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groupe ethnique d'Afrique centrale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les M’fan forment un groupe ethnique bantou que l’on trouve aujourd’hui en Afrique centrale, essentiellement en Guinée équatoriale, et au Gabon - woleu-Ntem (province éloignée du Cameroun), mais aussi au Cameroun, et à Sao Tomé-et-Principe. Le groupe des langues M’fan est composé de plusieurs dialectes et créoles. Les m'fan parlent tous des langues bantoues apparentées, et, malgré quelques spécificités régionales, ils n'ont aucun mal à se comprendre entre eux[3].
Guinée équatoriale | 1 400 750, soit 78,1% de 1 795 834 habitants[1] |
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Gabon | 576 949, soit 23,5% de 2 455 105 habitants[2] |
Population totale | 1 977 699 (2022) |
Langues | Ntoumou, Okak, Mvaï, Nzaman, Mekè |
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Ethnies liées | Ntoumou, Okak, Mvaï, Nzaman, Mekè |
L’appellation « m’fan » n'est pas acceptée par les natifs qui affirment ne pas s'appeler ainsi[4]. Par ailleurs, l'orthographe « fang » est contestée par les « M’fan », le mot approprié serait m'fan couramment utilisé dans l'expression m'fan mod.
À tort ou à raison, le terme « pahouin » est parfois considéré comme péjoratif.
Ils sont majoritaires en Guinée équatoriale où ils représentent 85% de la population, et au Gabon représentant 40 % de la population. Certains d'entre eux vivent également à São Tomé-et-Príncipe.
Quoique les statistiques officielles sur la population soient un sujet tabou au Gabon, l'ethnie m'fan est numériquement la plus importante de la cinquantaine qui compose le pays[5],[6]. Son aire géographique s'étend de la partie nord du Gabon (province du Woleu-Ntem) au centre (province du Moyen-Ogooué), en passant par le nord-est (province de l'Ogooué-Ivindo) et le Nord-ouest (province de l'Estuaire) et les régions du Centre et Sud du Cameroun.
Le peuple m’fan ou Ekang est composé de tribus et de clans, ce sont différents niveaux de parenté désignés par le terme ayong qui est polysémique en langue m’fan (peuple, tribu et clan). Le terme sous-groupes est inapproprié car il ne revêt aucun lien de parenté. Le peuple m’fan est composé de plusieurs tribus : Okak, Mvai, Nzaman, Ntumu, Méké. Les tribus du peuple m’fan regroupent plusieurs clans qui sont la parenté directe chez les m’fan, les familles dans une acception large avec une impossibilité de mariage entre deux personnes du même clan (Agonavèign, Ebah, Angonavele, Ebifil, Esabock, Nkodjeign, Efak, Essamengone (Yemoñ,Yenoo, Essatouk, Essamekoas), Essamekouk, Essakora, Essanang, Essabang,Essesen, Essimvè, Essinzik, Esokè, Esibikang (Esabezang, Yemetone, Esindua), Esissong ou Esatua, Esisis, Esabègne, Mebum, Essangui, Essimvous, Ngamou, Yendjü, Yemendzime, Yenkwakh, Esobam, Essakora, Nguè, Esametok, Bekwe, Essambira, Esakonan, Yembivè, Yendzok, Omvang, Yengol, Yemesom, Yiveng, Oyekh, Yemefak, Essasim, Ngoe, Essamvam, Yetyang, Essobam, Yekombo, Yemedjit, Yemveng , Ebaa, Essambwak, Essambe, Ebinen…) les lignées du clan sont nommées Mvok et regroupent les descendants directs d’une personne.
Au Gabon, les m’fan sont présents dans plusieurs provinces : l’Estuaire, le Moyen-Ogooué, l’Ogooué-Ivindo et le Woleu-Ntem.
Apparu en 1819, le premier mot utilisé[7] pour désigner un groupe établi à l'intérieur du pays est Pamouay, et aurait été transmis aux Européens par le peuple Myènè[8]. Les Espagnols le transforment en Pamue et les Allemands en Pangwe. Les Français nasalisent le phonème final et optent pour Pahouin[9].
Le nom d'origine viendrait de Mpangwe, donné par les Mpongwè – des habitants des rives de l’estuaire du fleuve – signifiant en langue vernaculaire « je ne sais pas ».
De nombreuses versions sur l'origine du groupe fang ont été élaborées ces dernières années. Deux hypothèses peuvent être relevées.
D'autres groupes auraient été poussés par ce courant, comme les Ngoumba. Enfin, une longue trajectoire en boucle, en allant vers l'Ogooué, et ensuite, en remontant vers le Nord-ouest et la côte atlantique au Nord Gabon et au Rio Muni : les Nzaman, les Ntumu, le petit groupe des Mvaï et les Okak.
