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La vitesse de cisaillement ou « gradient de vitesse »[1] ou « taux de cisaillement »[2],[3], symboles (gamma point) ou D, mesure le cisaillement appliqué au sein d’un fluide. Elle dépend de la contrainte de cisaillement et de la nature du fluide. Le gradient de vitesse décrit la variation spatiale de la vitesse d’écoulement.
La viscosité est la propriété physique intrinsèque impliquant une dépendance entre les contraintes et les vitesses de déformations, en l’occurrence entre la contrainte de cisaillement et la vitesse de cisaillement.
Les viscosimètres de type Brookfield sont largement utilisés tant en laboratoire qu’en production. Le principe de base repose sur la mesure du couple (proportionnel à la contrainte de cisaillement) nécessaire pour maintenir constante la vitesse angulaire de rotation (proportionnelle à la vitesse de cisaillement) d’un mobile immergé dans un fluide, et d’en déduire proportionnellement la viscosité (relative). Ce mode est dit à (vitesse de) cisaillement imposé.
La viscosité d’un produit au comportement non newtonien dépend de la vitesse de cisaillement utilisée pour la mesure et peut, de plus, dépendre de l’histoire de l’écoulement. L’utilisation d’un appareil sophistiqué s’avère dans ce cas nécessaire.
Pour des matières consistantes telles les fondus, bitumes ou résines, il est possible de mesurer la viscosité d’un échantillon avec une vitesse de cisaillement très faible.
Les rhéomètres à rotation à gradient de vitesse élevé sont par exemple destinés aux tests de simulation d’application à la brosse, au rouleau, au pistolet, etc. des peintures, adhésifs ou autres revêtements des laboratoires industriels.
On considère une veine fluide s’écoulant de façon laminaire (écoulement de Couette : la répartition des vitesses dans la veine suit une loi linéaire) entre deux plateaux parallèles, dont l’un se déplace à une vitesse constante et l’autre est stationnaire. Il est possible de faire une analogie avec les cartes d’un jeu lorsque l’on pousse la carte supérieure[5]. Pour un mouvement laminaire plan, on a les relations suivantes
avec :
La relation montre que :
Le gradient de vitesse dans le fluide est constant (= )[6] et perpendiculaire à la vitesse
avec x = direction de cisaillement et
L’entrefer est faible, fixe et dépend de . L’entrefer est faible près de la troncature : cette géométrie n’est pas adaptée aux fluides dont le diamètre moyen des « particules » ou des charges est élevé. Les rhéomètres cône-plan sont habituellement utilisés pour des mesures en viscosimétrie car ils donnent une viscosité absolue. Celle-ci peut être mesurée rapidement à partir d’un faible volume d’échantillon (environ 1 ml).
Il existe d’autres types de géométrie : capillaire, Mooney-Ewart, à double entrefer, etc.
La viscosité dynamique, , d’un fluide newtonien est donnée par l’équation
la viscosité dépendant par définition de la température[7] et de la pression ; elle dépend de la composition chimique de l’échantillon si celui-ci n’est pas un corps pur.
La viscosité des fluides non newtoniens dépend en plus de la nature physico-chimique de l’échantillon, du taux de cisaillement (on parle de viscosité apparente, mesurée à un taux de cisaillement donné) et éventuellement du temps et de l’histoire de l’écoulement.
Dans la limite des faibles gradients de vitesse (ou des faibles fréquences de sollicitation si mesure en oscillation), la viscosité équivaut à la viscosité en écoulement continu (1er plateau newtonien).
Il existe deux types de fluides non newtoniens dont la viscosité apparente dépend du temps, si soumis à un gradient de vitesse (ou à une contrainte de cisaillement) constant(e) :
La viscosité correspond à la force de friction entre chaque couche du fluide soumis à une contrainte tangentielle.
Elle est mesurée en pascals secondes (Pa s) dans le système SI ; en pratique, exprimée en poises (symbole P ou Po) dans le système CGS ou en centipoises (cP), avec la correspondance : 1 mPa s = 1 cP.
Il y a équivalence entre sollicitation à (taux de) cisaillement imposé et sollicitation à contrainte imposée (deux modes possibles de mesure) : l’application d’un taux de cisaillement à un fluide entraîne une contrainte et réciproquement, l’application d’une contrainte entraîne un cisaillement. Un rhéomètre à rotation impose sur l’échantillon comme sollicitation :
La grandeur complémentaire est mesurée. Dans tous les cas, un cisaillement est appliqué à l’échantillon.
Les viscosimètres à vitesse de rotation imposée sont les plus fréquents. Pour illustrer ce cas, on considère un viscosimètre à rotation simple. Cet appareil impose, au moyen d’un moteur synchrone de précision, un mouvement de rotation à un mobile immergé dans un fluide et mesure l’effort nécessaire à surmonter la résistance offerte à cette rotation. Ce couple résistant est mesuré par l’intermédiaire d’un ressort spiral en alliage de cuivre et de béryllium. Le degré de compression du ressort est proportionnel à la viscosité du fluide.
