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pêcheur de morue sur les grands Bancs de Terre-Neuve De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Terre-Neuvas sont les pêcheurs des terre-neuviers qui, du XVIe siècle au XXe siècle, partaient chaque année des côtes européennes pour pêcher la morue sur les grands Bancs de Terre-Neuve, au large du Canada. Ces pêcheurs étaient majoritairement français mais également basques espagnols, portugais et anglais. Cette pêche a pris fin à cause de la raréfaction du poisson à la fin du XXe siècle due à la surpêche.
Par extension, le nom de Terre-Neuvas est aussi donné aux pêcheurs qui ont pratiqué une pêche similaire sur les bancs d'Islande (en Bretagne, ces derniers sont appelés « islandais »).
Cette pêche représenta une activité économique importante pour les populations du littoral français. Saint-Malo et Fécamp, ainsi que Granville devinrent d'importants ports de terre-neuvas.
Cette pêche entraîna la colonisation et le développement de l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, situé à proximité immédiate des bancs, dont le port de Saint-Pierre servait de port de relâche et d'approvisionnement aux navires de pêche.
Lancée dès le milieu du XVIe siècle[1],[2], elle connut son apogée entre 1820 et 1840, avec plus de 10 000 pêcheurs français partant chaque année sur les bancs de Terre-Neuve et le long de la côte française de Terre-Neuve, ce chiffre descendant à 10 000 à la fin du XIXe siècle[pas clair][3]. La pêche intensive avec des moyens modernes conduisit à une quasi-disparition de la ressource en morue et à une interdiction de pêche par les autorités canadiennes. À Fécamp, premier port morutier français d'après-guerre, la pêche dans les eaux de Terre-Neuve prend fin en 1987[2].
On distinguait deux types de pêche à la morue de Terre-Neuve :
À partir des années 1780 une nouvelle technique se développa et devint prédominante : la pêche au moyen de lignes dormantes nommées harouelles.
Les équipages sont recrutés de fin novembre jusqu'à début janvier[4] pour un appareillage à partir de la fin février[5] jusqu'à la mi-mars[6]. Le moment de l'appareillage est l'occasion de fêtes et de processions, comme à Saint-Malo à partir de 1926[7].
Différents rôles étaient attribués au sein de l'équipage : lieutenant, maître de pêche, pêcheurs, radio, cuisinier. Les rôles de capitaine et maître saleur étaient occupés par des personnes expérimentées[8].
Des enfants et adolescents étaient employés comme graviers pour assurer le séchage des morues sur les graves, les terrains caillouteux du rivage[9] et exploités de manière éhontée[10].
Le Musée de Bretagne conserve un contrat d'engagement décrivant les règles et conditions régissant le travail des Terre-Neuvas. Ce document concerne la campagne de 1936 sur le bateau "Lieutenant René Guillon", sur lequel s'embarque Ollivier Henri en qualité de patron de doris par l'armateur Glâtre, pour un salaire de "2500,00 francs d'avance et trois mensualités de 500,00 francs".
Ce contrat s'appuie sur le contrat-type réalisé par le Comité Central des Armateurs de France et la Fédération Nationale des Syndicats de Capitaine de la Marine Marchande, réunis en Commission Paritaire au ministère de la Marine Marchande à Paris les 5, 6 et 7 décembre 1932[11]. Celui-ci est composé de vingt-quatre articles, répartis en quatre parties : les dispositions générales (engagements définitions de la campagne), les obligations de l’équipage, les obligations de l’armateur et les différends (dénonciation du contrat arbitrage).
Les conditions de vie étant dures à bord, les vêtements devaient s’y adapter, comme le témoigne Yvon Brehin pêcheur dès ses 13 ans dans les années 1960. Il raconte Terre-Neuve[12] :
“Parfois nous passions six heures à travailler dans l’eau froide et salée, exposés au vent, à la neige et aux paquets de mer. Selon le poste occupé, nos mains étaient nues ou au mieux couvertes par ce qu’on appelait des mitaines. Mais cela n’empêchait pas les crevasses ou comme beaucoup, et c’est mon cas, la perte de bout de doigts. En revanche sur le pont, nous devions enfiler plusieurs couches de vêtements pour nous protéger du froid. Plusieurs pulls, deux pantalons et différentes couches de chaussettes. Mais nous étions constamment humides. Selon le poste occupé, nous ne pouvions pas tous porter des mitaines. Alors pour se réchauffer les mains, on se les tapait contre les flancs pour essayer de faire circuler le sang et retrouver quelques sensations.”
