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Le fichage en France est constitué de fichages nationaux d’État, auxquels s'ajoutent des fichages au niveau européen accessibles par les mêmes organismes d'État, et parfois par des organismes privés. La loi informatique et libertés de 1978, votée à l'occasion de la révélation du projet SAFARI, a institué la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés), qui est censée contrôler l'usage et l'application des fichiers.
La prolifération des fichiers de police (au sens large) en France (le rapport Alain Bauer de 2007 en comptait 36[1] ; celui de 2008 en dénombrait 45[2],[3], et le rapport des députés Delphine Batho et Jacques-Alain Bénisti, publié en mars 2009, en recense 58[4]) s'explique à la fois par une logique de surveillance et une transformation de la fonction du droit pénal, de plus en plus axée sur la « dangerosité » (cf. Commission nationale consultative des droits de l'homme[5], Ligue des droits de l'homme[6], etc.), et par l'existence de la CNIL, rétive à l'interconnexion des données personnelles et donc à la constitution d'un fichier géant unique, qui amalgamerait différentes personnes et différentes finalités sans tenir compte des différentes dispositions légales.
Dans le cadre du projet de loi Loppsi[7], un système de mise en commun de toutes ces données, et de celles disponibles sur Internet, est mis au point par la gendarmerie nationale sous le nom d'Application judiciaire dédiée à la révélation des crimes et délits en série[8],[9].
Le Numéro d'inscription au répertoire national d'identification des personnes physiques (NIR), qui est le même que le numéro de Sécurité sociale. Sous le régime de Vichy, le premier répertoire général est mis au point par René Carmille pour préparer secrètement la mobilisation de l'armée dissoute par les accords d'armistice. Malgré diverses alertes, Carmille évite toute utilisation pour la chasse aux résistants, aux Juifs ou aux réfractaires du STO. L'utilisation du NIR s'est aujourd'hui généralisée, étant en particulier utilisé par les organismes de sécurité sociale, les établissements de santé (y compris à des fins de recouvrement de créances), le fisc, Pôle emploi et les organismes chargés de surveiller et contrôler la situation des allocataires[15],[16] ainsi que d’autres organismes d’État[17],[15],[18].
Ces interconnexions, à travers l'usage d'un identifiant unique (le NIR), ont « généralement pour but de vérifier la réalité de la situation sociale des demandes[15] ». Les Assédic, l'Unédic, et le CNASEA (chargé du RMI) l'utilisent ainsi pour contrôler les allocataires[19],[15]. La DDTEFP (Direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle) utilise depuis 2005 le fichier PRECAR IT (sic), qui intègre les cinq premiers chiffres du NIR, « pour contrôler la situation des demandeurs d'emploi »[20].
La CNIL a aussi autorisé, en 2007, les Maisons départementales des personnes handicapées à mettre en place un fichier, utilisant le NIR, qui sert au « suivi » des handicapés, à « certifier l’identité des personnes auprès du Système National de Gestion de l’Identité (SNGI) », à leur contrôle dans le cadre de l'attribution d'allocations sociales (y compris le contrôle des handicapés étrangers et de leur situation régulière ou non), et à la « production de statistiques ». Les COTOREP et les CDES, qui précédaient les Maisons départementales des personnes handicapées, utilisaient déjà le NIR. La CNIL s'est défendue en déclarant « que si un numéro unique national est nécessaire, la création d’un identifiant spécifique aux personnes handicapées serait susceptible de les stigmatiser. En conséquence, elle admet que le numéro de sécurité sociale puisse être utilisé comme identifiant des usagers des MDPH à des fins d’instruction de leur dossier »[21].
La révélation du projet SAFARI le par le quotidien Le Monde, dans l'article intitulé SAFARI ou la chasse aux Français de Philippe Boucher, a entraîné une vive opposition populaire, ce qui a incité le gouvernement à créer la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), une autorité administrative indépendante, par la (Loi informatique et libertés de 1978). Le projet SAFARI visait notamment à l'interconnexion de tous les fichiers détenus par l'administration via un identifiant unique, le NIR (Numéro d'inscription au répertoire national d'identification des personnes physiques, plus connu en tant que numéro de Sécurité sociale).
En 1990, le premier ministre Michel Rocard décide de réorganiser la gestion des divers fichiers en France, dont ceux des Renseignements généraux. Devant des protestations venant d'horizons variés (Syndicat de la magistrature, le MRAP, SOS Racisme, mais aussi Simone Veil ou Charles Pasqua), il est contraint de retirer les décrets parus le et le [22]. Un an plus tard, le gouvernement d'Édith Cresson publie le décret du , qui modifie[Information douteuse] la Loi informatique et libertés de 1978, en autorisant « la collecte, la conservation et le traitement dans les fichiers des services des renseignements généraux d'informations nominatives relatives aux personnes majeures qui font apparaître » les « signes physiques particuliers, objectifs et inaltérables » ainsi que les « activités politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales » (art. 2[23]). Les informations peuvent être collectées si elles sont « relatives à des personnes physiques ou morales qui ont sollicité, exercé ou exercent un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle politique, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires pour donner au Gouvernement ou à ses représentants les moyens d'apprécier la situation politique, économique ou sociale et de prévoir son évolution » (art. 3[23]) ; mais dans ce cas, elles ne peuvent être communiquées à la police ni à la gendarmerie (art. 5[23]). Le décret prévoit aussi un examen de la légitimité des informations détenues tous les cinq ans, sous l'égide de la CNIL (art. 6[23]).
Selon le rapport Bauer de 2007, la France comptait alors 36 fichiers (37 avec le fichier Edvige créé en 2008)[24].
Un autre rapport parlementaire[25] présenté à l'assemblée en décembre 2008 révélait de 58 fichiers pour la seule police nationale, dont près du quart existait sans aucune base légale[26],[27].
