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toilettes sans eau où les matières fécales sont directement compostées avec des plantes sèches De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les toilettes sèches, aussi appelées toilettes à compost, toilettes à litière (sèche) ou TLB (toilettes à litière biomaîtrisée), sont des toilettes qui n'utilisent pas d'eau. L’intérêt d'assainissement écologique est de récupérer les excréments pour une valorisation séparée ou non, pour en faire du fertilisant (compost) ou de l'énergie (biométhanisation, électricité, chaleur). L'urine séparée à la source sert alors d'engrais plus directement assimilable par les cultures sous conditions[1].
La séparation ou non des fèces et urines détermine le type de technologie nécessaire pour leur valorisation.
La solution la plus simple consiste à ne pas séparer les fèces et l'urine (toilettes sèches en mélange à sciures) ; les selles et l'urine sont mélangées dans un récipient. Cette solution limite la valorisation des matières en simple compost pour le jardin.
La solution plus exigeante, mais beaucoup plus performante permettant une valorisation indépendante, consiste à séparer à la source les éléments ; les urines sont séparées des solides, fèces et papier toilette, dans leur réceptacle respectif pour être traitées séparément.
Dans les pays occidentaux, environ 35 à 40 % de l'eau potable passe à l'égout, principalement dans les zones urbanisées, la fosse septique étant plus courante dans les zones rurales. L'intérêt des toilettes sèches, outre le fait de ne pas utiliser d'eau du tout, est aussi de collecter puis valoriser des matières qui habituellement sont rejetées à l'égout et nécessitent des opérations d'épuration des eaux usées, dont la charge revient alors à la collectivité.
Des toilettes sèches d'abord utilisées pour les refuges et zones isolées ont été adaptées à la mobilité et à la location pour les festivals regroupant plusieurs dizaines de milliers de visiteurs, et y ont rencontré de franc succès. Il suffit de prévoir des panneaux explicatifs, l'entretien nécessaire et un peu de surveillance. Elles deviennent ainsi une alternative raisonnable aux toilettes chimiques.
Plus récemment, des toilettes sèches technologiques commencent à voir le jour. Par exemple avec le système Kollect Tech de k-caravane qui permet de séparer les urines en amont, de les stocker avec un additif stabilisant et d'y intégrer le détecteur de trop-plein, de présence faisant ainsi fonctionner, en 12 volt l'extracteur d'air et la lumière (indirecte) permettant de ne pas voir le fond.
L'économie d'eau, de surcroît potable, est un facteur d’intérêt important. Les toilettes sèches sont une alternative à la chasse d'eau en évitant le gaspillage de trois à douze litres d'eau potable à chaque utilisation. S'ajoute, à l'économie directe de l'eau potable, l'économie de traitement qui n'est pas neutre pour la collectivité.
Une généralisation de l'installation de toilettes sèches par la prise de conscience d'un nombre croissant de citoyens pourrait permettre la mise en place d'une filière entière et l'appui des politiques serait un geste fort s'il accompagne les aspirations citoyennes.
10,95 m3 d'eau potable (sur une base de 30 l par jour) pour l'usage exclusif de la chasse d'eau aux toilettes par an et par personne. Ce qui représente par an et pour la France plus de 733 millions de mètres cubes gaspillés, soit l'équivalent de 195 640 piscines olympiques.
La production de fèces en France représente par jour l'équivalent du poids de la tour Eiffel, soit 10 100 t.
L'économie est financière pour les institutions publiques qui doivent approvisionner en eau le réseau de toilettes avec une extraction puis une potabilisation. S'ajoute le coût de son traitement, sachant qu'une station d'épuration coûte en moyenne dix millions d'euros et qu'elle traite pour 99 % les pollutions chimiques et pour seulement 1 % les pollutions bactériologiques (c'est-à-dire les fèces)[réf. souhaitée]. L'eau arrivant par le même conduit, les stations d'épuration doivent épurer ces deux types de pollution.
Les selles se dégradent mal dans l'eau. Les bactéries et substances chimiques que nous rejetons nécessitent un traitement plus long pour être aussi inoffensives que l'eau grise (eau de lavage). Donc la chasse d'eau des WC augmente considérablement la charge des stations d'épuration en volume et en puissance. Dans le cas d'un traitement par bassins plantés (lagunage) des eaux grises, l'usage de toilettes sèches permet de diminuer le nombre de bassins successifs et de simplifier le traitement, le rendant accessible aux maisons individuelles.
