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rappeur algérien actif en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pour les articles homonymes, voir Tif.
Tif (\tif\), stylisé TIF, de son vrai nom Toufik Bouhraoua, né le 23 mai 1996 à Alger (Algérie), est un rappeur (auteur-interprète) algérien, actif en France, ayant émergé sur la scène musicale dans les années 2020.
| Surnom | Tifou, Mister Tif |
|---|---|
| Nom de naissance | Toufik Bouhraoua |
| Naissance |
El Hammamet, Algérie |
| Nationalité | Algérienne |
| Activité principale | Rappeur, auteur-compositeur-interprète |
| Activités annexes | beatmaker, producteur |
| Genre musical | Rap français |
| Instruments | Voix |
| Années actives | depuis 2019 |
| Labels | Houma Sweet Houma, ADA France (Warner) |
Tif s'est distingué par son style hybride qui mêle le rap, la musique andalouse et le chaâbi. Ses paroles introspectives, souvent empreintes de mélancolie, reflètent son vécu personnel, notamment son exil de son pays d'origine. Ses chansons évoquent fréquemment des thèmes tels que l'identité, la nostalgie, et les défis liés à la vie en diaspora.
Depuis ses débuts, Tif a publié plusieurs projets, notamment 1.6 le 10 mars 2023, qui a contribué à sa reconnaissance dans le paysage du rap français. En plus de sa carrière musicale, Tif est également un des fondateurs du label Houma Sweet Houma avec les frères Adil et Younès Boucif[1].
Toufik Bouhraoua naît le 23 mai 1996 à El Hammamet, dans la banlieue Nord-ouest d'Alger[2], en pleine décennie noire. Son père est architecte pour une compagnie pétrolière et sa mère enseignante au primaire. Il grandit avec ses deux frères dans un logement social près de Bab El Oued[3]. Durant sa jeunesse, il est appelé par le surnom Tifou, dont le diminutif donnera son nom de scène[3],[4]. « En plus, c’était une chaîne de dessins animés avec laquelle j’ai perfectionné mon français », précise-t-il, faisant référence à Tfou TV[3].
Lors de ses trajets vers l'école, Tif est bercé par le Chaâbi, un genre musical que lui fait découvrir son père, tout en l'initiant également à Joe Dassin et à la Variété Française. À l'âge de dix ans, cependant, Tif se prend de passion pour le rap, inspiré par des figures emblématiques telles que Tupac et Booba, qu'il découvre grâce à son frère aîné. « Je rappais leurs textes comme eux », se remémore-t-il avec nostalgie. Cette nouvelle passion ne manque pas de surprendre ses parents, surtout lorsqu'ils découvrent les bouts de papier sur lesquels il écrivait ses textes, souvent empreints d'une certaine vulgarité. La réaction de son père, choqué par le contenu de ces textes, est alors particulièrement virulente[3]. Pourtant, cela ne freina pas le jeune artiste.
Progressivement, cette passion pour la musique incite Tif à vouloir s'installer en France afin d'y développer sa carrière musicale. En effet, bien qu'il aurait pu se lancer en Algérie en rappant en arabe, il explique avoir voulu quitter son pays en raison de la situation précaire des artistes dans son pays d'origine. Selon lui, « être artiste en Afrique, c'est un sacrifice ». Il souligne également l'exemple du Maroc, où de nombreux artistes connaissent un grand succès en termes de visibilité, mais ne sont pas rémunérés à la hauteur de leur talent. « C'est triste à dire, mais le rêve que l'on te vend, il ne peut pas vraiment se réaliser chez toi », conclut-il[1].
C’est ainsi que par la suite, à 18 ans, après son bac, il arrive en France, à Lyon, officiellement pour les études supérieures, officieusement pour son rêve de travailler dans la musique[5],[6],[7]. Le jeune homme est dit persuadé que son amour pour le rap et la musique de son pays natal peuvent évoluer en une carrière prometteuse[4]. Finalement, en 2019, après avoir passé cinq ans à Lyon, Tif décide d'arrêtre les cours, et quitte l'EM Lyon Business School. Durant cette période, il enchaîne divers petits emplois pour subvenir à ses besoins, tout en continuant à travailler sur sa musique. Il finit par déménager à Paris, estimant pouvoir y trouver de meilleures opportunités. Pour financer ses projets, il travaille alors chez Chanel[8].
