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livre de Sigmund Freud De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pour introduire le narcissisme (en allemand Zur Einführung des Narzissmus) est un essai de Sigmund Freud sur le narcissisme qui paraît pour la première fois en 1914 dans le Jahrbuch der Psychoanalyse.
Pour introduire le narcissisme | |
Auteur | Sigmund Freud |
---|---|
Pays | Autriche |
Genre | Psychanalyse |
Titre | Zur Einführung des Narzissmus |
Collection | Jahrbuch der Psychoanalyse |
Date de parution | 1914 |
Traducteur | Jean Laplanche |
Éditeur | Puf |
Date de parution | 1969 |
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C'est en 1914 que Sigmund Freud publie dans le Jahrbuch der Psychoanalyse (de)[note 1] son essai Zur Einführung des Narzissmus dans sa rédaction définitive[2]. Le , Freud écrit à Karl Abraham : « Je vous envoie demain le Narcissisme ; ce fut un accouchement difficile »: il en avait élaboré le projet l'année précédente lors de son séjour à Rome en septembre 1913[2].
L'année 1913 est riche en événements pour Freud, même si d'après Jones, l'événement capital est« sa rupture définitive avec Jung » en septembre au Congrès de Munich[1]. Il y a aussi « un grand événement » familial, le mariage de la deuxième fille de Freud, Sophie, avec Max Halberstadt de Hambourg, un gendre, note Jones, « aussi bien vu que l'avait été le mari de Mathilde »[1]. Freud écrit Totem et tabou, et sinon, se déplace beaucoup, soit avec sa famille, soit pour des congrès. C'est en compagnie de Ferenczi qui a rejoint les Freud dans les Dolomites où la famille se trouve en août — Karl Abraham y a séjourné aussi quelques jours — que Freud se rend au Congrès de Munich début septembre[1]. Après le Congrès, il part immédiatement pour Rome en compagnie cette fois de sa belle-sœur Minna Bernays qui l'a rejoint à Bologne[1]. Minna ne tenant pas à visiter toute la journée les lieux que son beau-frère souhaite voir ou revoir, Freud peut consacrer beaucoup de temps à ses travaux, et c'est donc durant « ces dix-sept jours délicieux dans la Ville Eternelle, du 10 au 27 » , qu'il « dresse le plan complet de son long article sur le narcissisme »[1].
Dès les premières lignes de son essai, Freud déclare avoir emprunté le terme « narcissisme » à Paul Näcke qui l'utilise en 1899 pour décrire une perversion; il reviendra en 1920 sur cette assertion dans une note ajoutée aux Trois essais sur la théorie sexuelle en attribuant la création du mot à Havelock Ellis. Le Vocabulaire de la psychanalyse apporte la précision suivante: Näcke a bien forgé le terme Narzissmus, mais pour commenter des vues d'Havelock Ellis dans Autoerotism, a psychological Study (1898) où celui-ci décrit un comportement pervers en relation avec le mythe de Narcisse[3].
Freud avait entrepris en 1909, dans une discussion à la Société psychanalytique de Vienne, de définir le narcissisme comme « un stade de développement nécessaire dans le passage de l'auto-érotisme à l'amour d'objet »[2]. D'après la notice des OCF.P, le terme de « narcissisme » est introduit en 1910 dans une note ajoutée à la deuxième édition des Trois essais sur la théorie sexuelle[2]. Dans le « long article » que représente Pour introduire le narcissisme, écrit Jones, Freud « met [...] en place non seulement l'opposition nouvelle entre la libido du moi et la libido d'objet, mais aussi les notions de moi idéal et d'idéal du moi »[2].
Selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Freud élabore Pour introduire le narcissisme en s'appuyant sur l'apport de Karl Abraham concernant les psychoses: en 1908, dans Les différences psychosexuelles entre l'hystérie et la démence précoce, Abraham « avait décrit le processus de désinvestissement de l'objet et le repli de la libido sur le sujet », caractéristique de la démence précoce[4].
