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politologue et sociologue norvégien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Stein Rokkan, né le à Vågan et mort le à Bergen, est un politiste et sociologue norvégien. Il a été professeur de politique comparée à l'Université de Bergen.
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Issu d'une formation de philosophe, Rokkan collabore dans les années 1940 et 1950 en tant qu'assistant d'Arne Næss. Son intérêt se tourne alors vers l'étude de la politique, en particulier la formation des partis politiques européens et les États-nations. C'est au cours de cette période qu'il collabore avec Seymour Martin Lipset, formant un duo d'auteurs universitaires « Lipset & Rokkan » qui restera à jamais dans les mémoires des étudiants de sociologie politique[non neutre]. Il est également connu pour être un pionnier[réf. nécessaire] de l'utilisation de la technologie informatique dans les sciences sociales. Il écrit sur les clivages politiques, l'histoire comparée, les systèmes des partis et le nationalisme catalan.
Rokkan est le créateur d'une série de modèles de l'État nation et des formations des États en Europe. Il est président de l'Association internationale de science politique de 1970 à 1973, président de l'UNESCO du Conseil international des sciences sociales (CISS) de 1973 à 1977, vice-président de l'Association internationale de sociologie de 1966 à 1970 puis président de 1970 à 1976. Il est le cofondateur du European Consortium for Political Research (ECPR). Un prix lui est attribué par le CISS[Quand ?] pour ses recherches en sciences sociales, par l'ECPR par l'Université de Bergen en l'honneur de sa carrière[1].
L'un des héritages les plus importants de Stein Rokkan à la sociologie politique est souvent associé aux travaux de Daniel-Louis Seiler qui, à partir des grands clivages socio-culturels et historiques identifiés par Rokkan, élabore une typologie des partis politiques européens[réf. souhaitée].
Ces clivages sont au nombre de quatre : Église/État, centre/périphérie, bourgeoisie/ouvriers et élites rurales/élites urbaines.
À ces clivages se superpose l'affectation des trois grandes révolutions qu'a connues l'Europe : la Révolution « nationale » qui nourrit l'opposition Église/État et centre/périphérie, la Révolution industrielle à l'origine du clivage bourgeoisie/ouvriers et urbain/rural et, enfin, la Révolution « internationale », qui crée une scission dans les sensibilités politiques issues du socialisme.
Les Éditions de l'Université de Bruxelles publient en 2009 la traduction française du texte de Rokkan et Lipset sur la théorie des clivages : Structures de clivages, systèmes de partis et alignement des électeurs : une introduction. Il faut noter, dans l'analyse de Rokkan, le lien entre ces phénomènes et la genèse des États-nations européens modernes[réf. souhaitée].
Ce clivage, issu des Révolutions nationales, est la conséquence de la volonté d'indépendance des États-Nations vis-à-vis de l'Église et résulte de l'opposition entre les forces du cléricalisme et de l'anticléricalisme. Il faut cependant noter le moindre impact de ce clivage dans les pays les plus touchés par la Réforme protestante qui ont rapidement vu se constituer en leur sein une Église nationale indépendante de Rome.
Le conflit réside dans le rôle de l'Église au sein de la société. La Révolution française marque l'inscription du clivage dans les luttes politiques : elle pose les termes d'un État laïc qui tolère les différentes religions et ne prend parti pour aucune d'elles. Les points de litiges sont :
Ce clivage est vivace dans les pays à pratique catholique. À l'inverse, dans les pays protestants il est pratiquement inexistant : les Églises protestantes ne se sont jamais posées en concurrence ou en substitution avec l’État. Leur rôle est accepté, elles tendent à agir comme « un agent de l’État ». En soi, les Églises protestantes s'inscrivant dans un cadre souvent national (ou plus petit encore, à l'inverse de l’Église catholique qui se veut universelle et est unie), ont tout intérêt à jouer ce rôle de concorde avec l’État : c'est s'assurer leur survie et leur institutionnalisation. De même, les Églises protestantes se posent moins en institution : elles sont plus récentes. À l'inverse, l’Église catholique est antérieure à l’État : elle tient à conserver une part des privilèges qu'elle a pu acquérir.
En France, depuis la laïcisation de l’État, il existe une relation de concurrence voire d'antagonisme entre l’État et l’Église. Pour asseoir son influence, l’Église tend à montrer sa différence, s'exprimant par des canaux choisis : à travers des journaux, des mouvements, des syndicats et des partis politiques.
Le clivage n'existe pas quand l’État est profondément catholique, comme par exemple en Irlande, où l’Église jouissait d'un statut spécial reconnu par la Constitution[réf. nécessaire].
L'opposition Église/État est à l'origine de grandes familles de partis : laïques d'une part, religieux de l'autre.
Pour les partis religieux, il s'agit essentiellement des partis chrétiens démocrates, qui souhaitent garantir le rôle de l’Église au sein de la société. Ces partis se distinguent des partis de droite : ils sont plus populaires et moins hostiles à l'intervention de l’État, notamment en matière sociale. Ces partis ont mis en place les grandes législations sociales de l’État providence. On en distingue trois types :
Quant aux partis laïcs, on repère deux vagues : les partis de défense de la laïcité et les partis néo-sécuralistes. Les premiers contestent le rôle de l’Église, les seconds prônent la rupture avec les valeurs chrétiennes, préférant un certain libéralisme culturel[réf. souhaitée].
