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roi de Pologne, grand-duc de Lituanie et duc de Lorraine (1677–1766) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Stanislas Leszczynski ou Leczinski[1] (prononciation francisée en [lɛɡzɛ̃ski]), en polonais, Stanisław Leszczyński (prononcé en polonais [sta'niswaf lɛʂ'tʂɨɲski]), né le à Léopol / Lwów en république des Deux Nations (actuelle Lviv, en Ukraine) et mort le à Lunéville, est un aristocrate polonais, roi de Pologne de 1704 à 1709 puis de 1733 à 1736 sous le nom de Stanislas Ier (Stanisław I) et grand-duc de Lituanie dans le cadre de la république des Deux Nations, beau-père de Louis XV (1725), duc de Lorraine et de Bar de 1737 à sa mort.
Stanislas Ier | ||
Portrait de Stanisław Ier par Jean-Baptiste van Loo, conservé au château de Versailles. | ||
Titre | ||
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Duc de Lorraine et de Bar | ||
– (28 ans, 7 mois et 14 jours) |
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Prédécesseur | François III | |
Successeur | Annexion des Duchés de Bar et de Lorraine par la France | |
Roi de Pologne et grand-duc de Lituanie | ||
– (4 ans, 10 mois et 7 jours) |
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Prédécesseur | Auguste II | |
Successeur | Auguste II | |
– (2 ans, 4 mois et 14 jours) |
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Prédécesseur | Auguste III | |
Successeur | Auguste III | |
Biographie | ||
Dynastie | Leszczyński | |
Nom de naissance | Stanisław Leszczyński | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Lwów (Royaume de Pologne) | |
Date de décès | (à 88 ans) | |
Lieu de décès | Lunéville (Lorraine) | |
Nature du décès | Gangrène à la suite d'une brûlure | |
Sépulture | Église Notre-Dame-de-Bonsecours de Nancy Cathédrale du Wawel |
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Père | Rafał Leszczyński | |
Mère | Anna Jabłonowska | |
Conjoint | Catherine Opalińska | |
Enfants | Anne Leszczynska Marie Leszczynska |
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Résidence | Château de Lunéville | |
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Monarques de Pologne Monarques de Lituanie Monarques de Lorraine |
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Issu de la maison Leszczyński, une ancienne famille noble polonaise, originaire du duché de Bohême et installée en Pologne dès le Xe siècle, Stanislas Leszczyński est le fils des aristocrates Rafał Leszczyński (1650-1703) et Anna Jabłonowska (1660-1727). Il reçoit une éducation soignée : formé à la littérature et aux sciences, il parle et écrit le polonais, l'allemand, l'italien, le français et le latin. Il complète sa formation en voyageant dans les grandes capitales européennes (Vienne, Rome, Paris, entre autres)[2].
À vingt et un ans, il épouse Katarzyna Opalińska (1680-1747). De ce mariage naissent deux filles[2] :
En 1697, la diète de Pologne élit le prince électeur de Saxe Frédéric-Auguste Ier roi de Pologne sous le nom d'Auguste II. La même année voit l'avènement de Charles XII de Suède, âgé de 15 ans.
Le tsar Pierre Ier de Russie et le roi Auguste II de Pologne déclarent la guerre à la Suède, alors première puissance d'Europe du Nord. Mais Charles XII réagit avec énergie, repousse les Russes et envahit la Pologne. Il fait élire Leszczyński le . À la suite de la défaite d'une armée russo-saxonne à Fraustadt en 1706, Auguste II est obligé d'abdiquer le trône polonais et de reconnaître Stanisław.
Mais en 1709, Charles XII est battu par Pierre Ier de Russie à Poltava. Blessé, Charles XII de Suède peut s’échapper du champ de bataille pour trouver refuge, avec l’aide des diplomates autrichiens et français, à la cour du sultan ottoman Ahmet III. Leszczyński, chassé du trône de Pologne, rejoint Charles XII, qui persuade Ahmet III d’entrer en guerre contre la Russie (). Le principal affrontement du conflit est la campagne du Prout en 1711. Les Russes sont encerclés et battus par les troupes turques du Grand Vizir Baltacı Mehmet Pasha, dans une bataille décisive qui se déroule à Stănilești le . Le conflit s’achève le par la conclusion du traité du Pruth entre la Russie et la Turquie, à la suite de l'intervention de la femme du tsar auprès du Grand Vizir ; Charles XII et Stanislas n'ont pas pu participer aux négociations.