En 1875, ces peuples, qui vivaient plus de la cueillette que de l'agriculture et qui ne pratiquaient pas l'esclavage, sont arrivés dans les régions côtières du Gabon, cela entraîna une augmentation du commerce mais provoqua des frictions avec les populations locales et des actes de violences entraînent des interventions punitives de la petite garnison de l'armée française stationné à Libreville à partir de 1876[14]. Cité par Georges Balandier, l'explorateur Alfred Fourneau estime alors leurs populations à environ deux ou trois millions d'individus[15].
Des textes anciens décrivent parfois les Pahouins comme anthropophages. L'explorateur Paul Belloni Du Chaillu qui resta dans ces contrées pendant trois ans, à partir de 1855, apporte des témoignages en ce sens[17],[18],[19]. En 1875, le marquis Victor de Compiègne, après avoir intitulé l'un de ses chapitres « Les Pahouins cannibales » et donné force détails, constate néanmoins que ceux qu'il a rencontrés semblent avoir « à peu près renoncé à cette coutume barbare »[20]. Les Pahouins du Gabon se livraient à des libations rituelles avec des coupes crâniennes[21].
Au début du XXe siècle, certains villages, au cœur de la forêt dense (la vue est limitée à quelques mètres, en 1908), pouvaient regrouper plusieurs centaines d'habitants. Les constructions avaient une durée de vie limitée, et les ressources sujettes à s'épuiser, les populations se déplaçaient tous les trois ou quatre ans. Les villages étaient soigneusement protégés. Les bâtiments étant groupés en village-rue[22], au-delà s'étendaient les plantations et les bananiers puis tout un réseau de pièges et d'alarmes (clochettes)[23]. Des salles de réunion des hommes étaient occupées, de jour comme de nuit par des guerriers en armes. Un peu plus grandes que les autres, elles disposaient de larges ouvertures, ce qui permettait une surveillance à 360° des alentours et étaient très fréquentées. La cour du village offrait la sécurité et concentrait de nombreuses activités.
Une habitation était faite d'une structure en bois, fixée au sol, et de parement d'écorces. Le pisé, qui tend à fixer l'habitant, sera imposé par l'administration coloniale. Toiture à deux pans et auvent étaient recouverts de longues feuilles d'amome ou de palmes de raphia. Ces habitations étaient petites, sombres et enfumées, elles possédaient des cuisines aménagées à l'arrière des cases-chambres. Elles étaient parfois décorées de scènes peintes ayant une force magique. Les habitations collectives portaient un décor, tout aussi symbolique, en rapport avec les croyances et les mythes. Les parois étaient ornées de motifs géométriques peints. Les figurations symboliques, sculptées, étaient surtout rassemblées sur le pilier central et sur les bancs : images des ancêtres et animaux mythiques, comme le varan et la tortue.
« Le mot « Mvet » désigne à la fois l'instrument utilisé, le joueur et les épopées racontées desquelles se dégage toute une littérature. »[24]. Le Mvet (avec majuscule, ensemble de récits guerriers formant la culture Ekang, qui se joue accompagné d'un instrument de musique à cordes du même nom) fut révélé à un homme durant la migration, du nom d'Oyone Ada Ngone[25].
Mais le Mvet tel qu'il est pratiqué de nos jours a été révélé à Ebang Ely Mintem. En effet, d'après le grand maître du Mvet Eyi Mone Ndong, il y avait deux grandes écoles, l'école du Ngwéza inventée par Ebang Ely Mintem (clan Oyeck) et l'école de Meye Me Nguini de Effandène Mve (clan essandone). L'école de Ebang Ely Mintem et de Menguire M'Edang (Essokè), dont le style majeur est Angonemane Ekome (cousine de Ebang et Grande Maîtresse du Mvet), s'est imposée. Cette migration est souvent qualifiée de Mbil ayong en langue fang (« la course », « la fuite » de la tribu).
Le Mvet est avant tout une cosmogonie, puisqu'il explique la formation de l'univers à partir d'une explosion initiale ; il est ensuite un récit merveilleux d'aventures épiques de personnages imaginaires mais constants : les mortels aux prises avec les immortels pour tenter de leur ravir le secret de l'immortalité, sinon de rivaliser en bravoure, force, courage et intelligence, sagesse et prospérité. Par son contenu, le Mvet est donc une mythologie qui explique le cosmos et règle aussi les rapports entre vivants, entre vivants et morts et entre l'homme et Dieu. Les Fang sont monothéistes : le créateur suprême est EYO ou « Le Nommant », c'est-à-dire « Celui qui, en parlant, crée »
Ondzabogha signifie A bôk adzap, « creuser l'adzap », adzap étant le nom d'un arbre particulièrement immense ; ce mot résumerait la détermination du peuple fang à franchir les obstacles dressés sur sa route pour trouver sa « terre promise », l'Afrique centrale.
