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Siem Reap

ville du nord-ouest du Cambodge De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Siem Reap (សៀមរាប, littéralement "Siamois écrasés"), dont la prononciation correcte est /siem riep/ et non /siem réap/, est la capitale de la province éponyme, dans le nord-ouest du Cambodge. Ville de taille moyenne, elle se situe à proximité immédiate du complexe archéologique d’Angkor, à environ 314 km au nord-nord-ouest de la capitale Phnom Penh.

Faits en bref Administration, Pays ...
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Description

Siem Reap se caractérise par un tissu urbain mêlant architecture coloniale et sino-khmère, particulièrement visible dans le "quartier français" et autour du Vieux Marché, où subsistent des bâtiments de type Shophouse (compartiments chinois) à deux ou trois niveaux, associant boutique en façade, espaces de stockage ou de séjour à l’arrière et logements aux étages. La ville s’inscrit en outre dans un environnement culturel et paysager structuré par les festivals de danse apsara, les ateliers d’artisanat, les fermes séricicoles, les rizières, les villages de pêcheurs et les sanctuaires ornithologiques à proximité du Tonlé Sap.

Depuis la fin du conflit armé et la sécurisation de la région d’Angkor au milieu des années 1990, Siem Reap connaît une croissance rapide étroitement liée à l’essor touristique. À partir des années 2000, l’afflux de capitaux étrangers se traduit par une forte densification de l’offre hôtelière : petits établissements autour du Vieux Marché, hôtels de luxe le long de la route nationale 6 entre l’aéroport international et le centre, et gamme intermédiaire concentrée sur la rue Sivatha et dans le secteur de Phsar Leu.

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Compartiments chinois typiques
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Etymologie

Siem Reap signifie littéralement "Siamois écrasés" et, selon la tradition cambodgienne, ce nom renverrait à une victoire des troupes khmères sur une armée siamoise en 1549[1], souvent attribuée au règne d’Ang Chan au XVIᵉ siècle[2]. Cette interprétation s’appuie sur l’analyse populaire des termes siem ("Siam, les Thaïs") et réap ("écraser, mettre en déroute") et nourrit un récit national centré sur la résistance khmère face à Ayutthaya. Toutefois, une partie de l’historiographie contemporaine considère cette explication comme une étymologie rétrospective, davantage issue du folklore et de la construction mémorielle que d’un événement historique solidement attesté, de sorte que l’origine exacte du toponyme demeure incertaine[3].

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Histoire

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Implantation ancienne

Structurée par la proximité du Tonlé Sap et par un réseau de rizières, de digues et de canaux, la région est occupée dès les périodes pré-angkoriens par des communautés rurales dont l'archéologie et l'étude du paysage révèlent la continuité. Au tournant du IXe siècle, cet espace est intégré au cœur politique de l'Empire khmer jusqu'au XIVe siècle[4]. Les capitales royales se déploient à Angkor et dans ses marges immédiates, formant une vaste agglomération agro-urbaine où se combinent infrastructures hydrauliques, habitat dispersé, complexes monumentaux et réseaux routiers. Ce que l'on nomme aujourd'hui Siem Reap n'est alors pas une ville distincte, mais une composante de cette métropole impériale dont les grands sanctuaires (Angkor Vat, Angkor Thom, Bayon, etc.) strcuturent encore fortement le paysage.

Déclin d'Angkor et développement d'une campagne sacralisée

Le déclin d’Angkor à partir du XVᵉ siècle et le déplacement du centre de gravité politique vers le sud du Cambodge ne signifient pas pour autant l’abandon de la région. Les temples sont réinvestis comme sanctuaires bouddhiques, les enceintes anciennes abritent des villages et des pagodes, et une économie rurale vivace continue d’exploiter les systèmes hydrauliques hérités.

La zone correspondante à l’actuelle Siem Reap se présente alors comme une campagne sacralisée, marquée par la persistance des pratiques rituelles et par un maillage de communautés villageoises, plutôt que comme une entité urbaine pleinement constituée. La continuité d’occupation, la réinterprétation religieuse des ruines et le maintien des circulations locales préparent toutefois le terrain à l’émergence d’un centre plus structuré à l’époque contemporaine.

Agrandissement sous l'impulsion coloniale française

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Ancienne résidence du gouverneur français à Siem Reap, reconvertie en hôtel FCC Angkor.

La constitution de Siem Reap en ville moderne est indissociable de la période du protectorat français et de la mise en place d’un appareil savant chargé de l’étude et de la conservation d’Angkor.

