Saint-Pierre-d'Allevard
ancienne commune française du département de l'Isère De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Saint-Pierre-d'Allevard est le nom d'une ancienne commune française située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis le et jusqu'aux élections municipales de 2020 elle avait le statut de commune déléguée de la commune nouvelle de Crêts en Belledonne[1].
Saint-Pierre-d'Allevard | |
Bourg de Saint-Pierre vu depuis la descente du col du Barioz. | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Auvergne-Rhône-Alpes |
Département | Isère |
Arrondissement | Grenoble |
Code postal | 38830 |
Code commune | 38439 |
Démographie | |
Gentilé | Saint-Pierrains(aines) |
Population | 2 887 hab. (2013) |
Densité | 107 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 45° 22′ 32″ nord, 6° 02′ 55″ est |
Altitude | Min. 429 m Max. 1 766 m |
Superficie | 27,09 km2 |
Élections | |
Départementales | Haut-Grésivaudan |
Historique | |
Commune(s) d'intégration | Crêts en Belledonne |
Localisation | |
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Bâti autour d'un prieuré clunisien datant du XIe siècle, c'est un bourg de moyenne montagne au riche passé minier (mines de fer) et industriel (sidérurgie, aciers spéciaux). Les bouleversements économiques du XXe siècle ont vu fermer la mine puis se réduire la production industrielle, transformant le paysage et les habitudes. Depuis le , Saint-Pierre-d'Allevard est membre de la communauté de communes du Pays du Grésivaudan.
Dans le cadre de la loi no 2015-292 du 16 mars 2015 relative à l'amélioration du régime de la commune nouvelle, Saint-Pierre-d'Allevard et la commune limitrophe de Morêtel-de-Mailles ont décidé de fusionner à partir du sous le nom de Crêts en Belledonne. L'arrêté préfectoral a été signé le [2].
La commune historique de Saint-Pierre est située dans la partie septentrionale de la chaîne de Belledonne qui est reliée au massif des Bauges par la combe de Savoie. Elle fait partie du « Pays d'Allevard » et de la série de bourgades construites sur les replats des « Balcons de Belledonne », entre Allevard au nord et Uriage au sud. Elle s'étend dans la vallée d'Allevard, une vallée glaciaire entre la montagne de Brame-Farine (1 192 m), au nord-ouest (qui la sépare de la vallée du Grésivaudan), les Cinq Crêts, au sud-sud-ouest, et l'épaulement (qui culmine à 1 726 m avec le Crêt du Poulet) qui la sépare à l'est de la vallée du Haut Bréda. Largement ouvert vers le nord, du côté d'Allevard, ce « plateau », qui est la partie sud d'un synclinal parallèle à la vallée du Grésivaudan, communique avec elle par les gorges du Fay au sud-ouest et avec les autres communes du Balcon de Belledonne par le col du Barioz (1 041 m). Le bourg ancien s'est construit sur l'adret, au pied de Brame-Farine, pour profiter au maximum de l'ensoleillement, raccourci en hiver par Les Cinq Crêts (de 1 285 à 1 150 m).
Une des particularités de la commune est son amplitude d'altitude : le bourg s'étale, du sud au nord entre 490 et 543 m, alors que le hameau le plus élevé, sur la route du col du Barioz, se trouve à environ 880 m d'altitude. Le point le plus bas de la commune, au lieu-dit le Champ du Pont est à 430 m, et le plus haut est le Crêt du Poulet, à 1 726 m. Les pentes assez raides transformant par temps d'orage ou de pluies persistantes les ruisseaux parfois intermittents en torrents dévastateurs ont amené la commune à surveiller leurs rives. Le fond marécageux a servi à établir au nord le lac du Flumet (bassin EDF de 4,7 Mm3) et subsiste au sud-est dans une zone classée « espace naturel sensible » : le marais de Sailles[3].