Le fichage en France est notamment le fait :
En juillet 2014, le quotidien de presse Le Monde[32] prétend que la DGSE procède à un fichage massif et généralisé des citoyens français, en s'appuyant sur l'interception de leurs échanges électroniques (e-mails, réseaux sociaux, téléphonie mobile, etc.) et hors de tout cadre légal. Les interceptions ne concerneraient pas les contenus mais les méta-données. D'après le quotidien, un grand nombre de services de l'État (DGSE, DCRI, DNRED, DPSD, DRM, TRACFIN) puiseraient dans cette infrastructure de mutualisation. Dans une interview du [33] sur la station de radio Europe 1, Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL, organisme chargé de veiller à la bonne application de la loi en matière de collecte d'informations personnelles, déclare que, si tel était le cas, cette collecte serait « alégale » (« privé de légalité »).
Le Système de circulation hiérarchisée des enregistrements opérationnels de la police sécurisés (CHEOPS) fédère et permet de donner accès à différentes applications de police[34], telles que :
Cependant, la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure du prévoit la création d'une nouvelle base de données informatique, ARIANE (Application de rapprochement, d'identification et d'analyse pour les enquêteurs), qui doit regrouper depuis 2008 les informations des fichiers STIC et JUDEX (ce dernier appartenant à la gendarmerie), qui disparaitront au profit d'une structure unique. Le logiciel ARDOISE doit être utilisé par la police pour l'alimentation du fichier ARIANE, et le logiciel IC@RE pour la gendarmerie nationale[36].
Néanmoins, du fait de données sensibles accessibles via ce logiciel (telles que « mineur en fugue », « sans domicile fixe », « personne âgée », « permanent syndical », « membre d'une secte », « transsexuel » ou « homosexuel[37] »), l'expérimentation du logiciel Ardoise a été suspendue en avril 2008 par la ministre Michèle Alliot-Marie[37]. ARDOISE, qui n'avait pas été déclaré à la CNIL, était déjà utilisé dans 694 commissariats[38].
Le STIC est un fichier du ministère de l'Intérieur regroupant les informations concernant les auteurs d'infractions interpellés par les services de la police nationale, ainsi que les données relatives aux victimes et l'identification des objets volés ou détournés.
Issu du plan Joxe en 1985, le STIC a été définitivement mis en place en 1998, puis officialisé en 2001[24]. Selon la CNIL, il contient un taux d'erreurs de 25 %[24].
Selon un bilan fait par la CNIL de 467 vérifications effectuées en 2005 dans les fichiers STIC et JUDEX, 44 % des fiches montraient des erreurs[39], ce taux d'erreurs a été encore constaté en 2013[40].
Créé en 1998, il est géré par la police scientifique à Écully (Rhône). Il regroupe d'abord les données de personnes mises en cause dans des infractions sexuelles et des personnes définitivement condamnées. Une loi de 2001 l'étend aux personnes mises en cause dans les cas de meurtres, violences diverses et actes terroristes. Un décret de 2004 permet d'enregistrer les données d'individus mis en cause dans des affaires d'atteintes aux personnes et aux biens. En juin 2005, le FNAEG contenait 80 000 fiches.
Depuis la Loi pour la sécurité intérieure de 2003 (loi Sarkozy II), une centaine de délits oblige à se soumettre au prélèvement génétique. Limitée, à l'origine, aux infractions sexuelles, la législation concerne aujourd'hui les meurtres et les cambriolages, les vols simples, les tags ou les dégradations. Le prélèvement s'applique aux personnes condamnées mais aussi aux simples suspects. La loi ne prévoit pas d'âge minimum[41].
Depuis l'entrée en vigueur de ces dispositions, le Fnaeg explose. Entre 2003 et 2006, le nombre de profils enregistrés est passé de 2 807 à plus de 330 000. Bien que ce système ait permis d'élucider plus de 5 000 affaires, ceux qui s'opposent aux prélèvements dénoncent l'instauration d'un « répertoire de masse ». Les refus de prélèvements génétiques pour des petits délits se multiplient, entraînant des procès. La loi prévoit de lourdes sanctions pour les contrevenants : jusqu'à un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende[41].
La Ligue des droits de l'homme a critiqué ce fichier[42]. Des études, menées principalement aux États-Unis, arrivent à la conclusion que l'expertise génétique est parfois entachée d'erreurs, et, au mieux, ne permet pas d'avoir de certitude sur une culpabilité mais plutôt d'avoir une probabilité dont le calcul est délicat et variable d'un laboratoire d'analyse à l'autre. Plusieurs dizaines de personnes auraient ainsi été condamnées à tort à de lourdes peines de prison en étant accusées de meurtres, viols, etc.[43].
Le Système d'information Schengen (SIS), commun aux pays membres de l'accord de Schengen, a été créé en 1990. Composé d'un système central installé à Strasbourg, il dispose aussi de systèmes nationaux. En France, il est géré par la direction centrale de la Police judiciaire[44]. Il détient deux catégories d'information : les personnes recherchées et les véhicules et objets recherchés[44]. Il est alimenté, depuis 1995, par le Fichier des véhicules volés (FVV) et par certaines fiches du Fichier des personnes recherchées (FPR – notamment celles relatives à des mandats d’arrêt et à des exécutions de jugement)[44]. Depuis 1999, les armes, les documents d’identité et les billets de banque saisis dans la base nationale du STIC et auxquels est associé le qualifiant « VOLÉ », sont automatiquement enregistrés dans le SIS[44].
Les services de police, de douane, ainsi que les services accordant des visas et des titres de séjour, de même que les autorités judiciaires, sont habilités à le consulter[44].
Selon le rapport Bauer, « au , la base nationale comptait :
L'application GEVI (Gestion des violences urbaines) a été créée en 1996 par la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) et contient 7 300 fiches[45]. Fichier de renseignements, et non d'antécédents judiciaires, il enregistre « des données sur des individus majeurs ou des personnes morales susceptibles d’être impliqués dans des actions de violences urbaines ou de violences sur les terrains de sport pouvant porter atteinte à l’ordre public et aux institutions[45] », ce qui correspond à un traitement de données sensibles au sens de la loi informatique et libertés.
