Philippe Hurteau, né aux Sables-d'Olonne le , est un artiste peintre contemporain qui produit aussi des images numériques, des installations picturales et des textes. Depuis 1995, il a confronté sa peinture à la question de l’écran, puis au phénomène Internet. Le projet Antacom, une installation de 82 peintures initiée en 2008, reprend la structure de Les Désastres de la guerre de Goya pour questionner l'espace psychique du sujet contemporain face à la civilisation de l'information[1].
La mise en forme de cet article est à améliorer ().
La mise en forme du texte ne suit pas les recommandations de Wikipédia: il faut le «wikifier».
Après des études d’architecture à Nantes et d’histoire de l’art à l'École du Louvre, Philippe Hurteau commence une activité de concepteur rédacteur en publicité[2]. Il reprend la peinture à Paris, puis expose en 1986 aux Ateliers 86 du Musée d’Art Moderne de Paris, sélectionné par Rudi Fuchs. En 1987, il participe à la Biennale de San-Paolo au Brésil (commissariat Gérard Guyot), puis séjourne deux années à Rome à la Villa Médicis, en tant que pensionnaire en 1988 et 1989. En 1993, il séjourne à New-York (dans le cadre du programme Villa Medicis Hors les murs), et y produit une série de monotypes.
En 1996, l’exposition Télévision à la galerie Zürcher marque un tournant dans son travail[3],[4]. À partir de ce moment les images dont il s’inspire sont issues de la télévision ou d’Internet. Il exposera en 2000 (exposition 8,75%, galerie Zürcher) des tirages numériques d’images ready-made de la chaine cryptée Canal+.
Ses peintures sont montrées à Rome, Séoul, Palerme, Londres, Bruxelles, Taipei, Chicago, Buenos-Aires, Lima, Los Angeles, Shanghai . En France, Il participe à des expositions collectives à Angers, Bordeaux, Tanlay, Meymac ou à l’Espace Paul Ricard à Paris (2005). En 1998, le musée des Sables d’Olonne (MASC) organise sa première exposition personnelle dans une institution, (Personne, commissariat Benoît Decron, 1998)[5]. Il est à l’origine, avec Philippe Cognée, du projet Visiotime, un forum internet sur la peinture (2002). En 2003 il séjourne et travaille une année à Los Angeles (exposition L.A. Cams, Raid Projects, 2003).
Ses œuvres ont été exposées par les galeries Cartwright (Paris), Marie-Hélène Montenay (Paris), Kontainer (Los Angeles). La galerie Zürcher (Paris), lui a organisé six expositions personnelles entre 1995 et 2007.
En 2008, Philippe Hurteau entreprend le projet Antacom, qui a été montré pour la première fois au château d'Oiron pendant l’été 2010 (commissariat Paul-Hervé Parsy).
Il commence à rédiger en 2013 un essai "in progress" intitulé La peinture à l'âge de l'écran, notes[6]
Philippe Hurteau a enseigné dans les écoles d'arts suivantes: ERBA-Nantes, École Camondo (Paris), ERG (Bruxelles), ESBA TALM (Angers).
Le travail de Philippe Hurteau, apparu à la fin des années 1980, affirme d'emblée la pérennité de la peinture - dans un contexte où elle est remise en cause - et une réflexion sur les questions de l’image et du regard. Une première période, mise au point pendant son séjour à Rome met en scène une sorte de dramatisation de l’image, dans une figuration paradoxalement vidée de contenu. Dans un article de la revue Art-press sur la biennale de San Paolo, Catherine Millet évoque alors une «abstraction illusionniste»[7].
Philippe Hurteau a souligné avoir ressenti à ce moment «un sentiment postmoderne». «Je ne me reconnaissais ni dans les néo modernistes dont la radicalité me semblait finalement académique, ni dans des nostalgiques pré modernes qui me semblaient réactionnaires. Il fallait donc se heurter à deux académismes et j’avoue qu’aujourd’hui encore j’éprouve ce sentiment face au milieu de la peinture française» [8].
