Quadri-moment
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En relativité restreinte, le quadrimoment[1], quadri-moment[2] (ou quadrivecteur impulsion[2] ou quadri-impulsion[3] ou quadrivecteur impulsion-énergie[4] ou quadrivecteur énergie-impulsion[5]) est une généralisation du moment linéaire tridimensionnel de la physique classique sous la forme d'un quadrivecteur de l'espace de Minkowski, espace-temps à 4 dimensions de la relativité restreinte.
Le quadri-moment d'une particule combine le moment tridimensionnel et d'énergie :
- .
Comme tout quadrivecteur, il est covariant, c'est-à-dire que les changements de ses coordonnées lors d'un changement de référentiel inertiel se calculent à l'aide des transformations de Lorentz.
Dans une base donnée de l'espace-temps de Minkowski, ses coordonnées sont notées , dans la base covariante associée, ses coordonnées sont notées et sont telles que .
En relativité restreinte, l'énergie et la quantité de mouvement d'une particule sont les composantes d'un unique quadrivecteur[6],[7],[8],[9] (4-vecteur). Il est surtout connu comme le quadrivecteur énergie-impulsion[N 1] (4-vecteur énergie-impulsion). Il est noté [N 2].
La 4-impulsion d'une particule est un 4-vecteur tangent à la ligne d'univers de la particule[18] et orienté vers le futur[18],[19] ; il est de genre temps dans le cas d'une particule massive[19],[20],[21] et de genre lumière dans celui d'une particule sans masse[19],[21] ; il est non-unitaire[22]. La 4-impulsion totale d'un système isolé de particules est soit un 4-vecteur de genre temps orienté vers le futur, soit un 4-vecteur de genre lumière orienté vers le futur[23] ; ce dernier cas ne se produit que pour un système isolé constitué uniquement de particules sans masse et dont les 4-impulsions sont toutes colinéaires[23]. Les composantes de la 4-impulsion sont homogènes à une quantité de mouvement[18].
Le carré de la pseudonorme du quadrivecteur conduit à la relation d'Einstein[24],[25],[26],[27] :
- ,
reliant l'énergie, la masse et l'impulsion[27]. Lorsque la masse de la particule libre est non nulle mais que son impulsion est nulle, la relation se réduit à [27]. Lorsque la masse de la particule libre est nulle, comme c'est le cas d'un photon, la relation se réduit à [28]. La relation met en évidence qu'en relativité restreinte, la masse est une grandeur invariante[29],[30],[31],[32] et conservée[30],[32],[33] mais non additive[30],[32],[33],[34],[35],[36].
La 4-impulsion est une des notions introduites par Hermann Minkowski[37],[38],[39].
Dénominations
Résumé
Contexte
La dénomination « quadrivecteur énergie-quantité de mouvement » reste usitée[40]. Mais, en raison notamment de sa longueur[41], des auteurs lui substituent celle de « quadrivecteur énergie-impulsion »[13],[14] ou de « quadrivecteur impulsion-énergie »[42]. Cela est discutable car « impulsion » devrait être réservé à « l'action d'une force pendant un court intervalle de temps » et ainsi à « une variation de quantité de mouvement »[41].
Relation avec la quadrivitesse
Résumé
Contexte
Nous savions qu'en mécanique classique, la relation entre l'impulsion et la vitesse de la particule non-relativiste est la suivante :
- où correspond à la masse au repos.
Nous pouvons généraliser ce concept à quatre dimensions en introduisant la quadrivitesse. Pour une particule dotée de masse non nulle mais ayant une charge électrique nulle, le quadri-moment est donné par le produit de la masse au repos et de la quadrivitesse .
En coordonnées contravariantes, on a , où est le facteur de Lorentz et c est la vitesse de la lumière :
- où
Norme de Minkowski : p2
Résumé
Contexte
En calculant la norme de Minkowski d'un quadri-moment, on obtient un invariant de Lorentz égal (à un facteur égal à la vitesse de la lumière c près) au carré de la masse au repos de la particule :
Puisque est un invariant de Lorentz, sa valeur reste inchangée par transformations de Lorentz, c'est-à-dire par changement de référentiel inertiel.
En utilisant la métrique de Minkowski :
- .
Le tenseur métrique est en fait défini à un signe près. On trouvera dans certains ouvrages la convention au lieu de la convention adoptée dans cet article[N 3]. Les résultats physiques sont évidemment les mêmes quelle que soit la convention choisie, mais il faut prendre garde de ne pas les mélanger.
Interprétation
Résumé
Contexte
À l'approximation des faibles vitesses, la composante temporelle de la 4-impulsion se réduit à[43] :
- ,
où :
- est l'énergie de masse[44] ;
- est l'énergie cinétique[45].
À la même approximation, les trois composantes spatiales de la 4-impulsion se réduisent à[46] :
- ,
qui est l'expression classique de la quantité de mouvement[47].
Vitesse observée
Résumé
Contexte
La 4-impulsion permet de définir la vitesse observée d'une particule à partir de la relation[48] :
- ,
soit :
- .
Conservation du quadri-moment
Résumé
Contexte
La conservation du quadri-moment dans un référentiel donné[N 4] implique deux lois de conservations pour des quantités dites classiques :
- La quantité totale d'énergie est invariante.
- Le moment linéaire classique tridimensionnel reste invariant.
On notera au passage que la masse d'un système de particules peut être supérieure à la somme des masses des particules au repos, à cause de l'énergie cinétique. Par exemple, prenons 2 particules de quadri-moment {5 Gev, 4 Gev/c, 0, 0} et {5 Gev, -4 Gev/c, 0, 0} : elles ont chacune une masse au repos de 3 Gev/c2 mais leur masse totale (soit encore la masse du système) est de 10 Gev/c2. Si ces 2 particules entrent en collision et fusionnent, la masse de l'objet ainsi formé est de 10 Gev/c2.
Une application pratique en physique des particules de la conservation de la masse au repos permet, à partir des quadri-moments pA et pB de 2 particules créées par la désintégration d'une particule plus grosse ayant un quadri-moment q, de retrouver la masse de la particule initiale. La conservation du quadrimoment donne qμ = pAμ + pBμ, et la masse M de la particule initiale est donnée par |q|2 = M2c2. En mesurant l'énergie et les 3-moments des particules résultantes, on peut calculer la masse au repos du système des 2 particules qui est égal à M. Cette technique est notamment utilisée dans les recherches expérimentales sur le boson Z dans les accélérateur de particules.
Si la masse d'un objet ne change pas, le produit scalaire de Minkowski de son quadri-moment et de la quadri-accélération correspondante Aμ est nul. L'accélération est proportionnelle à la dérivée temporelle du moment divisée par la masse de la particule:
- .
Moment canonique en présence d'un champ électromagnétique
Résumé
Contexte
Il est également utile de définir un moment "canonique" (à 4 dimensions), pour des applications en mécanique quantique relativiste : , qui est la somme du quadri-moment et du produit de la charge électrique avec le potentiel (qui est un vecteur à 4 dimensions) :
- ,
où le 4-vecteur potentiel est une combinaison entre le potentiel scalaire et le potentiel vecteur du champ magnétique :
- .
Notes et références
Voir aussi
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