De nombreux lieux-dits et hameaux[4] s'étagent sur les pentes, essentiellement à l'est et au sud, en montant vers le col du Barioz, là où les sources ont permis très tôt une implantation fixe, alors que sur les pentes sèches, calcaires et plus raides de Brame-Farine l'implantation a toujours été plus réduite.
Sur la Montagne de Saint-Pierre, en direction du col du Barioz
L'histoire ancienne de Saint-Pierre est encore à écrire. Situé dans une région boisée au minerai de fer riche en manganèse et facilement exploitable, le bourg, bâti autour d'un prieuré clunisien, participe à l'histoire industrielle du canton d'Allevard, initiée par les chartreux de Saint Hugon en 1170, à une époque où le Dauphiné et la Savoie se structurent en deux principautés antagonistes, et qui verra son âge d'or à la fin du XIXe siècle avec l'exploitation intensive de La Taillat par la société Schneider du Creusot et la fabrication d'aciers spéciaux et d'aimants en 1874.
On sait peu de chose de la région avant le XIe siècle. Située en dehors des grands axes de communication, relativement difficile d'accès (par les gorges du Fay ou du Bréda, ou par les cols), elle n'a pas de traces d'occupation ancienne. Les filons de cuivre de Theys étaient exploités, en témoignent la hache à ailerons trouvée en 1896 près d'Allevard et le dépôt d'objets de bronze de Goncelin, découvert fortuitement en 1827 au sommet des Cinq Crêts[9], et si les Romains ont laissé des traces à La Rochette et à Goncelin[10], aucun vestige n'a été trouvé dans le pays d'Allevard, couvert de forêts avec une dépression marécageuse ou lacustre en son centre.
La période gallo-romaine et le haut Moyen Âge n'ont pas laissé plus de vestiges : occupée par les Burgondes, située par le traité de Verdun de 843, dans une Francie orientale rapidement divisée en royaumes plus ou moins éphémères mais dans le giron du Saint-Empire romain germanique, la région, pour résister aux invasions lombardes et aux raids sarrasins, se couvre de maisons fortes, demeures de petits seigneurs féodaux quasi indépendants sur les terres qu'ils protègent, comme les familles d'Arvillard, ou de Saint Pierre[11]. Le prieuré de Saint-Pierre est fondé en 1082 par les bénédictins de Cluny sur des terrains donnés par les Aynard (de Domène) et les Arvillars sur l'adret de Brame-Farine (bramatium ferinarum), en pleine querelle des Investitures ; il est dirigé par un prieur et abrite quelques moines. Il est suffisamment important pour que le pape Pascal II, revenant de Châlons-sur-Marne, où il a tenté de négocier avec les représentants de l'Empereur, y fasse étape en août 1107 lors de son retour en Italie[12].
À partir du XIe siècle, Dauphiné et Savoie se structurent progressivement et, dès 1140, la vallée d'Allevard est l'enjeu de conflits frontaliers d'autant plus compliqués que des rivalités existent entre propriétaires laïcs, souvent des nobles savoyards (à part les seigneurs de Saint-Pierre et de La Roche, des Aynard du Dauphiné), et propriétaires ecclésiastiques (qui dépendent de l'évêque de Grenoble), et même entre religieux séculiers (les prêtres de paroisses) et religieux réguliers (les bénédictins de Saint-Pierre et les chartreux de Saint Hugon)[13]. Mais en mai 1263, le seigneur Guigues de La Rochette vend ses terres au dauphin Guigues VII et les cinq paroisses (Allevard, Saint-Pierre, La Chapelle-du-Bard, Pinsot et La Ferrière) deviennent dauphinoises et forment le mandement d'Allevard[Note 2]. Cependant la seigneurie de Saint-Pierre reste en dehors du domaine delphinal[11]. Les conflits entre Savoie et Dauphiné sont sporadiques entre 1282 et 1354. En 1325, le bourg est incendié par les Savoyards, puis le conflit devient quasi permanent et la région régulièrement ravagée. Le Dauphiné ayant été cédé au roi de France en 1349, c'est ce dernier qui établit une paix définitive en 1355.