Dès le XVIe siècle, les Terre-Neuvas ont des vêtements spécifiques à leur profession, comme les chausses marinières qui sont une sorte de culotte bouffante qui se met au-dessus des vêtements normaux. Elle perdure jusqu’au XIXe siècle, époque à laquelle elle se transforme en pantalon en toile cirée qui se porte au-dessus du pantalon de jour, et qu’on appelle cotillon[13]. Le cotillon devient naturellement dans les années 1950 un pantalon ou une salopette en toile cirée souvent jaune, porté avec une veste de même toile qui protège efficacement le marin[13]. On en conserve quelques exemplaires dans les collections françaises (Musée de Bretagne, Musée des pêcheries de Fécamp). Leur attirail est caractérisé aussi par le suroît, chapeau à larges bords et imperméable. La pêche à Terre-Neuve a largement contribué au développement de vêtements de mer que l’on porte encore de nos jours comme le ciré, la veste de quart, les bottes en caoutchouc, la vareuse ou le pantalon de mer.
Voilà de quoi était composé le sac du marin selon un témoignage authentique[14] :
Guy Desjardins, de Saint-Servan, embarque sur "l’Heureux", un chalutier classique de Saint-Malo, à la fin des années 1950[15].
"Quelques jours avant le départ, il faut faire l’inventaire du sac pour vérifier qu’il ne manque rien, vêtement ou tout autre chose, qui s’avérera indispensable en mer. La bonne solution consiste à vider le sac, étaler son contenu sur le lit et pointer au fur et à mesure ce que l’on range dans le sac.
C’est que le sac du marin contient toute une garde-robe : tricots de corps chauds, caleçons longs, chemises épaisses, gros chandail, vestes, pantalons, grosses chaussettes épaisses, chaussons, bottes cuissardes, vestes cirées, pantalons cirés, suroît, cagoules et mitaines en laine, gants de caoutchouc ; le tout au moins en double."
Les « chasseurs de morue » étaient des goélettes commandées par des capitaines au cabotage ou au long cours, qui partaient prendre des cargaisons de sel, souvent au Portugal, arrivaient fin mai en mer d'Islande ou dans les parages de Terre-Neuve, apportant aux goélettes de pêche un supplément de sel et ramenant en échange le produit des premières pêches, le plus souvent dans les ports de Bordeaux, La Rochelle, Nantes ou Saint-Malo[16].
Longtemps inexistante, l'assistance aux Terre-Neuvas se développa principalement à partir de 1896 grâce à "Société des Œuvres de Mer"[17] qui arma successivement 7 navires-hôpitaux[18] ; dans la décennie 1930, l'aumônier des Terre-Neuvas, le Père Yvon, un capucin, arma la goélette-hôpital Saint-Yves[19], prit la défense des marins-pêcheurs face aux armateurs, réalisa plusieurs films, écrivit des livres et créa même une chaîne de radio dénommée "Radio-Morue".
De nombreuses chansons de marin ont évoqué les Terre-Neuvas.
Les Terre-Neuvas utilisent des outils spécifiques pour la pêche à la morue :
• L'enocteur est une pièce métallique qui forme une partie plate légèrement concave. Le manche est pourvu d'un anneau d'accroche à son extrémité. D'une taille moyenne de 3.5 cm (largeur) sur 1cm (hauteur) sur 18.7 cm (longueur). Cette cuillère à énocter ou "enocteur" est utilisé pour la pêche à la morue, afin de retirer le sang d'un poisson pour garantir sa conservation[24].
• L'hameçon (le faux) L'hameçon peut également servir de leurre, parfois en forme de poissons de différentes tailles[25].
• Le grappin est appelé "chatte" par les marins terre-neuviers. Il servait à relever les lignes de fond. Les grappins sont en forme de "parapluies inversés"[26]
• Le couteau trancheur est un couteau avec une lame tranchante utilisé pour préparer le poisson et plus spécifiquement la morue[27].
• La turlutte est une sorte de "grappin" utilisé pour piquer le poisson en un autre endroit que la bouche. Il est surtout utilisé pour la pêche à la morue et aux encornets[28].
• Le piquois permet d'attraper la morue. Sa tête recourbée lui permet d'assurer la prise dans une hampe en bois[29].
• L'élangueur pièce métallique percée d'un trou circulaire, utilisé pour suspendre la morue[30].
• Le Croc de voilier est un crochet en fer permettant de hisser à bord les morues prises à la ligne[31].
• La "Balance", ou "Chaudrette" sert généralement à la pêche des crustacés et plus spécialement celle des crevettes. Elle peut servir aussi à appâter les poissons, les morues[32].
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