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sainte catholique du XVIIe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marguerite Alacoque, en religion sœur Marguerite-Marie, née le à Verosvres, petit village de Bourgogne et morte le à Paray-le-Monial, est une religieuse de l’ordre de la Visitation, mystique, attachée au culte du Sacré-Cœur de Jésus. Elle a été canonisée en 1920 par l'Église catholique. Sa fête est le 16 octobre.
Marguerite-Marie Alacoque | |
Sœur Marguerite-Marie Alacoque. | |
Sainte, religieuse, mystique, disciple du Sacré-Cœur | |
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Naissance | 22 juillet 1647 Verosvres, royaume de France |
Décès | 17 octobre 1690 (à 43 ans) Paray-le-Monial, royaume de France |
Nom de naissance | Marguerite Alacoque |
Nationalité | Française |
Ordre religieux | Visitation de Sainte-Marie |
Vénéré à | Paray-le-Monial chapelle des apparitions, rue de la visitation |
Béatification | 18 septembre 1864 |
Canonisation | 13 mai 1920 |
Fête | 16 octobre |
Attributs | Habit de visitandine avec l'image du Sacré-Cœur en main ou agenouillée devant l'apparition du Christ. |
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Marguerite Alacoque est la cinquième enfant de Claude Alacoque et Philiberte Lamyn, qui jouissent d’une bonne position sociale : le père est notaire royal. Dès ses cinq ans, elle manifeste une ferveur particulière encouragée par ses parents. Après le décès du père en 1655, la mère et les enfants tombent sous la coupe de cousins, les Delaroche, qui prennent possession du domaine familial. À l'âge de 9 ans, Marguerite est envoyée en pension chez les Clarisses urbanistes de Charolles. Peu après sa première communion, elle tombe malade et doit être ramenée chez elle. Elle demeure alitée pendant quatre ans. Elle fait vœu à la Vierge d'entrer dans la vie religieuse si elle recouvre la santé. Sa guérison ne met pas fin à ses épreuves : elle est le souffre-douleur des Delaroche. À ses 18 ans, sa mère et son frère Chrysostome souhaitent pour elle un mariage qui permettrait à la famille de se relever d'une situation de dépendance depuis la mort du père. Malgré le dilemme que cela représente pour elle, les pressions familiales et ses propres doutes, elle persiste dans son vœu de devenir religieuse[1].
Elle visite plusieurs couvents, et en entrant dans celui de la Visitation de Paray-le-Monial, elle affirme qu’une voix intérieure lui dit : « C’est ici que je te veux »[2].
Le , à l'âge de 24 ans, elle entre au monastère et prononce ses vœux perpétuels en . De santé fragile, elle n'en pratique pas moins la flagellation, ainsi que les macérations les plus extrêmes, voire les plus répugnantes, qu'elle mentionne elle-même dans ses Mémoires[3].
En , Jean Eudes institue, dans les communautés eudistes, la messe du Cœur de Jésus[4],[5].
À partir de décembre 1673, Marguerite-Marie a, d'après son propre témoignage, plusieurs visions du Christ[2]. La plus célèbre est la dernière, qui date de , au cours de laquelle Jésus lui montre son cœur :
« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour[6].»
Selon elle, il lui confie une autre mission : le , il demande que le roi de France Louis XIV effectue la « consécration de la France à son Sacré-Cœur et sa représentation sur les étendards du royaume. » Cette demande reste alors lettre morte.
Avec l’aide du jésuite Claude La Colombière, son « vrai et parfait ami », Marguerite-Marie fait connaître le message que Jésus lui a adressé.
Marguerite-Marie établit la pratique de l'Heure Sainte, qui consiste à prier, étendu par terre, le visage contre le sol depuis onze heures du soir jusqu'à minuit, le premier jeudi de chaque mois, afin de partager la tristesse mortelle qu'a supportée le Christ, quand il fut abandonné à son agonie par ses apôtres à Gethsémani, puis à recevoir le lendemain la communion[2].
