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L'histoire et la critique littéraires désignent depuis la fin du XIXe siècle comme petits romantiques certains représentants du mouvement romantique français, allemands et anglais du XIXe siècle. Cette appellation est, depuis les années 2000, grandement remise en question.
Ces auteurs « sont réunis », selon Gaëtan Picon, « non seulement par l'obscurité où les noms glorieux les relèguent, mais aussi par des traits plus fondamentaux : éloignement du lyrisme élégiaque, esprit de révolte sociale et métaphysique, outrance, complaisance dans le macabre, frénésie[1] ».
L'expression « petits romantiques » apparaît en 1896 sous la plume d'Eugène Asse, lors de la parution d'un ouvrage intitulé ainsi, où cet essayiste considère que « l'on connaîtrait mal le mouvement littéraire qui, sous le nom de romantisme, a jeté un si vif éclat sur le second tiers de notre siècle, si l'on s'arrêtait seulement aux grands écrivains qui s'en détachent et dont la gloire est maintenant consacrée[2] ».
Selon Max Milner, cette « appellation générique » reflétait, « dans ce qu'elle avait de condescendant, sinon de péjoratif, l'esprit dans lequel les écrivains en question avaient été étudiés jusque-là, et le seraient encore durant quelques années[3] ». Willy-Paul Romain confirme qu'« il y a deux romantismes […] : d'un côté, il y a des œuvres connues mais qui ne passionnent plus beaucoup, et de l'autre, des textes dont la richesse est encore sous-estimée — il reste peu de choses peu de choses à dire de Vigny ou du Sainte-Beuve de la bonne époque, alors que l'on commence à peine à connaître Nerval, et qu'à peu près tout est à découvrir chez Nodier, etc.[4] » au début des années 1950.
Au XIXe siècle, les dits « petits romantiques » n'ont fait l'objet d'articles et d'études que par « des amateurs de curiosités littéraires, bibliophiles ou bibliographes, comme Paul Lacroix, Champfleury, Monselet, Asselineau, Claretie ». Max Milner leur témoigne « beaucoup de reconnaissance pour avoir sauvé de l'oubli des personnalités qu'il aurait été difficile, sans eux, d'exhumer de la fosse commune où se confondent tous ceux que la Renommée a dédaignés[3] ».
Bien que l'expression « petit romantique » puisse désigner des artistes isolés, tel Xavier Forneret, resté dans l'ombre en partie pour n'avoir pas bénéficié du soutien de ses pairs[5], ceux-ci se regroupaient parfois en cénacle, inspiré de ceux d'auteurs tel que Victor Hugo. Quelques décennies plus tard, Théophile Gautier relate dans l'Histoire du Romantisme sa rencontre avec ce dernier[6], qui mena à la création du Petit-Cénacle, qui se regroupait dans l'atelier de Jehan Du Seigneur :
« La réunion se composait habituellement de Gérard de Nerval, de Jehan du Seigneur, d'Augustus MacKeat, de Philothée O'Neddy (chacun arrangeait un peu son nom pour lui donner plus de tournure), de Napoléon Tom, de Joseph Bouchardy, de Célestin Nanteuil, un peu plus tard, de Théophile Gautier, de quelques autres encore, et enfin de Petrus Borel lui-même. Ces jeunes gens, unis par la plus tendre amitié, étaient les uns peintres, les autres statuaires, celui-ci graveur, celui-là architecte ou du moins élève en architecture[7]. »
Jean-Luc Steinmetz revient près de quinze ans plus tard sur son ouvrage écrit en 1991, La France frénétique de 1830, où se trouvent « regroupés pour la dernière fois (car je ne vois guère semblable entreprise aujourd'hui, excepté pour répondre à un devoir de mémoire qui confine à la taxidermie) Nodier, Rabbe, O'Neddy, Borel, Esquiros, Lacenaire, Aloysius Block, Lefèvre-Deumier, Forneret[8] » :
« Aux alentours de Mai 68, je n’aurais sans doute pas pris la responsabilité de composer l’anthologie de La France frénétique de 1830 si la révolution étudiante, la manifestation de l’esprit que saluait Maurice Clavel n’avaient provoqué en moi une certaine reconnaissance, au double sens de ce terme. Ceux que je rassemblais, bon gré, mal gré, ces intouchables, avaient droit de nouveau à la parole, remontaient des profondeurs. [...] J’inscrivis alors de trop grands mots, en tant que remède ou viatique : « Ces romantiques mineurs parlent pour les hommes du dernier temps »[8]. »
Le critique juge a posteriori cette « expression décidément trop étroite pour contenir tant de personnalités disparates, qu’aucune minoration ne parvient à réduire à merci[9] ».
Marie-Ève Thérenthy juge pour sa part que « l'histoire littéraire, après avoir oublié cette génération, l'a relativement récemment exhumée en la qualifiant avec des appellations plurielles et problématiques (Jeunes-France, Bousingots, petit Cénacle, bohème du Doyenné…) qui permettent finalement de ne désigner qu’un nombre relativement restreint d’individus généralement identifiés grâce à l'Histoire du romantisme de Théophile Gautier et à quelques autres textes fondateurs[10] ».
Les principaux représentants des « petits romantiques français » sont :
Parmi les artistes romantiques anglais, il convient de citer :
Parmi les auteurs romantiques allemands, longtemps négligés ou méconnus, il convient de nommer :
André Breton accorde une place importante aux « petits romantiques » dans son Anthologie de l'humour noir (1939) où il reconnaît « avoir apporté dans ce choix une grande partialité, tant il est vrai qu'une telle disposition nous paraît seule de mise à pareil sujet[11] » : Lacenaire[12], Pétrus Borel[13] et Xavier Forneret[14], parmi les auteurs français, mais aussi Thomas de Quincey[15] et Christian Dietrich Grabbe[16].
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