tablette de défixion en langue gauloise De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La tablette de Chamalières, ou inscription de Chamalières ou plomb de Chamalières, est une tablette de plomb de six centimètres sur quatre, découverte en à Chamalières (Puy-de-Dôme), lors des fouilles de la source des Roches. Le texte est écrit en langue gauloise avec des lettres cursives latines. C'est l'un des plus longs textes en gaulois, d'une importance capitale pour la compréhension de cette langue. Il s'agit d'un texte de caractère magique, appartenant à la catégorie des tablettes de défixion; il invoque le dieu celtique Maponos. Il est exposé, avec le matériel de la source des Roches, au sous-sol du musée Bargoin, à Clermont-Ferrand.
Faits en bref Type, Dimensions ...
Tablette de Chamalières
Reproduction numérique par Camille Besse, Musée Bargoin.
La tablette de Chamalières est également appelée plomb de Chamalières[1],[2] mais cette première appellation est la plus répandue.
Circonstance de la découverte
Entre et a lieu la fouille de sauvetage du sanctuaire de la source des Roches à Chamalières dans la banlieue de Clermont-Ferrand. Ce haut lieu religieux de la cité des Arvernes est essentiellement connu pour avoir livré une quantité inégalée d'ex-votos de guérison en bois. La tablette de défixion a été découverte le au milieu d'un amas de ces ex-votos[3].
Description de la tablette
Datée de la période julio-claudienne par son environnement archéologique, la tablette est un petit rectangle de plomb de 6 × 4 cm, elle est dotée d'une anse en queue-d'aronde. Les deux faces sont soigneusement polies bien que le texte n'en occupe qu'une seule. Tout porte à croire que le support a été soigneusement préparé.
Le texte compte douze lignes, écrites en cursive latine. Les lettres sont néanmoins de petite taille, de 1 à 2 millimètres, ce qui permet à ce texte d'être l'un des plus longs que l'on connaisse en langue gauloise, bien que la surface utilisable soit limitée. Ce texte compte en effet 60 mots, écrits à l'aide de 336 caractères. On constate par ailleurs qu'un intervalle plus important sépare les deux premières lignes du reste du corps du texte[1].
Objets similaires
Il existe d'autres objets du même ordre qui ont été retrouvés en fouille. Parmi ceux-là, les plus connus sont:
la tablette d'Eyguières, écrite en caractères grecs, probablement en raison de sa proximité avec Massilia, mais à la lecture délicate, du fait de l'enchevêtrement des lettres. Elle a été découverte sur le territoire des Salyens;
les lamelles de plomb d'Amélie-les-Bains, découvertes en au nombre de 6, et aujourd'hui perdues[4];
le plomb de Lezoux, qu'il ne faut pas confondre avec le plat de Lezoux, a été retrouvé, comme le plomb de Chamalières, en territoire arverne. Ce n'est pas une tablette de défixion, il s'apparente davantage à une amulette.
Plus récemment, six tablettes de défixion en plomb ont été découvertes lors d'une fouille préventive au Mans. Au moins l'une d'entre elles porte des inscriptions, de lecture difficile.
La fin du texte reste mal comprise, et la traduction n'en est pas assurée. Pour les uns, l’auteur voue aux divinités infernales des personnages aux noms romains ou romanisés[5]; pour d’autres, il s’agirait d’une invocation à une source bénéfique pour un changement dans un contexte de guerre[6],[12], ou une tentative de ramener du côté des Gaulois le dieu Maponos à l’occasion de conflits[8] ou encore, soit une incantation[13] soit une défixion garantissant un serment[11].
Fleuriot traduit ainsi le début du texte par
«J’allie l’immortel divin Maponos Arverne par cet écrit magiquement fort»
Lambert propose en 1979
«Je soumets à la Bonne Force des Dieux et des Ande‑dii Maponos Qui‑Donne‑satisfaction pour que tu dises pour nous et pour eux, les formules magiques des enfers»
et en 1994
«J’invoque Maponos arveriiatis par la force des dieux d’en‑bas; que tu les [...] et que tu les tortures [toi], par la magie des [dieux] infernaux»
Olivier Rimbault, «Les lamelles de plomb gravées d'Amélie-les-Bains-Palalda (66110), inscrites *L-97 (R.I.G.): un cas d'école pour l'étude des langues rares de l'Antiquité», dans Mireille Courrént (dir.), Ghislaine Jay-Robert (dir.) et Thierry Eloi (dir.), Transports, Mélanges offerts à Joël Thomas, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, coll.«Études», , 575p. (ISBN978-2-35412-169-3, lire en ligne), p.187–211.
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[Delamarre 2018] Xavier Delamarre (préf.Pierre-Yves Lambert), Dictionnaire de la langue gauloise: une approche linguistique du vieux-celtique continental, Arles, Errance, , 3eéd. (1reéd. 2001), 440p. (ISBN978-2-87772-631-3).
[Lambert 2018] Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise: description linguistique, commentaire d'inscriptions choisies, Arles, Errance, coll.«Collection des Hespérides», , 3eéd. (1reéd. 1994), 250p. (ISBN978-2-87772-633-7).
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[Lambert 2003] Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise: description linguistique, commentaire d'inscriptions choisies, Paris, Errance, coll.«Collection des Hespérides», , 2eéd. (1reéd. 1994), 248p. (ISBN2-87772-224-4).
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