L’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare remonte à l’année 1572 : une bulle papale officialisait l'union de l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem (fondé en Palestine pendant le XIIe siècle, mais en déclin depuis le milieu du XVe siècle) avec l’ordre de Saint-Maurice (créé en 1434, par le duc Amédée VIII).
Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare | |
Grand-Croix de l’Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. La croix tréflée blanche est celle de l’ordre de Saint-Maurice. La croix verte est celle de l’ordre de Saint-Lazare. | |
Création | |
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Statut | cessé (accordé seulement à titre privé) |
Langue officielle | Italien |
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L'ordre de chevalerie du royaume d'Italie a été fondé à Lierna sur le lac de Côme, dans l'église du château de Lierna le .
Histoire
L’ordre de Saint-Lazare
Vers 1060, bien avant la première croisade, il existait, en dehors des murailles de Jérusalem, un hôpital pour les lépreux, placé sous l’invocation de saint Lazare, desservi par des moines arméniens soumis à la règle de saint Basile le Grand.
Après la prise de Jérusalem par les croisés, en 1099, les chevaliers atteints de la lèpre vinrent se faire soigner à l’hôpital Saint-Lazare. Certains restèrent au sein de la communauté monastique puis prononcèrent leurs vœux tout en conservant leur engagement chevaleresque. Au XIIe siècle, les chevaliers hospitaliers adoptèrent la règle de saint Augustin. Ainsi apparut l’identité définitive de l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem.
Au milieu du XIIe siècle, cette congrégation dut s’armer pour se défendre des infidèles. Après la prise de Jérusalem par Saladin en 1157, l’action militaire des chevaliers hospitaliers de Saint-Lazare se développa. Ils participent à la prise de Saint-Jean-d’Acre en 1191. On les retrouve ensuite aux côtés de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, roi de Jérusalem, dans sa croisade de 1227. En 1244, ils prennent une part héroïque à la funeste bataille de Gaza. Puis, aux côtés du roi de France, les chevaliers de Saint-Lazare participent au combat de Damiette et à la bataille de la Mansourah (1249). Lors du siège de Saint-Jean-d'Acre en 1291, ils sont avec les chevaliers des autres ordres, les défenseurs héroïques de la dernière citadelle des chrétiens en Orient.
La bulle Cum a Nobis Petitur du pape Alexandre IV, donnée le (ou 1255 ?), confirma l’ordre religieux, militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem.
L’ordre de Saint-Maurice
Saint Maurice est le saint patron de la famille de Savoie[1]. L’ordre de Saint-Maurice doit sa création à celle de la « Noble Association », une congrégation de six nobles personnages, veufs et d'âge mur, qui rejoignirent Amédée VIII, premier duc de Savoie, dans sa retraite du château de Ripaille, à Thonon. La date de création de la milice de saint Maurice communément retenue est le [2].
Les six premiers chevaliers-ermites ayant rejoint Amédée et prononcé des vœux de chasteté et d'obéissance sont : Henri de/du Colombier, proche conseiller ducal[3] ; Claude du Saix, président de la Chambre des comptes de Savoie ; Nicod de Menthon, chambellan ducal ; Louis de Chevelu de Lucey ; Humbert de Glerens et François de Buxy (parfois Buxi). Nicod de Menthon n'est pas veuf.
Le , cette association devient, par bulle du pape Grégoire XIII Christiani populi corpus, l'ordre militaire et religieux de Saint-Maurice.
L’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
Le , Grégoire XIII - par la bulle Pro Comissa Nobis - institua l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, en réunissant ces deux ordres. Le , le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert (1553-1580), reçoit du pape les insignes de l’ordre et les charges de grand maître et général de la Militia Sancti Lazari et Mauritius, une dignité proclamée héréditaire. Les Saints-Maurice-et-Lazare devinrent l’ordre courant de la maison de Savoie.
En 1752, une bulle du pape Benoît XIV remet officiellement l’hospice du col du Petit-Saint-Bernard et tous ses biens à l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, qui se chargera de son fonctionnement jusqu’au début du XXe siècle, servant plus de dix mille repas chaque année, notamment aux « maronniers », gens des hameaux voisins qui, en échange de l’exemption du service militaire, devaient guider les voyageurs désirant traverser le col.
En 1573, le pape Grégoire XIII a fusionné la fondation italienne de l'ordre de Saint-Lazare avec l'ordre de Saint-Maurice dans l'église du château de Lierna sur le lac de Côme. La nouvelle commande a été chargé de défendre la Saint-Siège ainsi que de continuer à aider les lépreux.