Durant les périodes de trêve, les dauphins avaient concédé deux chartes de franchises, en 1315 et 1337[Note 3]. Celles-ci accordent le statut d'hommes libres aux habitants du mandement et règlementent sa vie quotidienne. Des représentants de la population, les consuls et prud'hommes, qui deviennent les interlocuteurs privilégiés des officiers delphinaux, sont élus et acquièrent un certain pouvoir : perception de taxes, détermination des jours de foire, vente de bois, construction de moulins[14]... Quand Humbert II cède son domaine au royaume de France le 29 mars 1349 par le traité de Romans, est instauré le Statut delphinal, qui exempte les Dauphinois de nombreuses taxes et impôts.
L'enquête effectuée en 1339 à la demande du dauphin Humbert II signale l'existence d'une maison forte ou d'un château de « la Roche » sur la paroisse de Saint-Pierre : Castrum vocatum bastida de Ruppe » (un lieu fortifié appelé bastille de la Roche) décrit comme : situatum in dicta valle supra sanctum petrum in quodam molare quod molare vocatur molare de Ruppe (situé dans la-dite vallée au delà de Saint-Pierre sur un molard [une butte], lequel molard est appelé molard de la Roche)[15] et Castrum Ruppis alavardi (Château de la Roche d'Allevard) décrit comme : quodam alto molare ruppeo valde deffensabili (un haut molard rocheux, facile à défendre)[16],[17]. Le seigneur de Saint Pierre a droit de basse et moyenne justice, donc le droit d'« ériger des fourches et un pilori » (furcas et costellum erigendum[18]).
En 1349, au moment du transport du Dauphiné à la France, 90 feux (dont 16 nobles) dépendaient de la juridiction de la seigneurie de Saint-Pierre. En 1412, faute d'héritier mâle, le fief devient la dot de la dernière du nom, Françoise de la Roche, qui épouse Hugues de Commiers, et prend le nom de la Roche-Commiers. En 1774, à l'extinction de la maison des Commiers ce sont les Barral qui en héritent et Jean-Baptiste François de Barral (déjà seigneur d'Allevard et président à mortier au parlement de Grenoble) obtient, par lettres patentes de mars 1755, que la seigneurie soit érigée en baronnie par lettres patentes de mars 1755 (voir Personnalités liées à la commune)[19]. En 1865 Adolphe Joanne cite « le château de Roche-Commiers » dans son Itinéraire général de la France[20]. Les ruines étaient encore imposantes[21], mais deux incendies, dont le dernier, causé par la foudre, en 1963, les ont fait entièrement disparaître. Seule subsiste la clé de voûte de la porte d'entrée, en réemploi dans la ferme voisine, le nom du lieu-dit et une légende locale, celle des Dames de la Roche[Note 4].
Le fer est très présent dans les sociétés alpines dès l'Antiquité. Le savoir-faire des Allobroges est remarquable, et leurs armes et outils sont réputés[22], mais l'absence de documents ne permet pas de savoir quand ni comment est exploité le fer avant l'an 1000[23]. Tout au plus peut-on supposer que des exploitations ponctuelles de minerai de faible profondeur existaient : un ancien hameau appelé Rafour est attesté dans la forêt de la Périasse, au nord-est d'Allevard, un site particulièrement riche en minerai de surface ; et il n'est pas impossible qu'il soit à l'origine du terme générique rafour (nom donné aux bas-fourneaux ou fours à griller le minerai)[24].
La métallurgie du fer est implantée dans la région au moins depuis le XIe siècle : deux actes du cartulaire de 1090 font mention d'un village in burgo ferrarias (La Ferrière). En 1170, les Chartreux fondent la Chartreuse de Saint Hugon et deviennent co-seigneurs d'Allevard. En 1315, le dauphin Jean II accorde aux habitants l'autorisation de construire des usines sur le Bréda et le Bens[25].