Le FNIS a été créé par un arrêté publié le [46]. Ce fichier comporte la photographie, l'identité, l'adresse des personnes touchées par une interdiction administrative (due au Préfet) ou judiciaire, ainsi que les données relatives à l'interdiction. Il peut être aussi étoffé par des fichiers d'organismes de coopération internationale et des services de polices étrangers. La CNIL, après délibération[47], a donné son accord pour que ce fichier conserve les données sur une personne durant les cinq années qui suivent l'interdiction, et « prend acte » qu'il n'est pas prévu dans l'arrêté ministériel que ce fichier comporte de dispositif permettant la reconnaissance faciale à partir d'images numérisées[48].
En vertu de l'article 7 de la loi du relative à la lutte contre le terrorisme, un arrêté du a créé un système de traitement automatisé de données à caractère personnel concernant « les provenances et les destinations, situées dans des États n'appartenant pas à l'Union européenne, des passagers aériens »[49]. Lors de l'enregistrement de ces données, le Fichier des personnes recherchées (FPR) et le Système d'information Schengen (SIS) est consulté.
Ces données PNR (Passenger Name Record) sont conservées cinq ans, sauf celles concernant le FPR ou le SIS, qui ne seraient conservées que 24 heures[49]. Par ailleurs, ce nouveau fichier ayant une double finalité de prévention et répression d'actes de terrorisme d'une part, et d'autre part de « lutte contre l'immigration clandestine », ces données ne peuvent être consultées, dans ce dernier cas, « que dans les vingt-quatre heures qui suivent leur transmission »[49].
Le fichier de prévention des atteintes à la sécurité publique, dont le décret a été publié le , ne porte pas sur des personnes condamnées mais sur des personnes « susceptibles d'être impliquées dans des actions de violences collectives, en particulier en milieu urbain ou à l'occasion de manifestations sportives »[50]. Entrent dans le cadre du fichier toutes les « personnes dont l'activité individuelle ou collective indique qu'elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique », et ce, dès l'âge de 13 ans. Seront fichés, dans une base de données à part, des personnes employées dans la sécurité (gardiens, pompiers…) et qui font l'objet d'une enquête administrative[50]. Dans la mesure où des données liées aux infractions sont traitées ce traitement est un traitement de données sensibles au sens de la CNIL.
Importé du Canada, le Système d'analyse des liens de la violence associée aux crimes existe en France depuis janvier 2003 selon le rapport Bauer[51]. Il est placé sous l'autorité de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour le compte de la gendarmerie nationale et de la police nationale[52]. La loi du sur la récidive des infractions pénales a légalisé ce fichier qui existait auparavant, sans avoir été déclaré à la CNIL, ainsi qu'ANACRIM (gérée par une unité de la gendarmerie spécialisée dans le profilage criminel)[52].
La loi de 2005 a créé un régime dérogatoire par rapport à la loi sur la sécurité intérieure de 2003 :
Selon le rapport Bauer, « certaines données sensibles (article 8 de la loi du ) peuvent également être mentionnées pour le mis en cause et la victime : origine ethnique, vie sexuelle, adhésion à un groupe si cela a une importance pour l’enquête »[51].
Les informations conservées le sont pour une durée de 40 ans[51].
Un Fichier national des permis de conduire a été créé en 1972[53]. Selon l'article 225-1 du Code de la route, celui-ci inclut des informations concernant les permis français, mais aussi concernant « les permis de conduire délivrés par des autorités étrangères et reconnus valables sur le territoire national[54]. Le fichier contient le compte des points de chaque permis, les retraits de permis, etc. Informatisé, le fichier est assujetti à la loi Informatique et Libertés de 1978 (modifiée en 2004). L'accès à celui-ci a progressivement été étendu, au fil des lois, à diverses institutions. Ce fichier, ainsi que le Fichier des plaques d'immatriculation, est interconnecté avec le système "contrôle automatisé" (CA), qui effectue notamment un contrôle automatisé des données signalétiques des véhicules et enregistre la photographie des occupants de la voiture. Utilisant des caméras de surveillance routière, le CA est aussi interconnecté avec d'autres fichiers, dont le traitement automatisé de suivi du recouvrement des amendes et des condamnations pécuniaires, les « traitements relatifs à la gestion des contrats de location et des véhicules loués mis en œuvre par les sociétés ayant pour activité la location de véhicules, dans les conditions prévues par une convention signée avec le Centre national de traitement du contrôle automatisé », la base satellite des véhicules volés (BSVV, lui-même lié au Système d'information Schengen et au SIV, système des plaques d'immatriculation ainsi qu'au Fichier des véhicules volés (FVV)[55]), etc.[56].
La loi du réservait l'accès du Fichier national des permis de conduire aux autorités judiciaires, « aux officiers de police judiciaire chargés de l'exécution d'une ordonnance juridictionnelle ou agissant dans le cadre d'une enquête de flagrance », ainsi qu'« aux préfets dans l'exercice de leurs compétences en matière de permis de conduire. » Mais l'accès à ces données a été largement étendu les dernières années. La loi no 2008-644 du « créant de nouveaux droits pour les victimes et améliorant l'exécution des peines » en a effet étendu l'accès non seulement aux pré-cités, mais aussi « [aux] militaires de la gendarmerie et [aux] fonctionnaires de la police nationale habilités à effectuer des contrôles routiers » (art. L225-4 Code de la route).
Mais c'est le décret no 2007-86 du , « relatif à l’accès à certains traitements automatisés mentionnés à l’article 9 de la loi no 2006-64 du relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses relatives à la sécurité et aux contrôles frontaliers », qui a largement étendu l'accès au Fichier des plaques d'immatriculation réglementé par l'article L330-2 du Code de la route, en ajoutant, outre les agents policiers, judiciaires et militaires directement concernés par la sécurité routière, « les agents des services de la direction générale de la Police nationale et de la direction générale de la Gendarmerie nationale chargés des missions de prévention et de répression des actes de terrorisme », ainsi que les « agents des services de renseignement du ministère de la défense chargés des missions de prévention des actes de terrorisme ». (R330-2) Cette disposition, ajoutée en 2007, devait prendre fin le ; mais le gouvernement François Fillon en a prorogé l'application jusqu'en 2012, par un décret du . Ces informations peuvent également être communiquées, sous certaines conditions, à des autorités étrangères.
