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L'expression « thon rouge » désigne la chair de plusieurs grosses espèces de thons (genre Thunnus), caractérisés par la couleur rouge de leurs muscles centraux. Deux des espèces concernées sont menacées d'extinction par la surpêche.
On distingue trois espèces principales de thons pouvant être appelés « thon rouge » dans le monde[réf. nécessaire] :
En France, seules les deux premières sont reconnues par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes[5].
Chaque espèce forme un « stock halieutique » indépendant. En 2006, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) a montré que la capacité de pêche de thons rouges en Méditerranée dépasse largement la capacité de production de la ressource[6].
Maturité sexuelle : 4 ans pour le thon de l’Atlantique Est, 8 ans pour celui de l’Atlantique Ouest. La femelle pond une fois tous les deux ou trois ans. Les grands thons rouges européens reviennent chaque année sur les mêmes zones de reproduction en mer Méditerranée autour des Baléares, au large de Majorque et du canal de Sicile. Après copulation, la femelle pond des millions d’œufs en juin alors que la température de l’eau varie entre 22 et 24 °C. Un jeune né en juin atteint 30 cm et pèse 1 kg en octobre.
La chair rouge est très prisée par le marché japonais, pour la confection de sushi et sashimi, notamment la partie ventrale, le thon gras. 80[7] à 90 %[8] de la production est destinée au Japon. Les Japonais plébiscitent les thons les plus gras, à savoir ceux provenant des mers froides et non pas des mers du sud[réf. souhaitée].
Leur chair extra tendre en fait un mets de choix, coûteux comparé aux autres espèces de thon. En France, la vente d'autre espèces de thon à la place des thons rouges reconnus (Thunnus thynnus et Thunnuus maccoyii) est puni de deux ans d'emprisonnement et de 300 000 euros[9]d'amende[10]. Une confusion volontaire existe aussi auprès de certains restaurants qui vendent des préparations au thon saumuré coloré en rouge (injection d'un colorant alimentaire lors leurs transformation industrielle) et non du thon frais[réf. à confirmer][11].
En raison de sa position dans le réseau trophique, le thon est une des espèces commercialisées qui accumule le plus de mercure, et de plus en plus (sous forme de méthylmercure essentiellement) et de composés organiques polluants solubles dans le gras ou la chair[12]. Selon les analyses de l'Ifremer, le mercure total varie de 0,84 à 1,45 mg/kg poids/poids (moyenne 1,17 mg/kg) chez le thon germon et de 0,16 à 2,59 mg/kg (moyenne 1,18 mg/kg) chez le thon rouge.
Les captures autorisées sont établies par des négociations entre les États parmi les commissions internationales chargées de la conservation des espèces de thons. Ces commissions sont des organisations intergouvernementales :
Malgré ces quotas, les stocks de thon rouge du Nord sont en fort déclin depuis 20 ans.
L'espèce de thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii) est pêchée dans les trois océans, dans l'hémisphère sud. Les prises autorisées s'élèvent à 11 810 tonnes par an. Cela concerne surtout les pêcheries japonaises et australiennes[13].
À la fin des années 1980, les stocks de Thon rouge du Sud, dans lesquels les Japonais puisaient, se sont effondrés.
La pression de pêche a alors été reportée vers le thon rouge de l'Atlantique, surtout pêché en Méditerranée où il vient se reproduire[14]. Ces deux "stock" semblent mieux se porter (de 2009 à 2017) grâce à une politique de quota visant à ne pas le surexploiter, mais la mode du sushi-sashimi alimente une pression sur l'espèce (son prix moyen au milieu des années 2010 était de 20 à 40€/kg et il dépasse parfois les 100€/kg[14]). Une filière mixte nouvelle dite embouche consiste à le pêcher vivant à la senne (filet), puis à l'engraisser en cage flottante remorquée et ancrée près de la côte[14]. À la suite de ces améliorations les quotas ont été relevés pour cette espèce[14].
On estime que 80 % des ressources de thon rouge du Nord (Thunnus thynnus, aussi appelé thon rouge de l'Atlantique ou de Méditerranée) ont disparu des années 1950 à 2010.
Le maximum historique a été estimé entre un million et dix millions de tonnes, ce qui fixe le seuil des 15 % à 150 000 tonnes environ pour un classement en annexe I du CITES[15].
Le déclin du stock de l’atlantique ouest est de 80 % entre 1970 et 2007[16].
En 2006, les quotas de prises de l'Atlantique ouest, pêché dans le Golfe du Mexique, étaient d'environ 2 500 tonnes. Selon l’International Consortium for Investigative Journalists, le marché noir du thon rouge de l'Atlantique occidental pesait plus de quatre milliards de dollars entre 1998 et 2007[17].
En 2011 et 2012, le quota était de 1 750 tonnes, il est maintenu à ce niveau en 2013[18],[19].
Le thon rouge de l'Atlantique et de Méditerranée sont les plus pêchés, selon la CICTA et les organisations écologiques, ses stocks sont menacés d'effondrement : 74 % de la biomasse a disparu entre 1955 et 2007[réf. nécessaire].
