Fermat affirma avoir une preuve de cette conjecture et même d'une généralisation: le théorème des nombres polygonaux, finalement démontré par Cauchy en 1813. Il proclama son intention d'écrire un livre qui révolutionnerait cette partie de l'arithmétique[1], mais aucun livre ne parut[2].
Euler travailla sur ce sujet à partir de 1730 et publia en 1751[3] une démonstration qu'il reconnaissait incomplète, mais qui montrait déjà que tout entier positif est somme de quatre carrés de rationnels[4].
Adrien-Marie Legendre l'améliora en 1797-1798, en affirmant qu'un entier positif est somme de trois carrés si et seulement s'il n'est pas de la forme 4k(8m + 7). Sa démonstration était défectueuse mais en 1801, Carl Friedrich Gauss donna la première preuve correcte et complète de ce théorème des trois carrés. Ceci résout complètement le problème de Waring pour k = 2.
Différentes versions[6],[7],[8],[9] (très similaires) de la démonstration classique de Lagrange se trouvent facilement dans la littérature moderne. La démonstration présentée ici[10] en est une version légèrement simplifiée (on évite de considérer séparément les cas où m est pair et impair).
Lemme préliminaire—Pour tout nombre premier[12] impair p, il existe des entiers naturels a et b tels que pdivise 1 + a2 + b2.
Démonstration—
Pour a et b parcourant les nombres entiers de 0 à (p – 1)/2 (inclus), les a2 sont incongrus deux à deux modulo p, et de même les –b2 – 1. Par le principe des tiroirs, il existe donc a et b dans ce domaine pour lesquels a2 et –b2 – 1 sont congrus modulo p, c'est-à-dire pour lesquels
a2 + b2 + 12 + 02 = np,
avec 0 < n < p.
Lemme principal—Tout nombre premier impair p est somme de quatre carrés.
Démonstration—
Soit m le plus petit entier strictement positif tel que mp est une somme de quatre carrés, x12 + x22 + x32 + x42. D'après la preuve du lemme précédent, m est strictement inférieur à p. Montrons qu'il est égal à 1, par l'absurde: supposons au contraire qu'il est plus grand que 1.
Considérons pour chaque xi l'entier yi qui lui est congru modulo m, et qui est compris entre (–m + 1)/2 et m/2 (inclus). Il suit que y12 + y22 + y32 + y42 = mr, pour un entier r compris entre 0 et m (strictement, sinon la somme des xi2, c'est-à-dire mp, serait divisible par m2).
Finalement, une autre utilisation de l'identité des quatre carrés d'Euler montre que mp mr = z12 + z22 + z32 + z42, où chacun des zi est divisible par m. Il suit que (pour wi = zi/m), w12 + w22 + w32 + w42 = rp. Cela contredit la minimalité de m, qui doit donc être 1.
Une autre preuve[13] du lemme principal ci-dessus (à partir du lemme préliminaire) utilise l'anneau unitaire (intègre mais non commutatif) des quaternions de Hurwitz, également appelés entiers de Hurwitz, qui sont les quaternions de la forme
Les fonctions arithmétiques permettent d'obtenir des résultats plus généraux. Si on pose comme étant le nombre de façons de décomposer sous forme d'une somme de 4 carrés, on obtient le résultat suivant:
Par exemple, 1 n'est divisible que par lui-même, qui n'est pas congru à 0 modulo 4. Donc r4(1) = 8. Trois des 8 formes sont:
,,.
Si on exige de plus qu'aucun des carrés de la somme ne soit nul (autrement dit que la décomposition soit en quatre carrés exactement, et non en quatre carrés ou moins), on a le résultat suivant: les seuls entiers non décomposables ainsi sont 0, 1, 3, 5, 9, 11, 17, 29, 41, et les nombres de la forme , et pour entier positif ou nul[14].
Lagrange, «Démonstration d'un théorème d'arithmétique», Nouveaux mémoires de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin, 1770, p.123-133 – Œuvres complètes, tome 3, p.189-201.
Théorèmes 166 à 169 de: (de) E. Landau, Vorlesungen über Zahlentheorie, New York, Chelsea, 1927. Second edition translated into English by Jacob E. Goodman, Providence RH, Chelsea, 1958.
Ce résultat s'étend à tout nombre impair m, non nécessairement premier: voir par exemple (en) Harold Davenport, «The geometry of numbers», Math. Gazette, vol.31, , p.206-210. Davenport ne donne pas la preuve mais indique: «This is proved by simple considerations relating to quadratic residues when m is a prime p, then by induction on v when m = pv, and finally by combination of these results it follows for general m.»