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Rapidum
Colonie et fort romain situé en Maurétanie césarienne, aujourd'hui en Algérie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Rapidum est un site archéologique romano-africain situé à Sour-Djouab (wilaya de Médéa, Algérie)[1]. Le site, situé à environ 165 km au sud d’Alger, correspond à un camp militaire fondé au IIe siècle (vers 122) et à l’agglomération civile qui s’est développée à proximité[2][3]. Une enceinte urbaine construite en 167 enserrait environ 11,6 hectares (hors camp) et se distinguait notamment par l’absence de tours, avant que la ville ne connaisse, au IIIe siècle, des phases de rétrécissement, de destruction puis de reconstruction à l’époque tétrarchique[2]. Les vestiges conservent notamment les traces du camp, d’enceintes urbaines, d’ensembles thermaux et d’un corpus épigraphique important.
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Histoire
Résumé
Contexte
Au début du IIe siècle, un camp de cohorte est établi à Rapidum (vers 122) par la Cohors II Sardorum[2][4]. Le camp attire une population civile (artisanat, familles, vivandiers, vétérans) et une agglomération (pagus) se développe à proximité ; en 167, cette agglomération se dote d’une enceinte en pierre de taille longue d’environ 1,1 km, protégeant 11,6 hectares (camp non compris), avec des portes monumentales et, selon Laporte, sans tours[2]. Selon Seston, sous Hadrien, la croissance de l’établissement est associée à l’axe routier dit Nova Praetentura, reliant la Numidie à la Maurétanie tingitane[4].
À la fin du IIe siècle, la limite méridionale du territoire romain est reportée plus au sud, et la cohorte quitte Rapidum vers 201-203 ; la ville, affaiblie dans sa défense et son économie, se dote d’institutions locales (décurions, ordo) et reçoit peut-être le statut de municipe[2]. Au cours du IIIe siècle, des réaménagements défensifs successifs entraînent des réductions de surface (dont un « rempart en L », puis un rempart « en baïonnette ») et, vers 270-275, la ville est prise et détruite par des rebelles ; après l’expédition de Maximien (297-298), une reconstruction intervient à l’époque tétrarchique, mais sur une emprise réduite par rapport à la ville du IIe siècle[2]. La série numismatique s’interrompt au cours du règne de Constantin, ce qui a été interprété comme un indice d’abandon définitif vers la fin de ce règne ou au début de celui de ses fils[2].
« Il y a deux parties distinctes à Rapidum : le camp et la ville […]. La ville, contiguë au camp du côté sud, est entourée de remparts, construits en 167 ap. J.-C.[3] »
La garnison initiale du fort de Rapidum est associée à la Cohors II Sardorum et à la protection d’un axe militaire de l’intérieur, désigné dans la littérature sous le nom de Nova Praetentura[5].
Le titre de municipium Rapidense est attesté par une inscription relative à la restauration tétrarchique (vers 300)[2][6]
Selon Laporte, la ville est affectée par des troubles au IIIe siècle puis restaurée sous la tétrarchie, notamment avec des ensembles thermaux importants[5]. Des fragments de statues colossales de Jupiter et de Minerve ont été rapprochés d’un ensemble de type « capitole » ; un temple dédié à Cérès a également été évoqué dans la littérature[3][5].
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Les ruines
Résumé
Contexte
Cadre général

Les ruines de Rapidum, dans l'actuelle Sour-Djouab, sont situées à trente-cinq kilomètres à l'ouest de Sour el Ghozlane (Aumale sous la colonisation, l'antique Auzia), dans la Wilaya de Médéa (l'antique Lambdia)[3].