En 2012, le ministère de l'intérieur crée un fichier dénommé « Automatisation du Registre des Entrées et Sorties des recours en matière de contravention »[57].
L'Automobile Club des avocats (ACA), soutenu par la Ligue des droits de l'homme a déposé devant le Conseil d’État une requête en annulation[58].
La Gendarmerie nationale dispose d'un certain nombre de fichiers, dont JUDEX qui doit fusionner avec le STIC (cf. ci-dessus). Outre les fichiers recensés par le rapport Bauer (2007), Le Canard enchaîné a dévoilé en 2006 l'existence illégale d'un fichier de 40 000 travailleurs saisonniers dans la région Rhône-Alpes[59].
Créé en 1975[60], le FPNE (Fichier des personnes nées à l'étranger) compterait sept millions de personnes inscrites[60]. Selon le rapport Bauer, « chaque militaire établit une fiche dès lors qu’une personne née à l’étranger entre en contact avec une unité de gendarmerie »[60]. Les fichiers sont destinés au Service technique de recherches judiciaires et documentation (STRJD) à Rosny-sous-Bois[60]. Il ne ressort d'aucune logique judiciaire[24]. En raison de la mise en conformité des fichiers manuels, le FPNE est censé disparaître, sous sa forme actuelle, en 2010[60].
Selon le rapport Bauer, « Les groupements de gendarmerie départementale de Seine-et-Marne, du Bas-Rhin et des Pyrénées-Orientales, auxquels sont rattachés respectivement les centres de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, de Geispolsheim et de Rivesaltes » disposent chacun d'un « fichier nominatif informatisé[61]. L'identité, la nationalité, le domicile et, depuis 2002, une photographie numérisée sont inclus dans le fichier[61]. Un droit d'accès est prévu, et les informations sont censées être détruites au bout de deux ans[61]. Le fichier a vocation à se fondre dans le fichier ELOI[61].
Crée en 1942 pour le suivi des mariniers, ce fichier manuel n'a jamais été rendu public. Comptant 52 000 fiches, il est aujourd’hui détenu, au titre des archives, par le STRJD (Service technique de recherches judiciaires et de documentation) à Rosny-sous-Bois (93)[14]. Devenu obsolète en raison de son mode d’alimentation et de fonctionnement, il fait l'objet d'une procédure d'épurement depuis 1974[14]. Néanmoins, il est conservé en l'attente de sa transformation en fichier informatique[14].
Le FAR est un fichier mécanographique, qui comptait 60 millions de fiches[62]. Selon le rapport Bauer, il avait « pour vocation de permettre aux militaires des unités opérationnelles d’acquérir une connaissance approfondie de leur population résidente, en particulier sur leur dangerosité (…) De même, [ces renseignements étaient] utiles pour certaines enquêtes de police administrative (enquête de moralité pour les candidats aux concours de la fonction publique, ouverture d’un débit de boissons, autorisation de détention d’arme…). »
Outre l'état civil et les procédures judiciaires dont a pu faire l'objet la personne fichée, le FAR comportait aussi des renseignements tels que: « comportement, possession d’armes, propriétaire de chiens dangereux… »[62]. Ce traitement était également un traitement de données sensibles.
Il a été supprimé en 2010.
Le décret no 2011-340 du [63] porte sur création du fichier GIPASP (gestion de l'information et la prévention des atteintes à la sécurité publique), pris après avis de la CNIL[64], « régularise le traitement du renseignement de sécurité publique au sein de la gendarmerie nationale »[65]. En 2018, 84 000 militaires de la gendarmerie étaient habilités à y accéder[66].
Au , 40 474 individus y étaient recensés, dont 1 143 mineurs de 13 à 17 ans (soit 2,82 %)[66]. En 2020, environ 67 000 personnes y sont inscrites[67].
Extrait de l'article 1 : Le traitement a notamment pour finalité de recueillir, de conserver et d'analyser les informations qui concernent les personnes susceptibles d'être impliquées dans des actions de violence collectives, en particulier en milieu urbain ou à l'occasion de manifestations sportives.
Extrait de l'article 2 : Peuvent être enregistrées dans le traitement, dans le respect des dispositions de l'article 6 de la loi du susvisée et dans la stricte mesure où elles sont nécessaires à la poursuite de la finalité mentionnée à l'article 1er, les catégories de données à caractère personnel suivantes :
1° Motif de l'enregistrement ;
2° Informations ayant trait à l'état civil, à la nationalité et à la profession, adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
3° Signes physiques particuliers et objectifs, photographies ;
4° Titres d'identité ;
5° Immatriculation des véhicules ;
6° Informations patrimoniales ;
7° Activités publiques, comportement et déplacements ;
8° Agissements susceptibles de recevoir une qualification pénale ;
9° Personnes entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec l'intéressé.
Le traitement ne comporte pas de dispositif de reconnaissance faciale à partir de la photographie.
Extrait de l'article 3 : L'interdiction prévue au I de l'article 8 de la loi du s'applique au présent traitement.
Par dérogation, sont autorisés, pour les seules fins et dans le strict respect des conditions définies au présent décret, la collecte, la conservation et le traitement de données concernant les personnes mentionnées à l'article 1er et relatives :
― à des signes physiques particuliers et objectifs comme éléments de signalement des personnes ;
― à l'origine géographique ;
― à des activités politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales.
Il est interdit de sélectionner dans le traitement une catégorie particulière de personnes à partir de ces seules données.