Bien que connu des populations locales et déjà mentionné par des voyageurs européens, le site d’Angkor est "redécouvert" pour le public occidental au XIXᵉ siècle, notamment grâce aux récits et aux dessins du Français Henri Mouhot[5]. À partir de la fin du XIXᵉ siècle, les ruines attirent voyageurs et pillards (notamment Clara et André Malraux, futur ministre de la Culture du général de Gaulle)[5], administrateurs et érudits, puis la création de l’École française d’Extrême-Orient et, en 1907, de la Conservation des monuments d’Angkor, installée à proximité immédiate, confèrent au petit bourg riverain un rôle de base logistique, administrative et scientifique[6].

Autour des bâtiments de la Conservation, du quartier administratif, du marché et des axes reliant le parc monumental au Tonlé Sap se dessine un noyau urbain qui demeure de taille limitée jusqu’au milieu du XXᵉ siècle. L’indépendance du Cambodge en 1953 ne met pas fin à ce rôle, mais les conflits successifs, la prise de pouvoir des Khmers rouges en 1975 et l’isolement international entraînent l’interruption des chantiers de restauration, la fermeture du centre EFEO local et une fragilisation durable des structures urbaines et sociales[4].

Une ville du patrimoine mondial

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Marché de Siem Reap

La phase la plus récente s’ouvre avec le retour progressif à la paix et l’inscription d’Angkor au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992 après vingt-cinq ans de dictature et de guette civile[4]. La réinstallation de l’EFEO à Siem Reap la même année, la reprise des programmes de recherche et de formation, ainsi que la mise en place d’une coopération internationale autour de l’Autorité APSARA contribuent à redéfinir la ville comme porte d’entrée scientifique et patrimoniale du site monumental[7].

Parallèlement, l’essor des flux touristiques et la construction d’infrastructures (aéroport international, hôtels, quartiers résidentiels et commerciaux) provoquent une croissance rapide de l’agglomération, désormais première destination touristique du pays. Dès la première année de réouverture, les visiteurs affluent à Angkor. En trois mois, la ville enregistre 200 visiteurs, un niveau sans précédemment jusqu'alors.

Il convient toutefois de nuancer le récit selon lequel Angkor aurait été "sauvé" de la jungle, tropisme typiquement européen qui prolonge le mythe d’une "découverte" d’Angkor par l’Occident, largement instrumentalisé dans le contexte de l’expansion coloniale du XIXᵉ siècle. Un tel récit occulte le fait qu’Angkor Vat était largement connu dans la région et avait conservé, tout au long de l’époque moderne, son statut de haut lieu de pèlerinage bouddhique en Asie du Sud-Est.

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Tourisme

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Angkor

Le site d’Angkor, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, constitue l’ensemble monumental qui fait la renommée internationale de Siem Reap. Au cœur du parc archéologique se dresse Angkor Wat, temple-montagne dédié à l’origine à Vishnou, dont la série ascendante de cinq tours culmine en une imposante tour centrale symbolisant le mont Meru. Des milliers de mètres carrés de parois y sont couverts de bas-reliefs illustrant les grands récits de la mythologie hindoue, notamment la lutte des dieux et des démons pour récupérer l’élixir de vie (amrita) dans l’épisode du Barattage de la mer de lait.

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Bayon, temple khmer construit à la fin du XIIᵉ ou au début du XIIIᵉ siècle et situé dans l’ancienne ville d’Angkor, dans l’actuel Cambodge.

Au nord, Angkor Thom, vaste ville royale fortifiée édifiée par Jayavarman VII à la fin du XIIᵉ siècle, conserve le Bayon et ses célèbres tours à visages, ainsi que plusieurs ensembles majeurs : Baphuon, Phimeanakas, la Terrasse des Éléphants et la Terrasse du Roi Lépreux, accessibles par un système de cinq portes monumentales ouvertes aux quatre points cardinaux et par la Porte de la Victoire à l’est.

Autour de ces deux pôles, une constellation de temples et d’ensembles rituels se déploie dans le paysage : Ta Prohm, laissé en partie envahi par les racines des fromagers, Preah Khan, Banteay Kdei, Phnom Bakheng, Ta Keo, Ta Som, East Mebon, Prè Rup, Neak Pean, ainsi que le groupe de Roluos à l’est de Siem Reap. Ces monuments sont généralement visités en suivant le "petit circuit" et le "grand circuit" qui organisent l’exploration du parc. Le Musée national d'Angkor, au sud du site, complète la visite en présentant l’"âge d’or" de la civilisation khmère et en offrant une mise en contexte historique, religieuse et artistique des sculptures et inscriptions provenant de ces différents temples.

Lotus Silk Farm

Ouverte en 2023, la Lotus Silk Farm est une entreprise sociale durable dédiée à la renaissance de l’art ancien du tissage de la soie de lotus au Cambodge. La ferme présente l’ensemble du processus, de la récolte des tiges de lotus jusqu’à la création de tissus d’exception. Les visiteurs peuvent découvrir les méthodes de production écologiques, observer les artisans qualifiés au travail et même participer à des ateliers[8].