La région montagneuse est dense en végétation, comprenant principalement des broussailles, des chênes verts et parfois des bois de pins dispersés. Des ravins étroits bordés de lauriers-roses cachent les eaux d'un oued. À proximité de Rapidum, le relief s'aplanit, formant un plateau dénudé entre deux oueds, où s'étend la ville antique sur plus de quinze hectares, entourée de murailles[7]. Le site, doté d'un approvisionnement en eau constant et de terres fertiles exploitées par des fermes romaines, dont les vestiges parsèment la région, était propice à une colonie. Les descendants des oliviers autrefois présents témoignent de l'histoire agricole de la région, jusqu'à l'Antiquité tardive[4]. La documentation de synthèse signale l’existence d’au moins deux adductions d’eau, dont l’une capterait une source située à environ 2,5 km à l’est du site[3].
Rapidum s’inscrit dans le réseau de communication et de contrôle de l’intérieur de la Maurétanie césarienne, en relation avec les routes reliant l’arrière-pays à l’est et à l’ouest[2][4].
Laporte souligne que, contrairement à la quasi-totalité des villes de Maurétanie Césarienne qui portent un nom libyque ou libyco-punique, Rapidum porte un nom latin, ce qui a été rapproché d'une fondation sur un site peu urbanisé auparavant[2][5]. Laporte indique également que la durée d'occupation du camp et la faible fréquence des remaniements expliqueraient un plan resté relativement lisible[5].
Historique des fouilles
Le site de Rapidum à Sour-Djouab a été visité pour la première fois par Berbrugger en 1845-1846[8], et une description des ruines a été publiée entre 1859 et 1860[9] et en 1869, un plan des remparts a été fourni par Chabassière[10]. Cependant, le nom antique des ruines est demeuré inconnu jusqu'à ce que quatre inscriptions soient découvertes en 1882 et 1884 dégageant les grandes portes de la ville ; ces inscriptions, publiées avec un nouveau plan en 1884, ont été cruciales pour la compréhension de l'histoire de la ville[11]. De nombreuses monnaies ainsi que quelques inscriptions, principalement funéraires, ont été découvertes lors des fouilles menées entre 1908 et 1917.
En 1926, les fouilles ont été reprises, mettant en lumière une enceinte à l'est des remparts, indiquant que Rapidum était composé de deux ensembles successifs. Cette découverte a conduit à concentrer les efforts de la campagne de fouilles (en 1927) sur un seul chantier[4]. S'ensuivirent les fouilles de M. Séguy-Villevaleix (1925 à 1931), puis celles de Marcel Le Glay (1949 à 1953)[5]. Plus récemment, Benseddik a proposé une synthèse sur les troupes auxiliaires de Maurétanie Césarienne, en se concentrant notamment sur la Cohors Secunda Sardorum, associée à Rapidum[12]. Laporte a également publié une synthèse sur le camp et la ville de Rapidum[5].
Description du site
Le camp

Les fouilles de 1927 ont confirmé la présence d'un camp à l'est de l'enceinte de pierres de taille. Le site, en adéquation avec les principes du géomètre Hygin[13], est situé sur un terrain en pente douce, bénéficiant d'un approvisionnement en eau et d'une protection contre les inondations des oueds.
L'enceinte du camp est constituée d'un mur massif de gros moellons, épais de 1,60 m, renforcé par des angles arrondis. Des tours rectangulaires flanquent le rempart, avec une porte percée sur le côté nord. Seston décrit l'identification de certaines portes et la cohérence du dispositif avec les principes de plan de Hygin, tout en notant des divergences avec d'autres camps comme Lambèse[4]. Une description de synthèse indique un plan rectangulaire à angles arrondis, avec quatre portes flanquées de tours, et un mur construit en pierre de taille (double parement) avec blocage interne[3].
L’organisation interne est décrite comme structurée autour des axes principaux. Le praetorium, placé au croisement du cardo et du decumanus, est donné pour un bâtiment d’environ 28 × 24,5 m, comprenant une cour, des pièces latérales et une grande salle associée à un espace de tribunal ; des locaux sont interprétés comme des scholae[3]. La même source signale un bâtiment interprété comme une écurie et une résidence du commandant (environ 27 × 19,5 m) dotée de petits thermes privés ; un relief de type « salutatio » est mentionné comme encastré dans la porte occidentale[3].