Le FAED a été créé par un décret du [68]. Il est commun à la police et à la gendarmerie nationale[68]. Au , 2 398 727 individus étaient fichés au FAED[69]. En 2005, près de 204 252 consultations ont eu lieu[69] (cela consiste à entrer les données biométrique d'un individu, puis de les comparer au fichier existant de personnes ayant déjà été reconnues pour un crime/délit).
Un arrêté du ministre de l'intérieur, publié le [70],[71],[72], crée un fichier nommé ELOI qui, pour lutter contre l'immigration clandestine, doit « faciliter l'éloignement des étrangers se maintenant sans droit sur le territoire par la gestion des différentes étapes de la procédure d'éloignement ». Le fichier doit enregistrer, pour une durée de trois ans, des données concernant :
Cet arrêté a été annulé pour incompétence par le Conseil d'État qui a jugé qu'en raison de l'objet d'ELOI et de la nature des informations collectées, ce fichier ne pouvait être créé que par un décret en Conseil d'État pris après avis de la CNIL, en application des articles L611-3 et L611-5 du CESEDA[73],[74].
À la suite de cette décision, le gouvernement a créé par un décret du [75],[76] pris sur avis de la CNIL[77], le dit fichier, à un moment où le gouvernement peine à atteindre l'objectif de 25 000 éloignements qu'il s'est fixé pour l'année 2007.
Un nouveau recours a été déposé les et [78],[79],[80]. Les demandeurs invoquaient :
Par un arrêt du , le Conseil d'État a annulé les dispositions du décret du relatives à l'enregistrement dans ELOI du numéro AGEDREF et à la conservation de certaines données pendant trois ans[81].
Ce fichier contient les données concernant :
Les données, seront accessibles aux agents des préfectures, de la police et de la gendarmerie.
Les données devraient être effacées au bout de trois mois, à l'exception des données concernant l'identité et la filiation, qui pourront être conservées trois ans[82].
Le Fichier des personnes recherchées (FPR) a été créé en 1969[83] et étendu en 2005. Ce serait le fichier le plus consulté par la police et la gendarmerie : 54 millions de fois en 2007[84]. Il regroupe vingt-et-un sous-fichiers en fonction du motif de la recherche de l'individu ( AL : aliénés, E : police générale des étrangers, IT : interdiction du territoire, M : mineurs fugueurs, PJ : recherches de police judiciaire, R : opposition à résidence en France, S : sûreté de l'État (djihadistes, salafistes, zadistes, hooligans, membres des Black blocs, membres d’extrême droite ou gauche,..), T : débiteur envers le Trésor, TE : opposition à l'entrée en France, V : évadés, etc.).
Par décret du , est créé le TAJ, fusion du STIC (Police) et de JUDEX (Gendarmerie). Il a pour but « de fournir aux enquêteurs de la police et de la gendarmerie nationales ainsi que de la douane judiciaire une aide à l'enquête judiciaire, afin de faciliter la constatation des infractions, le rassemblement des preuves de ces infractions et la recherche de leur auteur ».
Le , un arrêté est pris afin de remplacer le Fnails par un « Outil et système d'informations relatives aux infractions sur les stupéfiants » (OSIRIS).
Les objectifs d'OSIRIS sont de centraliser l’information en matière de lutte contre l’usage et le trafic de drogues et de disposer d’un fichier nominatif de référence et d’antécédents judiciaires pour toutes les personnes interpellées pour infraction à la législation sur les stupéfiants (ILS). Cet outil est alimenté par les officiers de police judiciaire (services de police et de gendarmerie) ainsi que par les services douaniers.
Le Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (FIJAIS) a été créé par la loi Perben II de 2004. Le dispositif a été modifié par la loi du relative au traitement de la récidive et par la loi du renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs[85].
Depuis la loi de 2005, « Le FIJAIS intègre désormais l’ensemble des procédures concernant les crimes de meurtre ou assassinat commis avec tortures ou actes de barbarie, les crimes de tortures ou d’actes de barbarie et les meurtres ou assassinats commis en état de récidive légale »[86].
Outre les personnes condamnées pour infractions sexuelles, le FIJAIS peut inclure les personnes ayant exécuté une composition pénale, mises en examen par une juridiction d’instruction ou ayant fait l’objet d’un non-lieu, d’une relaxe ou d’un acquittement fondé sur des motifs tenant à l’abolition des facultés de discernement[85].
De plus, la loi Perben II (art. 216) a aussi prévu l’inscription de personnes ayant commis des faits antérieurement à l’entrée en vigueur de cette loi, voire ayant été condamnées avant cette date[85].
Les personnes inscrites au FIJAIS sont astreintes à l’obligation de justifier de leur adresse une fois par an et de déclarer leur changement d’adresse dans les quinze jours[85].
Selon le rapport Bauer, « À l’entrée en service, l’application comprenait 20 222 dossiers enregistrés au titre de la reprise de l’article 216-II de la loi du . Au , 31 827 dossiers sont actifs sur 33 527 dossiers enregistrés au »[85].
Ce fichier est considéré par certains juristes comme le début d'une orientation du droit français vers la « défense sociale », inspirée du « positivisme juridique » de Cesare Lombroso[87].
Le Placement sous surveillance électronique mobile (PSEM), instauré par la loi de décembre 2005 sur la récidive des infractions pénales, et élargi à la surveillance de sûreté par la loi sur la rétention de sûreté de février 2008, a occasionné la création d'un fichier contenant les données personnelles relatives à cette surveillance. Les données sont accessibles au juge d'application des peines, et sont conservées pendant une durée de dix ans après la fin du PSEM[88].
Cette loi a été votée le dans le but de combattre le terrorisme et le crime organisé via Internet et autres moyens de communication numériques, mais aussi pour légiférer sur le commerce via Internet et elle aurait son décret d'application publié dans le second semestre 2007.
À ce jour (début mai 2007), c'est encore un projet de décret[89] qui obligerait :
À archiver durant un an et pour chaque internaute :
Certaines données pouvant être conservées durant trois ans par le ministère de l'Intérieur ou celui de la Défense.
