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État pré-colonial d’Afrique centrale, du XVIIe à la fin du XIXe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le royaume Tio (ou Tyo), royaume Batéké, royaume Anzico ou encore royaume (du/de) Makoko[1],[2],[3],[4], est un royaume pré-colonial d'Afrique centrale. Son territoire s'étendait sur l'est de l'actuel Gabon, l'ouest de l'actuelle république du Congo, sur la rive gauche du fleuve Congo : actuellement Kinshasa et l'ouest du Mai-Ndombe en République démocratique du Congo.
XVIIe siècle – 1892
Statut | Royaume |
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Capitale | change à la mort de chaque roi, forêts de Mpié, Nko, Impoh, Mbé résidence des Makokos depuis 1937 |
Langue(s) | Langues teke |
Religion | religions traditionnelles |
1874 | Illoy Ier devient Makoko (roi) |
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La France ratifie le traité du Makoko Illoy Ier |
Entités suivantes :
Fondé au XVIIe siècle, il dure jusqu'à la fin du XIXe siècle, lorsque les Français placent le territoire « sous leur protection ». La lignée des Makoko (« roi ») se perpétue jusqu'à nos jours.
Le mot « Anzico » viendrait de la phrase anziku nziku qui, en langue kikongo, signifie « courir » et désignait les habitants au-delà du nord du royaume de Kongo, particulièrement les Batéké[5] appelés aussi Tio ; cette appellation concernait aussi les Punu et d'autres encore[6]. Le royaume (du/de) Makoko, quant à lui, fait allusion à l'appellation du souverain, nommé Makoko.
Au début du XVIIe siècle, les Téké contrôlent les mines de cuivre et de fer[7] aux environs de la frontière nord-est du royaume de Kongo, et jouent probablement un rôle d'intermédiaire entre les Bakongo et leurs voisins[8],[9]. Lorsque les divers groupes Téké se coalisent, sans doute aux alentours du XVe siècle[10] ou du XVIe siècle, pour former un royaume indépendant[8],[11], le Kongo s'attache à reprendre le contrôle des mines. Le processus politique fut achevé vers les années 1620. Il y eut des combats entre les deux royaumes durant tout le XVIIe siècle[12]. Après l'arrivée des Portugais, le royaume s'engage dans la traite esclavagiste au XVIe siècle[13].
Le royaume perdure jusqu'au xixe siècle, en partie grâce à son relatif isolement, loin des pouvoirs côtiers et des influences européennes. Mais après les Portugais, d'autres Européens s'intéressent à la zone ; en 1880, Pierre Savorgnan de Brazza, en mission non officielle pour le compte de la France, est en compétition avec Henry Morton Stanley, en mission pour le compte du roi de Belgique Léopold II, chacun œuvrant pour le développement colonial de son commanditaire (via l'Association internationale africaine pour la Belgique) ; Brazza signe en 1880 le traité de Makoko avec Illoy Ier, qui place son royaume sous la suzeraineté de la France[14] ; les Français installent un poste qui deviendra Brazzaville[15].
Un an plus tard, Ngaliema Insi, « ancien esclave enrichi »[16], chef du village Kintambo sur la rive gauche du Congo[17], qui « représente l'autorité du Makoko de Mbé auprès des chefs Bateke du Pool »[18], signe avec Stanley un traité d'amitié. Dans le même temps, en 1884, le Portugal et le Royaume-Uni signent un traité visant à empêcher l’accès à la mer pour l'Association internationale africaine[19]. Ce sont les débuts de la colonisation. Ce traité Makoko est une des causes de la convocation de la conférence de Berlin, en 1884-85[20], visant, entre autres, au partage du Congo entre les puissances européennes[note 1].