Deux temples ont été signalés près des murs du camp, ainsi que des éléments statuaires associés à des divinités romaines ; des rapprochements ont également été proposés avec des cultes d’arrière-plan africain (notamment Saturne/Caelestis) dans la littérature sur la romanisation religieuse en Afrique du Nord[14].
Le plan du camp présente des similitudes avec celui de Lambèse, notamment dans la disposition des tours et des renforcements des angles, comme discuté dans la littérature sur les fortifications d'Afrique du Nord[15],[16].
Les découvertes archéologiques, entre autres une borne milliaire[17] et sa base[18], confirment la construction du camp vers 122 et l’aménagement d’axes de circulation associés sous Hadrien[2].
Les fouilles ont mis en évidence au moins deux ensembles thermaux (thermes « du Nord » et « du Sud ») et des bâtiments d’approvisionnement (dont un bâtiment interprété comme un possible horreum)). L’alimentation en eau est décrite comme provenant d’une source identifiée comme Aïn el Sahnoun, via une conduite en maçonnerie ; des remaniements et réparations sont attestés, notamment par une inscription de restauration des bains sous Commode[4][19]. La documentation signale également qu’au moins deux adductions auraient alimenté le site, dont l’une depuis une source située à environ 2,5 km à l’est[3].
Peu d'informations sont disponibles concernant les troupes stationnées à Rapidum au IIIe siècle. Toutefois, il est établi que le camp est abandonné avant la ville ; Seston signale l’usage des thermes jusqu’au début du IVe siècle sur la base de monnaies trouvées en fouille[4].
La ville

La région montagneuse où les Romains érigèrent leur camp n'était pas dépourvue d'habitants préexistants. Une inscription libyque antérieure à l'occupation romaine, trouvée à Aïn-Tamda[20] à treize kilomètres à l'ouest de Rapidum, vient s'ajouter aux deux autres découvertes similaires à Aumale et à Hakemti, près d'Aïn-Bessem[21]. À Rapidum même, des découvertes archéologiques ont été effectuées, notamment une pièce de Micipsa, plusieurs monnaies de bronze de Juba II, et un denier de Ptolémée Ier daté de 25 après J.-C. Cette population ancienne a laissé peu de traces tangibles.
Selon Seston, en 167, des anciens combattants (veterani) et des habitants locaux (pagani) ont érigé un mur en pierre autour de leur agglomération ; cette construction est commémorée par une inscription en double exemplaire au-dessus des deux portes de la ville[4]. L’enceinte de 167 mesurait environ 1,1 km et protégeait 11,6 hectares (hors camp) ; Laporte souligne l’absence de tours sur ce rempart, ainsi que la monumentalité des portes[2]. Une synthèse décrit par ailleurs une ville d’environ 15 hectares et signale que deux murs tardifs (orientés nord-sud et est-ouest) auraient subdivisé l’espace urbain en plusieurs secteurs ; l’emplacement du forum n’aurait pas été localisé avec certitude[3].
L'inscription « veterani et pagani consistentes aput Rapidum »[22] a notamment été discutée en ce sens, Rapidum y désignant le camp plutôt que la ville.
En 209, les décurions de Rapidum ont érigé une statue à Géta[23]. Il n'est pas certain qu'ils étaient alors les administrateurs d'un municipe, car dans certaines régions d'Afrique, les pagi de la campagne avaient leurs propres décurions distincts de ceux du chef-lieu (civitas), qui prenaient des décisions et érigeaient des monuments religieux et des statues[24]. Cependant, Seston considère probable que Rapidum soit devenu un municipe sous Septime Sévère[24].
En 244, Philippe l'Arabe et, entre 249 et 250, Trajan Dèce ont réalisé des réparations supplémentaires[25]. À partir de 253, la province a été secouée pendant dix ans par des rébellions successives des Berbères de Numidie et de Mauritanie. La région d'Auzia semble avoir été particulièrement affectée, et il est possible que la garnison de Rapidum ait participé à la répression[26]. Seston indique que la ville paraît avoir été épargnée par des pillages majeurs dans cette séquence, et il précise qu'aucun élément ne conduit, dans son état de documentation, à distinguer le sort de Rapidum de celui d'Auzia pour cette période[4].
