Il existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au Musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[1].
Explication de cette gravure dans le manuscrit du Musée du Prado: La fortuna trata muy mal a quien la obsequia. Paga con humo la fatiga de subir y al que ha subido le castiga con precipitarle. (La fortune traite très mal ceux qui la courtisent. Elle paie avec de la fumée la fatigue de l'ascension et celui qui est monté, elle le puni en le précipitant)[2].
Manuscrit de Ayala: Príncipe de la Paz[3]. La lujuria le eleva por los pies; se le llena la cabeza de humo y viento, y despide rayos contra sus émulos... (Prince de la Paix. La luxure l'élève par les pieds; elle lui remplit la tête de fumée et de vent, et envoie des éclairs contre ses émules...)[2].
Manuscrit de la Bibliothèque nationale: El Príncipe de la Paz levantado por la lujuria, y con la cabeza llena de humo, vibra[4] rayos[5] contra los buenos ministros. Caen estos y rueda la bola; que es la historia de los favoritos. (Le Prince de la Paix poussé par la luxure, et avec la tête pleine de fumée, brandit des éclairs contre les bons ministres. Ceux-ci tombent et la roue tourne; c'est cela l'histoire des favoris[6])[2].
L'estampe mesure 214 × 151 mm sur une feuille de papier de 306 × 201 mm.
Goya a utilisé l'eau-forte et l'aquatinte.
Le dessin préparatoire est à la sanguine avec des traces de crayon noir. Le dessin préparatoire mesure 204 × 144 mm.
Numéro de catalogue G02144 de l'estampe au Musée du Prado.
Numéro de catalogue D04221 du dessin préparatoire au Musée du Prado.
Vibra: « Por extensión vale arrojar con ímpetu y violencia alguna cosa, especialmente las que en sus movimientos hacen algunas vibraciones » (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791. Vibra: par extension, équivaut à lancer avec force et violence quelque chose, spécialement celles qui dans leur mouvement crée certaines vibrations)
Rayo: « El estrago, infortunio o castigo improviso y repentino » (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791. Rayo: la ruine, infortune ou châtiment imprévu et soudain.)
Durant le règne de Charles IV, Godoy a été appelé « le favori »
Bibliographie
(es) José Camon Aznar, Francisco de Goya, t.III, Saragosse, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar, , 371p. (ISBN978-84-500-5016-5).
(es) Juan Carrete Parrondo, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Madrid, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN84-604-9323-7), «Francisco de Goya. Los Caprichos».
(es) Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los Caprichos, Madrid, Ediciones de arte y bibliofilia, (ISBN84-86630-11-8).
(es) Gabinete de Estudios de la Calcografía., Clemente Barrena, Javier Blas, José Manuel Matilla, José Luís Villar et Elvira Villena, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN84-604-9323-7), «Dibujos y Estampas».