Les captures autorisées sont :
Le quota de thon rouge (Thunnus thynnus) alloué à la France pour la zone océan Atlantique à l'est de la longitude 45° Ouest et Méditerranée est de 6 026 tonnes pour l'année 2020. Il est réparti dans les proportions suivantes :
Tous ces chiffres sont à mettre en perspective avec :
Les captures déclarées n'ont officiellement jamais dépassé le potentiel de rendement et les quotas n'ont pas permis de rétablir le stock. Plusieurs éléments expliquent cette situation :
Selon le WWF, de 2000 à 2010, 14 300 tonnes de thon rouge en conserve, soit environ 18 000 tonnes de poisson vivant, ont été illégalement commercialisées via le Panama[33].
Le , la Commission européenne propose aux pays de l’UE de soutenir une interdiction mondiale de son commerce, en demandant l'inscription du thon rouge de l'Atlantique sur l'annexe I de la CITES (à l'initiative de Monaco)[34]. La position de l'UE sera réexaminée avant la réunion de la CITES en pour tenir compte des données scientifiques les plus récentes ainsi que des décisions adoptées lors de la réunion annuelle de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) qui s'est tenue en .
Début 2010, la France a pris officiellement position pour l'interdiction du commerce international du thon rouge de Méditerranée (Thunnus thynnus) (mise en annexe I de la CITES), mais en demandant un délai de dix-huit mois pour la mise en œuvre de cette mesure (maintien de la pêche « côtière » avec 10 % des quotas de pêche durant dix-huit mois). Greenpeace et d'autres ONG environnementale estiment de leur côté ce délai trop long, car selon les évaluations du comité scientifique de l'CICTA, il ne reste aujourd'hui que moins de 15 % de la population d'origine, ce qui met l'espèce en position très critique, ne serait-ce que du point de vue de l'effondrement de sa diversité génétique (facteur de résilience écologique si l'on souhaite une reconstitution rapide des populations). Selon le WWF, qui dénonce une surpêche massive aggravée par les activités illégales, le thon rouge pourrait disparaître de la Méditerranée d'ici 2012[35].
Malgré les pressions du Japon, à Genève, le , la CITES (chargée pour l'ONU de la gestion de la commercialisation ou interdiction de commercialisation des espèces en danger), s'est finalement dite favorable à une interdiction générale du commerce de thon rouge[36] ; cette proposition devant être étudiée lors de son Assemblée de et confirmée dès la réunion des 175 États membres de l'organisation du 13 au à Doha. La proposition d'interdire le commerce international du thon rouge de l'Atlantique est rejetée jeudi lors de la réunion de la Convention sur le commerce à Doha, par 68 voix, contre 20 favorables et 30 abstentions[37]. La proposition européenne, qui prévoyait un délai d'inscription à l'Annexe I, est également rejetée par 72 voix contre 43 pour et 24 abstentions[37].
Après plusieurs années de stocks historiquement bas, la CICTA observe en 2015 une hausse de la biomasse du stock des poissons reproducteurs, qu'il estime à 585 000 tonnes, soit quatre fois plus qu’au milieu des années 2000[20]. Ce rétablissement s'explique par l'efficacité des mesures de réduction des captures, la présence de reproducteurs âgés en masse et par des bonnes conditions de survie des juvéniles. Le rapport du CICTA souligne toutefois les grandes incertitudes de ces chiffres et l’importance de poursuivre les efforts, par le biais de programmes nationaux et du GBYP, en vue d'améliorer la qualité des indices d’abondance actuellement utilisés et d’obtenir des indicateurs solides indépendants des pêcheries[38].
La Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC) est créée en 2004 en vertu d'un traité de l'ONU visant à préserver le thon et les autres espèces de poissons migrateurs dans l'ouest et le centre de l'océan Pacifique[39].
Neuf pays et territoires, dont le Japon, les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud et Taïwan, concluent début un accord au sein de la WCPFC pour réduire de 15 % en 2014 leurs prises de thons rouges âgés de trois ans et moins, par rapport à la moyenne des prises entre 2002 et 2004[39].
En plus de cette commission, un peu plus de 300 pêcheurs de l'Île d'Iki au Japon ont créé le collectif "Protégeons la ressource thonière de la mer d'Iki". Ce collectif a pour principale mission d'alerter le gouvernement japonais et les grosses entreprises de pêche intensive sur le risque d'une pêche du thon rouge non durable dans l'océan Pacifique. Depuis 2013, date de création de ce collectif, le groupe de pêcheurs locaux réclame un moratoire sur la pêche au thon rouge pendant la période de ponte. La capture massive de thon rouge pendant la période de reproduction est très nocive pour la santé de l'espèce. La quantité de thon rouge a par exemple fortement baissée dans la mer du Japon, passant de 358 tonnes en 2005 à moins de 23 tonnes en 2014[40]. Les pêcheurs locaux attribuent cette disparition du poisson à la pêche intensive pendant la période de ponte. Toutes ces actions ont permis au collectif "Protégeons la ressource thonière de la mer d'Iki" de faire partie des finalistes du prix Seafood Champions Awards[41].
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