Toufik Bouhraoua commence le rap au début des années 2010, à 14 ans[7] , où il fait ses premières armes en participant à des cyphers de rue en Algérie, et prend même part à des battles de rap, dont un contre le rappeur Flenn, alors que tous deux étaient encore inconnus du grand public, et ce bien avant de collaborer 10 ans plus tard sur 1.6[9]. Il parvient même à se faufiler dans les loges du rappeur Rim’k lors d’un de ses concerts à Alger où il saisit l'opportunité de lui rapper ses propres couplets. Lors de cette rencontre, il promet à Rim'k qu'il se rendra un jour en France et qu'il percera dans le rap[2].
En 2012, celui qui utilise le pseudonyme de Mister Tif partage une première mixtape composée de neuf titres et d’un bonus instrumental. Cette mixtape, partagée sur SoundCloud, met en avant des collaborations avec un rappeur canadien et un rappeur parisien, bien qu’il habite toujours à Alger. Sur la pochette de cette mixtape, Mister Tif annonce la sortie d’une deuxième mixtape prévue pour juin 2013 au plus tôt. Il y exprime également son ambition de percer dans le domaine musical et mentionne qu’il prépare plusieurs projets à venir[10].
Fin décembre 2012, Mister Tif participe au concours Paname Boss Remix de La Fouine dans lequel il faut remixer son morceau Paname Boss (qui devient Alger Boss dans son cas)[11]. Il sort aussi divers singles et freestyles sur YouTube sur diverses chaînes, dont une partie est encore visible en 2024[12],[13],[14],[15].
En 2017, il délaisse le nom de Mister Tif pour celui de Tif, et participe en novembre de la même année au concours de freestyle en improvisation Dernier mot organisé par Red Bull, faisant donc partie des 16 sélectionnés basés sur un freestyle de présentation parmi plus de 3000 candidatures. Cependant, il se fait sortir en quart de finale par Res Turner. Échappant donc à la finale ayant lieu au Bataclan où parmi les jurés figuraient Youssoupha, Deen Burbigo et Mehdi Maïzi[16],[17],[18].
À la fin des années 2010, Tif apparaît sur diverses mixtapes et quelques singles de rappeurs algériens[19].
En juillet 2019, Tif partage le morceau 3iniya ("mes yeux" en français), qui lui donne un nouveau public, y compris en France[4],[20]. C'est un renouveau, qui se veut plus professionnel, Tif ayant pris la décision un peu plus tôt de tout supprimer de YouTube et de recommencer à zéro[8]. En septembre 2022, le clip de 3iniya, tourné à Alger, dépasse les 700'000 vues[20], puis le million en décembre 2023[8]. L’engouement est tel que le morceau est repartagé par Jhon Rachid et Soolking.
Younès Boucif, acteur, réalisateur et rappeur, découvre alors le morceau grâce à ses suggestions YouTube, l'envoie à son frère Adil, qui est son manager, et tous deux sont stupéfaits par le talent et la maturité artistique de l’artiste. Younès contacte ainsi Tif sur Instagram et lui propose une session au Red Bull Studio[7],[21],[22]. Les deux frères deviennent finalement ses managers[23]. Ensemble, ils mettent sur pied en 2021 la structure et le label indépendant HSH, pour "Houma Sweet Houma", qui signifie en français "quartier mon doux quartier". Tif explique que « ça exprime ce sentiment de "home sweet home" mais avec le mot "Houma" (quartier) en arabe »[8],[1],[23].
Après la sortie de 3iniya, Tif ne publie plus de nouveaux titres pendant une période prolongée de plus de 30 mois[8]. Cette pause se termine au début de l’année 2022. En février, Tif fait son retour sur la scène musicale avec le morceau Emoji DZ, extrait de son premier projet[24]. Fin mars, il partage un troisième morceau et second extrait, .38[25], et enfin le projet éponyme à son label le 27 mai 2022[26].
Dans l'EP Houma Sweet Houma long de huit titres, ainsi que de deux bonus, Tif évoque notamment Alger avec nostalgie et manque, ainsi que son parcours en France où il déclare « avoir quitté Alger pour aller accomplir ses rêves »[4]. Il l’évoque ainsi, puisqu’à son arrivée en Europe, il a rapidement été confronté à une réalité bien différente de celle qu’il avait imaginée : « En Europe, il y a un bon service marketing. On te vend ça comme si tu allais arriver en terre bénie. Sauf qu’en réalité, c’est un peu froid ». C’est pour cela qu’il retourne dans son pays quelques semaines avant la sortie de son projet, après deux ans sans avoir pu y mettre les pieds ni avoir vu sa famille, en partie à cause de la pandémie de Covid-19[7].