L'exploitation minière fait travailler de nombreux corps de métier : les charbonniers, qui fabriquent le charbon de bois, les mineurs, qui sont aussi paysans, et les transporteurs. Le minerai de très grande qualité, de la sidérite, une fois « grillé » dans les rafours à proximité des fosses, est descendu ensuite à dos de mules vers l'atelier d'exploitation de Sailles (le martinet à fer), puis les produits finis (outils, marmites, fers pour cercler les roues, serrures) sont acheminés à dos de mules, par les abruptes et dangereuses gorges du Fay jusqu'au port de Goncelin, et de là, vers le sud de la France. Mais les grandes épidémies de peste noire du XIVe siècle qui tuent la moitié de la population sonnent le déclin de cette activité.
À la fin du XVIe siècle, toute la région commence à se couvrir de hauts-fourneaux « à la bergamasque ». À partir de 1606, on en construit cinq, dont un à Sailles. La présence des torrents permet d'installer des souffleries hydrauliques, indispensables pour obtenir de hautes températures et un métal de grande qualité, et des martinets plus importants pour la transformation en la qualité d'acier dont ont besoin les ateliers de taillanderie et de coutellerie. L'armée (épées, mousquets, canons) et la marine royale sont aussi très demandeuses.
En 1732 un fourneau est construit à Sailles par Benoît de Vignon, portant ombrage à partir de 1742 à la puissante famille des Barral, propriétaire du fourneau d'Allevard et de nombreuses forêts, qui en obtint, après beaucoup d'actions procédurières[26], la concession en 1757, et le laissa tomber en ruine. Le « ruisseau du Salin » permet, sauf en été quand le débit est trop bas, d'activer moulins et martinets[Note 5].
En 1817 les forges Barral en déclin sont rachetées par André-Benoît Champel, puis reprises par la banque Giroud et enfin, en 1842 par la société en commandite dirigée par Eugène Charrière[27], mais c'est la découverte en 1858 du riche filon de La Taillat[28] qui lance l'activité à l'échelle industrielle sur Saint-Pierre d'Allevard.
À partir de 1874 (après la perte de la Lorraine) et jusqu'en 1899 la société Schneider du Creusot exploite avec excès La Taillat, utilisant à partir de 1885 le minerai comme moyen de pression sur les concurrents locaux incapables de s'équiper - faute de pouvoir investir - en convertisseurs pour traiter le minerai lorrain[Note 6]. Le minerai, « criblé » et « grillé » au pied de la montagne, à Champ-Sappey, est acheminé par un chemin de fer construit exprès, en partie (20 %) vers les forges d'Allevard mais surtout vers la gare du Cheylas où il est transféré dans des wagons du PLM, pour rejoindre les usines du Creusot.
D'ailleurs, un vrai conflit industriel oppose rapidement la société Schneider et les forges d'Allevard, dirigées par le petit-fils d'Eugène Charrière, Charles Pinat. En 1875 par exemple, les forges ne reçoivent que 1 250 tonnes de minerai au lieu des 10 000 prévues et promises par Le Creusot. Comme l'écrit Pierre Léon, « les conditions [imposées par Schneider] mettaient Allevard en état d'infériorité par rapport au Creusot et, entre 1874 et 1899, la pression de son puissant voisin ne cessera d'affecter l'existence d'Allevard. Au fond, [les] Schneider avait acheté les mines pour s'assurer d'un véritable monopole en excluant tous les rivaux. La présence des forges d'Allevard était contraire à leurs vues et ils comptaient bien amener celles-ci à capituler ou à disparaître »[30]. Allevard a cependant la ressource de pouvoir s'équiper d'un four Hoffmann pour pouvoir traiter le minerai acheté en Algérie. Le conflit, « véritable lutte du pot de terre contre le pot de fer », selon l'expression de Lambert-Dansette[31] dure jusqu'en 1898. Mais Schneider commence à se désengager dès que l'invention du procédé Thomas et celle du procédé Martin-Siemens permettent d'utiliser la minette lorraine, bien plus accessible. Et grâce à l'énergie de Charles Pinat, « à la personnalité attachante », selon Pierre Léon[32],[Note 7], le conflit se termine au mieux l'année suivante pour le groupe d'Allevard bientôt repreneur des installations de Saint-Pierre (1899). L'extraction [Note 8] ne servant plus qu'aux forges d'Allevard, les six énormes fours chauffés à la houille de près de 14 mètres sont remplacés par des fours au coke plus petits, dont un exemplaire, construit en 1905, a été sauvegardé. L'activité extractrice sur le site de La Taillat se poursuivra jusqu'en 1922.