L’ordre et ses objectifs
L’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare n’est pas seulement un ordre honorifique. À ce jour, les tâches primordiales de l’ordre demeurent toujours l’aide aux nécessiteux et aux malades et, en règle générale, le service de la communauté et ses membres, selon les préceptes d’un christianisme pratiquant. À ce titre, l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare est reconnu d’utilité publique par la République italienne depuis 1951. De ce fait, les chevaliers contribuent au bien-être du monde en exerçant, au quotidien, leurs qualités d’hommes honnêtes, loyaux et croyants, compréhensifs et généreux, sachant pardonner au nom d'une justice qu’ils défendent. Le chevalier se doit également d’avoir un attachement sincère et respectueux envers la maison royale de Savoie. Ses actions se doivent de contribuer à la renommée de la maison royale.
Dans les deux départements savoyards (Savoie et Haute-Savoie), les chevaliers des ordres dynastiques de la maison royale de Savoie se sont regroupés au sein d'une association de droit français : l'ASMOD (Association de Savoie des membres des ordres dynastiques de la royale maison de Savoie). Ils soutiennent notamment la fondation du bocage à Chambéry.
Composition et insigne
Description
Le collier ou cordon de l'Ordre est constitué d'un collier de soie moirée verte arrêté en plusieurs points par le monogramme du grand maître régnant en or. Du cordon pend l'insigne couronné de l'Ordre.
La plaque grand-croix se compose d'une croix mauricienne en émail blanc d'où dépassent quatre bras en émail vert. Il est monté sur une étoile rayonnante en argent.
La plaque de grand officier consiste en une croix mauricienne en émail blanc d'où partent quatre bras en émail vert. Il est monté sur un losange rayonnant en argent.
La médaille de l'ordre consiste en une croix mauricienne en émail blanc d'où dépassent quatre bras en émail vert. À partir de la classe des officiers, la médaille était reliée au ruban par une couronne royale en or. La classe des officiers de 1857 à 1868 avait une couronne de laurier en or attachée au ruban.
Le ruban de l'ordre est vert avec des couronnes superposées d'or ou d'argent selon le rang pour la période royale. Pendant la période républicaine de 1946 à 1951, lorsque l'Ordre était encore accepté en Italie, les couronnes ont été remplacées par des étoiles. Actuellement[Quand ?], la maison de Savoie, qui continue à accorder à titre privé cet ordre de collation, accorde à ses bénéficiaires des rubans avec des étoiles d'or et d'argent comme à l'époque républicaine.
La cocolla ou robe de cérémonie est rouge, bordée de blanc aux manches et dotée d'un col en tissu blanc, boutonné sur le devant en rouge. Sur le devant figure l'insigne brodé de l'ordre, composé d'une croix mauricienne en blanc d'où partent quatre bras en vert. Sur le devant, la robe est complétée par un cordon noué qui tombe sur la poitrine.
Grades
Tout au long de sa longue histoire, l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare a été subdivisé en différentes classes de mérite, qui ont changé selon les différentes époques où il a été réformé et selon les nouvelles exigences de l'État. Nous reproduisons ci-dessous ces évolutions pour la classe masculine, la classe féminine n'ayant été admise qu'au XXe siècle :
- Rangs jusqu'à 1831
- Chevalier de grand-croix
- Chevalier de la grâce et chevalier de la justice
- Rangs de 1831 à 1832
- Chevalier de grand-croix récompensé par le grand cordon
- Chevalier de grand-croix
- Commandeur
- Chevalier
- Rangs de 1832 à 1857
- Chevalier de grand-croix récompensé par le grand cordon
- Chevalier de grand-croix
- Commandeur
- Officier chevalier
- Chevalier
- Rangs de 1857 à 1865
- Chevalier de grand-croix récompensé par le grand cordon
- Chevalier de grand-croix
- Commandeur de première classe
- Commandeur
- Officier chevalier
- Chevalier
- Rangs depuis 1865
- Chevalier de grand-croix récompensé par le grand cordon
- Chevalier de grand-croix (60 membres)
- Grand officier (150 membres)
- Commandeur (500 membres)
- Officier (2 000 membres)
- Chevalier (illimité)
Pour les femmes, la répartition est la suivante
- Dame de grand-croix reçoit le grand cordon
- Dame de grand-croix (60 membres)
- Commandeure (500 membres)
- Dame (illimité)
Décorations
Rubans depuis 1855 jusqu'au | ||||
Chevalier | Officier | Commandeur | Grand officier | Chevalier grand-croix Grand cordon |
Rubans depuis le jusqu'au par la République italienne Rubans depuis le par concession privée de la maison de Savoie | ||||
Chevalier | Officier | Commandeur | Grand officier | Chevalier grand-croix |
Grands maîtres de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
- . Emmanuel-Philibert de Savoie (1572-1580)
- . Charles-Emmanuel Ier de Savoie (1580-1630)
- . Victor-Amédée Ier de Savoie (1630-1637)
- . François-Hyacinthe de Savoie (1637-1638)
- . Charles-Emmanuel II de Savoie (1638-1675)
- . Victor-Amédée II de Savoie (1675-1731)
- . Charles-Emmanuel III de Savoie (1732-1773)
- . Victor-Amédée III de Savoie (1773-1796)
- . Charles-Emmanuel IV de Savoie (1796-1802)
- . Victor-Emmanuel Ier de Savoie (1802-1824)
- . Charles-Félix de Savoie (1824-1831)
- . Charles-Albert de Savoie (1831-1849)
- . Victor-Emmanuel II de Savoie (1849-1878)
- . Humbert Ier de Savoie (1878-1900)
- . Victor-Emmanuel III de Savoie (1900-1946)
- . Humbert II de Savoie (1946-1983)
- . Victor-Emmanuel de Savoie (1983-2024), Amédée de Savoie-Aoste (1983-2021), débouté par les tribunaux italiens
Personnalités
- André Provana de Leyni (1511-1592), capitaine général des galères du duc de Savoie, grand-croix et grand-amiral de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare[4],[5] ;
- Giovani Battista de Solere (1580-1641), ambassadeur du Piémont à Venise, grand-croix de l'Ordre (1609) et vice-chancelier.