En 1714, Charles XII confère à Stanislas la jouissance de sa principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken), proche de la Lorraine. Stanislas peut y cultiver la musique et les arts, la philosophie et les sciences dans le palais baroque « aux allures orientales » qu’il fait construire et qu'il baptise Tschifflik (« maison de plaisance » en turc), en souvenir de son séjour à Bender. Lors de son séjour dans la principauté, il perd sa fille aînée Anna.
À la mort de Charles XII, en 1718, Stanislas et sa famille trouvent refuge auprès du duc Léopold Ier de Lorraine, beau-frère du Régent ; en , après la médiation du baron Stanislas-Constantin de Meszek, ils sont accueillis sur le territoire français, à Wissembourg en Alsace.
Il loge d'abord au château Saint-Rémi puis dans un hôtel plus spacieux mis à sa disposition par le bailli de Weber qui le tenait de son beau-père, le receveur de l'ordre teutonique Jaeger. La famille vit de manière modeste, grâce à une pension de 1 000 livres par semaine octroyée par le Régent. Stanislas y vit entouré d'un cercle de courtisans de plus en plus réduit. Son entourage domestique se partage honneurs et titres de cour, désormais vides de sens, et ne cesse pourtant de se quereller pour des questions de préséances.
En 1725, le mariage surprenant de Louis XV avec la fille de Stanislas, Maria Leszczyńska, sort la famille de son triste exil et propulse de nouveau l'ancien roi sur la scène européenne.
À la mort du Régent, le , le duc de Bourbon (Monsieur le Duc) obtint de Louis XV la charge de Premier ministre. Le Régent avait prévu que Louis XV, qui allait sur ses treize ans, épousât une infante d'Espagne, alors âgée de six ans. Cette perspective lointaine inquiétait le duc de Bourbon car, si Louis XV venait à décéder avant de s'être marié et d'avoir engendré un héritier mâle, la couronne reviendrait au fils du Régent, le jeune Louis d'Orléans (1703-1752). En effet, Louis XV avait toujours été de santé fragile et nombreux étaient ceux — notamment parmi les politiques et les diplomates — qui pensaient qu'il n'atteindrait pas l'âge adulte[3].
Le duc de Bourbon, membre d'une branche cadette rivale des Orléans, prince du sang et Premier ministre, ne voulait pas perdre le pouvoir. Devenu Premier ministre, il eut donc une obsession : marier le Roi et lui faire faire des enfants le plus vite possible. Un malaise dont fut pris le roi en le convainquit de précipiter le mouvement : l'infante d'Espagne fut renvoyée à Madrid et un Conseil, tenu le , examina les différents partis possibles pour la remplacer. Poussé par sa maîtresse, l'ambitieuse marquise de Prie, il n'hésita pas à provoquer la colère de la cour d'Espagne et, parjurant la parole de la France, rompit les fiançailles afin de chercher à marier le roi adolescent à une princesse pouvant lui assurer au plus tôt une descendance.
Après avoir éliminé les princesses trop âgées ou trop jeunes et celles qui étaient liées aux Orléans (comme les filles de Léopold Ier de Lorraine), celles qui n'étaient pas d'assez haute extraction (comme la fille de Stanislas), et celles qui n'étaient pas catholiques (orthodoxes comme la fille du tsar, calvinistes ou luthériennes comme nombre de princesses allemandes), il ne restait aucune candidate.
Le duc de Bourbon proposa une de ses sœurs mais la manœuvre, trop grossière, échoua.
On « repêcha » alors la fille de Stanislas, âgée de 22 ans. Le Premier ministre ainsi que la marquise de Prie, espéraient en retour une reconnaissance éternelle qui leur assurerait la conservation du pouvoir.
Monsieur le Duc, qui était veuf depuis 1720 et sans postérité, avait envisagé d'épouser lui-même la princesse polonaise et avait fait un certain nombre d'avances en ce sens.
Lorsque fut dépêché, en , le peintre Pierre Gobert pour faire le portrait de la princesse Marie, Stanislas fut persuadé que ce projet prenait forme. Aussi, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque, le , lundi de Pâques, un courrier lui apporta un pli, cacheté du sceau du duc de Bourbon, qui lui demandait sa fille en mariage au nom de Louis XV !
