Osamu Dazai
écrivain japonais De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Osamu Dazai (太宰 治, Dazai Osamu ), né le et mort le , est l'un des écrivains japonais les plus célèbres du XXe siècle. Il est connu pour son style ironique et pessimiste, typique du watakushi shōsetsu et de l'école buraiha, ainsi que pour son obsession du suicide et son sens aigu de la fantaisie.
Son vrai nom est Shūji Tsushima (津島 修治, Tsushima Shūji ). Il est né à Kanagi dans le Tsugaru, une région assez isolée du Japon de l'époque, au nord du Tōhoku dans la préfecture d'Aomori. Son père, membre de la Chambre des pairs, était souvent en voyage et sa mère était très malade après avoir accouché de onze enfants, aussi Osamu a-t-il été élevé par les serviteurs de la famille.
Le jeune Shūji séjourna dans des pensionnats pendant toute son enfance, d'abord à Aomori et plus tard à Hirosaki. Il était un brillant élève et écrivait déjà très bien ; il édita des publications étudiantes et y contribua en y publiant quelques-unes de ses œuvres.
Sa vie commença à changer quand son idole, l'écrivain Akutagawa Ryūnosuke, se suicida en 1927. Shūji délaissa ses études, dépensa son argent en alcool, en vêtements et avec des prostituées, tout en s'intéressant au marxisme, qui à l'époque était sévèrement réprimé par le gouvernement. Il déclara se sentir coupable d'être né dans « la mauvaise classe sociale ». Le , la nuit avant les examens de fin d'année, qu'il n'avait aucun espoir de réussir, Shūji tenta de se suicider par overdose de somnifères. Il survécut et reçut son diplôme l'année suivante. Ce ne sera que la première des nombreuses tentatives de suicide dans sa vie.
Shūji s'inscrit alors à la faculté de littérature française de l'université impériale de Tōkyō et arrêta aussitôt d'étudier. En octobre de la même année, il s'enfuit avec la geisha Hatsuyo Oyama, acte qui lui valut d'être expulsé de sa propre famille. Neuf jours après cette décision, il essaya de se suicider par noyade sur une plage de Kamakura avec une autre femme qu'il connaissait à peine, une serveuse de 19 ans appelée Shimeko Tanabe. Elle meurt, mais Shūji est sauvé par des pêcheurs qui passaient par là dans leur bateau. Cet événement lui laissera de forts sentiments de culpabilité. Sa famille intervient pour arrêter une enquête de la police et faire annuler son expulsion. Shūji et Hatsuyo se marient en décembre.
Cette situation plus ou moins heureuse ne dura pas longtemps puisque Shūji fut arrêté pour ses liens avec le Parti communiste japonais ; son frère Bunji l'expulsa de la famille et annula toute aide économique. Shūji s'enfuit et se cacha, mais Bunji réussit à lui faire parvenir un accord : si Shūji coupait tout lien avec le parti et était diplômé de l'université, il serait à nouveau le bienvenu au sein de la famille. Il accepta.
À la grande surprise de toutes les personnes concernées, Shuji honora sa promesse et se calma. Il connut l'écrivain Masuji Ibuse, qui l'aida à publier ses premières œuvres et à obtenir une bonne réputation.
Les années suivantes furent très productives ; Shuji écrivit beaucoup et utilisa le nom de plume « Osamu Dazai » pour la première fois dans une nouvelle appelée Train (1933), sa première expérience dans le style autobiographique à la première personne (watakushi shōsetsu) qui deviendra plus tard sa signature. En 1935, il devint clair qu'il ne réussirait pas ses études, et sa recherche de travail dans un journal de Tōkyō échoua. Il finit Les Dernières années, dont il pensait que ce serait sa dernière œuvre, et tenta un suicide par pendaison le .
Moins de trois semaines après, Osamu, atteint d'une appendicite aiguë, fut hospitalisé. Pendant ce temps, il devint dépendant du Pabinal, un analgésique à base de morphine. Après un an d'addiction, on l'emmena dans une institution psychiatrique en , où on l'enferma dans une chambre et le força à se désintoxiquer. Ce « traitement » dura plus d'un mois, pendant lequel sa femme Hatsuyo commit un adultère avec le meilleur ami d'Osamu, Zenshirō Kodate. Ceci se révéla peu après, et Osamu essaya de se suicider par shinjū avec sa femme ; ils prirent des somnifères, mais ne moururent pas. Ils divorcèrent peu après. Osamu se remaria rapidement, avec une professeur de collège, Ishihara Michiko. Leur première fille, Sonoko, est née en .
Il écrira plusieurs romans et nouvelles pendant les années 1930 et 1940, le plus souvent autobiographiques. Son premier roman, Gyofukuki (1933) est une fantaisie noire incorporant le suicide. Il écrira plusieurs nouvelles en cette période, dont Dōke no hana (1935), Gyakkō (1935) qui était candidat du premier prix Akutagawa, Kyōgen no kami (1936) et celles qui composent son recueil publié en 1936, Bannen, qui décrivent sa solitude et sa débauche.
Le Japon déclara la guerre en , mais Osamu fut exempté du service militaire obligatoire à cause de ses problèmes de santé (la tuberculose fut diagnostiquée). Les censeurs devinrent de plus en plus réticents à accepter son travail, mais il réussit à publier assez souvent, devenant l'un des rares auteurs à publier pendant la guerre.
Plusieurs contes qu'il publia pendant la guerre sont des reprises des contes de Ihara Saikaku (1642-1693). Il publia aussi Udaijin Sanetomo (1943), inspiré de la vie de Minamoto no Sanetomo, Tsugaru (1944), Pandora no hako (1945-1946), et un recueil de contes de fées, Otogizōshi (1945).
