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groupe de vitamines De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La vitamine E est une vitamine liposoluble recouvrant un ensemble de huit molécules organiques, quatre tocophérols et quatre tocotriénols. La forme biologiquement la plus active est l'α-tocophérol, la plus abondante dans l'alimentation étant le γ-tocophérol. Ces molécules sont présentes en grande quantité dans les huiles végétales. Elles agissent, parallèlement à la vitamine C et au glutathion, essentiellement comme antioxydants contre les dérivés réactifs de l'oxygène produits notamment par l'oxydation des acides gras.
En 1922, l'embryologiste Herbert McLean Evans et son assistante Katharine Scott Bishop, de l'université de Californie à Berkeley, constatent que chez des rats soumis à un régime appauvri en lipides, les femelles peuvent tomber enceintes mais aucun fœtus ne se développe. Cependant, les grossesses arrivent à terme quand le régime est supplémenté avec des feuilles de laitue ou du germe de blé. Les deux scientifiques soupçonnent l'existence d'un composé lipophile, qu'ils nomment Facteur X, indispensable au développement du fœtus.
En 1924, indépendamment des recherches de Herbert Evans et Katharine Bishop, Bennett Sure, de l'université de l'Arkansas, montre qu'un composé retiré d'un régime alimentaire induit la stérilité chez les rats mâles. Bennett Sure nomme ce composé Vitamine E, les lettres A, B, et C étant déjà utilisées, et la lettre D étant pressentie pour un facteur antirachitique. La vitamine E reçoit aussi le nom de tocophérol, du grec tokos : progéniture et pherein : porter.
Herbert Evans et Oliver Emerson réussissent à isoler la vitamine E à partir de l'huile de germe de blé en 1936, et Erhard Fernholz en détermine la structure en 1938. La même année, le Prix Nobel de chimie Paul Karrer réalise la synthèse de l'alpha-tocophérol racémique. Ce n'est qu'en 1968 que la vitamine E est reconnue comme un élément nutritif essentiel pour l'homme par le National Research Council des États-Unis.
La vitamine E existe sous huit formes naturelles, quatre tocophérols et quatre tocotriénols :
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Les tocophérols sont constitués d'un noyau chromanol et d'une chaîne latérale saturée à seize atomes de carbone. Les tocotriénols diffèrent des tocophérols par la présence de trois doubles liaisons sur cette chaîne latérale. La vitamine E fait référence à la fois aux tocophérols et aux tocotriénols, qui présentent une activité alpha-tocophérol. En raison de la teneur en hydrogène du 2H-1-benzopyran-6-Ole, ces composés présentent différents niveaux d'activité antioxydante en fonction de l'emplacement et du nombre de groupes méthyle et du type d'isoprénoïdes[1].
La différence entre les formes alpha, bêta, gamma et delta réside dans le nombre et la position des groupes méthyle sur le noyau chromanol :
Substituants des tocophérols | R1 | R2 | R3 | Nom |
---|---|---|---|---|
CH3 | CH3 | CH3 | α-tocophérol | |
CH3 | H | CH3 | β-tocophérol | |
H | CH3 | CH3 | γ-tocophérol | |
H | H | CH3 | δ-tocophérol |
L'organisme produit continuellement des radicaux libres, composés très réactifs comportant des électrons célibataires. Les radicaux libres endommagent des composants cellulaires aussi divers que les protéines, les lipides ou l'ADN. Les réactions radicalaires se propagent en chaîne : les molécules déstabilisées par un électron célibataire deviennent à leur tour des radicaux libres. Les antioxydants ont pour rôle de stopper ce processus en neutralisant les radicaux libres, pour réduire leur nocivité. Ainsi, la vitamine E a la capacité de capter et de stabiliser (par résonance) l'électron célibataire des radicaux libres, suivant la réaction :
Le tocophérol porteur d'un radical peut réagir avec un nouveau radical libre pour former une espèce neutre, ou être régénéré par la vitamine C, le glutathion ou la coenzyme Q10.
La vitamine E joue principalement son rôle d'antioxydant dans les membranes biologiques. Les mitochondries, qui sont génératrices de radicaux libres, contiennent de forts taux de vitamine E dans leur membrane lipidique, constituée d'acides-gras polyinsaturés et soumis au stress oxydant.
La vitamine E est souvent utilisée comme conservateur alimentaire (E306 à E309) pour éviter le rancissement des aliments par les radicaux libres.
De la vitamine E synthétique peut être utilisée comme additif alimentaire sous les noms suivants (officiels pour l'Union européenne[2]) :
Elle est prescrite soit en milligrammes soit en unités internationales : 1 UI de vitamine E est l'équivalent biologique d'environ 0,667 mg de d-alpha-tocophérol (²⁄₃ mg exactement), ou de 1 mg de dl-alpha-tocophérol acétate.