Marie Leszczyńska accepta immédiatement la proposition qui lui était faite. Le , à son petit lever, Louis XV fit l'annonce officielle du mariage. Le , la famille vint s'installer à Strasbourg où, le , le mariage fut célébré par procuration dans la cathédrale par le cardinal de Rohan, grand aumônier de France et évêque du diocèse.
Stanislas et sa femme quittèrent Strasbourg le et arrivèrent le au château de Bourron, près de Fontainebleau, où ils retrouvèrent leur fille. Le lendemain, Louis XV vint leur rendre visite pour la première fois.
Stanislas rendit cette visite le à Fontainebleau et, le , il partit pour Chambord où il avait été décidé qu'il s'établirait, plutôt qu'à Saint-Germain-en-Laye. Il y résida jusqu'en 1733, venant incognito, chaque automne rendre visite à sa fille. Il s'y adonnait à la chasse tout en méditant des projets de bibliothèque d'étude et d'académie qu'il allait mettre en application une fois devenu duc de Lorraine. Il eut aussi à son service le compositeur parisien Louis Homet (alors en place à Orléans, ville située à une quarantaine de kilomètres de Chambord).
Les relations de Stanislas avec Louis XV furent généralement assez froides. En présence de son beau-père, Louis XV ressentait assez durement qu'il n'avait pas épousé la fille d'une des premières familles d'Europe. Néanmoins, Stanislas était cultivé et spirituel, et s'intéressait aux sciences et aux techniques, ce qui fournissait un sujet d'intérêt commun[3].
La mort d'Auguste II, roi de Pologne, survenue le , ouvrit une crise de succession. L'empereur Charles VI[4] et la tsarine Anne se prononcèrent en faveur de l'électeur de Saxe, Auguste III, fils du roi défunt, tandis qu'en France, mais aussi en Pologne, un parti militait pour la restauration de Stanislas. Le cardinal de Fleury n'avait guère de sympathie pour cette cause, mais ne put rien empêcher. Stanislas partit sous fausse identité pour la Pologne par voie terrestre pendant qu'un sosie, le chevalier de Thianges, prenait ostensiblement la mer à Brest sur un navire français. Stanislas arriva à Varsovie le et fut élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie par la diète dès le .
Mais les adversaires de Stanislas avaient déjà commencé à prendre les armes. Dès son élection, la Russie envoya des troupes et, le , Stanislas dut se réfugier à Dantzig (Gdańsk) pour y attendre de l'aide ; de son côté, le , Auguste III était proclamé roi à Varsovie.
Le , Louis XV, ne pouvant s'en prendre à la Russie, difficile à atteindre, déclara la guerre à son allié, l'empereur Charles VI, marquant le début de la guerre de Succession de Pologne.
Pour éviter de s'aliéner les puissances neutres, le cardinal de Fleury n'envoya que de faibles renforts à Stanislas, assiégé à Dantzig par les troupes russes à partir de et soumis à un incessant pilonnage d'artillerie. Il se borna à dépêcher quelques bateaux portant environ 2 000 hommes. Ceux-ci finirent par débarquer fin mai avec à leur tête le comte de Plélo qui fut tué. Stanislas, dont la tête avait été mise à prix, dut s'évader sous un déguisement le , aidé par un agent secret de Louis XV, le chevalier de Béla ; après diverses aventures, il atteignit la Prusse le , à Marienwerder (Kwidzyn), sur la rive orientale de la Vistule. Dantzig capitula le .
Sitôt reconnu, Stanislas bénéficia de l'hospitalité de Frédéric-Guillaume Ier, qui l'installa au château de Königsberg. Il s'y lia d’amitié avec le prince héritier Frédéric, le futur Frédéric II de Prusse, avec lequel il entretint une abondante correspondance.
Pendant ce temps, en quelques mois de combats, la France prenait l'ascendant sur l'Autriche de Charles VI.
Charles VI se trouvant dans une situation militaire délicate offrit à Louis XV de négocier un traité de paix. Le cardinal de Fleury y vit l'opportunité de contrôler enfin les duchés de Lorraine et de Bar qui, quoique pris en tenaille par les possessions françaises (trois évêchés : Toul, Verdun, Metz, route d'Alsace), gênaient les communications entre Paris et l'Alsace, le duc de Lorraine et de Bar étant ouvertement favorable à l'Empereur dont il devait épouser la fille aînée et héritière, Marie-Thérèse d'Autriche.