Malgré les propositions de gros labels, Tif reste indépendant et fidèle à HSH. Il opte toutefois pour un contrat de distribution avec Warner, en particulier ADA France. Tif devient alors l'un des cinq premiers artistes à avoir signé avec le label de distribution sous la direction d'Alassane Konaté (aussi appelé Sals'a)[8],[27].
En mai 2022, Tif est en pleine écriture d'un livre[28]. En septembre 2022, Younès et Tif s'associent sur le morceau Harraga, qui est selon Booska-P « un morceau poignant dans lequel ils retracent la journée de départ d’un émigrant algérien tentant d’arriver en Europe par bateau »[29]. Ils s'inspirent de l'histoire vraie des Moussa Safir et de ses amis, des Algériens disparus en mer en 2011[30].
En octobre 2022, il est décrit comme « étoile montante du rap franco-algérien » par Le Figaro[23]. Ce même mois, il est découvert par un public grandissant grâce au MaMa Festival & Convention, dans les rues de Pigalle, à Paris[31],[32].
Après avoir dévoilé deux extraits en début d'année 2023, Tif dévoile son nouveau projet intitulé 1.6 le 10 mars. Ce titre fait référence d’une part à la version 1.6 du jeu Counter Strike, dont il garde des souvenirs d'enfance lorsqu'il observait son frère y jouer dans les cybercafés au début des années 2000. D’autre part, il renvoie au code téléphonique du département d'Alger, le 16[8],[19]. L’artiste confie avoir hésité entre ce titre et Cauchemar d’un exilé égoïste, mais il a finalement opté pour le premier afin d’offrir une interprétation plus nuancée[1]. Ce projet place véritablement Tif sur la carte du rap francophone, cumulant près de 51 millions de streams depuis le début de sa carrière en octobre 2023[33]. Le journaliste Mehdi Maïzi évoque le futur de Tif dans son émission Le Code Review sur YouTube, déclarant que : « c'est une superstar en devenir, ça va être très gros. Je pense que c'est du niveau de PNL »[34].
En novembre, Tif décide de revisiter six des morceaux qui l'ont fait connaître en version acoustique, lors d'une session live acclamée par la critique. Time Out Paris la décrit même comme étant « une session live à la vue et à la vie complètement dingues »[35]. Les titres sont enregistrés avec quatre musiciens : Nazim et Hakeem à la guitare, Senpaï Katchy au clavier et Naghib aux percussions. Tif est aussi entouré des siens, de ses managers Younès et Adil, ainsi que de son compositeur Khalil et de toute l'équipe du label Houma Sweet Houma, le tout dans une ambiance familiale[36]. Cette session a été tournée dans le sud de la France, dos à la Mer Méditerranée, un élément que Tif considère comme une connexion profonde avec son pays d'origine, son passé et sa famille. Cette localisation pour le tournage du clip vidéo est alors hautement symbolique pour le rappeur, marquant un lien fort et émotionnel avec ses racines[33].
C’est ainsi qu’en d'avril 2024, Tif remporte le prix de la "Révélation Scénique de l'année" lors de la deuxième édition de la cérémonie des Flammes[37]. Parallèlement à ce succès, il est également nommé pour le titre de "Révélation Masculine de l'année", où il est en compétition avec les rappeurs Favé et Yamê. Tif figure aussi parmi les dix artistes présélectionnés dans deux autres catégories : "Album de l'année" pour 1.6 et "Clip de l'année" pour Hinata. Toutefois, il n'atteint pas la sélection finale de trois artistes élus par le public dans ces catégories[5].
En mai 2024, Tif est invité par Colors pour enregistrer le morceau Nothing Personal, qui sort le 9 mai. Moins de 48 heures plus tard, la vidéo de sa prestation cumule près de 200'000 vues sur YouTube, et surtout 1,6 million sur Instagram[4]. Il dédie sa chanson à tous ses « frères et sœurs de Palestine », qui souffrent de la guerre depuis plusieurs mois[38].
En octobre et novembre 2024, Tif parcourt le continent pour le Europe Tour, qui le mène à Luxembourg, Bruxelles, Genève, Barcelone, Oslo, Tromsø, Berlin et Londres.
Ayant grandi à Alger, il s'installe succesivement à Lyon pendant 5 ans, puis à Paris auprès d'un colocataire algérien et ingénieur du son. En 2023, il disait habiter à Vincennes, en région parisienne[8]. Tif parle plusieurs langues comme l'arabe algérien (langue maternelle), et le français. Très attaché à son pays, l'Algérie, il déclare en 2022 dans son morceau Bimo : « je suis fier d'être un dar-blé »[39].