Auront accès à ces renseignements, sans demander l'autorisation d'un juge :
La CNIL n'a pas le pouvoir de s'opposer à ce décret, mais aura le devoir d'en énoncer les limites.
Le fichier Cristina (Centralisation du Renseignement Intérieur pour la sécurité du territoire et les intérêts nationaux) est un fichier classé « secret défense » et outre des données personnelles sur les personnes fichées, il engloberait leurs proches et leurs relations. Il n'est pas soumis au contrôle de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Né le du fichier des Renseignements Généraux, comme le Fichier Edvige, et de celui de la DST, il est le fichier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) qui remplace la DST[84],[90].
Le fichier des passagers aériens (FPA) a été créé en 2006[91] en application de la loi du sur le terrorisme et de la directive 2004/82/CE « concernant l'obligation pour les transporteurs de communiquer les données relatives aux passagers », ou données APIS (pour Advance Passenger Information System (en)).
Il est interconnecté avec le fichier des personnes recherchées (FPR) et le Système d'information Schengen (SIS), notamment à des fins de répression de l'immigration clandestine. De plus, le droit d'opposition prévu par la loi informatique et libertés de 1978 est ici dénié[92],[93].
Un passeport biométrique a été instauré par décret le contre l'avis de la CNIL qui réclamait un débat au parlement. Ce passeport doit être équipé d'une puce RFID dans laquelle sont enregistrées une photo et les empreintes digitales numérisées de deux doigts du titulaire (parmi huit prélevées)[94].
Le mardi a été voté par l'Assemblée nationale la proposition de loi dite relative à la protection de l’identité[95] qui instaure une nouvelle carte d'identité électronique et un fichier central réunissant les données biométriques de l'ensemble des détenteurs de la future carte mais aussi du passeport actuel : taille, couleur des yeux, deux empreintes digitales et une photographie. Le titulaire peut aussi inclure une option d'utilisation de ces données « permettant de s’identifier sur les réseaux de communications électroniques et de mettre en œuvre sa signature électronique »[96].
Un appel d'offres pour sa fabrication devrait être lancé avant la fin mars. Les nouvelles cartes pourraient être prêtes dans « dix-huit mois après la parution du décret d'application », estime Bertrand Maréchaux, le directeur de l'Agence nationale des titres sécurisés[96].
Parti d'une idée émise dix ans plus tôt, les sénateurs UMP, Jean-René Lecerf et Michel Houel, ont déposé une proposition de loi en juillet 2010, et il faudra dix-huit mois supplémentaires, avec le soutien du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, pour que la loi voie le jour sous sa forme actuelle. Cette loi ayant été adoptée durant la campagne électorale des présidentielles de 2012, François Rebsamen, chargé du pôle sécurité dans la campagne de François Hollande, déclare qu'en cas de victoire « on se laisse la possibilité d'améliorer le texte, pour mieux concilier l'efficacité de la lutte contre l'usurpation d'identité et la protection de la vie privée »[96].
Le vendredi , le décret autorisant la création d'un traitement de données à caractère personnel relatif aux passeports et aux cartes nationales d'identité[97] parait au Journal Officiel.
Sur un fond de simplification du traitement des données et faisant suite à la loi relative à la protection de l'identité (loi permettant entre autres la lutte contre les faux documents), le fichier nouvellement créé pose polémique[98],[99],[100]. En effet,
font de ce fichier, pour ses opposants, le fichier des « gens honnêtes »[102].
Le Conseil National du Numérique (CNNum) a lancé une consultation publique sur Internet ouverte du au [103].
Le projet ministériel national d'instaurer une base de données centralisée concernant tous les élèves inscrits à l'école élémentaire a donné lieu à polémique et à une vaste contestation. Que ce soit du côté des familles ou de celui des enseignants, la contestation a visé essentiellement la nature des informations contenues dans ce nouveau fichier (pays d'origine, langue des parents, etc.). Ce nouvel outil est officiellement destiné à informatiser la gestion de la scolarité des élèves que ce soit au niveau des écoles, des inspections académiques et des mairies. Mais les opposants au projet ont mis en avant le risque de dérive policière sous la forme d'un contrôle social illégitime des familles. Devant l'ampleur du mouvement d'opposition, le ministre Xavier Darcos a pris la décision de restreindre les informations contenues dans ce fichier au « strict minimum » exigé par l'informatisation de la gestion de la scolarité du primaire[104].
Le décret publié le tient compte de ces critiques : Legifrance JORF no 0256 du , NOR: MENE0824968A. La Ligue des droits de l'homme estime que « la mobilisation paye[105] ».
En décembre 2009, la CNIL n'a eu connaissance de l'existence d'un fichier nommé cahier électronique de liaison (CEL), qui, après une période d'expérimentation (initialement dans deux prisons, en 2007), a été généralisé à de nombreuses prisons en décembre 2008, alors qu'aucune autorisation n'avait été demandée à la CNIL. Le , l’Observatoire international des prisons (OIP) a saisi le Conseil d'État et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) à propos de ce fichier, développé sans autorisation, disant qu'il s'agit d'un fichier « tentaculaire », qui contient des « données personnelles à caractère sensible »[106].
Ce fichier recense des informations biographiques, des éléments sur la détention, sur le comportement du détenu, sa situation pénale, sa santé, ses relations familiales, etc. Sont également mentionnés des renseignements sur le nombre de visites et de correspondances reçues, les états dépressifs, la pratique du culte (à l'arrivée et son évolution en détention), les soutiens financiers extérieurs, etc. Les surveillants doivent aussi juger, en répondant par oui ou non, de critères comme la « propension à gérer un leadership par des moyens négatifs » ou l'« incapacité à gérer pacifiquement ses différends ». Les surveillants y notent également leurs observations sur les détenus, pour signaler les plus fragiles, les risques de suicide ou de violences, mais aussi des commentaires sur leur comportement, qui relèvent, selon l'OIP, de « prises de position à l'emporte-pièce »[106].
Un fichage dont l'existence est peu connue est celui des parents (ou de personnes ayant la charge de mineurs) par les services départementaux de la santé publique. Il relève des conseils généraux.