La série Télévision, 1995, marque une rupture en introduisant les images triviales de la télévision, le cadre de l’écran étant alors assimilé au cadre du tableau (Télévision, 1996, collection FRAC Ile-de-France). «Je voulais confronter ma peinture aux images les plus triviales. Celles qui sont si célèbres qu’on ne les voit plus et que j’appelle des «images aveugles». Je voulais regarder les écrans parce que les écrans nous regardent. C’est bien par eux que nous arrive le monde dans lequel nous vivons. Je voulais poser la question de la peinture face à l’écran. Aujourd’hui toute image n’est-elle pas d’abord une image issue des écrans?»[8]. À propos de ce rapprochement novateur entre le tableau et les écrans, la philosophe Stéphanie Katz parle de «peintre de l’écran»[9].
En 1999 les premières saisies d’écrans cryptés de Canal+, des tirages numériques présentés comme des peintures, montrent des figures issues de films pornographiques qui semblent anticiper les expériences numériques du glitch art. Ces tableaux conduisent à ceux de la série XTZ (pour extase), dont les figures sont coupées par des «bugs» d’inspiration numérique.
De la même période datent les premiers tableaux de la série Abscreen (Abscreen#1, 1997), qui se poursuit jusqu’à une période très récente. Cette série mêle des éléments visuels des systèmes informatiques (les «fenêtres», les bandeaux, les onglets…) et des citations de la peinture abstraite expressionniste ou "Hard edge", restituées avec un statut d’images.
La figure est la question centrale de la série Studio (2004), une figure évoluant dans un espace construit par des images comme dans Visiotime 2, 2004 ou Studio 1, 2005, qui reprend l’espace des Ménines de Vélasquez transformé en studio[10]. L’artiste parle alors de «délocalisation de la figure»[11] À propos des écrans peints de Philippe Hurteau, le critique Paul Ardenne évoque des "images spectrales»[12],[13]
Initié en 2008, Antacom est un cycle de 82 peintures de même format 16/9 peintes en camaïeu de violet. Ce polyptyque en cours, que son auteur considère comme un «livre», prend comme modèle les Désastres de la guerre de Francesco Goya, recueil de 82 planches. C’est une œuvre «in progress», qui peut être montrée partiellement. Chaque tableau est mis en relation avec un des 82 «Logs», des mots-valises forgés par l’auteur. Pour chaque exposition, un commissaire définit l’ordre des tableaux et tire au sort les «stations» (la rencontre aléatoire d’un tableau et d’un Log inscrit sur le mur à 30 cm du sol). Le Protocole d’Antacom précise: «Les images d’Antacom sont les fantômes mentaux d’images multiples. Antacom oppose image et entre-image et non pas «figuration» et «abstraction». Antacom n’est pas anti “com”. Il creuse un lieu vacant, un trou virtuel, (...) pour fonder un imaginaire et donner un cadre au divers. Son propos est ontologique et politique. Son sujet est le Sujet cherchant à se saisir»[14].
Toutes les peintures de Philippe Hurteau sont peintes à l’huile, ou plus récemment à l’huile et Alkydes. Le plus souvent sur toile, mais aussi sur des feuilles de PVC, miroir acrylique, ou panneau composite aluminium[15].
