Table des Marchand
dolmen de Locmariaquer, France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La Table des Marchand (An Daol Varchant en breton) est un vaste dolmen situé sur le site mégalithique de Locmariaquer (le Groh), dans le département français du Morbihan.
Table des Marchand | |||||
Vue générale du cairn reconstitué avec dolmen à couloir et son accès par un cheminement extérieur dont la bordure par des mono-fils canalise la fréquentation touristique. | |||||
Présentation | |||||
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Autre(s) nom(s) | An Daol Varchant | ||||
Chronologie | 3900 à 3800 av. J.-C. | ||||
Type | Dolmen | ||||
Période | Néolithique | ||||
Faciès culturel | Mégalithisme | ||||
Protection | Classé MH (1889) | ||||
Visite | Payant (6.00€ par adulte (2017)) | ||||
Caractéristiques | |||||
Dimensions | 12 m | ||||
Matériaux | Pierres | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 47° 34′ 18″ nord, 2° 56′ 59″ ouest | ||||
Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Morbihan | ||||
Commune | Locmariaquer | ||||
Géolocalisation sur la carte : alignements de Carnac
Géolocalisation sur la carte : golfe du Morbihan
Géolocalisation sur la carte : arrondissement de Lorient
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
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Propriété de l'État, le dolmen, dit aussi Table-des-Marchands, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1889[1].
Le site des mégalithes de Locmariaquer est situé sur la parcelle appelée Er Groh (qui peut se traduire par « la grotte ») ou Er Groh vihan (« la petite grotte »)[2].
L'appellation toponymique locale de ce mégalithe est An Dol March'hand (littéralement table cheval allée, ce qui se traduit par « Table de l'allée du cheval »). Sa douteuse francisation en Table des Marchands par le peintre Jean-Baptiste-Joseph Jorand qui participe à la fouille en 1824, puis en Table des Marchand (parenthèse onomastique qui associe faussement ce dolmen à une famille Marchand), s'est imposée, notamment sous l'influence de l'inspecteur des Monuments historiques Prosper Mérimée qui a popularisé la traduction française erronée après sa visite des fouilles ouvertes à Locmariaquer et Carnac[3].
La construction du dolmen et du cairn remonte au début du IVe millénaire av. J.-C. ; la datation retenue se situe entre 3900 et 3800 av. J.-C. Le monument a été utilisé pendant plusieurs siècles, avant de servir de carrière de pierres, notamment pour un théâtre gallo-romain tout proche, si bien que le cairn disparaît au début de l'ère chrétienne[4].
Les premières fouilles remontent à 1811, sous la direction du Comte Maudet de Penhouët, mais les objets qui sont alors découverts sont disséminés ou perdus. À l’époque, le monument a l'aspect d'une dalle plate reposant sur trois piliers. Il est restauré en 1883, et à nouveau étudié et consolidé en 1937-1938 par Zacharie Le Rouzic qui reconstitue un tertre artificiel autour du monument et jusqu'au niveau inférieur de la table. Après les recherches de 1985 et la restauration de 1991 qui détruit celle de Le Rouzic pour en proposer une nouvelle à partir d'une extrapolation des éboulis, l'ensemble prend la forme d’un cairn[5]. Un mur d'enceinte, un pavillon d’accueil et un circuit de visite sont finis d'être aménagés en 1992 sur le site mégalithique dont l'accès et la visite se font après paiement d'un droit d'entrée (près de 7 000 entrées payantes et 6 000 entrées gratuites en 2010)[6].
À l'origine, le cairn à double parement mesure 30 m sur 25 m, et 6 à 8 m de hauteur. Il est maintenu par deux murailles circulaires maçonnées à sec, la seconde, de 18 m à 20 m de diamètre, tangente au mur extérieur au niveau de l'entrée. Il adopte le modèle ramassé à plan subcirculaire caractéristique du mégalithisme armoricain[Note 1].
Ce cairn protège une tombe à couloir complétée par une chambre funéraire. Cette tombe comporte 18 orthostates[Note 2]. D’une orientation nord-sud, le tertre actuel est long d'environ 12 m. Le couloir une longueur de 7 m pour une hauteur à l’entrée de 1,4 m (orientée au sud-est, vers l'entrée du golfe du Morbihan) ; la chambre polygonale a une hauteur de 2,5 m.
