Shōji Ueda
photographe japonais De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Shōji Ueda, né le à Sakaiminato et mort le , est un photographe japonais originaire de la région de Tottori. Dans les années 1930, il commence sa carrière avec le groupe Chūgoku Shashinka Shūdan comprenant Ryōsuke Ishizu, Kunio Masaoka et Akira Nomura. Son travail le plus connu fait partie de la série des Paysages de dunes mettant en scène différents personnages dans les dunes de sa région natale. Il a également été professeur de 1975 à 1994 à l'université Kyūshū Sangyo de Fukuoka.
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植田正治 |
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Shōji Ueda, naît le à Sakaiminato, un port encadré par une montagne célèbre, dans la région de Tottori au Japon. D’abord intéressé par la peinture, Shoji Ueda découvre la photographie vers 1928. Son père, cordonnier, lui offre un Vest-Pocket Kodak pour ses seize ans. Ueda commence alors à pratiquer la photographie en amateur dans un photo club amateur de Yonago, tout en suivant des cours à l’université. En 1932, il étudie la photographie à l’Oriental School of Photography de Tōkyō et rentre dans sa ville natale pour y ouvrir un studio. Parallèlement, il intègre des associations de photographes et participe à des concours.
Sa carrière commence vraiment en 1937, quand il fonde le Chūgoku Photographers Group, qui réunit des photographes comme Ryōsuke Ishizu, Kunio Masaoka et Akira Nomura. Ses premières mises en scène d’enfants font bientôt leur apparition. S’il échappe à la guerre pour raison de santé en 1939, le photographe interrompt son travail par conviction jusqu’en 1945. Quand il reprend, il réalise quelques-uns de ses travaux les plus connus : Paysages de dunes, mettant en scène différents personnages dont des proches, les membres de sa famille, et parfois lui-même dans les paysages naturels de dunes de sa région natale.
Ses photographies sont primées dans de nombreux concours et publiées dans les magazines Camera, Asahi Camera, Nippon Camera… Il expose aussi, notamment à Osaka, à Tōkyō en 1953, et au MoMA de New York sur invitation d’Edward Steichen en 1971. En 1987, il est invité à participer aux Rencontres, en 1982 la photokina de Cologne lui consacre une exposition. En 1993, la Tokyo State Gallery présente une grande rétrospective de son œuvre, puis le musée de l'Élysée en 2007, et enfin la Maison européenne de la photographie en 2008. Il fait également quelques publications, très souvent des ouvrages inédits en Europe comme Children The Year Round en 1971, sur le thème des enfants.
Professeur à l'université de Sangyo Kyūshū de Fukuoka de 1975 à 1994, Ueda réalise plusieurs commandes publicitaires qui sont remarquées, notamment pour le catalogue de Kituchi Takeo. En 1983, sa femme disparaît et le photographe perd, pour un temps, le gout pour son travail. Son œuvre devient cependant fort populaire au Japon, et le photographe réussit à promouvoir son médium, alors fort peu considéré dans le pays par rapport à la peinture.
Loin des centres artistiques de Tōkyō, Ueda élabore un travail inclassable car à la fois hors de tout mouvement inscrit dans l’histoire de la photographie, et inspiré des cultures européenne et japonaise mélangées. Son style est en marge par rapport aux tendances documentaires en Europe à ce moment.
Si ses premières photographies sont pictorialistes, il prend très vite le goût de l’expérimentation, en découvrant en 1931 la revue anglaise Modern Photography, qui présente des œuvres de Man Ray, Kertesz, Emmanuel Sougez et d’autres recherches avant-gardistes européennes. Il commence alors ses propres expérimentations de solarisation et de déformation sous l’agrandisseur, de contre-plongées, jeux de cadrages, saturation,… Il mêle motifs naturels et effets graphiques, rompant avec la première impression d’instantanéité : « J’aime bien que l’on sente la légère intervention du photographe ». Ces effets donnent d’étrange résultats comme Paysage avec station de train en 1931 ou Voisins photographiés en plongée.
Mais c’est avec sa photographie Quatre filles, en 1939, qu’Ueda définit vraiment son style. Pour cette photographie, il demande à quatre fillettes rencontrées sur la plage de poser, chacune à sa façon, les unes à côté des autres. Les quatre personnes regardent dans des directions différentes, ce qui donne presque l’impression de plans indépendants montés ensemble, rompant avec les règles classiques de composition.
C’est ce surprenant art de la mise en scène que le photographe développe, jouant avec les motifs, l’improvisation, la spontanéité ou l’arrangement des postures de ses modèles…
Ueda nous projette dans un univers très personnel, et mystérieux, réunissant à la fois fantaisie et sobriété, poésie et humour. En effet, le photographe ne se prend pas au sérieux : gardant un statut très humble tout au long de sa vie, il se revendique simple amateur en photographie, comme le fait Jacques-Henri Lartigue en Europe. Celui-ci est d’ailleurs la seule référence qu’Ueda cite volontiers dans ses discours : « Lartigue a été mon maître absolu. Il était si curieux de tout... Ses photos traduisent parfaitement son âme. J’aurais voulu que toutes mes photos ressemblent aux siennes. »
Son lieu d’action se limite à sa région natale, qu’il explore sous tous les angles. Les dunes de sable blanc constituent un théâtre dans lequel il fait jouer ses personnages pour réinventer une réalité à sa convenance. « Les dunes, c'est mon studio. (…) On ne peut pas trouver d'arrière-plan plus parfait, car l'horizon est étirable à l'infini. Je dirais que la dune est un paysage presque naturellement photographique. C'est la nature mais réduite à un fond unique. »
Avec une économie de moyens, Ueda utilise les lumières éblouissantes de cet environnement pour introduire du blanc dans ses images, jouer par opposition sur les ombres délicates et les formes épurées, et sur les caractéristiques propres au noir et blanc : « Le monde en noir et blanc recèle quelque chose de mystérieux qui ne peut être décrit, et qui est formidablement séduisant. Est-ce faux de penser que cela touche nos cœurs d’autant plus fort que nous vivons à une époque où tout peut être photographié en couleur ? ». C’est dans ce décor de sable blanc, seuls ou avec des amis, que le photographe aime flâner et chercher inlassablement ses sujets à photographier pendant son temps libre : un visage d’enfant, une ombre, un paysan, des bois flottés…Il s’intéresse aussi à d’autres paysages ou objets servant de motifs. Corps et objets s’égaillent dans des ordonnancements irréels.
Mort le à l’âge de 87 ans, Ueda est aujourd’hui considéré comme l’un des photographes les plus brillants de son siècle au Japon. Sa région natale a créé un musée à Tottori en son honneur.
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