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philosophie spirituelle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La théosophie est une attitude philosophique et religieuse, et une forme spécifique de recherche spirituelle, qui signifie étymologiquement « sagesse de Dieu ». Le terme « théosophie » revêt néanmoins deux significations distinctes. La première fait référence à un ensemble de doctrines ésotériques qui auraient traversé l'Antiquité et se seraient continuées en Occident, à travers notamment la théosophie chrétienne allemande représentée par Jakob Böhme au XVIIe siècle. La seconde désigne la « théosophie moderne », ou « théosophisme »[1], se référant alors à la Société théosophique.
La théosophie (theosophia — en grec : theos, divin et sophia, sagesse) a été fondée par des auteurs de l'Antiquité. L'origine du terme se trouve chez les philosophes d'Alexandrie, les philalèthes (en grec : phil, qui aime et aletheia, la vérité)[réf. nécessaire]. Le terme en tant que tel date du IIIe siècle de l'ère chrétienne et fait son apparition avec Ammonios Saccas et ses disciples, qui fondèrent le système théosophique éclectique. La méthode consiste, d'une part, à raisonner en termes d'analogies — on appelait les disciples d'Ammonios Saccas les « analogistes » en raison de leur habitude d'interpréter les légendes, mythes et contes sacrés selon une logique d'analogie et de correspondances — et d'autre part, à connaître l'expérience du divin par l'extase spirituelle et l'intuition directe.
Pour Porphyre, le theosophos est « un être idéal unissant en lui-même la qualité d'un philosophe, d'un artiste et d'un prêtre du plus haut niveau »[2].
Certains affirment qu'on pourrait voir une continuité du principe théosophique depuis la Grèce antique dans différents écrits comme ceux de Platon (427-347 av. J.-C.), Plotin (204/5-270) et d'autres néoplatoniciens, jusqu'à Jacob Boehme (1575-1624), ainsi qu'en Iran[3].
Au XVIIe siècle on appelait Jacob Bœhme « le prince de la théosophie chrétienne », dans une Allemagne en plein désarroi religieux. En s'inspirant de sa pensée, Johann Georg Gichtel (en) écrit le Theosophia practica qui paraîtra de façon posthume en 1722[4].
On peut rattacher à ce courant Valentin Weigel (1533-1588), Heinrich Khunrath (1560-1605) et Johann Arndt (1555-1621)[5].
Avec l'œuvre de Böhme, la théosophie acquiert, au-delà d'un certain pluralisme doctrinal, ses caractéristiques définitives, qu'Antoine Faivre a synthétisées en trois points :
Le succès que la théosophie rencontra à l'époque peut s'expliquer par divers facteurs :
À la suite de Böhme, le XVIIe siècle européen connaît d'autres théosophes :
Parce qu'il fait une large place à l'intuition imaginative (illumination) et à la démarche analogique (correspondances), ainsi qu'au savoir disponible à un homme de son milieu (christianisme réformé et alchimie théorique), le syncrétisme de Böhme reçoit des éclairages ou des interprétations qui diffèrent selon l'angle de vue adopté, mais se complètent pour couvrir l'ensemble des domaines concernés et livrer l'essentiel de l'enseignement théosophique :
Le terme « théosophie » correspond également à un système de croyances modernes et a été spécialement utilisé par Helena Blavatsky au XIXe siècle pour définir thématiquement la doctrine de ses maîtres, les Mahatma. Avec Henry Steel Olcott et William Quan Judge, elle fonde la Société théosophique en 1875. Elle souhaite une renaissance moderne du principe théosophique ancien qui se fonde sur un syncrétisme à base de traditions de l'hindouisme et du bouddhisme, que ces théosophes modernes affirment reposer sur un « Corps de Vérité » commun à toutes les religions : la Tradition Primordiale[18]. La théosophie, précisent-ils, représente un aspect moderne du Sanatana Dharma, « la Vérité Éternelle », comme religion en soi[19]. On peut lire dans une brochure de la Société Théosophique de 1979 : « La Théosophie n'appartient pas à la Société théosophique ; au contraire la Société théosophique appartient à la Théosophie. »[20]
La Loge Unie des Théosophes fondée en 1909 à l'initiative de Robert Crosbie (en) s'en tient à la Théosophie telle que transmise par Helena Blavatsky et William Quan Judge[21], en réaction à la Neo-Theosophy (en) considérée comme une forme dévoyée de la doctrine originelle de Blavatsky.
René Guénon proposera l'utilisation du terme « Théosophisme » pour éviter toute confusion entre la Théosophie et la Société théosophique : « Mme Blavatsky, a pu avoir une connaissance plus ou moins complète des écrits de certains théosophes, notamment de Jacob Bœhme, et y puiser des idées qu’elle incorpora à ses propres ouvrages avec une foule d’autres éléments des provenances les plus diverses, mais c’est tout ce qu’il est possible d’admettre à cet égard[1] ». Il ajoute :
« Si les prétendus théosophes dont parle M. Oltramare ignorent à peu près tout des doctrines hindoues et ne leur ont emprunté que des mots qu’ils emploient à tort et à travers, ils ne se rattachent pas davantage à la véritable théosophie, même occidentale ; et c’est pourquoi nous tenons à distinguer soigneusement « théosophie » et « théosophisme ». Mais, laissant de côté le théosophisme, nous dirons qu’aucune doctrine hindoue, ou même plus généralement aucune doctrine orientale, n’a avec la théosophie assez de points communs pour qu’on puisse lui donner le même nom ; cela résulte immédiatement du fait que ce vocable désigne exclusivement des conceptions d’inspiration mystique, donc religieuse, et même spécifiquement chrétienne. La théosophie est chose proprement occidentale ; pourquoi vouloir appliquer ce même mot à des doctrines pour lesquelles il n’est pas fait, et auxquelles il ne convient pas beaucoup mieux que les étiquettes des systèmes philosophiques de l’Occident ? »
— René Guénon, L'Homme et son devenir selon le Vêdânta (1925)
Une réponse à l'ouvrage de Guénon « Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion », publié en 1921, a paru en 1922. Elle est signée "Paul Bertrand", pseudonyme du professeur universitaire suisse Georges Méautis[22].
Un certain nombre d'auteurs contemporains utilisent ce néologisme dans leurs écrits comme Antoine Faivre et Pierre A. Riffard.
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