« ...toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au jardin des Olives ; laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d’agonie plus rude à supporter que la mort. Et pour m’accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes apôtres, qui m’obligea à leur reprocher qu’ils n'avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure tu feras ce que je t’enseignerai. » [7]
Le Christ lui aurait également confié désirer que soit célébrée une fête en l'honneur de son Cœur le vendredi qui suit l'octave de la fête de son Corps[2] :
« C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après l'octave du saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. »[6]
C'est également à la suite de cette vision que Claude La Colombière se consacra personnellement au Sacré-Cœur, faisant de lui la première personne à s'y être consacré après Marguerite-Marie[8]. Celle-ci écrit plusieurs actes de consécrations qu'elle distribuera progressivement et feront partie intégrante du culte du Sacré-Cœur[9].
La fête du Sacré-Cœur est instituée dans l'Église catholique et finalement promue au rang de solennité dans le calendrier liturgique plusieurs siècles plus tard. Elle est aujourd'hui fêtée huit jours après la Fête-Dieu, respectant ainsi la demande initiale de Jésus-Christ. Le Christ aurait appelé la religieuse « disciple bien-aimée du Cœur Sacré » et héritière de tous ses trésors[10].
La pratique de la dévotion des neuf premiers vendredis du mois (le premier vendredi du mois, neuf mois d'affilée) tient quant à elle son origine de la « grande promesse » de Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque :
« Je te promets, dans l’excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis des mois, de suite, la grâce de la pénitence finale, ne mourront point dans ma disgrâce et sans recevoir leurs sacrements, mon divin Cœur se rendant leur asile assuré au dernier moment. »[11]
À une époque où la communion sacramentelle des fidèles était très rare, la pratique des neuf premiers vendredis du mois contribua d’une manière significative à la reprise de la pratique plus fréquente des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. La dévotion des premiers vendredis est censée apporter les fruits spirituels relatifs aux douze promesses suivantes de Jésus-Christ, en faveur des personnes dévouées à son Divin Cœur :
« 1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires à leur état.
2. Je mettrai la paix dans leurs familles.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à leur mort.
5. Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source de l'océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s'élèveront rapidement à une grande perfection.
9. Je bénirai moi-même les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, où il ne sera jamais effacé.
12. Je te promets, dans l'excès de la miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis du mois, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs Sacrements, et que mon divin Cœur sera leur asile assuré à cette dernière heure. »
Par l'insertion intégrale de cette promesse dans la bulle de canonisation de Marguerite-Marie[12] en date du , le pape Benoît XV a encouragé la pratique des communions réparatrices des neuf premiers vendredis du mois, en l'honneur du Sacré-Cœur.
Au cours de sa dernière maladie, elle refuse tout soulagement, ne cessant de répéter : « Ce que j’ai dans le Ciel et ce que je désire sur la terre, c’est toi seul, ô mon Dieu » et elle meurt en prononçant le nom de Jésus.
Ses restes reposent dans la chapelle de la Visitation à Paray-le-Monial.
L'ouverture de l'enquête diocésaine en vue d'une béatification a lieu le 15 octobre 1714[13] sous le pontificat du pape Clément XI.
En dépit de l'opinion populaire acquise aux les miracles obtenus par son intercession, les pressions jansénistes puis la Révolution française retardent sa béatification puis sa canonisation[14].
La discussion au sujet de la mission et des vertus de Marguerite-Marie se poursuit pendant des dizaines d'années. Il est fait examen de la totalité de ses actions, de ses révélations, de ses maximes spirituelles et de son enseignement concernant la dévotion au Sacré-Cœur, qu’elle avait exposée et dont elle était l'apôtre.
Au terme du procès, la Sacrée congrégation des rites émet un vote favorable et le , cent trente-quatre années après sa mort, le pape Léon XII la proclame "Vénérable"[15].
En 1830, des Commissaires apostoliques sont envoyés à Paray-le-Monial par le Saint-Siège afin d'enquêter sur les vertus de la vénérable. Ils procèdent à l'ouverture de son tombeau afin d'authentifier ses ossements et découvrent que son cerveau a résisté à la corruption, 140 années après sa mort. Quatre médecins présents sur place constatèrent le miracle et en rédigèrent le procès-verbal. Deux guérisons extraordinaires furent également constatées durant le séjour des Commissaires[15].
