'homme et la nature : « Le thème des Trente-Six Vues du Mont Fuji est le rapport entre l'homme et la nature, et la plus grande invitation à approfondir ce rapport se trouve là, justement, où l'homme n'est pas représenté (ce qui ne l'empêche pas d'être présent — à travers l'œil du spectateur). » (Kenneth White).
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Analyse plastique
Résumé
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Les Trente-Six Vues du Mont Fuji ont connu un très grand succès notamment grâce à la qualité plastique des estampes, à leur originalité ; deux aspects de cette série ont surtout fait sa renommée : l'utilisation du bleu de Prusse ainsi que l'influence de modes de représentation occidentaux.
Le bleu de Prusse

Le bleu de Prusse, appelé également bleu de Berlin, était un pigment seulement importé de Hollande depuis 1820, que l'on retrouve dans les Trente-Six Vues du Mont Fuji, notamment dans La Grande Vague, La Plage de Shichirigahama dans la province de Sagami ou encore dans Le Lac de Suwa dans la province de Shinano. Cette couleur transforma l'aspect des estampes ; elle fut utilisée pour la première fois par le peintre Ōoka Shunboku en 1829 et connut un succès immédiat.
Les artistes appréciaient l'utilisation de cette teinte d'origine synthétique qui risquait moins de perdre son éclat avec le temps ; ils l'utilisèrent d'autant plus qu'ils étaient contraints par la censure à n'utiliser qu'un nombre restreint de couleurs et qu'ils avaient réalisé les immenses ressources qu'ils pouvaient tirer de ce seul bleu.
Le bleu de Prusse était très vite devenu tellement prisé que l'éditeur d'Hokusai lança une édition, en aizuri-e (estampes bleues), des Trente-Six Vues du Mont Fuji avant d'éditer la série avec les couleurs complémentaires. Toutes les estampes de la série ne sont pas fondées sur ce pigment mais une certaine tonalité bleue se dégage de l'ensemble, « le bleu, peut-être, de l'espace et de l'éternité (avec l'avantage matériel que ce bleu de Prusse gardait effectivement longtemps son intensité, alors que d'autres bleus pâlissaient vite). » (Kenneth White).
L'influence de modes de représentation occidentaux



Les Trente-Six Vues du Mont Fuji ne sont pas célèbres pour la grande diversité des thèmes représentés mais plutôt parce que certaines de ces estampes expriment une vision du paysage purement japonaise alors que d'autres, de manière équilibrée et naturelle, utilisent les principes de la perspective occidentale. Ainsi, dans son ouvrage L'Estampe japonaise (cf. bibliographie), Nelly Delay souligne cet aspect que l'on retrouve dans les estampes de la série : « Il émane d'elles tant de naturel et de spontanéité que l'on imagine mal qu'elles puissent être l'aboutissement d'un projet déterminé. Or, dès que cette idée vient à l'esprit, l'entrecroisement savant des lignes apparaît clairement. L'accent d'un point focal, d'où rayonne un éventail de directions pour le regard, la force des diagonales, qui divisent la composition en plans, prouvent que ces estampes, au-delà de leur climat poétique, s'adresse à notre sensibilité, tout autant qu'à notre esprit. Cheminer à l'intérieur de ces paysages est dès lors d'un intérêt accru. »
La forme, la composition ont toujours été très importantes pour Hokusai. Dans la série des Trente-Six Vues du Mont Fuji, les formes géométriques comme le carré ou le rectangle, le cercle et le triangle jouent un rôle essentiel dans la construction des scènes représentées. Hokusai utilise par exemple dans l'image du pêcheur de Kajikazawa une construction triangulaire : le triangle du Mont Fuji se retrouve dans le triangle formé par le rocher, le pêcheur et ses lignes. Quand il représente la scierie de Honjo, il construit son estampe avec des formes géométriques simples comme des carrés et des lignes droites. Hokusai incorpore ces formes géométriques simples dans un climat poétique. L'influence de modes de représentation occidentaux se retrouve plus particulièrement dans La Rue Suruga, à Edo dans laquelle Katsushika Hokusai adopte une perspective presque purement occidentale en plaçant le sommet du Mont Fuji entre les deux bâtiments du magasin Mitsui dont les ouvriers couvrent le toit.
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Postérité
Les Trente-six vues du mont Fuji ont révolutionné la peinture japonaise notamment en plaçant le paysage au rang de sujet à part entière, mais cette série a également été une source d'inspiration très importante pour les peintres occidentaux japonisants du XIXe siècle. L'influence de l'art oriental et plus particulièrement de l'œuvre de Hokusai se sent chez de nombreux peintres, comme Vincent van Gogh, Édouard Manet, Degas ou Claude Monet. Henri Rivière s'en est inspiré pour réaliser ses Trente-Six Vues de la tour Eiffel[2].
Le Pont sur un étang de nymphéas de Monet (huile sur toile de 1899) semble s'inspirer de l'architecture orientale des ponts telle qu'on la retrouve dans plusieurs des estampes de la série de Hokusai[3]. La Grande Vague au large de Kanagawa, quand elle a été découverte par l'Europe dans la seconde moitié du XIXe siècle, a influencé de nombreux peintres et certains poètes : pour Debussy, cette estampe constitue sa plus grande source d'inspiration pour composer La Mer[4].
Galerie
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Notes et références
Voir aussi
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