En 1994, les fouilles d'une équipe d'archéologues dirigée par Jean L'Helgouach ont mis au jour 19 fosses de calage correspondant à une ligne de stèles[Note 3] alignées sur 55 m, en décroissant vers le nord[12]. La stèle la plus grande correspond au grand menhir brisé, la plus petite à la dalle de chevet qui constitue le fond de la chambre funéraire de la Table des marchand. Ces stèles ont été débités pour servir en réemploi dans les monuments mégalithiques de Locmariaquer. Une de ces stèles demeurée dans sa position d'origine, est ainsi devenue la dalle de chevet de la Table des Marchand, appelée la « stèle aux crosses ». La fosse de calage et les traces d'érosions montrent en effet que cette dalle a été érigée à ce même emplacement en plein air durant près de cinq siècles[Note 4]. La dalle de chevet contient également une gravure du mot "GAZELLE" qui, d’après une hypothèse, aurait été réalisée aux alentours du XIXeme par une personne navigant sur un bateau portant ce nom.
Les deux faces de la « stèle aux crosses » en grès ladère (unicum dans le mégalithisme de la région)[Note 5] sont ornées de gravures. Sur son dos, est gravé un double arc radié (arc-en-ciel), une figure quadrangulaire (une terre ou une habitation) et une portion de disque représentant, selon Cassen, le ciel, l'habitat-monde et un bateau[15]. La face interne de la chambre représente, selon l'interprétation du préhistorien C.-T. Le Roux une déesse Mère à la chevelure rayonnante[Note 6] et sous forme humaine schématisée en écusson[Note 7]. Cet écusson présente quatre registres de crosses, symétriquement opposées, symboles de pouvoir[Note 8] orientées à gauche et symétriquement. La face externe est non visible. L’ensemble du mégalithe a été construit par la suite, à partir et autour de cette première stèle qui fait face à la rivière d'Auray. Les crosses étant un augmentatif de puissance, elles délivrent probablement un message d'avertissement à l'attention de ceux qui abordent la presqu'île[17].
La seconde dalle de couverture constitue le plafond de la chambre ; elle mesure 6 mètres de long, 4 de large et 0,80 d’épaisseur, son poids est estimé à 40 tonnes. Cette dalle en orthogneiss est ornée d’une hache emmanchée avec sa lame triangulaire[Note 9] insérée sur un manche crossé (à extrémité recourbée), et muni d'une lanière de préhension, d’une crosse superposée par la crosse de la hache et, dans la partie inférieure, du train avant d'un caprin, caractérisé par un mufle large, la nuque courte, l'échine droite et la croupe anguleuse. C’est une partie d’un bloc tabulaire cassé (issu d'une stèle à côté du grand menhir, dressée en troisième position dans l'alignement) dont une autre partie a été transportée par voie maritime sur le tumulus de Gavrinis, distant d'environ 5 kilomètres (on retrouve sur la dalle de couverture les cornes et l'échine du caprin, ainsi qu'un bovidé avec ses encornures parallèles se terminant de manière divergente, et au-dessus un dessin partiel interprété comme un cachalot par l'archéologue Serge Cassen, mais comme une hache-charrue par ses prédécesseurs[18]). La stèle à l'origine de ces deux dalles de couverture est encore incomplète, puisque la partie supérieure de la figure proposée comme un cachalot manque. Selon une première hypothèse, elle aurait été insérée dans le tumulus d'Er Grah, situé juste à quelques mètres de la Table des Marchand. Néanmoins, les motifs de décoration ne s'assemblent pas parfaitement[19],[20]. Le fragment de la figure en question, reproduite en de nombreux exemplaires sur les mégalithes proches (dont sur le Grand Menhir Brisé situé juste à côté de la Table des Marchand, également dans le dolmen à couloir de Mané-Rutual, au plafond de celui du tumulus de Kercado, sur un pilier de celui de Pen Hap, etc.), peut très bien appartenir à un autre exemplaire de la même gravure[21].
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