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Les Sicules ou Széklers [seklɛr] (hongrois : székely [ˈseːkɛj], pluriel : székelyek [ˈseːkɛjɛk] ; roumain : Secui) sont un groupe ethno-linguistique de langue hongroise présent essentiellement en Transylvanie et lié historiquement aux Magyars. Les Sicules habitent originellement le « Pays sicule » (Székelyföld en hongrois, Țara secuilor, Secuime, en roumain), région montagneuse située à l'Est de la Transylvanie, sur les județe roumains de Harghita, Covasna et la moitié du Mureș, ainsi qu'un arrondissement de celui d'Alba. Leur capitale historique est Odorheiu Secuiesc, en hongrois Székelyudvarhely.
Roumanie | 680 000[réf. nécessaire] |
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Hongrie | 195 000[réf. nécessaire] |
Diaspora | 120 000 |
Population totale | 995 000[réf. nécessaire] |
Régions d’origine | Europe orientale et Oural (d'origine hunnique selon leur propre tradition) |
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Langues | hongrois (parler sicule) |
Religions | paganisme puis catholicisme (à partir du XIe siècle), calvinisme et unitarisme (à partir du XVIe siècle) |
Ethnies liées | Sicules de Bucovine, Csángós, Magyars |
Les Sicules se seraient établis en Transylvanie au XIIe siècle avec pour principale fonction la protection de la frontière orientale du royaume de Hongrie. Leur singularité ethnographique au sein du royaume est à l'origine d'un fort sentiment identitaire, dont le débat sur leurs origines et leur lien avec les Magyars est encore très discuté. En 1437, ils sont d'ailleurs considérés comme une nation à part entière lorsqu'est conclu le Unio trium nationum avec la noblesse hongroise et la bourgeoisie saxonne signifiant une triple entente pour la domination politique de la Transylvanie. L'intégration symbolique des Sicules à la nation hongroise moderne est très tardive : elle se fait lors de la Révolution hongroise de 1848. Ce sentiment identitaire est désormais dilué dans un fort sentiment régionaliste à l'égard des Roumains d'une part (revendications d'autonomie territoriale) et des autres locuteurs du hongrois en Roumanie d'autre part. Ne bénéficiant pas de reconnaissance spécifique, ils sont d'ailleurs assimilés à la communauté magyare de Roumanie dont ils constituent plus de la moitié des effectifs.
Le nom hongrois Székely des Sicules pourrait signifier littéralement « siégeois » si c'est une dénomination dérivée de szék, le « siège » civil et militaire des garde-frontières, faisant référence au statut et à l'organisation territoriale des Sicules au Moyen Âge.
D'autres étymologies considérées moins probables seraient le nom Eskil d'une tribu des Bulgares de la Volga, supposant une origine turque, ou bien un mot hongrois formé sur szëg/szög « coin » de façon parallèle à szegély « bord », les Sicules étant les habitants des frontières[1].
Les origines précises des Sicules sont encore vagues et sujettes à débat entre différentes théories :
Les historiens hongrois penchent en général pour une migration favorisée par la conquête de la Pannonie à la fin du IXe siècle, par les tribus nomades magyares. Les Sicules auraient alors constitué une première vague migratoire, hors du territoire magyar originel de l'Etelköz (entre le Don et les Carpates, soit l'Ukraine actuelle).
Les Sicules ne sont pas mentionnés durant cette période nommée Honfoglalás.
Il semble que la description la plus précise faite des mœurs, de l'histoire et des territoires sicules date du XIXe siècle : A Székelyföld leírása (Description du pays des Sicules), rédigée entre 1859 et 1868 par Balázs Orbán.
Les Sicules formaient une population déjà bien distincte des autres Hongrois à partir du Moyen Âge, et obtinrent certains privilèges (exemption d'impôts) de la part des rois hongrois en échange du rôle de garde-frontière qu'ils assumaient aux portes du nouveau royaume magyar (notamment contre les invasions tatares au XIIIe siècle). De fait, la réputation des Sicules au Moyen Âge était celle de farouches guerriers.
