Un sanctuaire peut —en parlant d’un site de l’Église catholique— désigner informellement un lieu de pèlerinage comme dans d’autres religions. Mais le Code de droit canonique de caractérise ce qui est attendu d’un tel site, et définit précisément ce que doivent être un «sanctuaire diocésain», un «sanctuaire national» et un «sanctuaire international».
Un sanctuaire diocésain (ou juste «sanctuaire») est un édifice ou un lieu sacré accueillant des pèlerinages et reconnu notablement important par l’ordinaire du lieu[c 1], en général un évêque.
Un sanctuaire national est un sanctuaire diocésain reconnu par la conférence épiscopale référente comme ayant une importance religieuse, culturelle ou historique significative[c 2].
Un sanctuaire international est un sanctuaire national également reconnu par le Saint-Siège comme ayant une influence internationale[c 2]. Il y en a en plus de dix, en majorité en Europe.
On trouve parfois le terme de «sanctuaire paroissial» pour désigner un lieu de pèlerinage n’ayant pas encore achevé les démarches nécessaires pour devenir un sanctuaire diocésain.
Le terme de «sanctuaire archidiocésain» est usuellement employé pour désigner un sanctuaire déclaré comme diocésain par un archidiocèse, sans que cela ne change quoi que ce soit.
Les statuts du sanctuaire (propriété et administration, essentiellement[c 3]) doivent être approuvés par ces mêmes institutions[c 4].
Sanctuaire diocésain
Les sanctuaires doivent être des lieux ayant une importante dévotion populaire[c 1]. Ils doivent permettre une pratique de la liturgie convenable, et «annoncer avec zèle la parole de Dieu»[c 5]. Les pratiques locales de piété populaire doivent y être facilitées[c 5], et des mesures de sécurité prises pour protéger les reliques ou autres objets de dévotion ainsi que les témoignages de piété[c 6]. Un lieu qui remplit toutes ces obligations peut être proposé par la paroisse à l’ordinaire du lieu—en général un évêque, mais ce peut être également un vicaire général ou épiscopal— pour être désigné sanctuaire diocésain.
Sanctuaire national
Lorsqu’un sanctuaire diocésain a acquis une importance certaine, il peut être proposé par l’évêque à la conférence épiscopale référente (nationale ou multi-nationale) afin d’être élu sanctuaire national. Il doit pour cela remplir certaines obligations, définies par la conférence épiscopale (voir par exemple le document normatif de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, l’USCCB[1]), et passer par diverses étapes de confirmation[2]. La conférence épiscopale a également le devoir de s’assurer de la qualité d’accueil et doit donc prévoir les démarches permettant la destitution d’un sanctuaire.
Le terme de «sanctuaire» désigne étymologiquement le «lieu le plus sacré» d’un édifice religieux, donc par exemple le lieu où se situe le maître-autel dans une église[5], ou l’emplacement d’un reliquaire. Par synecdoque, l’usage a progressivement glissé jusqu’à désigner le bâtiment religieux lui-même, et s’est de fait associé dans l’esprit avec les pèlerinages destinés à aller voir la relique ou le lieu saint, autour du XIXesiècle[t 1].
Les premiers lieux jouant pour le christianisme le rôle de sanctuaires—au sens général du mot— sont les lieux saints mentionnés dans les Évangiles et l’Ancien Testament; les pèlerinages s’organisent dès le début du IIIesiècle et se multiplient au IVesiècle. Le Moyen Âge développe les cultes liés aux reliques des saints, et fait émerger de cela l’aspect économique du sanctuaire[6] et la protection juridique du pèlerin[7].
Pour reconnaître et distinguer les édifices au centre d’un pèlerinage, l’Église met progressivement en place la notion de basilique. Ce titre est d’abord porté par de grandes églises ayant une importance historique religieuse forte, de manière honorifique. À partir du XVIesiècle, il revient au pape de nommer les nouvelles basiliques, permettant de mettre en avant un vocable, un saint ou un pèlerinage qu’il désire promouvoir[8].
Le mot «sanctuaire» est absent du Code de droit canonique de . Les premiers usages officiels de l’Église catholique du terme dans le sens de «lieu de pèlerinage reconnu» datent des accords du Latran, en [t 2],[9]. Le texte était cependant en préparation depuis ; le juriste Arturo Carlo Jemolo qui travaillait dessus fait ainsi dès cette période une distinction entre sanctuaire «majeur» et «mineur»[t 3].
La basilique Notre-Dame-du-Rosaire de Pompéi en Italie, sélectionnée début XXesiècle par Jemolo comme exemple de «sanctuaire majeur» —mais qui n’est toujours pas élevée au rang de sanctuaire national en 2023.