La géométrie des systèmes de mesure relie proportionnellement les grandeurs physiques d’appareillage (tel que rhéomètre, viscosimètre, viscoanalyseur, dynamomètre) aux grandeurs rhéologiques intrinsèques (viscosités, modules).
Dans le cas considéré, pour un système de mesure (viscosimètre plus mobile) et une vitesse de rotation donnés, la viscosité du liquide est égale au pourcentage de l’échelle de torsion multiplié par un facteur. Un exemple de tableau de valeurs relatif à un système de mesure[8] est donné ci-dessous :
Vitesse de rotation sélectionnée (tr/min) | Facteur |
---|---|
0,3 | 200 |
0,6 | 100 |
1,5 | 40 |
3 | 20 |
6 | 10 |
12 | 5 |
30 | 2 |
60 | 1 |
Exemple : une mesure est effectuée à 6 tr/min (taux de cisaillement imposé, non déterminé), la lecture sur l’échelle graduée de 0 à 100 du viscosimètre indique 75 ; la viscosité Brookfield[9] mesurée dans certaines conditions[10], est donc égale à 750 cP.
Il est possible d’étalonner un viscosimètre avec des étalons de viscosité (huiles silicone, thermostables). Ils couvrent une large plage de viscosité afin d’être adaptés à tous les modèles de viscosimètres.
Pour un fluide de viscosité donnée, la résistance à la rotation sera d’autant plus élevée que la taille du mobile (surface de contact) ou la vitesse de rotation (reliée proportionnellement au gradient de vitesse) augmenteront. Il en découle :
Les mesures réalisées en utilisant le même mobile à différentes vitesses permettent d’apprécier les propriétés et le comportement rhéologiques de l’échantillon (fluide newtonien, rhéofluidification, etc.).
Dans le cas d’un liquide newtonien, la variation de la contrainte et celle de la vitesse de cisaillement sont simultanées.
Un comportement non newtonien important est la viscoélasticité. Dans le cas d’un liquide viscoélastique, il existe un décalage entre la variation de la contrainte et celle de la vitesse de cisaillement : ce temps est appelé temps de relaxation du liquide. Voir aussi Modèle de fluides viscoélastiques de Maxwell et Silly Putty.
Il existe d’autres modes d’écoulement : fluides rhéoépaississants (shear thickening fluids ; le terme « dilatant » est parfois rencontré en français ; ex. : sable mouillé), fluides de Bingham, fluides thixotropes et antithixotropes.
Ces rhéogrammes décrivent la capacité de la matière à résister à l’écoulement en fonction du taux de cisaillement. La courbe d’écoulement (flow curve) s’obtient en portant la contrainte tangentielle en fonction du taux de cisaillement. La courbe de viscosité s’obtient en portant la viscosité dynamique en fonction du taux de cisaillement.
Les gradients de vitesse sont des indicateurs de la rapidité pour déformer une matière.
À noter que les ordres de grandeur des gradients de vitesse donnés dans la littérature sont variables d’une source à l’autre.
Procédé ou instrument | Gradients de vitesse typiques (s−1) |
---|---|
Sédimentation, fluage | 10−6 – 10−4 |
Étalement (ou tendu) | 10−2 - 10−1 |
Égouttage, coulure* | 10−2 - 101 |
Rhéomètre à rotation[12] ** | 100 - 103[13] |
Malaxage, pompage, brossage | 101 - 102 |
Mastication, extrusion | 101 - 105 |
Injection | 103 - 107 |
Pulvérisation (ou spray) | 103 - 106 |
Les viscosimètres à écoulement*, instruments simples et économiques, sont basés sur le principe de l’écoulement par gravité ; ils mesurent généralement le temps d’écoulement exprimé en secondes (s) ou la viscosité cinématique, en stokes (St) ou centistokes (cSt). Ils permettent de contrôler rapidement des produits liquides tels des peintures, vernis et encres. Cette technique de mesure regroupe la famille des coupes à écoulement (viscosimètres empiriques[5]) (appelées aussi coupes consistométriques ou coupes de viscosité, telles la coupe Zahn, couramment utilisées dans les vérifications ponctuelles de consistance), des viscosimètres à bulle et des jauges spéciales.
Les rhéomètres à rotation** permettent d’étudier fondamentalement les propriétés d’écoulement.
Les rhéomètres à rotation et capillaire à écoulement forcé sont complémentaires. Ce dernier permet d’accéder aux propriétés élongationnelles (viscosité élongationnelle...) et de simuler des mises en forme nécessitant des gradients de vitesse élevés (pompage, extrusion, pulvérisation, etc.) ; le fluide est poussé dans une filière de dimensions connues au moyen d’un piston dont la vitesse est contrôlée.
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