Les responsables des mines de La Taillat et de Croix-Reculet de l'époque Schneider ont accordé une importance particulière à la sécurité des ouvriers. Les rapports des procès-verbaux de visite réalisés dans les années 1885-1890 par l'ingénieur des mines, Henry Kuss, parlent de « mines exemplaires en France ». Une seule remarque quelque peu négative : « il importe de tenir la main à l'observation rigoureuse du règlement pour l'usage de l'explosif et notamment de veiller à ce que les ouvriers ne fassent jamais dégeler les cartouches à feu nu. »[33]. En 1885, dans un texte sur les mines de fer de la Taillat, Henry Kuss explique très précisément les modes d'exploitation et, surtout, la calcination - mot préféré à « grillage » - dans les fours géants de Champ-Sappey, grâce auxquels la Société Schneider peut obtenir des rendements Fer et Manganèse de l'ordre de 45 % -contre 25 % pour les anciens fours à griller[34].
La première usine d'aciers spéciaux est construite à Saint-Pierre en 1874. Les aciers mangano-siliceux (MS) produits permettent la construction d'une usine de ressorts pour voitures (à chevaux, puis automobiles et wagons) à Sailles.
Depuis la fin du XIXe siècle, les ateliers de Champ-Sappey sont mus et éclairés au moyen de turbines Girard, alimentées par l'eau d'une conduite forcée sur un dénivelé de 400 m de haut[35], issue de la source Saint-Henri. L'électricité est fournie aussi à 250 lampes privées à Saint-Pierre.
La guerre de 1914-1918 fait remonter la production[Note 9]. C'est à cette époque que sont construites au-dessus de Champ-Sappey les cités ouvrières devant héberger les ouvriers français et étrangers, les prisonniers de guerre et les ouvriers kabyles travaillant pour les Forges d'Allevard, dont ne restent que les cités Marne et Verdun.
La mine cesse d'être exploitée en 1922. Mais les centrales électriques construites sur le Bréda permettent de remplacer les hauts fourneaux par des fours à ferro-alliages et pour le traitement thermique des aimants. Les forges d'Allevard créent à Saint-Pierre l'usine de Champ Sappey où se fait la finition des aimants forgés (1902), et celle du Cheylas, attirant une main-d'œuvre cosmopolite : Italiens et Espagnols, surtout, ces derniers fuyant le régime franquiste[37]. En 1957 est ouvert un atelier de fabrication de céramiques ferromagnétiques. En 1962 Ugine transfère de Grenoble à Saint-Pierre la fabrication des aimants et crée la société Allevard-Ugine. La production d'UGIMAG débute en 1967.
Le déclin de l'industrie métallurgique commence dans les années 1970 à Sailles, avec la disparition de l'usine de ressorts Mollaret. L'usine UGIMAG passe dans le giron de Pechiney en 1980[Note 10]. En 1999 démarre l'activité d'assemblage, en 2001 est créé Euromag. La production d'aimants et d'électroaimants se poursuit à partir de 2010 dans deux unités distinctes : Steelmag, pour les aimants et ferrites d'assemblage et Euromag pour les aimants souples et les systèmes équipés d'aimants.
L'exploitation du bois pour le boisage des galeries de mines et le grillage du minerai avant l'utilisation du charbon[38], ainsi que pour la charpente et enfin la papeterie, explique la présence de scieries, six au XIXe siècle.