Nous ne disposons que de très peu d'informations sur l'histoire de Rapidum pendant les décennies qui ont suivi le règne d'Aurélien. Une inscription de la restauration tétrarchique mentionne une destruction antérieure « par une incursion de rebelles » (rebellium incursione captum ac dirutum) et une reconstruction « à partir des fondations » (a fundamentis)[2].
La documentation de synthèse mentionne, pour l’occupation civile, des indices d’activités artisanales et agricoles (notamment des installations de pressage et des moulins), ainsi que de grandes demeures à cour centrale avec puits ; elle signale aussi que le tracé de certaines rues demeure lisible dans plusieurs secteurs du site[3].
Nécropoles et sanctuaires périphériques
Au moins deux nécropoles sont signalées aux abords du site, dont une principale à l’ouest, avec des structures funéraires variées (mausolées, sarcophages, urnes, stèles, tables/mensae)[3]. À environ un kilomètre au nord-est, le plateau de Trab Amara est associé à un sanctuaire de Saturne et Caelestis, documenté notamment par des stèles votives[3]. À Aïn-Tamda, la littérature évoque des vestiges chrétiens (église/monastère) discutés dans le cadre de l’histoire des origines monastiques régionales[27].
Bas-relief
Le bas-relief découvert en 1912 à Sour-Djouab, daté sur des bases stylistiques et iconographiques du IIe siècle après J.-C., présente une composition complexe avec deux registres, dont l'interprétation a été discutée dans la littérature[28],[29],[30]. Bayet et, plus tard, Salcedo Garcés décrivent une figure centrale identifiée comme l'Afrique, notamment par des attributs tels que les dépouilles d'éléphant ; la figure porte un vexillum et une corne d'abondance. À ses côtés apparaissent une tête masculine et une femme aux longs cheveux tenant apparemment un trophée. Au-dessus, plusieurs éléments ont été relevés (lion accroupi, personnage coiffé d'un diadème, être hybride à tête de chèvre et queue de poisson, personnage nu), la réalisation de l'ensemble rendant certaines identifications incertaines[28],[30].
Les dimensions actuelles du bas-relief sont de 0,42 mètres en longueur et de 0,20 mètres en hauteur. Il était conçu pour être fixé à une paroi verticale à l'aide de deux supports renforcés. Bayet et Salcedo Garcés discutent l'hypothèse d'une exécution locale, notamment au regard du matériau et du rendu sculpté[29],[30].
L'interprétation de la figure d'Africa et de la composition a été discutée comme une représentation à portée politique ou administrative, associée aux provinces et au territoire militaire, avec des variations selon les lectures proposées dans la littérature[28],[30].
Évolution du site

Sur la base des résultats des fouilles archéologiques et de l'épigraphie, ainsi que de ce qu'on sait du cadre historique en général, Laporte[5] [2] propose une séquence d’occupation structurée autour de la fondation du camp (122), de la construction de l’enceinte urbaine (167), du départ de la cohorte (vers 201-203), puis de deux phases de rétrécissement au IIIe siècle et d’une reconstruction tétrarchique (vers 300) sur une emprise réduite, avant une disparition probable au IVe siècle.
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Site classé
La ville antique de Rapidum a été classée monument national en 1922 durant la période coloniale. Le classement a ensuite été reconduit par l'État algérien en 1968[31].
Évêché
Rapidum était le centre d'un ancien évêché et reste un siège titulaire[32] de l'Église catholique romaine[33] dans la province de Maurétanie césarienne.
Évêques
- Raul Nicolau Gonçalves (nommé le 5 janvier 1967 – 30 janvier 1978)
- Gyula Szakos (nommé le 31 mars 1979 – 5 avril 1982)
- Mieczyslaw Jaworski (nommé le 7 mai 1982 – 19 août 2001)
- Brian Vincent Finnigan[34] (nommé le 31 janvier 2002 – )
Notes et références
Voir aussi
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