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Le traité Pessahim (hébreu : פסחים « offrandes pascales ») est le troisième de l'ordre Moëd dans la Mishna et les Talmuds. Il traite, ainsi que l'indique son nom, des lois concernant la fête de Pessa'h ainsi que celles du Pessa'h sheni, célébré un mois plus tard par les personnes qui n'avaient pu, pour une raison légitime, s'acquitter de leurs obligations le 14 nissan.
Le traité élabore principalement sur les aspects généraux et les ordonnances particulières de la Pâque juive prescrits dans la Bible hébraïque.
La Torah prescrit d'abattre un agneau en offrande pascale en un temps spécifié et manger sa chair rôtie avec de la matza (pain azyme) et du maror (herbes amères) la nuit du 14 nissan ; il ne doit rien rester de la chair de cette offrande pascale après le matin[1] ni de ses graisses[2]. Seuls les membres de la nation israélite peuvent en manger et elle est interdite à l'apostat, à l'incirconcis ou au travailleur temporaire[3]. Aucun os de l'offrande pascale ne peut être brisé[4],[5]. Il est interdit de consommer l'offrande tant qu'on se trouve en possession de hametz[2]. Elle ne peut être réalisée et consommée qu'au lieu « choisi par Dieu »[6].
La Torah prescrit d'avoir détruit le hametz (« levain ») le 14 nissan ; il est non seulement interdit d'en manger mais même d'en posséder (volontairement) pendant les sept jours de Pessa'h. Les mélanges contenant du hametz sont également interdits. Il est en revanche obligatoire de manger la matza le premier jour de Pessa'h[7] et lors des sept jours de la fête des Azymes[8],[9].
Il est prescrit d'enseigner au fils qui s'étonnera des rites de Pessa'h d'en raconter la raison, qui est l’Exode hors d’Égypte[10]. Cette prescription apparaît encore à trois reprises.
Revenant sur l'ordonnance de la fête de Pessa'h dans le désert, la Torah prescrit deux convocations saintes, au premier et au septième jour de Pessa'h, au cours desquels il est obligatoire de se reposer et interdit de réaliser « toute œuvre servile » ; en outre, il faut apporter une offrande outre les offrandes habituelles (korban moussaf) les sept jours de Pessa'h[11].
Une seconde occasion de s'acquitter de l'offrande pascale est offerte à ceux qui n'auraient pu le faire au temps fixé pour des raisons légitimes (éloignement trop important du sanctuaire, état d'impureté rituelle, etc.) ; elle suit la même ordonnance que l'offrande pascale à la différence près qu'elle doit être offerte le 14 iyar[12].
La Mishna du traité Pessa'him comprend 87 mishnayot (articles), réparties en dix chapitres. Elle est, selon une opinion, composée de deux traités, raison pour laquelle l'intitulé du traité est au pluriel (Pessahim et non Pessa'h) : les chapitres 5 à 9 sont en effet relatifs à l'offrande pascale uniquement, tandis que les autres traitent des autres lois et de sujets divers[13]. Selon une autre opinion, le pluriel de l'intitulé du traité est dû au fait que celui-ci traite non pas d'une mais de deux offrandes pascales (Pessa'h et Pessa'h sheni).
Les trois premiers chapitres traitent principalement des lois du hametz (produits fermentés) et de la fermentation :
La Mishna enseigne dans le quatrième chapitre (maqom shenahagou) que le fait de travailler (dans les limites autorisées par la veille de Pessa'h) ou non dépend de la coutume locale ; elle dévie alors sur d'autres lois où la coutume prévaut comme l'allumage des bougies à yom kippour ou le travail le 9 av. Elle note enfin six actes réalisés par les gens de Jéricho et six actes par le roi Ezéchias, dont celui d'avoir mis un traité de médecine au rancart.
Les lois sur l'offrande occupent quatre chapitres :
Le neuvième chapitre (mi shèhaya) est consacré au Pessa'h sheni, à ce qui le différencie du premier pessa'h et à ce qui distingue le pessa'h qui a été réalisé en Égypte (pessa'h Mitzrayim) et tous les pessa'him suivants (pessa'h dorot). Il traite aussi de l'échange (temoura) de l'offrande pascale, de l'offrande d'un animal femelle, du mélange de l'offrande pascale avec d'autres offrandes et des cas dans lesquels des animaux à offrir ont été perdus ou échangés.
Le dixième chapitre (erev ou arvei pessa'him) est la première mention du rituel qui se tient à l'époque de la Mishna (et vient probablement d'être institué peu auparavant) : le seder comporte quatre coupes de vin, sur lesquels différentes bénédictions sont prononcées ; le fils doit poser des questions au père et celui-ci, en lui répondant, l'instruit sur le rite étrange qui se tient en cette nuit et son sens. D'autres bénédictions sont dites et, enfin, le Hallel.
La Tossefta Pessahim, compilation de traditions extra-mishnaïques visant à expliquer et complémenter la Mishna, est également divisée en dix chapitres, bien que ses articles ne soient pas exactement parallèles à ceux de la Mishna.
Elle contient beaucoup de matériaux servant à expliquer ou suppléer à la Mishna : la Tossefta 1:1 explique pourquoi le hametz doit être recherché à la bougie, les articles 8:7-8 détaillent ce qui distingue et ce qui rapproche le pessa'h Mitzrayim et le pessa'h dorot, etc.
Elle est cependant muette sur la cérémonie du seder, ne discutant que du Hallel ; de ce fait et en se basant sur l'hypothèse que le matériau de la Tossefta existait avant la compilation de la Mishna, certains en déduisent que le seder fut institué dans la forme qu'on lui connaît actuellement par les docteurs de la Mishna qui en enseignent les règlementations[14]
Elle comprend aussi ses propres récits et anecdotes, notamment l'ascension de Hillel l'Ancien à la dignité de prince d'Israël, en démontrant devant les gens assemblés dans la cour du Temple que l'offrande pascale doit être offerte à chabbat[15] et la méthode de recensement utilisée par le roi Agrippa, en faisant compter les reins des bêtes offertes pour l'offrande pascale[16].
La Guemara des Sages de Babylone et celle des Sages de Galilée qui forment, avec la Mishna, le Talmud de Babylone et celui de Jérusalem respectivement, discutent et expliquent les mishnayot ; cependant, les discussions des Sages, qu'elles traitent de halakha (sujets légaux) ou de aggada (sujets non-légaux), excèdent souvent le sujet de base et les Talmuds, en particulier celui de Babylone, sont riches en sentences, proverbes, histoires, légendes et autres interprétations.
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