Piera Aulagnier, née Spairani, est une psychanalyste et psychiatre française, d'origine italienne, née le à Milan et morte le à Suresnes. Son nom est associé au Quatrième Groupe, dont elle est cofondatrice en 1969 et à la revue de psychanalyse Topique.
Piera Spairani passe les premières années de sa vie en France, puis son adolescence en Égypte[1]. Elle fait ses études de médecine à Rome, puis s'installe en France en 1950, lorsqu'elle se marie, prenant le nom d'Aulagnier. Elle a un fils, Claude Aulagnier, également psychiatre.
Cependant, elle démissionne de l'École freudienne en 1967, lorsqu'elle se trouve en désaccord avec les positions de Lacan concernant la formation des analystes, notamment lorsque celui-ci institutionnalise la procédure de la passe.
Elle publie à cette occasion deux articles, «Comment peut-on ne pas être persan?» (Oct 1968) et «Sociétés de psychanalyse et psychanalystes de société» (1969)[2]. En 1968, elle épouse le philosophe Cornelius Castoriadis, qui participe à la fondation du Quatrième Groupe.
En , elle fonde, avec François Perrier, Jean-Paul Valabrega et plusieurs autres psychanalystes, le Quatrième Groupe (Organisation psychanalytique de langue française), dont elle est la personnalité emblématique.
Topique, en 1969, qui succède à L'Inconscient et qu'elle dirige jusqu'à sa mort.
L'œuvre théorique de Piera Aulagnier s'inspire à la fois de l'œuvre de Freud et du style de pensée, voire du style d'écriture de Jacques Lacan avec qui elle est pourtant en rupture dès 1967.
Pour décrire la psychose dont elle a une grande expérience clinique, elle crée sa propre métapsychologie: l'instance organisatrice et qui décide de la structure du sujet devient le «Je».
Le «Je» désigne, en première approche, le parcours identificatoire du sujet à travers plusieurs étapes complexes: T0, T1 et T2.
Elle apporte de plus le complexe de potentialité psychotique, névrotique, ou polymorphe.
Elle s'appuie notamment sur des notions qu'elle a conceptualisées:
«Le Comportement transférentiel chez le sujet interné», collectif Études introductives à la psychothérapie à l'hôpital psychiatrique, L'information psychiatrique, 34eannée, 4esérie, no5, 1958
«Comment peut-on ne pas être persan?» L'inconscient, no1 1967
«Sociétés de psychanalyse et psychanalyse de société» Topique, no1, 1969
La violence de l'interprétation - du pictogramme à l'énoncé, Paris, PUF 1975, rééd. 2003, (ISBN2-130-53720-0)
Les Destins du plaisir aliénation, amour, passion: Séminaire Sainte-Anne, années 1977 et 1979, Paris, PUF, coll.«Fil rouge» (no18), , 268p. (ISBN978-2-13-036114-5)
Les Destins du plaisir, aliénation, amour, passion, Paris, PUF, coll.«Le fil rouge», 1979 (ISBN978-2-13-036114-5)
L'Apprenti historien et le maître sorcier, Paris, PUF 1984
Un interprète en quête de sens, Préface de Maurice Dayan, Paris, Psychanalyse, Ramsay, 1986.
«Se construire un passé», 1989, paru dans le Journal de la psychanalyse de l’enfant; republication dans Benoît Servant, «Adolescence. psychose et états-limites, no4, 2015», Revue française de psychanalyse, 2017/1 (Vol. 81), p. 242-246. DOI: 10.3917/rfp.811.0242. [lire en ligne]
(coll.) La pensée interdite, Paris, PUF, coll.«Petite bibliothèque de psychanalyse», , 149p. (ISBN978-2-13-057350-0 et 2-13-057350-9) (Autour de l'article de P. Aulagnier, «Le droit au secret: condition pour pouvoir penser», Nouvelle revue de psychanalyse, «Du secret», no14, automne 1976).
Philippe Givre, «P. Aulagnier: L’adolescence entre auto-altération de soi et permanence identificatoire», dans Adolescence, Printemps 1984, tome 2, n°1.
René Kaës, «Les alliances structurantes primaires. Le contrat et le pacte narcissiques», dans René Kaës, Les alliances inconscientes, Paris, Dunod, (lire en ligne), p.67-88