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Le Théâtre libéré (Osvobozené divadlo) était un Théâtre d'avant-garde de Prague, fondé en 1926 en tant que section théâtrale de Devětsil, groupement artistique de l'avant-garde tchécoslovaque qui fut, lui, créé en 1920. Les débuts du Théâtre libéré furent fortement influencés par le dadaïsme, le futurisme, le constructivisme[1] et le surréalisme, puis par le poétisme. Bien qu'orienté à gauche, il fut critique envers les communistes. Le Théâtre libéré avait une conception moderne de la scène, avec une emphase sur l'éclairage et plus d'interactions entre les acteurs et le public.
On devrait la paternité du nom Théâtre libéré à Jiří Frejka (cs), et il signifierait théâtre libéré de toutes les conventions[2]. Pour d'autres[3], il viendrait de la traduction tchèque de l'ouvrage de Alexandre Taïrov, Remarques du metteur en scène.
La première raison à laquelle on peut penser, pour expliquer sa création, c'est celle d'avoir voulu introduire la modernité dans le théâtre tchèque, et, comme le disait Karel Teige, créer un « véritable poème sur scène qui fasse appel aux cinq sens ».
Une autre explication est, selon Danièle Montmarte, qu'il s'agissait aussi de « casser l’axe culturel Berlin-Prague-Vienne au profit d’un axe Paris-Prague-Moscou. C’est essentiel. Il y a eu des rapprochements entre cette avant-garde tchèque et les surréalistes parisiens... »
La première représentation eut lieu le avec un pastiche de George Dandin ou le Mari confondu de Molière, Cirkus Dandin (Le Cirque Dandin), qui n'eut pas beaucoup de succès. En 1927, le théâtre déménagea à Umělecká beseda (cs), où Jiří Voskovec et Jan Werich firent leur première apparition sur scène, avec Vest pocket revue (cs), qui combinait gags dadaïstes, humour intello et chansons de jazz, et qui fut acclamée. La même année, Jaroslav Ježek les rejoignit[4], et, avec Jiří Voskovec et Jan Werich, ils formèrent le cœur du théâtre. Ils utilisaient des masques inspirés des clowns Fratellini du Cirque Medrano : celui de Voskovec par François Fratellini (en) et celui de Werich par Albert Fratellini (en).
Jiří Frejka (cs)[5] et Emil František Burian quittèrent le théâtre à cause de disputes avec le metteur en scène Jindřich Honzl, un théoricien qui avait dirigé tous les spectacles du théâtre libéré. L'apport de ce quatuor (Honzl, Ježek, Voskovec, Werich) est considéré comme légendaire et est entré dans la légende.
Jusqu'en 1932, les spectacles du théâtre libéré revêtaient principalement un caractère divertissant, avec peu de répétitions, et un jeu essentiellement fondé sur l'improvisation et les réactions du public. V+W (comme fut surnommé le duo Voskovec / Werich) utilisait des thèmes historiques et des lieux exotiques (Sever proti jihu, Golem, Nebe na zemi, Fata morgana, Ostrov Dynamit, Smoking Revue) avec un accompagnement musical qui empruntait principalement au jazz. En 1931, Ježek établit un partenariat avec Karel Ančerl, qui deviendra ensuite chef de l'Orchestre philharmonique tchèque, qui dura jusqu'en 1933.
Le Théâtre libéré introduisit aussi le forbíny (de l'allemand Vorbühne, avant-scène) des dialogues improvisés sur l'avant-scène, proposant de réagir à des sujets politiques ou culturels, et c'est en 1932 que V+W firent leur première pièce politique, Caesar, qui fut jouée 191 fois[6] et dont le thème était les dangers du nazisme. Ce fut à partir de ce moment que le Théâtre libéré fut considéré comme engagé (il a eu des vitrines brisées par une manifestation d'étudiants nationalistes, par exemple[7]), avec d'autres pièces comme Osel a stín (L'Ane et l'ombre, en 1933, où Hitler prit très mal le fait d'être représenté par un âne en chair et en os[2]). En 1934, V+W projetait de monter une pièce encore plus critique envers le nazisme, mais il y eut des problèmes avec la censure et des fortes pressions des officiels allemands, ce qui conduisit à l'expulsion, en 1935, du U Nováků Palace de la Umělecká beseda
Après son expulsion, il changea de nom et devint le Théâtre enchaîné au Rokoko Theatre de la place Venceslas. Furent jouées des pièces comme Balada z hadrů (au sujet de François Villon) ou Těžká Barbora (en) (pièce encore jouée de nos jours).
En 1936, après le succès de Balada z hadrů, le Théâtre libéré revint au U Nováků Palace et présenta de nouvelles charges anti-nazies comme Svět za mřížemi, Pěst na oko ou Kat a blázen, dont les représentations avaient été émaillées de perturbations par les Fascistes, ce qui conduisit, le , à la fermeture officielle du théâtre : en janvier 1939, Voskovec, Werich et Ježek durent émigrer aux États-Unis.
Après la Seconde Guerre mondiale, Voskovec et Werich revinrent d'exil (Ježek était mort à New York en 1942) et tentèrent de relancer le théâtre, mais l'atmosphère avait changé et n'était plus aussi bienveillante envers leurs satires. Après le Coup de Prague et la prise de pouvoir des communistes, Voskovec émigra de nouveau et le Théâtre libéré cessa définitivement d'exister.
Liste non exhaustive.
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