Si Freud avait commencé de recourir au terme de narcissisme plusieurs années avant d'en « introduire » le concept, l'essai de 1914 signifie par contre qu'il entend introduire maintenant le concept de narcissisme « dans l'ensemble de la théorie psychanalytique ». Il va traiter en particulier dans son étude des « investissements libidinaux »[5]: la psychose notamment, qu'il appelle alors « névrose narcissique », montre comment la libido peut « réinvestir le moi en désinvestissant l'objet »[5].
Selon Michel Vincent, Freud introduit le narcissisme en psychanalyse afin de rendre compte de ses quatre aspects différents : le narcissisme perversion sexuelle, le narcissisme étape du développement, le narcissisme comme investissement libidinal du Moi et le narcissisme comme choix d'objet[6]. L'Idéal du Moi est décrit comme héritier du narcissisme infantile, et une instance d'auto-observation[6].
Le texte se compose de trois parties[7] :
En même temps que Pour introduire le narcissisme, paraît également dans le même numéro du Jahrbuch « Contributions à l'histoire du mouvement psychanalytique », dont Ernest Jones souligne la continuité avec l'essai sur le narcissisme[2]. D'après Jones, l'essai sur le narcissisme de 1914, à sa parution, suscita « l'effervescence » parmi « les élèves de Freud, déconcertés par la densité et la nouveauté de son contenu »[2]. James Strachey rappelle que Freud écrivit Pour introduire le narcissisme « sous la pression d'une nécessité interne, le concept de narcissisme représentant "une alternative à la “libido” désexualisée de Jung et à la “protestation masculine” d'Adler" »[2]. Pour Freud, l'écriture de Pour introduire le narcissisme correspond en effet à la période de rupture avec Carl Gustav Jung et des critiques de ce dernier « à l'encontre de la théorie de la libido », Jung jugeant « qu'elle échouait à rendre compte de la démence précoce »[10].
Jean Laplanche insiste sur le fait qu'à la différence de Jung, Freud différencie deux degrés dans le repli de la libido, celui sur la vie fantasmatique correspondant à l'introversion de Jung, et celui « sur cet objet privilégié qu'est le moi »[11]. Selon Laplanche, l'introversion, certes apte à expliquer certains aspects de l'existence névrotique, est incapable en elle-même de rendre compte du renversement opéré par la psychose, laquelle crée une sorte de « monde au-delà du miroir » dans la seule « sphère du moi » où se recrée un nouveau monde fantasmatique[11]. À partir d'une « fin du monde » libérant l'énergie libidinale, se produit en effet dans la sphère du moi, où a eu lieu le retrait, la tentative de « liaison » sous deux formes: le délire des grandeurs avec élargissement de la limite du moi jusqu'aux confins cosmiques, ou au contraire son rétrécissement aux dimensions de l'organe souffrant dans l'hypocondrie[11]. Le « combat psychotique » à ses débuts, visant à endiguer le débordement de l'angoisse, « se présente toujours comme une tentative désespérée pour cerner à nouveau un nouveau territoire », écrit Jean Laplanche[11].
L'introduction du narcissisme permet à Freud d'évoquer la « psychologie de l'enfant et des peuples primitifs », cette dernière venant à la suite des développements de Totem et tabou où certains traits dus à l'isolement pouvaient leur être attribués, comme la surestimation de la toute-puissance des désirs et des actes psychiques: « toute-puissance de la pensée » et force magique des mots, avec une technique comme la magie comme « application conséquente de ces présuppositions mégalomaniaques » dans le monde extérieur[11].
Dans la période charnière de 1914-1915, l'introduction du narcissisme entraîne des apports nouveaux pour la définition du moi, en relation avec la notion d'identification et la différenciation au sein même du moi de composantes « idéales » qui s'élaborent à ce moment[12]:
1914 : Parution de Zur Einführung des Narzissmus dans Jahrbuch der Psychoanalyse, 6, p. 1-24[note 2].
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