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conflit entre le Royaume-Uni et l'Afghanistan de 1878 à 1880 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La seconde guerre anglo-afghane oppose de 1878 à 1880 le Royaume-Uni à l'Afghanistan, nation gouvernée par Shir Ali Khan, fils de l'émir Dost Mohammed Khan de la dynastie Barakzaï. Pour la seconde fois[1], le Raj britannique envahit l'Afghanistan.
Date | 1878 – 1880 |
---|---|
Lieu | Afghanistan |
Issue |
Victoire britannique
|
Émirat d'Afghanistan | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et Raj britannique |
Shir Ali Khan, Mohammad Ayub Khan |
Sir Donald Stewart, Frederick Roberts, Sam Browne |
12 700 tués et blessés | 1 630 tués et blessés |
Batailles
Bataille de Chahar Asyab
Bataille de Maiwand
Bataille de Kandahar (1880) (en)
Cette guerre, à l'issue de laquelle les Britanniques réalisent tous leurs objectifs géopolitiques, s'achève par le traité de Gandamak. Presque tous les soldats britanniques et indiens se retirent du pays. De plus, les Afghans peuvent conserver leur souveraineté en matière de politique intérieure. Cependant, ceux-ci doivent abandonner la politique extérieure de leur pays à la Couronne britannique[2],[3], ce qui établira un semi-protectorat, de fait.
Le traité de Gandamak durera jusqu'à l'éclatement en 1919 d'un nouveau conflit à la suite duquel l'Afghanistan gagnera une indépendance complète.
Le congrès de Berlin, en , ayant apaisé les tensions en Europe avec la Grande-Bretagne, la Russie tourna ses espoirs vers l’Asie centrale (le Grand Jeu). L'été même, elle envoya une mission diplomatique à Kaboul. Shir Ali Khan, l’émir d’Afghanistan, tenta sans succès de faire arrêter les émissaires russes, mais ils arrivèrent à Kaboul le . Craignant la conclusion d'un traité secret, les Britanniques demandaient à leur tour le que Shir Ali reçoive une délégation.
Or non seulement l'émir refusa de recevoir la mission conduite par Neville Bowles Chamberlain, mais il menaça d'arrêter les diplomates s'ils entraient dans son pays. Lord Lytton, vice-roi des Indes, dépêcha néanmoins une mission diplomatique à Kaboul en , mais les émissaires britanniques furent interceptés alors qu'ils s’approchaient de l'entrée orientale du défilé de Khaïber, ce qui déclencha la deuxième guerre anglo-afghane.
La guerre est déclarée le . Un corps expéditionnaire britannique d'environ 35 000 combattants, pour l'essentiel européens et indiens, marcha en trois colonnes empruntant la passe de Khyber, la vallée de Kurram et la passe de Bolan[4]. Shir Ali, catastrophé, essaya en vain d'en appeler au tsar de Russie en personne, puis se réfugia à Mazâr-e Charîf, où il mourut le [5].
L'armée britannique occupant alors l'essentiel de son pays, le fils et successeur de Shir Ali, Mohammad Ya'qub Khan, ratifia le traité de Gandomak en , essentiellement pour éviter une annexion pure et simple. Au terme de ce traité, moyennant des subsides annuels et de vagues assurances d'assistance en cas d'agression étrangère, Yaqoub abandonna toute prérogative en matière de politique extérieure. La légation britannique ouvrit des bureaux à Kaboul et d'autres grandes villes, l'autorité britannique s’étendit aux défilés de Khaïber et de Michni, et l’Afghanistan céda diverses régions des confins nord-ouest et la province de Quetta à la Grande-Bretagne. Enfin l'armée britannique se retira.
Pourtant, le , un soulèvement à Kaboul se solda par le massacre du consul britannique, Louis Cavagnari, de sa garde et de ses collaborateurs, ouvrant la seconde phase du conflit.
Le major-général Frederick Roberts fit traverser à l'Armée de Kaboul le défilé de Shutargard, marcha vers le centre de l'Afghanistan, défit l’Armée afghane à Char Asiab le , et occupa Kaboul. Le ghazi Mohammad Jan Khan Wardak organisa la résistance et attaqua l'armée britannique au camp de Sherpur, près de Kaboul, en : ce fut un échec cuisant. Yaqub Khan, suspect de complicité dans le massacre de Cavagnari et de ses hommes, fut contraint d'abdiquer. Les Britanniques envisagèrent alors divers scénarios politiques, dont l'émiettement de l’Afghanistan en principautés, ou l'avènement du frère de Yaqoub, Mohammad Ayub Khan, mais leur choix se porta finalement sur un de ses cousins, Abdur Rahman Khan, qui devint ainsi émir.
Ayub Khan, qui avait été gouverneur de la province de Herat, se révolta, mit en déroute un détachement britannique à Maïwand en et assiégea Kandahar. Roberts fit alors évacuer Kaboul par le gros de l’armée britannique et au mois de septembre, il écrasa les partisans d'Ayub Khan à Kandahar, mettant un terme au conflit. Abdur Rahman avait ratifié le traité de Gandamak, laissant les Britanniques maîtres des territoires du Nord-Ouest et leur abandonnant la politique extérieure du pays[6],[7],[2],[3].
Les Britanniques renoncèrent cette fois à humilier les Afghans en nommant un résident à Kaboul ; ayant atteint tous leurs objectifs, ils se retirèrent.
L’officier britannique John Masters signale dans son autobiographie qu’au cours de la deuxième guerre anglo-afghane, les femmes pachtounes des provinces nord-ouest des Indes châtraient les soldats prisonniers non-musulmans, comme les Britanniques et les Sikhs[8],[9]. Elles les exécutaient aussi en leur urinant dans la bouche[10]. Les captifs britanniques étaient attachés sur le sol et leur bouche maintenue entrouverte par un bâton ou un morceau de bois ; les femmes pachtounes urinaient à tour de rôle jusqu'à l'asphyxie du condamné[11],[12],[13],[14],[15],[16]. Cette technique d'exécution aurait été une « spécialité » des femmes de la tribu pachtoune des Afridi[17],[18].
Plusieurs combats menés par les Britanniques entre 1878 et 1880 peuvent être considérés comme des victoires décisives. Les batailles marquées d'une astérisque (*) ont valu aux soldats impliqués une décoration (la médaille de l'Afghanistan).
Le docteur Watson, ami et biographe de Sherlock Holmes, est un médecin militaire ayant servi dans l'Armée des Indes. Le premier chapitre d’Une étude en rouge comporte un bref récit de la deuxième guerre afghane. Dans les nouvelles du cycle de Sherlock Holmes, on retrouve de loin en loin des allusions à la blessure de fusil jezaïl reçue par Watson lors de ce conflit ; mais Conan Doyle évoque tantôt une blessure à l'épaule, tantôt à la jambe du célèbre médecin.
M. M. Kaye fait de la deuxième guerre afghane la toile de fond de son roman Pavillons lointains. Le héros, Ashton Pelham Martyn (Ashok) est envoyé comme espion à Kaboul, où son meilleur ami est nommé chef de la mission Cavagnari. Le livre s'achève sur la chute de Bala Hissar à Kaboul, et le massacre des Britanniques et de leurs auxiliaires après d'âpres combats (presque tous les détails sont tirés de sources d'époque) ; le héros et sa femme s'enfuient à cheval vers l'Himalaya.
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