Après des négociations difficiles, le duc de Lorraine refusant d'abandonner ses sujets et son patrimoine, il fut convenu le , dans un accord appelé « les Préliminaires de Vienne », que Stanislas recevrait en viager les duchés de Lorraine et de Bar qui reviendraient à la France à sa mort, le duc de Lorraine François III (futur Empereur François Ier) recevant à titre de compensation le grand-duché de Toscane au décès du grand-duc régnant. François III, réticent mais contraint par l'Empereur, signa le l'acte de cession du duché de Bar mais attendit jusqu'au pour renoncer au duché de Lorraine.
Entre-temps, le , Stanislas avait quitté Königsberg pour s'installer le au château de Meudon.
Après avoir abdiqué officiellement le trône de Pologne, le , il fut contraint par les ministres de Louis XV, de signer une déclaration secrète, appelée « déclaration de Meudon », par laquelle il déclarait ne pas vouloir se « charger des embarras des arrangements qui regardent l'administration des finances et revenus des duchés de Bar et de Lorraine » Stanislas s'en remettait au roi de France, qui entrait en possession des duchés « dès maintenant et pour toujours ».
En compensation, Stanislas recevait une rente annuelle de 1 500 000 livres, qui serait portée à 2 millions au décès du grand-duc de Toscane. Stanislas s'engageait à nommer « un intendant de justice, police et finances … ou autre personne sous tel titre et dénomination qu'il sera jugé à propos, lequel sera choisi de concert avec S.M. Très-Chrétienne. Ledit intendant ou autre exercera en notre nom le même pouvoir et les mêmes fonctions que les intendants de province exercent en France. » Stanislas agréa, avec le titre de chancelier, le , le beau-frère du contrôleur général Orry, Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, qui avait été proposé par le cardinal de Fleury. Celui-ci prit possession au nom de Stanislas, le du duché de Bar et le de celui de Lorraine.
Stanislas fut fraîchement accueilli par la population lorraine, très attachée à la famille ducale, et son intendant Chaumont de la Galaizière fut unanimement haï et demeure un personnage à l'image noire dans la mémoire des Lorrains.
Le à Versailles, Stanislas et sa femme prirent congé de Louis XV, et le roi vint leur rendre visite le lendemain.
Le , Stanislas partit pour la Lorraine et arriva dès le à Lunéville que la duchesse douairière (sœur du défunt régent) et ses filles (que le duc de Bourbon avait dédaignées), venaient de quitter pour Commercy dont elle recevait la souveraineté en viager.
Stanislas dut loger chez le prince de Craon, puisque François III était parti avec l'ameublement de ses châteaux et que Louis XV n'avait pas pris soin de pourvoir ce beau-père qu'il méprisait.
La reine Catherine le rejoignit le .
Le et le , Stanislas promulgua les édits créant son Conseil d'État et son Conseil des Finances et Commerce, sur des bases étroitement dérivées du système en vigueur en France : il s'agissait, surtout, d'accoutumer — non sans brutalité — les Lorrains à devenir français.
Stanislas n'avait donc aucun réel pouvoir politique, mais néanmoins il n'est pas resté inactif en Lorraine, en ce qui concerne notamment la fondation de la Bibliothèque Royale de Nancy, de la Société Royale des Sciences et Belles-lettres ou encore de la Mission royale, monuments…
Chaque automne, Stanislas Leszczynski et sa femme quittaient le duché de Lorraine pour rendre visite à leur fille à Versailles. Passant le plus clair de leur temps à la cour, ils rejoignaient le soir le Grand Trianon qui était mis à leur disposition pendant la durée de leur séjour[5].
À Nancy, le duc de Lorraine n'avait guère de pouvoir, mais il jouissait de revenus confortables. Il voulut chercher à marquer l'histoire en entretenant une cour brillante et en protégeant artistes et gens de lettres. Il créa la Bibliothèque royale de Nancy, publique (1750), et la Société Royale des Sciences et Belles-lettres, qui prit bientôt le nom d'Académie de Nancy. Cette dernière devait à la fois diffuser les connaissances, promouvoir la langue française ainsi que la tolérance religieuse et politique du siècle des Lumières.
Rappelons que la Lorraine est un vrai État administratif bien avant le rattachement définitif à la France. Le chancelier, représentant le souverain français, a pris la tête de cette administration performante et y accomplit réformes et ajustements. La langue de la haute justice et administration était le français (sauf en Lorraine allemande et cela jusqu'en 1748[6]), mais les populations parlaient surtout une variété de dialectes lorrains[7].