Sous la forme d'un amendement organique de qualité, les déjections, par un tri sélectif à la source, permettent de restituer plus directement à la terre les éléments nutritifs (azote, phosphore, potassium). Ceux qui cultivent un jardin trouvent directement une utilisation à leur compost, sinon un voisin jardinier ou cultivateur peut en tirer parti.
Sous la forme de matière organique à biométhaniser, les déjections produisent un biogaz valorisable pour la production d'électricité, du chauffage ou les deux (cogénération). Il existe aussi des cas où le gaz alimente un parc automobile adapté.
Lors de leur élimination via les toilettes à eau traditionnelles, les selles et urines libèrent des quantités importantes d'azote et de phosphore dans l'eau, participant ainsi de manière sensible à la dégradation des écosystèmes aquatiques (eutrophisation). Une partie du phosphore évacué par les eaux finit par sédimenter et devient inaccessible aux êtres vivants, ces pertes ne sont pas compensées par la production minière : le cycle du phosphore est ouvert. Les toilettes sèches peuvent contribuer ainsi à limiter la raréfaction du phosphore dans la biosphère.
Sa technique de fonctionnement simplifiée permet une réduction de bruits générés par la chasse d'eau et éloigne le risque de gel de canalisation dans le cas de toilettes extérieures dans les pays froids.
Les réticences vis-à-vis des toilettes sèches sont en partie culturelles[2] et en partie rationnelles. Sur le plan culturel, la Suède a sur ce point pris un peu d'avance. Déjà utilisées au moyen âge, puis de Louis XIV à Napoléon Ier, elles ont réapparues avant la Seconde Guerre mondiale, les toilettes sèches y sont complètement entrées dans les mœurs, au point que la commune de Tanum ne délivre plus aujourd'hui de permis de construire si la maison n'en prévoit pas[3],[4].
Le risque de péril fécal est un risque lié au traitement des matières fécales issues des toilettes sèches qui ne comprend pas de stérilisation en rapport aux agents pathogènes présents dans les déjections humaines (virus, bactéries, parasites éventuels). Un compost issu de compostage utilisé sur des cultures induit un risque sanitaire pour les eaux et la consommation des cultures[réf. nécessaire].
En outre, si elles sont bien gérées, les toilettes sèches peuvent pallier les problèmes d'épidémies, très importants dans les pays en voie de développement où les populations utilisent des latrines qui contaminent les nappes phréatiques[5].
L'usage de boues de stations d'épuration de niveau 1 ou 2 présente d'ailleurs aussi un risque, mais faible et difficile à quantifier[6].
Ce type de toilettes est le plus simplement composé d'un seau. Cette technique rudimentaire consiste à mélanger aux matières organiques (selles et urine) et au papier des matières carbonées structurantes tels des copeaux, de la sciure de bois, des feuilles mortes ou autres sources carbonées recyclables, de façon à obtenir un équilibre carbone/azote dans le mélange et à bloquer la fermentation anaérobie. Cet équilibre permet le démarrage sans soucis du compostage. La présence de l'eau apportée par l'urine participe à la constitution d'un mélange apte à se décomposer. L'absence d'odeur dépend aussi de l'humidité du mélange. Un excès de liquide associé à un structurant carboné peu efficace entraîne une décomposition anaérobie et malodorante dans le fond. Une insuffisance d'humidité ne permet pas de démarrer le compostage aussi sereinement.
Pour l'urine, la sciure doit être mise avant car l'eau doit être absorbée en surface avant d'inonder le fond. Il est peu utile de rajouter la litière (sciures, copeaux…) après l'urine.
Il est déconseillé d'ajouter aux déjections des matières pouvant gêner l'aération par colmatage tels la terre, la cendre ou la chaux au pH trop basique pour les micro-organismes qui permettent le compostage ainsi que la tourbe, une matière épuisable et non renouvelable[7].
L’appellation « toilettes à litière biomaîtrisée » (TLB) identifie le fait que ce type de modèle permet le contrôle de la réaction chimique de dégradation des urines et des fèces, grâce à l'ajout de matière ligneuse (litière). Joseph Országh a réalisé des études à ce sujet durant de nombreuses années et créé un site où il en publie les résultats[8].
Avec ce système l'urine est séparée des matières fécales directement à la source, dans les toilettes. Tous les utilisateurs doivent s’asseoir sur le siège (homme et femme). Ce système à séparation évite 80 % des odeurs et accélère la déshydratation des excréments. Le restant d'odeur, lors d'une forte utilisation, est évacué vers l'extérieur par une ventilation (extracteur d'air mécanique, ou électrique). Une fois déshydratés ou lombricompostés[9], les excréments forment un déchet neutre qu'il faut évacuer régulièrement (après quelques mois à plusieurs années selon l'utilisation) puis traiter en fonction des règles d'assainissement locales.