En 1437, les Sicules participent, aux côtés des Valaques jusque-là leurs égaux au sein de la principauté de Transylvanie, à la révolte de Bobâlna (en hongrois : Erdélyi parasztfelkelés) qui se termine en février 1438. Orthodoxes, les paysans valaques, mais aussi des magyars sous l’influence des Hussites, se révoltent contre l’Église catholique et contre les nobles, sous la conduite d’un Sicule, Antal Budai Nagy (en). Appuyés par la bourgeoisie urbaine et la petite noblesse, ils reprochent à l’Église catholique, dont le prestige est entamé par le Grand schisme d'Occident (1378-1417) sa corruption, ses richesses (elle possède 12 % du territoire transylvain) et ses privilèges (elle perçoit la dîme y compris sur les joupanats valaques qui eux, sont orthodoxes). La révolte fut déclenchée par la décision de l’évêché catholique de Gyulafehérvar/Alba Iulia, d’employer des hommes d’armes pour collecter des dîmes impayées. Vainqueurs à Bobâlna en juin 1437, Sicules et Valaques obtiennent d’importantes concessions ainsi que le ralliement de la bourgeoisie magyare ou saxonne des principales villes.
Mais la noblesse, avec l’aide du voïvode transylvain Jean Zápolya, engage des armées de mercenaires et convoque les représentants des Sicules et des Saxons le à Căpâlna en les sommant de choisir leur camp. Même tous les délégués n’y adhèrent pas, une « Union fraternelle », appelée l’« Union des trois nations » regroupe alors la noblesse hongroise, les Sicules et les Saxons : les Valaques restent seuls en lutte[4] mais, comme ils sont majoritaires dans le pays et que la bourgeoisie urbaine continue à les soutenir, la guerre se poursuit et la ville de Kolozsvár/Cluj, qui a pris parti pour les révoltés, est prise d’assaut en 1438. Les chefs de la révolte sont mis à mort, et les Valaques, qui formaient jusqu’alors l’un des états (« nations ») du voïvodat transylvain (Universitas valachorum) perdent leurs droits et sont ravalés au rang de serfs dans le nouveau statut de la Principauté, calqué sur l’« Union des trois nations ».
Pendant la Réforme, une partie de la population sicule se convertit à l’unitarisme, une autre au calvinisme (auquel se convertit également une partie des Hongrois), une autre encore restant catholique[5].
La principauté de Transylvanie, jusque-là vassale du royaume de Hongrie, devient indépendante au début du XVIe siècle, faisant office de royaume de Hongrie orientale après le partage du reste de la Hongrie entre les Autrichiens et les Turcs à la suite de la défaite de Mohács.
Selon Auguste de Gérando, dans leur révolte de 1562, « les Sicules avaient 40 000 hommes sous les armes, c'est-à-dire le quart de toute la population »[6].
Elle devient après en 1699 vassale de l’empire d'Autriche. Jusqu’à la réforme, en 1784, de l’empereur Joseph II d'Autriche, les Sicules conservent leurs privilèges, « sièges » et statut de « servientes regi » à ceci près qu’à la place du roi, ils servent l’Empereur à travers les gouverneurs de la Transylvanie. En 1784 ils sont intégrés dans les confins militaires de l’empire des Habsbourg (« Transylvanie militaire ») au sein desquels l’égalité entre eux et les Valaques est rétablie[7]. Après le Compromis austro-hongrois de 1867, la Trasylvanie disparaît comme composante de l’Empire pour devenir partie intégrante de la Hongrie au sein de l’Autriche-Hongrie, jusqu’en 1918, lorsqu’elle est intégrée à la Roumanie.
Au XIXe siècle, les progrès de l'éducation et des voies de communication (routes, voies ferrées) font sortir le pays sicule de son isolement séculaire, et le nationalisme romantique se répand parmi les Sicules, se traduisant par une intégration de plus en plus poussée de leur identité régionale dans l'identité hongroise. Mais simultanément l'évolution de la législation abolit leur ancien statut et les transforme, au sein de l'Empire austro-hongrois, en sujets comme les autres du royaume de Hongrie.
À l'issue de la Première Guerre mondiale et de la dislocation de l'Autriche-Hongrie, le Conseil de la Transylvanie (moins les voix des représentants hongrois) vote le son rattachement à la Roumanie, officialisé par le traité de Trianon en 1920. Les représentants de la Hongrie protestent parce que le « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » du président Wilson n'est pas appliqué vis-à-vis d'eux. Par la voix de leur député József Fay, les Sicules, en revanche, acceptent le nouvel ordre des choses, tout en posant des conditions[8]. Le roumain devient langue officielle à côté du hongrois qui continue à être utilisé dans les secteurs administratifs, juridiques et éducatifs. Le pays sicule conserve ses comitats désormais appelés județe en roumain. Depuis 1921, les Sicules ont un hymne officieux : l'Hymne des Sicules (en hongrois : Székely Himnusz), écrit par Kálmán Mihalik et dont la musique a été composée par György Csanády.