Favorable à la liberté et à la séparation des pouvoirs, Stanislas, quoique profondément croyant, se tint à l'écart des excès de tous les fanatismes, religieux ou athées comme le montre son essai philosophique : L'Incrédulité combattue par le simple bon sens (1760).
Dans ses États, il mit en place des initiatives sociales en avance sur son temps : écoles, hôpitaux, bibliothèques publiques, greniers collectifs, secours aux plus démunis, etc. Il jeta même les bases d'une cité idéale inspirée de ses propres réalisations dans l'Entretien d'un Européen avec un insulaire du royaume de Dumocala (1752). Il signa « le Philosophe bienfaisant » une série d'essais philosophiques bien dans l'esprit des Lumières, comme Le combat de la volonté et de la raison (1749).
Il dota sa capitale, Nancy, du magnifique ensemble édifié autour de l'actuelle place Stanislas par l'architecte Emmanuel Héré : une grande place oblongue, dite « place neuve de la Carrière », réunit la vieille ville à la ville neuve. Elle communiquait avec la place Royale (aujourd'hui « place Stanislas »), créée en l'honneur de son gendre Louis XV. Inaugurée en , elle est entourée d'immeubles magnifiques et close de grilles dorées, chefs-d'œuvre de ferronnerie de Jean Lamour. Le centre de la place est occupé depuis 1831 par une statue de Stanislas, qui a remplacé celle de Louis XV, enlevée sous la Révolution française. Stanislas fit également édifier l'église Notre-Dame de Bonsecours, l’hôtel des Missions Royales, les places d’Alliance et de la Carrière et encore les portes Saint-Stanislas et Sainte-Catherine.
Par donation de 100 000 francs pris sur sa cassette personnelle, il participa à la reconstruction de la ville de Saint-Dié, partiellement détruite par un incendie en 1757.
Stanislas installa plusieurs résidences royales (châteaux de Commercy, La Malgrange, Jolivet et Einville) et fit transformer le château de Lunéville surnommé le Versailles lorrain. Le parc fut entièrement réaménagé par l’architecte Emmanuel Héré qui orna les jardins de fabriques : kiosque d’inspiration turque, pavillon du Trèfle au toit en forme de « chapeau chinois », maisonnettes (« les Chartreuses »), théâtres de verdure, fontaines, pavillon de la Cascade, pavillon de Chanteheux, et un Rocher qui mettait en mouvement des automates dans un décor pastoral. Passionné par l'art sous toutes ses formes, le roi gastronome aurait inventé le baba au rhum à Lunéville[8].
« À cette cour de Lunéville qui brillait d'un si vif éclat qu'elle semblait un reflet de la cour de Versailles, […] la première place revient à Mme de Boufflers qui, après la mort de Catherine Opalińska, reine de Pologne, ne quitta plus que rarement la cour de Lorraine, dont elle faisait les honneurs au nom du roi, et cela, au grand déplaisir du RP Menoux, confesseur de Stanislas[9]. »
Louise-Adélaïde de Bourbon, princesse de la Roche-sur-Yon, et Marie-Thérèse de La Ferté-Imbault se rendent à la cour de Lunéville et Stanislas tombe amoureux de cette dernière, la demandant en mariage. Toutefois le mariage ne se fera pas, mais le vieux roi continuera à adresser des lettres enflammées à la marquise de La Ferté-Imbault, fille de Madame Geoffrin.
Stanislas devient le parrain de son arrière-petit-fils, le comte de Provence, le . Il est toujours vivant à la naissance de son arrière-arrière-petite-fille, Marie-Thérèse d'Autriche (1762-1770), fille du futur Joseph II du Saint-Empire.
Âgé de quatre-vingt-huit ans, il meurt à Lunéville le au terme d'une longue agonie. En effet, âgé et très imposant, il est grièvement brûlé le lorsque sa robe de chambre prend feu accidentellement devant la cheminée de sa chambre, au moment où il veut raviver la braise[10]. Le lendemain de sa mort, on embaume le corps. Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l'église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu'à la Révolution française. Son corps est inhumé dans un cercueil en plomb surmonté d'une couronne et de deux sabres au centre de la crypte de l'église Notre-Dame de Bonsecours de Nancy, un monument funéraire est construit derrière l'autel de l'église face à celui de sa femme[11].
Son décès permet l'annexion de la Lorraine par le royaume de France avec la création du Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois.
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