Le plus gros volume (1,5 l par personne et par jour) est l'urine. Celle-ci doit être séparée à la source, c'est-à-dire que l'urine ne doit pas être souillée par les pathogènes (bactéries) contenues dans les fèces. Elle peut être collectée soit vers un réseau d'eaux usées, drainée ou stockée en réservoir.
Cette solution permet une valorisation de l'urine directement car l'urine contient de l'azote directement bio disponible. Celle-ci se vend sur les marchés à 400 € la tonne. Elle permet également de produire de l'électricité et de l'AD Blue. L'AD Blue, un additif aux moteurs diésel nouvelle génération est composé à 35 % d'urée (et le reste en eau déminéralisée).
Cette solution permet également une valorisation des fèces non seulement en compost (décomposition aérobie), mais peut également permettre une méthanisation de la matière (production de gaz) et de chaleur (en cogénération) et même une production d'électricité. À grande échelle, c'est un potentiel d'autonomie en gaz de près de 50 % de nos besoins annuels en France.
Un autre système consiste à effectuer la séparation solide-liquide (fèces-urine) après usage, à l'aide d'un filtre, d'une grille, ou d'une passoire pour les systèmes simples. Le modèle le plus rudimentaire étant constitué d'une chaise trouée, d'un seau placé sous la chaise, d'une passoire et d'une bassine pour récupérer les liquides, d'un sac pour récupérer les fèces; ce qui en fait un système très peu onéreux et très facile à réaliser dans des régions où le manque de moyens et de technologie est criant. Avoir plusieurs seaux, sacs et passoires permet de mieux gérer l'usage du système. On peut utiliser des eaux de rinçages pour nettoyer le matériel, le passage par la passoire permettant de récupérer cette eau avec les urines. Les fèces sont par la suite compostés dans un sac stocké en terrasse ou dans un lieu aéréé loin des pièces à vivre, puis dans un bac à composts disponible à proximité; les urines et eaux de rinçages sont collectées ou drainées vers un réservoir..
L’intérêt principal de la séparation est de pouvoir valoriser indépendamment les fèces et les urines. L'urine est utilisable comme engrais directement sur les cultures selon un traitement simple pour sa valorisation directe en agriculture[1]. Les fèces ne sont pas utilisables sans un traitement plus exigeant.
Avec ce système, les vers du fumier (Eisenia foetida) transforment rapidement les matières organiques de sorte à les réduire à moins de 30 % du volume initial.
Il existe une alliance internationale sur cette question, nommée Sustainable Sanitation Alliance (SuSanA)[10], créée en 2007 pour faciliter le travail collaboratif et partenarial autour d'une vision commune de l'assainissement durable. Son secrétariat est assurée par la GIZ (Coopération internationale allemande).
En Suède et en Chine, plusieurs programmes pilotes existent dans de petites villes. Ce système est développé également à Fribourg en Allemagne. Les excréments sont compostés pour un usage agricole ou ménager, et produisent du gaz par méthanisation. En effet, la fermentation d'une certaine quantité d'excréments est apte à produire suffisamment de méthane pour un usage domestique (chauffage, cuisson, etc.) ainsi que de l'électricité avec un mini-générateur.
En France, des toilettes à compost ont été mises à la disposition d'environ 30 000 visiteurs les 20, 21 et lors du salon Primevère à Lyon[11]. Dans l'Écofestival organisé par l'association Heol également, du 20 au , près de Châteaubriant[12]. En des toilettes sèches ont été mises à la disposition des 60 000 occupants du camping temporaire du festival des Vieilles Charrues à Carhaix.
En Suisse, un immeuble coopératif de 13 logements équipés uniquement de toilettes sèches est en exploitation depuis 2011 sur la commune de Cressy située dans le canton de Genève. Les matières sont rassemblées dans un bac où des lombrics les transforment en terreau destiné à l'agriculture[13].
Divers programmes encouragent la valorisation séparée de l'urine et des excréments compostés, dont au Kenya avec 9 écoles pionnières[14], et d'autres projets en Éthiopie[15],[16], au Népal[17] ou portent sur la gestion particulière de l'hygiène lors des menstruations au Cambodge[18] ou encore au Royaume-Uni[19]. Une check-list a été produite pour la zone sahélienne[20].
En France, l'utilisation des toilettes sèches est réglementée par les dispositions portant sur l'assainissement non collectif[21],[22].
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