Les vertus et les écrits de Marguerite-Marie furent examinés pendant quatorze années.
Le 23 août 1846, le pape Pie IX déclara la constatation favorable des vertus de Marguerite-Marie pratiquées au degré héroïque[16].
Le , à la suite de la reconnaissance par l'Église de trois miracles, le bref de béatification est signé sous le pontificat de Pie IX. La cérémonie de béatification a lieu le à Rome. Une dernière ouverture de tombe est réalisée dans le cadre de la procédure de béatification, découvrant que son cerveau montrait encore des signes d'incorruptibilité 174 années après sa mort[16].
Marguerite-Marie Alacoque est canonisée par Benoît XV le [17]. Les deux miracles par intercession requis pour l'approbation de la canonisation furent la guérison instantanée et complète de Louise Agostini-Coleshi d'une méningo-myélite transversale chronique et la guérison instantanée et complète de la comtesse Antonia Artorri d'un cancer papillaire droit[18].
En 1901, en hommage à Marguerite-Marie Alacoque, la religieuse mexicaine Maria Guadalupe Garcia Zavala fonde, avec son directeur spirituel, le Père Cipriano Iñiguez, la congrégation des Servantes de Sainte Marguerite-Marie et des pauvres. En 1925, l'église Santa Margherita Maria Alacoque dans le quartier de l'Esquilin à Rome près de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem lui est dédiée.
Le pape Jean-Paul II se rend en pèlerinage à Paray-le-Monial le 5 octobre 1986, où il se recueille devant la châsse de Marguerite-Marie Alacoque, et lui rend hommage[19] :
Rendons grâce pour l’expérience mystique de sainte Marguerite Marie. Il lui a été donné, avec un éclat particulier mais dans une existence cachée, de connaître la puissance et la beauté de l’amour du Christ. Dans l’adoration eucharistique, elle a contemplé le Cœur transpercé pour le salut du monde, blessé par le péché des hommes, mais aussi “source vive” comme en témoigne la lumière qui rayonne des plaies de son corps ressuscité.
L’historiographie positiviste et anticléricale du XIXe siècle a analysé les mystiques sous l'angle clinique, dont le cas de Marguerite-Marie Alacoque : « Les troubles extatiques de cette dernière sont à la fois sexualisés et médicalisés. ». Pour Alfred Maury (1817-1882)[20], son désir d'union avec le Christ est l'expression d'une frustration sexuelle. Pour Jules Michelet (1798-1874), son cas relève d'un dérèglement physiologique[21].
Pour le psychanalyste Michel Coddens, Marguerite-Marie Alacoque s'inscrit dans une tradition mystique de mortifications extrêmes[22]. Jacques Lacan y décèle une forme de perversion[23][source insuffisante].
Éric Bidaud, psychanalyste, parle au sujet de Marguerite-Marie Alacoque d'un « état théopathique » dans lequel « la nécessité de s’avilir aux yeux de l’entourage » constitue une jouissance, en commentant ce passage de ses Entretiens mystiques[24] :
« Pourvu, ô mon souverain Maître ! que vous ne fassiez jamais rien paraître en moi d’extraordinaire, mais seulement ce qui pourra me causer le plus d’humiliation possible et d’abjection devant les créatures et me détruire dans leur estime. »
Les remarques éditoriales apportées à la réédition en 1978 de son manuscrit autobiographique[2] précisent toutefois que :
Certaines expressions, certains actes de mortification, avoués simplement, risquent de nous étonner - voire scandaliser. Gestes furtifs, dans l'élan généraux d'un amour de Dieu qui se prouve - accueilles par lui, mais non exigés - ils ne doivent pas nous arrêter. L'essentiel n'est pas là. Arrêtons-nous plutôt longuement à l'infinie tendresse du cœur du Christ qui se redit à chacun de nous...
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