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La pharmacopée dans l'Égypte antique était pratiquée par des médecins propharmaciens mettant en œuvre des traitements codifiés et renouvelables indiqués dans les papyrus médicaux, au nombre desquels le papyrus Ebers. Nous trouvons en effet dans ces derniers de véritables réceptaires où sont enregistrés tous les composants utilisés à l’époque. Ils sont accompagnés de leurs indications.
Les médications employées par les praticiens de l’époque pourraient nous surprendre. Nombre d’entre elles ont été qualifiées de « repoussantes ». Elles sont en effet issues des « produits de la nature ».
Cependant, des études historiques et pharmacologiques nous montrent que ces prescriptions pouvaient parfois être utiles[1],[2]. Leurs compositions pouvaient aussi correspondre à des préoccupations magiques et religieuses[3].
Les traitements médicamenteux répondaient déjà à des descriptions pertinentes de la pharmacie moderne :
Les formes galéniques correspondaient déjà à beaucoup que nous connaissons maintenant :
On trouve parmi les composants énumérés dans les textes médicaux, différents minéraux, végétaux et extraits animaux prélevés dans le milieu environnemental. Les médications pouvaient être simples ou complexes.
Les produits minéraux[4]entrant dans les médications étaient surtout représentés par du natron (Carbonate hydraté naturel de sodium, de formule Na2CO3, 10H2O) et des sels métalliques comme des sels de cuivres. Différentes sortes de pierres pouvaient être utilisées broyées, par exemple pour une anesthésie locale (Cf. infra : Thérapeutique chirurgicale).
Voir également pour une utilisation simple :
« Illuter ses pieds et ses jambes de limon jusqu'à la guérison »
Les produits végétaux[6]entrant dans les médications pouvaient être représentées par des fruits, des légumes ou des plantes médicinales. Plusieurs sortes d’huiles étaient extraites. Plusieurs végétaux pouvaient être transformés en bières, en vins ou en vinaigres. Certaines parties des simples pouvaient être toxiques et à manipuler avec précautions ; on pourra ainsi trouver du chanvre, du pavot et de la mandragore.
Voir par exemple pour une médication locale contre les œdèmes des jambes féminines :
« Graines de gousses (fraîches) de caroubier, graines groupées de soude (végétale). Broyer finement et mélanger avec… »
— papyrus du Ramesseum[7].
Les produits animaux[8]entrant dans les médications pouvaient correspondre à des parties d’animaux, des organes ou même des animaux entiers. Le miel, le lait et les produits fermentés étaient d'un grand usage. On notera encore par exemple des graisses de différents animaux et des pansements de viande fraîche.
Voir encore par exemple une utilisation locale de fiels médicinaux :
« de chevreau et de poisson (Tilapia du Nil) »
— papyrus de Berlin[9].
Plusieurs produits humains pouvaient être prescrits.
Avec par exemple, dans un test pronostic vital :
« Un (petit) fragment de placenta (…) broyé dans du lait (…) trois jours de suite… »
Bien que non mentionnées dans les textes médicaux pharaoniques qui nous sont parvenus à ce jour, les pesées s’effectuaient, pour d'autres usages, notamment pour les métaux, avec des balances et des trébuchets dont la sensibilité était déjà assez précise. Les poids pouvaient être fait de matériaux assez stables comme différents types de pierres marquées. La pesée des substances médicamenteuses sera indiquée plus tardivement en grec dans les papyrus, comme à Alexandrie, ou même sur des monuments (comme à Kôm Ombo - cf. infra, dernière photo).
Par exemple :
Les dosage pharmaceutiques sont décrits dans nos textes par la mesure des volumes dans des récipients spéciaux dont certains pouvaient porter des graduations.
Par exemple :
Les fractions étaient utilisées pour définir des quantités [14].
Par exemple :
Les médications pouvaient être l’objet de préparations à chaud ou à froid, certaines faisaient l'objet de véritables procédures de production et même incorporer des produits de synthèse.
Une équipe française du CNRS a démontré l’utilisation de produits de synthèse comme la laurionite[15].
« Ryzome de souchet comestible : 1/64 (de héqat' = 5 ro) ; valériane : 1/64 (de héqat = 5 ro) ; lait de vache : 1 hénou. Faire cuire. Laisser refroidir. Agréger en un seul volume. Faire boire quatre matins de suite. »
Cette ordonnance correspond à faire prendre une potion de 1,08 litre en quatre prises de 0,27 litre par prise (soit à un peu plus de 1/4 de litre à chaque fois).
Les formes médicamenteuses étaient contenues dans des vases ou des récipients dont certains pouvaient être très ouvragés et décorés[16] un peu à la manière de nos pots à pharmacie. Les produits secs pouvaient être stockés dans des petites boîtes en bois, en os, ou dans des petits sacs de lin. Les collyres pouvaient bénéficier de tubes de roseaux décorés ou non, et même être confectionnés en pierres fines ou en métal.
Pour pratiquer les gestes chirurgicaux, le médecin devait disposer de quelques instruments[17],[18],[19]. D’abord en silex, puis en métal cuivreux, plus tardivement en fer, plusieurs tailles d’objets existaient dans plusieurs modèles afin d’être employés à des stades opératoires différents.
Les objets de pansement comme les compresses et les bandes étaient principalement confectionnés en lin. Les contentions étaient pratiquées avec des cartonnages de papyrus, des tissus et des appareillages de bois. Des prothèses ont été confectionnées.
Pour tenter de soigner les maladies rencontrées dans leur exercice quotidien, les médecins égyptiens pouvaient puiser dans la pharmacopée pharaonique et se servir des médications inscrites dans des textes établis à l’avance, codifiés, et constituant de véritables traités.
En voici quelques exemples[20]
Parmi les moyens utilisés par les anciens, plusieurs produits naturels peuvent aujourd’hui nous surprendre, nous dégouter, ou nous laisser interrogateurs, ce sont :
Si dans les quelques exemples de « thérapeutique médicale » exposés plus haut nous voyons que plusieurs produits pouvaient avoir des effets positifs, les quelques éléments indiqués ci-dessus peuvent nous faire frémir. Rappelons toutefois que beaucoup d’entre eux figuraient dans les ouvrages consacrés aux « matières médicales » en Europe et édités jusqu’aux XVIIIe, XIXe, et même XXe siècles pour certains[23]. Ils sont encore en usage dans des pays en voie de développement. Ceci peut tempérer notre effroi. Il faut aussi ajouter qu’ils s’en trouvent parmi eux qui donneront naissance, mais bien plus tard, par exemple à l’opothérapie (parties d’organes), à l’antibiothérapie (moisissures), à la chimiothérapie et à d'autres traitements modernes (se reporter par exemple aux notes 1, 2 et 9).
En ce qui concerne la magie, il faut resituer le contexte religieux de l’époque et comparer avec des espoirs dynamiques de guérison, stimulants[24], et pouvant déboucher sur ce qui sera considéré comme des « miracles ». La part psychologique est importante (se reporter par exemple à la notes 3).
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