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poème japonais sans rimes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le tanka (短歌 , littéralement « chant court »), est un poème japonais sans rimes, de 31 mores sur cinq lignes.
Le tanka désigne une forme de poésie traditionnelle courte d'origine japonaise, qui a donné naissance au waka (和歌 ) à forme fixe, puis au haïku, dont il peut être considéré comme un ancêtre. Il prend son véritable essor pendant la période Heian (794-1192). Avant cette période déjà, au milieu de l'Époque de Nara, une première compilation de tanka avait vu le jour, le Man'yōshū, compilé vers 760 en caractères man'yōgana, précurseurs des caractères kana, mais on sait que la pratique orale existait déjà dans une grande partie de l'archipel (cf. kodai minyō 古代民謡- des fudoki et les Azuma uta du 14e rouleau du Man'yōshū)[1]. La période de Nara correspond donc à l'émergence d'une littérature japonaise écrite en langue vernaculaire, avec ces syllabaires kana, et en prose aussi, c'est dans cette langue que le Taketori monogatari (le Conte du coupeur de bambous), premier roman japonais, a été écrit peu après, vers la fin IXe -début Xe siècle[2]. La peinture de style proprement japonais, yamato-e, apparaît peu de temps après, fin IXe siècle.
La pratique du tanka était réservée à la Cour impériale, et toute personne de rang inférieur surprise en train de pratiquer le tanka était condamnée à mort. Mais cela a changé à partir de la période Heian (794-1192). Le tanka est devenu une forme de poésie largement appréciée. Après l'ouverture du Japon à l'Occident à la fin du XIXe siècle, le tanka a continué d'être pratiqué. Aujourd'hui, le tanka est toujours enseigné dans les écoles japonaises, ainsi qu'en littérature contemporaine, autant au Japon que dans le monde.
Chez les francophones, c'est la Revue du tanka francophone (créée en 2007 à Montréal, au Québec) qui en fait la promotion encore aujourd'hui.
Le tanka classique est toujours considéré au Japon comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire en raison de sa richesse et de sa profondeur. Par rapport aux haïkus classiques, il ne se cantonne pas à l'évocation de la nature et des saisons mais il fait une large place aux sentiments.
Il suit des règles strictes en termes de structure syllabique (5-7-5-7-7 syllabes). Cette structure exigeante et cette brièveté favorisent la concentration et la précision dans l'expression des émotions. Pour les poètes s'exprimant en français -la remarque vaut aussi pour les autres langues d'origine latine- la difficulté est accrue en raison d'un vocabulaire largement polysyllabique et d'une grammaire compliquée. Pour les auteurs anglophones, la difficulté est moindre.
Les tankas sont généralement écrits par un même poète, mais il n'est pas rare d'en voir écrits par plusieurs, l'un répondant à (ou relançant) l'autre. On les appelait alors renga ; le terme actuel est renku. Suivant leur nombre de chainons, les renku prennent des noms différents : les formes les plus utilisées sont : le juinku (12 versets), le jusanbutsu (13 versets), le shishi (16 versets), le hankasen (18 versets), le kasen (36 versets) et le hyakuhin (100 versets). Pour le kasen, les règles peuvent être encore beaucoup plus strictes du fait de l'obligation de placer des versets à thème (amour, lune d’automne, fleurs…) à des endroits très particuliers.
À quoi comparer
Notre vie en ce monde ?
À la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage.
— Manzei
Les arbres eux‑mêmes
Qui, pourtant ne demandent rien,
Ont frères et sœurs.
Quelle tristesse est la mienne
De n'être qu'un enfant unique !
— Ichihara
Au printemps
Où gazouillent des milliers d'oiseaux
Toutes choses
Se renouvellent,
Moi seul vieillis.
— Anonyme
Lorsque vers le soir
Dans mon village de montagne
Chante la cigale,
En dehors du vent
Personne ne me rend visite.
— Anonyme
Note : la rythmique de 5-7 n'est pas respectée dans ces exemples traduits littéralement du japonais.
Certains poètes catalans et suisses ont pratiqué cette forme poétique. La syllabe s'y substitue alors à la more. Voici deux exemples, l'un en traduction française et l'autre en langue originale :
L'éclat le plus clair
traverse les cloisons, les meubles,
vieilles chaises de canne
de jonc, de prémonitions,
sans pénétrer le mystère.
Le chant de l'horloge
se mêle au chant des aiguilles.
Mina, tricotant,
est assise à la fenêtre,
dans son regard les saisons.
— Markus Hediger, Ne retournez pas la pierre, 1996
Cour à l’arrière
et boire son café là
courtoisie du temps
trois filles de leurs regards
courtisent ceux qui passent.
— Patrick Simon, Tout proche de moi, 2008
Dans l'ombre j'écoute…
Un oiseau me dit son chant.
Mais je ne sais pas
Si ce chant est triste ou gai.
Je ne suis pas un oiseau!
— Simone Kuhnen de La Cœuillerie, Tannkas et haï-kaïs, 1953
En France, Jehanne Grandjean a introduit le tanka après la guerre. Jacques Roubaud, après Mai 1968, a poursuivi l'œuvre dans Mono no aware, Nicolas Grenier ayant réinventé à Paris le « tanka urbain ». Brigitte Fontaine, dans le disque Comme à la radio, intitule deux chansons Tanka I et Tanka II, qui s'écartent pourtant de la forme rythmique traditionnelle japonaise. Et c'est Patrick Simon (poète), éditeur franco-canadien qui publie des auteurs de tanka aux Éditions du tanka francophone et dans la Revue du tanka francophone (ISSN 1913-5386)[3].
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