Entre rap et musique traditionnelle, Tif chante en français et en arabe sur des airs pouvant rappeler le chaâbi, le raï, le gnaoua et la musique andalouse. Inspiré aussi grandement par le rap américain, notamment Tupac, il déclare : « Ma génération est issue de ces styles et est en même temps influencée par le rap de la fin des années 90. À Alger, il y avait ce mélange de culture du chaâbi et du raï qui venaient de nos parents. Je suis le résultat de ce melting pot musical »[33].
Sa musique est aussi marquée par le sentiment de tristesse et de nostalgie qu'il a eu après avoir quitté l’Algérie[40]. Ce sentiment, on appelle ça le ghorba, qui est généralement traduit en français par le mot « exil ». Mais en arabe, le mot prend un sens plus profond, puisqu’il désigne aussi l’état d’âme et la mélancolie que ressentent les personnes exilées[41]. Ainsi, dans son morceau Nothing Personal, Tif déclare que « [son] cœur est de l’autre côté de la Mer Méditerranée »[9].
Alger est central à sa musique, en tant que première source d’inspiration, avec tout ce qui s'y rapporte : ses problèmes, son énergie, sa spiritualité et ses habitants[42]. Dans ce contexte, il explique dans son interview pour le média rap Yard, qu’il tourne dans les quartiers d'Alger, parce qu'il a « besoin de [se] brancher à la source »[42],[7].
À la suite de sa rencontre avec Younès Boucif, Tif collabore aux côtés du beatmaker marocain Khalil Cherradi, enfant de l'exil lui aussi. Son style, inspiré des sonorités maghrébines, se compose de percussions et autres instruments qui rappellent le raï et les musiques populaires du Maghreb. Il est entre autres derrière l’instrumentale des titres Shadow Boxing et Hinata[43]
Ses textes évoquent ses conquêtes, ses déceptions et sa fierté d’avoir persévéré sans aide extérieure, selon Algérie360[4], mais aussi l’amour des amis et de la famille comme le note Réforme[36], avec des touches de mélancolie et de nostalgie, racontant la vie d'immigré, l'amertume de Parisien et à quel point son pays lui manque[40],[44]. Pour le Cabaret Sauvage, « son écriture, singulière, bouleverse et agite, ses textes sont fins, mais ses métaphores crues et sa vision du monde poétique, mais politique »[45]. Tif se moque en effet des intolérants, comme Marine Le Pen (dans HSH) et Eric Zemmour (dans .38)[8].
En termes d’écriture, Tif se dit profondément influencé par le châabi et « les musiques de chez [lui] », qui évoquent une certaine profondeur. Parallèlement, il puise également son inspiration dans le rap français, se décrivant lui-même comme « un mec du boom bap ». Il cite notamment des artistes tels que Booba et Nessbeal comme ses principales influences dans le domaine[8].
Ce même mois de mai 2024, Tif et son label HSH organisent un concert en solidarité avec la Palestine au Zénith de Paris, sous le nom de It's Not About Us. Des stands d'une dizaine d'associations sont présents dans le hall menant à la salle, où performent Tif, bien sûr, mais aussi Rim’K, Zamdane, PLK, ElGrandeToto, Alpha Wann, Soolking et Khali, entre autres. Leur cagnotte pour l’ONG Medical Aid for Palestinians (MAP) compte 30'000 euros en début de soirée, et plus de 100'000 après les concerts, dont les billets ont été tous vendus en dix heures[46]. La soirée est également retransmise sur Twitch. Au final, le bilan est de 181'000 euros pour l'ONG (ventes de billets, dons en lignes et bénéfices des ventes de merch, auxquels sont soustraits les frais de salle, sécurité, taxes, etc.).
Durant son live pour la fête de la musique à l'Institut du monde arabe en 2024, TIF a remercié les équipes de l'IMA tout en dénonçant le 4e mandat consécutif de Jack Lang à la tête de celle-ci, confirmé depuis peu par Macron[47]. Mettant en exergue le fait qu'il défendait la décriminalisation de la pédophilie en 1977[48]. « Il n'y a pas assez de personnes compétentes chez nous, chez les Arabes, pour tenir l'institut du monde arabe ? », déclare-t-il alors[49].
| Année | Travail nommé | Catégorie | Résultat |
|---|---|---|---|
| 2024 | Tif | Révélation scénique de l'année | Lauréat |
| Révélation Masculine de l'année | Nomination |
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