Le royaume était centré sur le fleuve Congo, autour du lac Pool Malebo[8]. Il contrôlait les terres au nord de celles de ses voisins, le royaume de Loango et celui du Kongo[22]. Les Téké vivaient sur les plateaux de la région depuis fort longtemps[23], sans doute le VIIe siècle[22]. Vers 1600, ils contrôlaient le cours inférieur du fleuve Congo et, au nord-ouest, le bassin de la rivière Kouilou-Niari[12].
Le royaume manufacturait et commercait des tissus végétaux (raphia), de la poterie, du cuivre, de la céramique, de l'ivoire, du tabac, des arachides, des bovins, des chèvres, de l'igname, des tapis, des filets[8],[23]… Le contrôle des mines, de cuivre particulièrement, fut le sujet de plusieurs conflits avec son voisin du Kongo.[réf. nécessaire]
On sait peu de choses sur le fonctionnement du royaume. Il était gouverné par un roi, appelé Makoko, d'où le nom donné à son royaume. Selon l'un de ses rares visiteurs, le makoko gouvernait douze vassaux[14], mais il s'agissait sans doute plus d'un pouvoir spirituel que séculier[note 2]. La capitale était appelée Monsol par Pigafetta[4], mais elle est identifiée avec la cité de Mbé[25],[26], laquelle changea d'emplacement au gré de l'histoire[note 3].
Le royaume était structuré autour d'une idéologie, le Nkwembali, selon laquelle le monde est habité par des esprits, « les Nkira, esprits de la nature et les Ikwi, esprits des ancêtres défunts » ; le rôle du Makoko (« roi ») est de protéger le Nkwembali ; il s'appuie sur les Ngantsii, chefs de clan et de terre. Le pouvoir est matérialisé par la possession des nkobi, des boîtes en bois, objets symboliques du pouvoir[28],[29],[27],[30].
Les Anzico ont sans doute été un groupe militaire protégeant la frontière des Bakongo. Ils étaient réputés excellents guerriers et courageux. Ils étaient spécialisés dans le tir à l'arc et usaient de flèches empoisonnées[31]. En combat rapproché, ils utilisaient des haches de guerre et des boucliers[32],[33].
Les Anzico furent parfois décrits, certainement à tort[34],[35], comme cannibales par certains auteurs européens[36],[37],[38] : « les Européens s'imaginaient qu'on trouvait dans les villages de cannibales des boucheries où se dépeçait et se vendait de la chair humaine[39] ». Howard Phillips Lovecraft y fait une allusion explicite dans sa nouvelle The Picture in the House[40],[41].
Les Batékés/Anzico pratiquaient la scarification faciale[42]. Ils étaient également connus pour leur art élaboré du vêtement et de la coiffure[43], notamment celui des tresses ornementales. Les roturiers des deux sexes étaient généralement nus jusqu'à la ceinture, mais les riches étaient vêtus « de la tête aux pieds » selon les comptes rendus européens[44]. Les nobles portaient des robes de soie importées de la côte[45].
Chronologie simplifiée[46].
occupation des plateaux et collines batéké par des chasseurs-cueilleurs.
apparition de la céramique et de la culture du palmier ; débuts de la sédentarisation.
apparition et généralisation du travail du métal.
expansion du travail du fer, apparition de nouvelles formes de céramique, implantation téké.
les Portugais envahissent le royaume de Kongo ; son roi christianisé part en guerre contre les Anziques.
les Téké sont impliqués dans la traite esclavagiste.
les Téké attaquent le royaume de Kongo.
séjour du Portugais Duarte Lopes qui communique de précieux renseignements sur les mines de cuivre du royaume.
intensification de la traite esclavagiste, développement du port de Loango.
apparition de nouvelles aristocraties ; certains tirent leur légitimité de la possession de nkobi.
Stanley descend le fleuve Congo et accoste à Malébo (qui deviendra Stanley Pool, aujourd'hui Pool Malebo).
Pierre Savorgnan de Brazza signe avec Illoy Ier un traité qui place ses terres sous la « protection » de la France.
indépendance ; la lignée des rois descendants du Makoko existe encore au XXIe siècle[47].
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