Ce clivage remonte à la formation des États-Nations, c'est le résultat des résistances rencontrées par les États dans le processus de centralisation et d'uniformisation. Il oppose d'un côté les groupes favorables au processus et ceux qui lui sont hostiles. Les groupes favorables sont plus proches géographiquement et culturellement du centre politique qui se met en place. Les groupes hostiles ne partagent pas la même culture, ni même parfois la même langue et sont plus éloignés.
Aujourd'hui, ce conflit s'exprime encore : de par les mouvements autonomistes ainsi que par la contradiction entre centralisation et décentralisation.
Les revendications régionalistes connaissent un nouvel essor grâce aux politiques européennes. En effet, l'Union Européenne destine certaines de ses politiques aux régions, lesquelles sont alors chargées de la mise en œuvre des politiques communautaires. De fait, cela renforce le statut et l'importance de ladite région. En parallèle, l'UE diminue l'importance des centres nationaux. On constate en effet que beaucoup de mouvements régionalistes sont pro-européen, comme le parti écossais SNP (Parti national écossais). De même, l'UE produit une nouvelle formulation du conflit centre/périphérie : entre pro et anti européen, entre fédéraliste et statu quo du niveau politique européen.
Il donne naissance aux partis autonomistes ou régionalistes d'un côté et à ceux de tradition centralisatrice de l'autre (par exemple le jacobinisme en France).
Les partis régionalistes réclament une plus grande part d'autonomie vis-à-vis de l’État central, voire l'indépendance. Ils peuvent être d'extrême gauche comme Batasuna au Pays basque ou d'extrême droite comme le Vlaams Belang en Belgique. De même, ils peuvent être de droite « classique » comme le CD&V en Belgique, l'CiU en Catalogne ou de gauche modérée comme le SNP en Écosse.
Quant aux partis centralistes, ils se retrouvent autour d'une mobilisation identitaire : celle de l’État. Ils peuvent aller jusqu'au nationalisme. D'où une nouvelle distinction : les partis centralistes modérés et les partis centralistes extrêmes. Les partis centralistes modérés comme le parti gaulliste en France, les partis centralistes extrêmes comme Sinn Féin en Irlande du Nord. Ces derniers sont difficiles à distinguer des partis d'extrême droite : ils ont en commun le nationalisme (micro nationalisme pour les partis régionalistes).
C'est le clivage le plus important[réf. souhaitée] issu de la Révolution industrielle : l'opposition se fait entre les détenteurs du capital et ceux de la force de travail. Alimenté par les théories marxistes, le clivage bourgeoisie/ouvriers est l'un des axes constitutif des familles politiques européennes. La naissance du clivage peut s'observer au sein des couches ouvrières : concentrées dans des zones industrielles, au mode de vie communautaire, ce qui a pu faciliter la formation d'une conscience de classe et sa traduction politique dans les grands systèmes de parti. On observe ici la formation de partis prétendant défendre les intérêts de la classe prolétarienne face auxquels se trouvent les formations politiques défendant les intérêts de l'élite industrielle.
On examine plusieurs types de partis :
Ce dernier clivage résulte du transfert de l'intérêt productif des campagnes vers les villes, résultant de la Révolution industrielle et de l'urbanisation. Le conflit existe cependant dès le Moyen Âge, mais prend véritablement forme avec la Révolution industrielle qui entraine la désertification des campagnes. Le conflit s'exprime aujourd'hui via les questions de subventions de l'agriculture, de soutien au monde rural.
Ce conflit ne génère cependant de parti[style à revoir] que dans peu de pays (par exemple les pays scandinaves ou les cantons protestants en Suisse). Ce sont alors des partis agrariens, aux faits des intérêts ruraux.
Cette formation s'apparente, selon Rokkan, à « un phénomène assez contingent ». Il montre l'importance de la structure de la propriété agricole au moment de l’avènement du suffrage universel. Là où prospéraient de grandes propriétés agricoles, les propriétaires terriens arrivent à contrôler le vote des paysans, à l'inverse dans les petites exploitations les paysans parviennent à fonder leurs propres partis agrariens. Il y a cependant des exceptions : en France, Belgique et Pays-Bas, les exploitations agricoles sont de petites tailles lors de l'avènement du suffrage universel mais l'on ne trouve pas de véritable parti agrarien. Il y a donc d'autres facteurs. Pour exemple, en France, les campagnes connaissent des transformations importantes dues au développement de l'économie urbaine. Dans le même temps, les populations rurales ne réussissent souvent pas à vivre exclusivement des revenus de la terre : une partie assez grande de la population va donc travailler dans les bourgs. Ainsi, il y a contact avec la ville : ces contacts donnent naissance à une identité hybride jouant contre le développement d'une conscience de classe parmi les paysans. De même, on peut parler d'hétérogénéité culturelle des campagnes.
Le programme des partis agrariens est un amalgame : d'une part des thèmes de droite (traditionnellement la défense des agriculteurs, des entreprises privées et des valeurs traditionnelles) et de l'autre des thèmes de gauche (la défense de l’État providence). Il n'existe pas de parti urbain : dans ce conflit, les villes dominent, les intérêts présents sont variés et sont incarnés par différents partis. De plus, l'émergence de problèmes spécifiques à la ville (pollution, transport, logement, etc.) débouche sur l'émergence de nouvelles problématiques dans le débat public.
1979 : docteur honoris causa de l'université de Genève[2].
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