La première définition canonique du mot est proposée en au pape PieXII par la Sacra congregatio de seminariis et studiorum universitatibus, et communiquée aux ordinaires le [10]: un sanctuaire est «[une église ou un édifice sacré] destiné à l’exercice publique du culte, qui pour un motif particulier de piété est considéré par les fidèles comme un lieu de pèlerinage visant à obtenir des grâces ou à prononcer des vœux.»
La définition actuelle de «sanctuaire» apparaît finalement dans le Code de droit canonique de , qui abroge celui de [11]. Elle précise différents «niveaux» en impliquant les prélats et les conférences épiscopales. Plusieurs lieux étaient déjà définis par «sanctuaire» ou «sanctuaire national» à cette date; les différentes conférences épiscopales ont donc eu à édicter des règles pour gérer ces cas (voir par exemple les points 1 et 2 du document normatif de l’USCCB[1]).
Alors qu’il apparaissait —une seule fois, cependant— dans le Code de droit canonique de , le terme de «basilique» disparaît complètement de celui de ; cela suggère que le statut canonique des basiliques devrait à terme se fondre dans celui des sanctuaires[11].
Le Directoire sur la piété populaire et la liturgie publié le donne plusieurs conseils concernant la gestion des sanctuaires, concernant par exemple le fait de faciliter la pénitence[d 1], de prendre en compte la présence des pèlerins dans le cadre de la célébration de l’eucharistie[d 2], de permettre l’onction des malades[d 3], de valoriser la liturgie des Heures[d 4], de mettre en avant la charité[d 5], de développer l’aspect culturel du lieu[d 6],etc.
Il faut noter également que certaines conférences épiscopales—des îles britanniques, notamment—, pour des raisons historiques et d’usage, peuvent accepter comme sanctuaire des reliques ou des reliquaires, plutôt que des lieux. Voir par exemple le sanctuaire national Saint-Olivier-Plunket de Drogheda en Irlande[15].
Liste des sanctuaires
Résumé
Contexte
Sanctuaires internationaux
Entre onze et douze sanctuaires sont en reconnus sanctuaires internationaux[Note 1]:
Le sanctuaire du Martyre de Haemi en Corée du Sud, l’un des sanctuaires internationaux.en Corée du Sud (où est officiellement utilisée l’appellation «lieu de pèlerinage international»[17], et où les deux sanctuaires sont parfois comptés comme un seul[18]):
Il y a plus de 200 sanctuaires nationaux[Note 2]. La liste complète en est difficile à maintenir, du fait de l’aspect décentralisé de la notion; certaines conférences épiscopales communiquent peu de plus sur ces évolutions organisationnelles.
En Amérique centrale —y incluant le Mexique et les Antilles, dont Porto Rico et Trinité-et-Tobago—, il y a autour de vingt-cinq sanctuaires nationaux[Note 4].
Il y a environ soixante-quinze sanctuaires nationaux en Amérique du Nord, en ne comptant que le Canada et les États-Unis[Note 5]. Le premier pays en compte six (voir également la liste des sanctuaires nationaux du Canada), alors que les États-Unis multiplient les lieux sanctuarisés —quitte à favoriser les destitutions.
Il y a une petite cinquantaine de sanctuaires nationaux en Asie[Note 7]. Plus de la moitié cependant sont situés aux Philippines (3epays ayant le plus de catholiques au monde), avec également une forte densité au Sri Lanka.
Si un sanctuaire baisse trop en fréquentation, n’arrive pas à maintenir la qualité d’accueil, doit fermer,etc., il peut être destitué de ses statuts. Par exemple, l’USCCB vérifie chaque sanctuaire de son territoire tous les dix ans[40],[1]. On ne peut guère espérer lister tous les sanctuaires déchus, seulement citer des exemples.
Le couvent Sainte-Élisabeth(en) de Bensalem, en Pennsylvanie, aux États-Unis, a été sanctuaire national Sainte-Catherine-Drexel de [41] jusqu’en [g 40], car il accueillait la tombe de la sainte. Il a fermé en à la suite de la vente des bâtiments au monde séculier. La tombe a été l’année suivante déplacée à la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Philadelphie, et c’est donc cet édifice qui pourrait regagner le statut, ayant rapidement été nommé sanctuaire diocésain[42].
Cela est sans compter les églises qui ont un jour été qualifiées de «sanctuaire national», mais ont arrêté d’utiliser la dénomination pour se mettre en conformité avec les définitions postérieures, comme par exemple l’église du Sacré-Cœur-de-Jésus de Moca en République dominicaine[g 43],[47].