Durant la Seconde Guerre mondiale, plus précisément le , le Deuxième arbitrage de Vienne rend à la Hongrie le nord de la Transylvanie (incluant la quasi-totalité des Sicules). En raison de l'engagement de la Roumanie contre l'Axe à partir d'août 1944, le traité de Paris de 1947 consacre le retour à la Roumanie de la Transylvanie septentrionale avec le pays sicule.
Le le régime communiste abolit les județe et les remplace par des régions plus grandes sur le modèle des oblasts soviétiques, dont l'une est la Province autonome magyare (« Magyar Autonóm Tartomány/Regiunea Autonomă Maghiară »), ayant pour chef-lieu Târgu Mureș (Marosvásárhely). Les limites de cette région englobent la plupart des zones où les Sicules sont majoritaires et le hongrois y est langue officielle. Des modifications sont apportées en 1960 quand le territoire perd sa partie méridionale (à majorité sicule) mais une région à majorité roumaine lui est rattachée à l'ouest, faisant ainsi baisser la proportion de Sicules dans cette nouvelle région de « Mureș-Province autonome magyare ». Huit ans plus tard, une nouvelle réforme administrative rétablit trois județe, ceux de Covasna, Harghita et Mureș) et le hongrois cesse d'être langue officielle.
Aujourd'hui les Sicules sont représentés au Parlement roumain par l'UDMR, qui représente également les autres Magyars de Roumanie. Cette organisation politique à caractère ethnique, qui attire entre 5 % et 7 % des voix, joue le rôle de charnière dans diverses coalitions gouvernementales depuis le début des années 1990. En , des hommes politiques sicules ont constitué une organisation politique propre, le Conseil national sicule (Székely Nemzeti Tanács).
Constituant légèrement plus de la moitié des Hongrois de Roumanie, soit près de 850 000 personnes sur 1 434 377 (2002), leur proportion pourrait être plus importante : à l'intérieur de la minorité dite « hongroise », des dizaines de milliers de Roms magyarophones se déclarent « Hongrois » à l'occasion des recensements. Les magyarophones constituent au total 6,6 % de la population du pays (recensement de 2002). Aux derniers recensements de 2002 et 2011 qui donnaient le choix entre identité ethnique hongroise (en hongrois magyar) ou sicule (székely), la quasi-totalité des Sicules se sont déclarés Hongrois en considérant les Sicules comme un sous-groupe des Hongrois, et seules 500 personnes environ se sont déclarées Sicules. Dans les județe de Harghita/Hargita et Covasna/Kovaszna ou Haromszék, la population sicule est très majoritaire (plus de 80 %) selon ce recensement, et bien que le roumain soit langue officielle tout comme le hongrois, il est impossible de communiquer en roumain dans la sphère publique, car la majorité des habitants se refusent à parler cette langue, selon un processus d'affirmation semblable à celui des Flamands en Belgique[9]. Sur les bâtiments publics plusieurs drapeaux peuvent être arborés : partout l'Europe et celui du Pays sicule, plus rarement ceux de la Roumanie et de la Hongrie (bien que le roumain soit obligatoire, et le second théoriquement réservé aux visites officielles de représentants de la Hongrie)[10],[11].
Les Sicules de Transylvanie sont majoritairement calvinistes à l'ouest de la chaîne de Harghita qui divise en deux le judet du même nom, et catholiques à l'est de cette chaîne, entre celle-ci et les Carpates. Ils ont préservé leur dialecte[12] et leurs traditions spécifiques au cours des siècles (parfois au prix de révoltes violentes contre les Habsbourg, comme en 1514, 1562 et 1600, sous les férules hongroise et autrichienne). De nouvelles tensions, apparues après le rattachement de la Transylvanie à la Roumanie en 1918 et après la chute du communisme, ainsi que la recherche de meilleures conditions de vie, auraient conduit plusieurs milliers d'entre eux à aller s'installer en Hongrie (environ 200 000 personnes en 90 ans). Avec l'adhésion de la Hongrie et de la Roumanie à l'Union européenne, un mouvement de retour a été amorcé.
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