En plus de son rôle antioxydant, la vitamine E évite l'agrégation excessive des plaquettes responsable des thromboses, a une action protectrice sur les globules rouges et pourrait prévenir, par ce biais les maladies cardio-vasculaires d'origine athéromateuse. En pratique, cependant, aucune action en ce sens n'a été démontrée[3]. De plus, elle augmenterait le taux d'accident vasculaire cérébral de type hémorragique[4].
La vitamine E a également un effet bénéfique sur le taux de cholestérol. Bien que les observations de Evans aient montré l'importance de la vitamine E sur la fécondité de certains animaux, aucun effet n'a été mis en évidence chez l'Homme.
Elle pourrait aussi protéger de la maladie de Parkinson en empêchant l'oxydation des acides gras oméga-3 et du fer.
Une étude de 2011[5] sur la maladie d'Alzheimer montre une plus faible concentration en vitamine E chez les personnes atteintes d'Alzheimer que les personnes en bonne santé. Les chercheurs pensent que les huit formes de la vitamine E pourraient protéger de la maladie ou ralentir son évolution, bien plus efficacement qu'en utilisant de l'alpha-tocophérol seul.
La vitamine E a un potentiel pour être utilisée comme adjuvant dans le traitement de la dépression aigüe, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour établir l'efficacité de la vitamine E pour soulager les symptômes dépressifs[6].
Elle aurait également une certaine efficacité sur les stéatoses non alcooliques, permettant de freiner leur progression vers la cirrhose[7].
La vitamine E est utilisée dans le traitement médical de la maladie de La Peyronie avec effet positif sur la douleur.
La carence en vitamine E occasionne des problèmes neuromusculaires tels que des myopathies (dégénerescence du tissu musculaire), des troubles de la rétine ou du système immunitaire[8].
L'EFSA dans un rapport de 2006[9] recommande de ne pas dépasser 270 mg/j.
Le NIH américain recommande[10] de ne pas dépasser 1 500 UI/j pour les sources naturelles et 1 100 UI/j pour les formes synthétiques.
Une action favorable sur la prévention de certains cancers a été suspectée dans un premier temps[11] mais non confirmée par les études les plus récentes[12],[13].
L'étude SELECT[14] a été stoppée en 2008 car elle montrait un risque accru de cancer de la prostate avec des suppléments de vitamine E synthétique (400 UI/j) et/ou de sélénium (200 µg/j)[15],[16]. En , ces mêmes chercheurs publient[17] une explication sur les résultats :
Une méta-analyse publiée en 2005 montre qu'à trop fortes doses (apports supérieurs à 400 UI/j), la vitamine E sous forme d'alpha-tocophérol seul pourrait augmenter la mortalité globale[18].
Cette méta-analyse a été critiquée par la communauté scientifique[19] :
La vitamine E est présente dans les huiles végétales, principalement dans l'huile de figue de barbarie, l'huile de germe de blé, d'argousier, l'huile de palme non raffinée (rouge) et dans les huiles d'argan, de tournesol, de soja, d'arachide ou d'olive. On la trouve aussi en moindre quantité dans les céréales, les amandes, les légumes verts, le beurre, la margarine, les poissons gras.
Les carences en vitamine E sont rarement observées. D'une part, l'alimentation couvre largement les besoins journaliers[20] (de l'ordre de 15 mg/j chez l'adulte), d'autre part, cette vitamine stockée par le foie et dans les graisses est peu détruite par l'organisme. Pour les cas de carence, on trouve cependant dans les circuits pharmaceutiques de l'acétate de tocophérol à raison de 500 mg par capsule à prendre quotidiennement pendant un mois.
Le tableau ci-dessous présente les aliments possédant la plus importante teneur en vitamine E. Les valeurs sont indiquées en mg de vitamine E pour 100 g d'aliment (pour rappel, 1 mg = 1,49 UI).
Aliment | Teneur en mg pour 100 g | Aliment | Teneur en mg pour 100 g |
---|---|---|---|
Huile de germe de blé | 133,0 | Soja sec | 8,5 |
Huile de palme rouge (non raffinée) | 105,0 | Arachide fraîche | 8,1 |
Huile d'argousier (argousier) | 100 | Thon | 6,3 |
Huile d'argan | 90,0 | Mûre | 3,5 |
Huile de tournesol | 48,7 | Crème fraîche | 3,5 |
Huile de pépins de raisin | 28,8 | Avocat | 3,2 |
Pollen frais de ciste | 27,8 | Asperge | 2,5 |
Germe de blé | 27,0 | Épinard | 2,0 |
Huile de palme (raffinée) | 25,6 | Persil | 1,8 |
Margarine | 25,0 | Beurre | 1,5 |
Huile d'olive | 21,7[21] | Cervelle | 1,2 |
Noisette et amandes sèches | 20,0 | Œuf et fromage | 1,0 |
Huile de colza | 18,4 | Tomate et chou | 1,0 |
Germe de maïs et d'orge | 15,0 | Cassis | 1,0 |
Huile d'arachide | 13,0 | Farine de blé complète | 1,0 |
Soja | 11,0 | ||
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