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philosophe et psychologue autrichien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Otto Weininger, né le à Vienne et mort le dans la même ville, est un philosophe et écrivain autrichien. En 1903, il publie Geschlecht und Charakter (de) (Sexe et Caractère), livre qui devient populaire après son suicide à l'âge de 23 ans. Cet ouvrage a régulièrement servi depuis de référence à la propagande antisémite[1],[2].
Otto Weininger est le fils d'Adelheid et Leopold Weininger, orfèvre juif d'ascendance hongroise. Étudiant doué, il s'inscrit à l'université de Vienne une fois son baccalauréat en poche. Il étudie surtout la philosophie et la psychologie mais aussi les sciences naturelles et la médecine. Il apprend également de nombreuses langues étrangères (l'italien, le français et le norvégien, car il admire Henrik Ibsen).
À l'automne 1901, Weininger essaye de trouver un éditeur pour Éros et psyché, ouvrage qu'il soumet pour l'obtention de sa thèse en 1902. Il rencontre Sigmund Freud, qui ne recommande cependant pas son texte à un quelconque éditeur. Sa thèse est acceptée et Weininger reçoit son titre de docteur. Le , il se convertit au christianisme.
Après avoir voyagé quelque temps à travers l'Europe, il retourne à Vienne, où il commence à souffrir de dépression. En juin 1903, après deux ans et demi de travail acharné, son livre Sexe et caractère : une investigation fondamentale est publié à Vienne par Braumüller. Cet ouvrage est, selon l'auteur, une tentative « d'éclairer les relations sexuelles par une lumière nouvelle et décisive ». Même si l'ouvrage n'est pas rejeté par la critique, il ne crée pas l'agitation attendue. Selon Freud, cet essai de Weininger, confession impudique de tous ses complexes et phobies, cristallise nombre des angoisses identitaires éveillées par la modernité, et « traduit une névropathie soumise à un complexe infantile de castration »[3].
Le , Weininger loue une chambre au Schwarzspanierstraße 15, dans la maison où Beethoven mourut. Le lendemain, il est retrouvé inconscient, allongé entièrement habillé sur le sol, la poitrine gauche percée par une balle en plein cœur. Il est emmené à l'hôpital où il meurt à l'âge de 23 ans. August Strindberg écrivit à l'ami intime de Weininger, Artur Gerber, le : « Quel homme étrange et mystérieux, ce Weininger ! Né avec la culpabilité, comme moi ! […] Le fait qu'il parte montre pour moi qu'il avait parfaitement le droit de le faire. »
Dans son livre Sexe et Caractère (de), Weininger affirme et essaye de prouver scientifiquement que tous les êtres humains sont composés d'une association entre une substance masculine et une substance féminine. L'aspect mâle serait actif, productif, conscient et moral/logique ; son pendant féminin serait passif, improductif, inconscient et amoral/alogique. En ce sens, la dualité masculin/féminin est une version de la dualité métaphysique traditionnelle esprit/chair.
Cette dualité masculin/féminin que Weininger reconnaît en chaque individu est associée à une thématique morale qui témoigne d'une forte influence d'Emmanuel Kant : chaque individu a le devoir de parvenir à un dépassement de sa composante féminine ou charnelle au profit de sa composante masculine ou spirituelle, ce qui résonne comme un écho à l'impératif catégorique kantien prescrivant au sujet de dépasser sa partie sensible au profit de sa partie intelligible. Weininger soutient que cette émancipation devrait être réservée aux « femmes masculines », par exemple à certaines lesbiennes, et que la vie d'une femme serait consumée dans la fonction sexuelle, à la fois par l'acte, comme prostituée, et par le produit, comme mère. La femme serait ainsi un « unificateur. » À l'opposé, le devoir de l'homme ou du moins de l'aspect masculin de la personnalité, serait de s'efforcer d'être un génie et de surpasser la sexualité au profit d'un amour abstrait de Dieu, l'absolu, qu'il trouverait en lui-même.
Une part significative de ce livre traite du génie, sans aucun doute écrite d'après son expérience personnelle. Outre son ancrage romantique, cette préoccupation pour le thème du génie témoigne là encore d'influences kantiennes. Weininger affirme que certaines personnes ne seraient pas des génies pour par exemple les mathématiques ou la musique, mais qu'il n'existerait que le génie universel, dans lequel tout existe et a un sens. Il fait la supposition qu'un tel génie serait probablement présent en chacun des individus, à un certain degré.
Dans un autre chapitre, Weininger, lui-même juif converti au christianisme en 1902, analyse l'archétype juif comme étant féminin et ainsi profondément non religieux, sans véritable individualité (âme), ni sens du Bien et du Mal. Le christianisme est décrit comme étant la « plus haute expression de la plus haute foi », alors que le judaïsme est appelé « l'extrême de la couardise. » Weininger s'en prend à la décadence des temps modernes et l'attribue en grande partie aux influences féminines et donc juives. D'après lui, chacun présente une part de féminité, ce qu'il appelle la « Juiveté ». On peut ajouter que « son système de pensée doit beaucoup à sa fréquentation de l'univers wagnérien »[4]. Dès ses études de philosophie à Vienne, il avait écouté des conférences de Houston Stewart Chamberlain, gendre de Wagner, raciste qui imposa une lecture tendancieuse et réactionnaire des textes de son beau-père. Weininger s'était rendu en 1902 au Festival de Bayreuth, où il avait entendu Parsifal.
Dans une lettre à Jacques Le Rider diffusée[Où ?] en 1986, Emil Cioran dit que ce qui le fascinait chez Weininger était « l'exagération vertigineuse, l'infini dans la négation, le refus du bon sens, l'intransigeance meurtrière, la quête d'une position absolue, la manie de conduire un raisonnement jusqu'au point où il se détruit lui-même et où il ruine l'édifice dont il fait partie ».
Selon certaines sources[5], Hitler lui-même aurait déclaré en parlant de Weininger qu'il avait lu lors de son séjour à Linz : « Il n'y avait qu'un seul juif honnête, et il s'est suicidé ». (Gilad Atzmon, La Parabole d'Esther.)
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