Il est alimenté notamment par les dénonciations anonymes reçues à un serveur téléphonique gratuit, répondant au no 119. Ce serveur a été mis en place dans le but de faciliter la détection des mauvais traitements aux enfants. L'appel reçu est enregistré sous l'appellation officielle de « signalement ». Quel que soit le mode de réception de la dénonciation, une enquête est ensuite effectuée pour en vérifier la substance. Dans les cas où l'enquête donne lieu à un constat de faits conformes à la dénonciation, des procédures administratives ou judiciaires peuvent être enclenchées. Quant aux personnes blanchies de l'accusation, elles ne reçoivent ni excuse pour le dérangement subi, ni certificat de bonne conduite, et restent définitivement inscrites dans le fichier comme « signalées ».
Évidemment, la possibilité d'appeler par téléphone sous anonymat incite à porter toute dénonciation, y compris farfelue, voire intentionnellement calomnieuse. En pratique, il suffira donc que plusieurs dénonciations infondées soient reçues pour que les personnes fichées soient, du simple fait du fichage, considérées comme suspectes, même si la ou les enquêtes n'ont rien révélé de répréhensible. L'administration ne donne aucun éclaircissement sur la gestion de ces fichiers de « signalements » établis à l'échelle des départements, mais interconnectés. Il semble que les données ne soient ni actualisées, ni vérifiées, ni détruites, de sorte que, souvent à leur insu, des personnes soient enregistrées comme suspectes de mauvais traitements à mineurs. Les contenus de ces fichiers peuvent être consultés par télématique lors de toute autre affaire, et être invoqués à l'encontre des personnes concernées, et cela sans limitation de durée.
Le risque d'atteinte aux droits est d'autant plus important que le fichier est exploitable par un grand nombre d'opérateurs (police, mairies, justice, etc.), et les données être amalgamées avec celles d'autres fichiers, de véracité tout aussi douteuse.
Les polices municipales n'ont en principe pas de fichiers. Néanmoins, la police municipale de Saint-Fons, près de Lyon, a été épinglée en 2007 pour avoir constitué illégalement un fichier de quatre-vingt jeunes[107].
Les maires peuvent instaurer un fichier concernant les élèves de leurs communes, afin de contrôler leur assiduité scolaire, ce depuis la loi du relative à la prévention de la délinquance (art. 12 de la loi, qui modifie l'art. L131-6 du Code de l'éducation). Les avertissements prononcés par les inspecteurs d'académie à l'égard des personnes responsables de l'enfant, qui peuvent éventuellement donner lieu à la mise en place d'un contrat de responsabilité parentale, sont inscrits dans ce fichier (art. L131-8).
Un logiciel, nommé IKOS, a été installé dans les loges des gardiens de l'Office d'HLM de Paris (OPH) à partir de 2010 pour permettre de centraliser les informations concernant les locataires et d'aider à la gestion locative[108]. Le , la CNIL a révélé sur son site que, à la suite de plaintes de locataires, elle a enquêté dans les loges de 750 des 1 200 gardiens d'immeubles de l'OPH et qu'il est apparu que ce système de messagerie a été détourné par certains gardiens pour informer leur hiérarchie d'éléments sur la vie privée des habitants de leur immeuble, et que tous les gardiens de l'office y avaient accès alors que seules les personnes travaillant au sein du service chargé de la gestion locative sont censées avoir accès à ces informations personnelles[109] ; de plus si le locataire se trouvait dans un immeuble directement géré par le gardien, celui-ci avait accès à des informations confidentielles sur les contentieux avec l'OPH, les échéances de loyers et les RIB du locataire. La CNIL a ainsi souligné que : « En aucun cas, la fonction accessoire de gestion locative ne doit permettre aux gardiens d'accéder à des informations relatives à la vie privée des locataires »[110]. La CNIL a retrouvé des qualificatifs tels que « alcoolique », « violence conjugale », « ancien SDF addiction boisson », « n'est pas de nationalité française » ou encore « personne très difficile à vivre de tempérament agressif et violent très procédurier » ; voire relatifs à leur santé comme « séropositif », « cancer », « personne cardiaque », etc. La CNIL a mis en demeure « l'OPH Paris Habitat, dans un délai de deux mois, de se conformer à la loi et, ainsi, respecter la vie privée de ses locataires. Cette mise en demeure n'est pas une sanction »[108],[110].
Hopsyweb est une base de données consultable au niveau national et recensant les personnes hospitalisées sans consentement. À L'origine le fichier était dénommé Hopsy et recensait les personnes hospitalisées d'office, que ce soit à la demande du représentant de l'État (préfet) ou de tiers. Ce fichier peut être consulté au niveau national
En 2018, la durée de conservation des données est passée d'un an à trois ans[111].
Avant 2018, le ficher était géré régionalement par les Agences régionales de santé. Son interrogation s'effectue désormais au niveau national avec le programme Hopsyweb.
En 2019, un décret permet de croiser ces informations avec le fichier FSPRT et notamment les fichés « S »[112],[113].
Le Conseil d'État a validé le fichier Hopsyweb[114].
En 2019, 100 000 personnes étaient concernées en France par ce fichage[115].
Groupement d'intérêt économique des sociétés d'assurance (vie, automobile, habitation…). Fichage cinq ans maximum, notamment à la suite d'un sinistre affectant le coefficient réduction-majoration.
Afin de récompenser la fidélité de leurs clients et de leur proposer des cadeaux ou avantages préférentiels, sont créés des fichiers nominatifs permettant de cibler le profil des achats et du porteur.
Fichage pour cinq années maximum, notamment en cas d'abonnements impayés ou de fraude à l'abonnement.
EDVIGE (pour « Exploitation Documentaire et Valorisation de l'Information Générale ») est un fichier policier créé le par décret[122]. Il est destiné à la SDIG (Sous-Direction de l'Information Générale). Sous-direction placée sous l'autorité du DCSP, Directeur Central de la Sécurité Publique. Ce service de renseignement a été créé à l'issue de l'éclatement de la DCRG, Direction Centrale des Renseignements Généraux, en 2008. Ce service est chargé du renseignement en milieu ouvert. A contrario, la DGSI se charge du milieu fermé.