Expositions collectives
Ateliers 1986 (commissaire Rudi Fuchs), Arc, Musée d’art moderne de Paris, 1986
XIXe biennale de Sao Paulo, sélection française, Sao Paulo (commissaire Gérard Guyot), 1987
Ardenne Paul / Art, le présent, éditions du regard, 2010 / L’Âge contemporain, éditions du Regard, 1997 / Visiotime 1, catalogue exposition, 2002
Bénézit, Paris, Éditions Gründ, 2006, tome 7, p.476-477
Blain Françoise-Aline / Genèse d’Antacom, entretien publié sur le site hurteau.org, 2011
Bourges Alain / Contre la télévision, tout contre, cité du design éditions, 2008
Buci-Glucksmann Christine / Du fragment, in catalogue «Fragma», 1993
Cousseau Henry-Claude / Le Réel contre l’Image, in Ph. Hurteau, Villa Medicis/Pernod mécénat, 1989 (bilingue)
Debrabant Camille / Fenêtres numériques, écrans picturaux: à propos de l'œuvre de Philippe Hurteau , in Dedans Dehors, approches multidisciplinaires de la fenêtre, sous la direction de Karolina Katsika, presses universitaires de Franche-Comté, 2019
Decron Benoît/ in Le musée de l'Abbaye Sainte-Croix Réunion des musées nationaux/ Mire finale et boite de Pandore, in Personne, catalogue musée de L’Abbaye Sainte-Croix, 1998
Devillers Jean-Pierre / Philippe Hurteau, film 26 min, arte: "L'art et la manière", coproduction arte / Images et Compagnie
Dumond Jean-François/ Télémétries: Artistes et télévision, textes de Françoise Parfait, Benjamin Thorel, Julien Gourbex, Frédéric Dumont / Éditions du provisoire, Montreuil, 2007
Exley Roy / Inside-out in Qui est là? , Jean-Michel Place, 2001
Froget Gilles / Du bug dans le paysage, entretien collectif, revue Parade #7, 2007
Ghaddab Karim / La condition virtuelle in Personne, catalogue musée de l’Abbaye Ste Croix, 1998/ Philippe Hurteau, la peinture dans le studio global entretien in L'art absolument no16, printemps 2006
Gomérieux Raphael / Les nouveaux rhyparographes, in Esthétiques de l'écran, sous la direction d'Eric Bonnet, L'Harmattan, 2013
Kaeppelin Olivier / Que je ne nommerai pas, sinon, in Optique, centre culturel Français de Palerme, 1992 (Trilingue)
Katz Stéphanie / Images résistantes , (notes croisées avec Ph.Hurteau), in Personne, catalogue musée de L’Abbaye Ste Croix, 1998 / Visiotime 1 , 2002 / L’écran, de l’icône au virtuel, éditions L'Harmathan, 2004 / Corps-Écran, in Catalogue Corps-Écran, Espace Paul Ricard, 2005 / L'écran dans l'atelier, Ph. Hurteau "Studio" , wwww.paris-art.com /
Lamy Frank / Quotidien aidé (Les locataires), école des beaux-arts de Tours, 2001 / Du corps à L’image, Philippe Hurteau, Fondation d’art contemporain D. et F. Guerlain, 2004
Merzeau Louise / Cinq entrées dans l'œuvre de Philippe Hurteau in Médium 6, printemps 2006 (ed. Babylone)
Obrist Hans-Ulrich / Hurteau Ph. / Notes sur le Tableau, in catalogue Septième ateliers internationaux des Pays de Loire, 1990
Parsy Paul-Hervé / Philippe Hurteau, in Les ruines du futur, Château d’Oiron, 2010
Piguet Philippe / Peindre après, peindre d'après, une nouvelle génération de peintres en France, Art absolument, numéro 14, automne 2005
Presneill Max / Making sense of white noise (the paintings of Philippe Hurteau), in catalogue L.A. Cams, Raid Projects, Los Angeles, 2003
Prodhon Françoise-Claire / Attention, le tableau nous regarde in catalogue Écrans & Spectateurs, Carré des arts, ville de Paris, 1996 (bilingue)
Sans Jérôme / Le Livre Muet, entretien avec Ph. H. in Ph. Hurteau, Galerie Ch. Cartwright, 1986
Strasser Catherine / in Ph. Hurteau, Galerie Charles Cartwright, 1986
Watt Pierre / L’Image contre l’image in Un écran, le tableau, Parc Saint Léger, Centre d’art Contemporain
Philippe Hurteau raconte cette anecdote:"j’avais rencontré un peu plus tard chez Publicis, Olivier Cadiot, stagiaire comme moi, avec qui j’étais en concurrence pour un poste de rédacteur. Comme il était beaucoup plus brillant que moi, il a obtenu le poste. Mais il aménageait alors un vaste loft partagé avec d’autres artistes (dont Pascal Dusapin) et, avec Bruno Carbonnet, il nous proposa de travailler dans cet endroit en échange d’un coup de main pour les travaux. C’est donc grâce à lui que j’ai pu commencer à peindre dans un vrai espace d’atelier à Paris" Genèse d’Antacom, un entretien avec Françoise-Aline Blain,
Ces tableaux sont visibles dans un film réalisé pour la chaine Arte au moment de l'exposition Studio. L'art et la Manière: Philippe Hurteau (film, 2006, 26 min) Réalisation: Jean-Pierre De Villers.