Musée de la guerre

Le War Museum Cambodia couvre les trois dernières décennies du XXᵉ siècle, période durant laquelle les Khmers rouges étaient actifs au Cambodge. On y trouve une vaste collection de véhicules, d’artillerie, d’armes, de mines et d’équipements militaires. Le musée fait appel à des guides qui sont d’anciens combattants ayant servi dans l’armée cambodgienne, chez les Khmers rouges ou dans l’armée vietnamienne[9].

Marchés

L’Old Market se situe entre Pub Street et la rivière de Siem Reap et propose un mélange de souvenirs pour touristes et une grande variété de produits alimentaires et d’autres marchandises destinés aux habitants[10].

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Transports

Les variations saisonnières du niveau des rivières, en particulier dans le système MékongTonlé Sap, structurent profondément la vie au Cambodge. Le peuple khmer en est directement tributaire : agriculture, pêche, circulation et implantation des villages dépendent étroitement du rythme des crues et des décrues. Cette hydrologie instable est à la fois une ressource vitale et un facteur de vulnérabilité pour les sociétés khmères[11].

La ville se trouve à 50 kilomètres du nouvel Aéroport international de Siem Reap-Angkor et est accessible par des vols directs en provenance de nombreuses villes d’Asie, ainsi que par la route depuis Phnom Penh et vers la frontière thaïlandaise. L’ancien aéroport est désormais fermé et tous les vols existants ont été définitivement transférés vers Siem Reap–Angkor. Des bus relient Phnom Penh et Battambang, le trajet entre Phnom Penh et Siem Reap prenant environ cinq heures. Siem Reap est également accessible en bateau (via le lac Tonlé Sap). La ville compte en outre un nombre important de tuk-tuk utilisés principalement par les touristes, avec environ 6 000 chauffeurs en activité en 2019.

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Au cinéma

Angkor

  • Lara Croft: Tomb Raider (2001, Simon West) - Filmé à Ta Prohm, au Bayon et dans d’autres temples du complexe d’Angkor, près de Siem Reap ; c’est ce film qui a popularisé l’expression "Tomb Raider temple" pour Ta Prohm.
  • Lord Jim (1965, Richard Brooks) - Superproduction britannique avec Peter O’Toole, tournée en partie à Angkor Wat ; c’est longtemps l’un des rares grands films hollywoodiens tournés sur place.
  • In the Mood for Love (2000, Wong Kar-wai) - Les dernières scènes du film (monologue du héros Chow Mo-wan (Tony Leung Chiu-wai) dans un trou de mur avant de le sceller) sont tournées dans l’enceinte d’Angkor Wat, qui sert de conclusion symbolique à l’histoire d'amour avec Su Li-zhen (Maggie Cheung).
  • Transformers: Dark of the Moon (2011, Michael Bay) - Quelques plans très brefs utilisent les temples d’Angkor (notamment Ta Prohm et Bayon) comme arrière-plan exotique dans la séquence de lancement des "Pillars".

Angkor / Siem Reap

  • Two Brothers / Deux frères (2004, Jean-Jacques Annaud) - Raconte l’histoire de deux tigres nés "dans la jungle cambodgienne près d’Angkor Wat" et utilise les ruines d’Angkor comme décor colonial des années 1920.
  • First They Killed My Father (2017, Angelina Jolie) - Filmé en grande partie au Cambodge ; plusieurs séquences mettent en valeur la région d’Angkor et les environs de Siem Reap, même si le cœur du récit reste la période khmère rouge.
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Personnalités

  • Son Chhay (1956-), homme politique, est né à Siem Reap.
  • Dith Pran (1942–2008), photojournaliste et personnage principal du film The Killing Fields - film britannique de 1984 qui raconte, à travers l’histoire vraie du journaliste cambodgien Dith Pran et de son collègue américain Sydney Schanberg, les violences et massacres perpétrés par les Khmers rouges au Cambodge dans les années 1970.
  • Dap Chhuon (1912–1959), chef de guerre, général et homme fort régional, né et mort à Siem Reap. Figure controversée de la politique cambodgienne des années 1940-1950, il fut notamment gouverneur de la province de Siem Reap et ministre de la Sécurité intérieure avant d’être impliqué dans le "Dap Chhuon affair" et exécuté.
  • Tep Vong (1932–2024), moine bouddhiste theravāda, né à Siem Reap, devenu l’un des plus hauts dignitaires religieux du Cambodge (chef suprême de l’ordre Maha Nikaya) après la chute des Khmers rouges. Sa trajectoire illustre le rôle de Siem Reap comme foyer religieux autant que touristique.
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Jumelage

Notes et références

Liens externes

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