À cette époque, et jusque dans les années 1940, la ganterie employait une main d'œuvre féminine importante, travaillant souvent à domicile[37]. Une usine de tissage de soie, appartenant à la Société des tresses et Lacets de Saint-Chamond, les emploie ensuite (le bâtiment est racheté en 1954 et transformé en Salle des fêtes en 1958).
L'aménagement hydro-électrique Arc-Isère et la construction de la STEP du Cheylas[39] entraînent la création du bassin du Flumet, mis en eau en 1978, qui noie la zone marécageuse du Flumet, située entre Saint-Pierre et Allevard.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1789 | Jacques Dutrait | Élu pour 2 ans | ||
1796 | 1800 | municipalité cantonale d'Allevard :
Antoine Perruchon (an II - an IV) |
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1800 | 1815 | Nicolas Billaz-Marquis | nommé | Marchand |
1815 | 1817 | Etienne Dutrait-Desayes | nommé | |
1817 | 1825 | Nicolas Billaz | nommé | Marchand |
1825 | 1833 | François Dutrait-Desayes | nommé | |
1833 | 1835 | François Billaz-Marquis | nommé | |
1835 | 1838 | Nicolas Billaz | nommé | |
1838 | 1840 | François Dutrait-Desayes | nommé | |
1840 | 1843 | Pierre Biboud | nommé | |
1843 | 1857 | Etienne Gautier-Mouton | nommé | |
1857 | 1865 | Alexandre-Rémi Martin Morel | nommé | |
1865 | 1883 | Gabriel-Gustave Dutrait | notaire | |
1883 | 1896 | Etienne Dupeloux | ||
1896 | 1907 | Pierre Bellin-Choulet | Boulanger | |
1907 | 1915 | Seraphin Paturel | Propriétaire | |
1915 | 1935 | Joseph David | Cultivateur | |
1935 | 1944 | Gustave Jacquemet | Scieur | |
1944 | 1972 | Marcel Coquand | SFIO | Ouvrier métallurgiste |
1972 | 1977 | Adrien Janet | ||
1977 | 1983 | Camille Benoit | Directeur d'école | |
1983 | 2008 | Jean Jacques Billaz | PS | Agent des Finances |
2008 | 2014 | Jean Lombard | PS | Professeur retraité |
2014 | 31 décembre 2015 | Jean Louis Maret | PS | pharmacien |
Saint-Pierre n'est jumelé avec aucune ville, mais a signé une convention de coopération décentralisée regroupant cinq « communes du Nord » (Pontcharra, La Rochette, Saint-Maximin, Le Cheylas, Saint-Pierre) et cinq « communes du Sud » (Dembella, Bliendio, Benkadi, Tella, du Mali)[40].
En raison de ses efforts pour la qualité de son environnement nocturne, la commune a été labellisée « Village deux étoiles 2015 »[41]. Le label est décerné par l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) et compte 5 échelons. Un panneau, disposé aux entrées du village, indique cette distinction.
Ses habitants sont appelés les Saint-Pierrains[42].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[43]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[44],[Note 11].
En 2013, la commune comptait 2 887 habitants, en évolution de +4,22 % par rapport à 2008 (Isère : +3,89 %, France hors Mayotte : +2,49 %).
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2008 | 2013 | - |
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1 784 | 2 152 | 2 147 | 2 016 | 2 185 | 2 282 | 2 770 | 2 887 | - |
Le dénombrement de 1800 — réalisé le 26 prairial de l'an VIII — fait état de 311 familles, réparties pour 1/3 dans le bourg et le reste dans une vingtaine de hameaux, dont 37 ont une veuve pour chef de famille. La population augmente régulièrement jusqu'en 1886, puis décroit sensiblement jusque dans les années 1950, avant de remonter régulièrement depuis, mais c'est la population du bourg qui croit fortement, inversant la proportion avec les hameaux.