Les m’fan du grand groupe Ekang se sont aussi dotés d'armes de jet forgées de formes singulières (quoique très proches de celles des Kota, par exemple) dont une importante collection existe au musée d'histoire naturelle de Lille (non présentée au public), issue de l'ancien musée ethnographique Alphonse-Moillet (aujourd’hui fermé, mais dont les collections font l'objet d'un inventaire et de restaurations depuis les années 1990[27]).
Reliques d'ancêtres que chaque famille détenait dans un coffret
Dans le domaine de l'art africain traditionnel, les Fang ont réalisé, entre autres, des statuettes de byeri, reliquaires[28] et des masques, recherchés par les musées et les collectionneurs[29]. Mais, indépendamment de la colonisation, au sein des cultures de la région, la renommée de certains sculpteurs, plus habiles et plus recherchés que d'autres, a conduit à la dissémination, de proche en proche, de certaines particularités de la sculpture Fang[30].
Afin de distinguer les principaux styles, l'étude conduite par Louis Perrois[31] propose deux ensembles « centraux » et des formes « périphériques », ainsi que de nombreuses formes « de transition » que l'on peut constater dans les statues d'ancêtres, gardiens de reliquaires. Au « centre », un groupe « Fang du Nord » (Ntumu et groupes apparentés), volumes étirés et forte stylisation ; groupe « Fang du Sud » (Nzaman, Mvaï et Okak), plutôt trapus et tendance au réalisme idéalisé. En « périphérie » : Nord des Mabea (Mabi)[32], à patine claire, et Nord des Ngumba (Ngoumba), tronc étiré et incrustations métalliques.
Les têtes d'ancêtres, gardiens de reliquaires des Fang, sont souvent caractérisées par une patine suintante[44], quand elle n'a pas été soigneusement retirée par les Occidentaux, collectionneurs ou marchands[45].
Ces têtes seules auraient été utilisées par les Fang, dans le même ensemble que les statuettes et le reliquaire. Ces sculptures à la patine noire et surmontées de plumes d'aigle pêcheur ou de touraco, au sommet d'un long cou ont une taille souvent imposante (H. 30-70 cm). Elles semblaient surgir du reliquaire cylindrique, leurs yeux de laiton (plus rarement de verre ou de mica) brillants dans l'ombre de la case, et effrayant ceux auxquels était interdit l'accès aux reliques des ancêtres[46]. Leur qualité sculpturale tient au traitement singulier du volume de la tête, avec un front ample, en quart de sphère, de grands yeux aujourd'hui ternis, et la patine noire qui semble « pleurer » sur le visage aux lèvres projetées en avant, en une moue triste. La masse des cheveux est parfois traitée avec recherche, selon les supposés « ateliers » ou en fonction de modes régionales, en une coiffe à trois ensembles nattés, de nattes « à crans » ou à degrés, ou bien à « chignon transverse » voire, plus simplement, à tresses raides, profondément dégagées à l'arrière du crâne. Leur usure, au centre du visage, correspond à de délicats prélèvements commandés pour la réalisation d'objets de protection spirituelle.
Les masques (nkukh ou asu-ngi) du ngil étaient l'emblème de la confrérie qui avait vocation de faire régner la justice, et ce jusqu'aux années 1920[47]. Cette milice surgissait de la forêt, toujours la nuit, dans un accoutrement qui masquait chaque porteur de masque, afin d'effrayer les villageois, et de tenter ainsi d'avoir une fonction de justicier contre des supposés sorciers lorsque ceux-ci semblaient pratiquer la magie noire dans le village. La confrérie intervenait sur demande ou à la suite d'évènements jugés anormaux, comme la mort de nouveau-nés ou des épidémies. Le masque, oblong, peut atteindre jusqu'à 70 cm de long. Sa couleur blanche symbolise son rapport aux esprits. Le visage au front immense avec un nez très long, des petits yeux fendus et une bouche plus petite encore joue sur des disproportions systématiques mais cohérentes qui donnent au masque son caractère monstrueux, effrayant lorsqu'il surgit dans la nuit.
Les masques heaumes ont, semble-t-il, pris le relais des masques du ngil que l'on accusait de mettre en coupe réglée les villageois au début du XXe siècle. À deux faces, en Janus, ou à visages multiples (généralement quatre) ces masques nlo-ñgon-tang émanaient du monde des esprits pour découvrir les sorciers porteurs de malheurs. Leur succès a incité les peuples voisins, jusqu'aux Kwele du Nord Congo, à emprunter cette coutume jugée efficace.
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