Sa maison fut brûlée deux fois pendant le bombardement de Tōkyō par les Américains, mais sa famille et lui s'en échapperont sans blessures. En raison du risque trop élevé de vivre à Mitaka (dans la région de Tokyo), il escorte sa femme et ses enfants à Kôfu en mars 1945 auprès de sa belle-sœur. Le 2 avril, une bombe tombe sur sa maison de Mitaka et il manque de se faire ensevelir sous les décombres d'un mur contre lequel il s'était abrité et qui s'effondra. Il rejoint alors sa famille à Kôfu quelques jours plus tard[1]. Dazai et son épouse Michiko eurent un fils, Masaki, né en août 1944, et une fille, Satoko (qui deviendra plus tard la célèbre écrivaine Yuko Tsushima), en .
Il atteint l'apogée de sa carrière littéraire dans les années qui suivent la fin de la guerre.
Dans Biyon no Tsuma (« La Femme de Villon », 1947), il décrit une vie sans but dans le Tōkyō d'après-guerre. Le narrateur est la femme d'un poète qui l'a abandonnée. Elle travaille pour un barman à qui son mari avait volé de l'argent. Sa détermination est durement mise à l'épreuve, elle subit un viol et les infidélités de son mari, mais sa volonté reste de fer.
En est publié Shayo, son œuvre la plus connue, qui décrit le déclin de la noblesse japonaise après la guerre. Il devient encore plus célèbre et populaire. Toujours grand buveur, il devient alcoolique, a un enfant illégitime avec l'une de ses admiratrices, et sa santé commence à se détériorer. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Tomie Yamazaki (山崎富栄), esthéticienne et veuve de guerre, dont le mari était mort dix jours après leur mariage. L'écrivain abandonne sa femme et ses enfants et emménage avec Tomie, écrivant alors sa semi-autobiographie La Déchéance d'un homme (人間失格, 1948), à Atami.
Pendant le printemps de 1948 il travaille sur un roman qui sera publié dans le journal Asahi Shinbun, Gutto bai (« Goodbye »). Il meurt le , noyé avec Tomie dans l'aqueduc de Tamagawa qui est proche de leur maison et alors en crue. Les corps ne sont retrouvés que le , jour de son 39e anniversaire. Il est enterré au temple Zenrin-ji dans la ville de Mitaka de la préfecture de Tokyo.
Des rumeurs persistantes affirment que sa dernière tentative de suicide n'en était pas une, qu'il fut tué par Yamazaki, laquelle se suicida après avoir jeté son corps au canal. Cette théorie est au cœur de plusieurs romans et d'un drame passé à la télévision japonaise, mais il n'y a aucune preuve de sa véracité. D'autres pensent que c'est une forme de shinjū.
Le style d'Osamu est surtout marqué par son utilisation de la première personne. Toutes ses œuvres sont plus ou moins autobiographiques, mais pouvaient être écrites en tant qu'extrait de journal intime, essai, lettre, journalisme ou soliloque.
Son style est aussi très pessimiste relatif au sens de la vie, reflétant sa propre personnalité. Les personnages de ses romans trouvent souvent que le suicide (souvent par shinjū) est la seule manière de s'échapper de leurs existences infernales, mais échouent souvent dans leurs tentatives par pure apathie envers leur propre existence, le fait de survivre ou pas leur étant parfaitement égal.
Ses œuvres oscillent entre le drame et la comédie, le mélodrame et l'humour, et il change son vocabulaire selon le style choisi.
Son opposition à certaines modes sociales et littéraires était partagée par les membres de la buraiha, dont Ango Sakaguchi et Sakunosuke Oda.
L’écrivain japonais Yukio Mishima (1925 – 1970), qui comme Dazai mit fin à ses jours, dit dans un livre d’entretiens du poète Jean Pérol sur la Littérature japonaise (« Regards d’encre – Écrivains japonais 1966-1986 », éditions La Différence, 1995) qu’il convient qu’Osamu Dazai et lui font partie de la même école ‘romantique’ (‘Nippon Roman Ha’). Mais il dit être critique d’Osamu Dazai car, selon Mishima, Dazai « représente le coté maladif, faible, hypersensible de la fin du romantisme japonais » … et que « Dazai aurait commercialisé la faiblesse humaine… Évidemment, je sais bien qu’on écrit parce qu’on est faible ; pourtant, bien que tous les écrivains soient faibles, ils ne doivent pas commercialiser cette faiblesse. » (sic). Au travers de cette opinion semblent transparaître des différences de personnalité et de sensibilité entre les deux écrivains par rapport à la défaite du Japon et à son occidentalisation à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs textes d'Osamu Dazai restent inédits en français.
Influencé par son frère Keiji et par des artistes peintres de ses connaissances, comme Hamae Sakurai et Kunio Hisatomi, Osamu Dazai a peint plusieurs portraits à l'huile[2].
Plusieurs œuvres d'Osamu Dazai ont fait l'objet d'adaptations sur divers supports.
Le conte Cours, Melos ! (Hashire Melos) a été adapté au théâtre par Shūji Terayama en 1972.
Deux des récits et contes d'Osamu Dazai ont été adaptés en moyens métrages d'animation dans une collection intitulée Youth Literature (ou Aoi Bungaku Series) produite par le studio Madhouse en 2009.
Un manga de Noda Hiroshi, Isekai Shikkaku, publié depuis 2020, le met en scène dans un isekai.
Ainsi qu'une adaptation de la Déchéance d'un homme par Junji Ito en 2017
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