La commune a connu, dans le passé, un âge d'or industriel, et vivait au rythme d'UGIMAG, l'« usine », le principal réservoir d'emploi. Mais depuis 1987 l'activité décline, l'usine change de propriétaire, jusqu'au redressement judiciaire en avril 2008, et la reprise le 1er septembre 2008 par SEP qui maintient la production d'aimants, sous le nom STEELMAG[50] et conserve 70 salariés.
Depuis 2005 existe Le Vallon de Sésame, une structure d'accueil pour autistes adultes (Sésame Autisme Dauphiné Savoie)[51].
La zone d'activité de Champ Sappey regroupe l'usine et diverses entreprises, dont une imprimerie, les ateliers municipaux, et une petite zone commerciale où se sont regroupées diverses professions de santé.
Saint Pierre est, en superficie, la deuxième commune agricole de la chaîne de Belledonne, après Theys. L'agriculture locale est une agriculture de montagne, tournée essentiellement vers l'élevage pour la production de viande (race charolaise) et de fromage (tomme). Depuis 1980, les alpages, qui avaient été peu à peu abandonnés à la fin du XIXe siècle ont progressivement été restaurés, et les génisses remontent tous les étés aux estives du Crêt du Poulet. Un des soucis actuels est le maintien des exploitations face à la pression immobilière et la gestion des zones menacées d'abandon. Outre l'élevage, on exploite des noyers sur les terres les plus basses (moins de 600 m). Mais les vignes qui tapissaient encore les flancs de Brame-Farine au début du XXe siècle ont entièrement disparu et la forêt a gagné sur les prés de fauche et les pâturages.
Forêts privées et forêt domaniale couvrent une surface importante de « la montagne de Saint-Pierre » (le Grand Plan). Le morcellement des parcelles privées et la topographie en rendent l'exploitation relativement difficile. Mais, à la suite du Grenelle de l'environnement notamment, la filière bois bénéficie d'un regain d'intérêt grâce à l'exploitation du bois énergie, sous forme de buches, plaquettes, granulés.
Elle est installée dans une ancienne maison bourgeoise, Le Grand Pré, acquise par la municipalité, qui était plus anciennement un couvent.
La date de construction de cette maison bourgeoise, agrémentée d'un parc (le domaine de la Marguiron) est inconnue. Mais en 1800, selon le Dénombrement de la population de la Commune de St Pierre d'Allevard, département de l'Isère, An VIII[Note 12], elle est habitée par Joaquin Dutrait (1754-1839), notaire à Saint-Pierre entre 1779 et 1816, marié en 1780, qui y réside avec sa famille et ses domestiques (onze personnes).
Vendue en 1879 à la Société Schneider par les héritiers de l'avocat Paul-Joseph Dutrait-Morges (célibataire), elle est cédée à la société Pinat (les Forges d'Allevard) en 1899. Inoccupée en 1902, elle est rachetée par un exilé polonais, le comte Rodolphe-Joseph de Glinka, qui lui donne le nom de « Mon Exil ». Il la revend en 1916 aux Forges d'Allevard qui l'utilisent, jusqu'à la fin des années 1960, comme résidence pour leurs dirigeants successifs. La commune a acquis en 1975 ce qui restait du parc et en 1978 le bâtiment, devenu depuis la Maison des Associations. Le parc a été réhabilité en jardin public en 2003[54].
La ferme qui dépendait initialement de la propriété fait face à la maison bourgeoise, désormais séparée d'elle par une petite rue.
L'église Saint-Pierre est le vestige d'un prieuré bénédictin dépendant de l'Abbaye de Cluny[55],[56], fondé à la suite d'une donation faite en 1057 par la famille Ainard, de Domène, à l'origine aussi du prieuré de Domène et des familles apparentées, comme les Arvillars de la Bâtie. Il s'étendait jusqu'à l'actuelle place de la mairie, où une voûte de pierre s'appelle encore « Porte du pape ». En effet, en 1107, le pape Pascal II, revenant de Châlons-sur-Marne, fait étape au prieuré et en profite pour signer, le 2 août, une « bulle » mettant fin au conflit qui oppose l'archevêque de Vienne, Gui de Bourgogne (le futur pape Calixte II) et l'évêque de Grenoble, Hugues de Châteauneuf[12].