Extrait du décret[122] :
« Le ministre de l'Intérieur est autorisé à mettre en œuvre un traitement automatisé et des fichiers de données à caractère personnel intitulés EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale) ayant pour finalités, en vue d'informer le Gouvernement et les représentants de l'État dans les départements et collectivités :
1. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités ;
2. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public ; […] »
Ce fichier peut contenir des « signes physiques particuliers et objectifs » et des informations concernant « le comportement », ainsi que des « données relatives à l'environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle ». Il est également indiqué que « celles de ces données autres que celles relatives aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou à l'appartenance syndicale ne peuvent être enregistrées au titre de la finalité du 1 de l'article 1er que de manière exceptionnelle. Il est interdit de sélectionner une catégorie particulière de personnes à partir de ces seules informations. » Les mineurs à partir de 13 ans sont également concernés. Ce fichage des mineurs a fait l'objet de réserves de la CNIL[123],[124], son président estimant qu'il s'agit d'un excès de fichage[125].
Le Syndicat de la magistrature a dénoncé le choix fait par le gouvernement « d’adopter un mode de recensement des populations particulièrement attentatoire aux libertés et au respect de la vie privée » et considère que « de même que la rétention de sûreté a vocation à prévenir d’un crime hypothétique, EDVIGE pourra avoir vocation à se prémunir contre toute forme d’opposition »[126]. Hélène Franco, secrétaire générale du syndicat, dénonce la France comme « la seule démocratie en Europe où il existe une police politique »[127].
Vingt-quatre organisations de défense des droits des gays et lesbiennes et de lutte contre le sida ont saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité au sujet de la possibilité de collecter des informations relatives aux origines ethniques, à la santé ou à la vie sexuelle des personnes[128]. Un certain nombre personnalités politiques ont affiché une opposition plus ou moins marquée à ce fichier[129],[130].
Depuis le , une pétition contre ce fichier rassemble plus de 206 000 signatures, dont celles de plus de 1 147 organisations, syndicats, partis politiques[131],[132]. Plusieurs recours ont été portés devant le Conseil d'État[133].
Face au tollé qui s'est manifesté jusque dans la majorité présidentielle, le ministère de l'intérieur a annoncé, le , que des modifications pourraient être apportées au fichier[134].
Le décret instituant le fichier EDVIGE a été retiré le [135]. Ce fichier est remplacé par un nouveau dont l'acronyme est EDVIRSP[136].
Le , Rachida Dati, ministre de la Justice, à la suite d'incidents survenus à Paris au cours du week-end des 19 et , a annoncé la création d'un fichier sur les bandes organisées par le préfet de police de Paris[137],[138]. Cette déclaration serait d'autant plus une « surprise »[139] que « Mme Dati n'a pas compétence pour donner de telles instructions au préfet de police » qui relèveraient de « sa collègue de l'intérieur », d'après le quotidien Le Monde, qui estime « qu'elle avait besoin vis-à-vis des habitants du 7e arrondissement de Paris, dont elle est la maire, de montrer sa fermeté »[140].
Ce fichier aurait été constitué par l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), au fort de Montrouge, à Arcueil, dans le Val-de-Marne, et a été révélé au public le par le quotidien Le Monde. Toutefois, la gendarmerie dément son existence et le ministère de l'Intérieur déclare ne pas en avoir connaissance. Les avocats des quatre principales associations de Roms et de gens du voyage ont porté plainte, mercredi , auprès du procureur de Paris, pour constitution de fichier non déclaré et conservation « de données à caractère personnel qui font apparaître les origines raciales et ethniques »[141],[142]. La CNIL déclare le même jour n'avoir jamais été informée de la création d'un tel fichier et envisage d'effectuer un contrôle[143]. Après avoir effectué des contrôles les 8 et auprès de l’OCLDI et du STRJD de la gendarmerie nationale, la CNIL rend publiques les conclusions d'un rapport préliminaire le . La commission constate l'absence de fichier à caractère ethnique[144] mais l'existence de quatre fichiers illégaux[145].
Dans son « rapport définitif » remis au premier ministre le , et rendu public le , la CNIL précise que ses « investigations n'ont pas permis de constater la mise en œuvre d'un fichier structuré et pérenne regroupant des données à caractère personnel de nature ethnique visant, en particulier, les "gens du voyage" »[146].
Les fiches dépouillées
Les 14 fiches étudiées portent sur 20 personnes ayant fait l'objet d'une ou plusieurs gardes à vue dans le cadre d'une ou plusieurs procédures : vol d'explosifs de Plévin, attentats en Bretagne entre 1993 et 2000, attentat de Cintegabelle et attentat de Belfort - ces deux dernières instructions sont toujours en cours.
Statut des personnes fichées
Aucune des 20 personnes visées par ces fiches n'a été mise en examen dans le cadre des procédures « antiterroristes » citées ci-dessus.
Période d'établissement des fiches et sources
Ces fiches ont été établies entre le et le et figurent toutes dans la procédure « Attentats en Bretagne 1993-2000 » ; elles pourraient également se trouver dans deux autres dossiers, dont celui qui a été jugé du 1er au devant la cour d'assises spécialement composée à Paris. Le dossier « Attentats en Bretagne 1993-2000 » a été jugé à Paris entre le et le et n'est donc plus couvert par le secret de l'instruction. Les références données sont celles qui figurent dans ce dernier dossier. La lettre « D » indique qu'il s'agit de pièces de fond du dossier d'instruction.
Auteurs des fiches
Dates des faits répertoriés
Le premier élément de fichage relevé date de 1975, le dernier élément de fichage datant du .
Extraits des fiches étudiées
Voici des extraits choisis, les noms ont été supprimés et remplacés par des nombres, dans un évident souci de respect des droits des personnes :
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