Le clocher appartient à une famille monumentale de clochers que l'on retrouve dans quelques autres localités du département, dont Sassenage, Saint-Paul-de-Varces, Sainte Marie de Notre-Dame-de-Mésage, Saint-Georges-de-Commiers. Il est composé d'une haute souche aveugle qui monte jusqu'à hauteur du faîte de la toiture de la nef. Au-dessus s'élève l'étage ajouré qui abrite les trois cloches. Chaque face s'orne d'une corniche d'arcatures sextuples de style lombard surmontant une baie géminée. Sur la baie de la face nord on remarque une colonnette qui est un fragment gallo-romain en réemploi[57]. La flèche date probablement du XVIIe siècle. Le clocher de l'église Saint-Pierre fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [58].
La présence de ce bâtiment, dernier vestige féodal sur le territoire communal, est attestée en 1339, lorsque le dauphin Humbert II fait procéder à l'inventaire de ses biens. Doté de puissants murs de deux mètres d'épaisseur, cet édifice de petite dimension conserve quatre niveaux avec une porte au premier étage et une fenêtre au troisième. Les murs sont percés de nombreux trous de boulin destinés à porter les échafaudages lors de la construction. Peu habitable, la Tour de la maison forte d'Acquin était probablement un réduit défensif en même temps qu'elle attestait de la noblesse et la puissance de son possesseur installé soit dans le logis accolé soit dans des bâtiments en contrebas. Son possesseur Hugues d'Acquin est mentionné dans la liste des nobles du mandement d'Allevard[59].
Bien des constructions anciennes ont totalement disparu, ne laissant qu'un nom sur le cadastre :
Cependant, la vaste demeure située à l'emplacement où les Vignon de Sailles se sont installés au début du XVIIe siècle, bénéficiant de l'ascension sociale de leur parente Marie Vignon, est toujours appelée « le Château »
Construit en 1905 par les Forges d'Allevard et restauré au printemps 1997, le four à griller le minerai est le dernier vestige du riche passé industriel de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, et un des rares qui existent encore en France[60]. Il est situé à l'emplacement de l'important site de la société Schneider, le Champ Sappey, qui en a comporté jusqu'à six entre 1893 et 1899. Il est labellisé Patrimoine en Isère[61]. Au dessus du four, ont été dégagés les vestiges de la maçonnerie du dernier des plans inclinés successifs qui amenaient le minerai de fer depuis les mines de la Taillat.
La montagne est parsemée de vestiges de sites anciens - le fer est exploité depuis le Moyen Âge : le Lac des Tavernes, la Croix Recullet, ainsi que la Cité Vaugraine où logeaient les mineurs qui exploitaient La Taillat. Un four à griller du début du XIXe siècle a été restauré à Combe Bachat[62].
La voie, mise en service en 1879 et fermée en 1968, partait des forges d'Allevard dans la vallée du Bréda et allait jusqu'au Cheylas. Le minerai amené des mines de La Taillat était « grillé » dans les fours de Champ-Sappey et chargé sur les wagons qui, par un tracé en corniche contournant la montagne de Brame-Farine, arrivaient à la gare de Marabet où un plan incliné les descendait dans la vallée de l'Isère, vers la gare de transbordement du Cheylas. Les superstructures ont été démantelées en 1969, mais subsistent les maisons des garde-barrières et un certain nombre d'ouvrages d'art : murs de soutènement, ponts (liés aux chemins vicinaux que la voie coupe) et le grand remblai pour franchir le ruisseau du Catus.
Le territoire de la commune compte de nombreuses zones naturelles protégées classées ZNIEFF de type I :
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