- Antoine Brignole-Sale (1786-1863), aristocrate génois, petit-fils de doge, marquis de Groppoli en Toscane, comte de l'Empire, maître des requêtes de l'empereur Napoléon Ier, préfet de Montenotte, geôlier du pape Pie VII à Savone, ministre de la république de Gênes au congrès de Vienne, surnommé par le tsar Nicolas Ier de Russie : « le grand ambassadeur du petit roi ». Grand-croix de l'ordre ;
- Joseph de Maistre (1753-1821), homme politique, magistrat, historien, philosophe et écrivain, ambassadeur et ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne à Saint-Pétersbourg, grand-croix de l'ordre ;
- Xavier de Maistre (1763-1852), officier de l'armée sarde, passé au service de l'empereur de Russie, écrivain, grand-croix de l'ordre ;
- Rodolphe de Maistre (1789-1866), gouverneur du comté de Nice de 1838 à 1848, grand-croix de l'ordre ;
- Paul Maistre (1858-1922), général français, grand-officier de l'ordre ;
- Prince Piotr Ivanovitch Bagration (1765-1812), général de l'armée russe, grand-croix de l'ordre ;
- Baron Eugène Beyens (1816-1894), diplomate belge, grand-croix de l'ordre ;
- Hector Gerbaix de Sonnaz (1787-1867), général d'armée et homme politique italien, collier de l'ordre de l'Annonciade, grand cordon de l'ordre ;
- Guillaume Henri Dufour (1787-1875), général suisse, cartographe, homme politique et cofondateur de la Croix-Rouge, grand cordon de l'ordre ;
- Hyacinthe Fidèle Avet (1788-1855), comte, magistrat et homme politique italien, grand cordon de l'ordre ;
- Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud (1798-1854), général français, maréchal de France, grand-croix de l'ordre ;
- Benoît de Boigne, général français, grand-croix de l'ordre (1824) ;
- Comte Luigi Cibrario (1802-1870), homme d'État italien, ministre, secrétaire de l'ordre ;
- Sylvain Van de Weyer (1802-1874), Premier ministre de Belgique, grand-croix de l'ordre ;
- Charles-Marie-Augustin de Goyon (1803-1870), général de division français, sénateur, grand-croix de l'ordre ;
- Luigi Federico Menabrea (1809- 1896), homme politique italien, ingénieur militaire et mathématicien, fondateur de l'école moderne de géométrie différentielle italienne, ministre, président du Conseil (1869), grand cordon de l'ordre de la Couronne d'Italie, chevalier de l'Annonciade, grand-cordon de l'ordre ;
- Camillo Cavour (1810-1861), ministre du royaume de Sardaigne, président du conseil du royaume d'Italie, acteur important de l'unité italienne, grand-croix de l’ordre ;
- Simon-Antoine Pacoret, comte de Saint-Bon (1828-1892), amiral, puis ministre de la Marine italienne, grand-croix de l'ordre ;
- Henri Rieunier, amiral, ministre de la Marine et député, grand-croix (1892) ;
- Henri Conneau, médecin particulier de la reine Hortense et de la famille Bonaparte, premier médecin de l'empereur Napoléon III, grand-croix de l'ordre ;
- Henri Mordacq, général de corps d'armée français et chef de cabinet militaire de Clemenceau de 1917 à 1920, grand officier de l'ordre ;
- Henri Berthelot, général français de la Première Guerre mondiale et organisateur de l'armée roumaine, grand officier de l'ordre ;
- Charles-Marie-Augustin, comte de Goyon (1803-1870), aide de camp de Napoléon III, grand-croix (1853) ;
- Adolphe Billault (1805-1863), président du corps législatif, Ministre de l'intérieur puis Ministre d'État de Napoléon III, grand-croix (1855) ;
- Eugène de Bauffremont (1843-1917), duc de Bauffremont, prince de Bauffremont et du Saint-Empire, prince de Carency, duc d'Atrisco, grand-croix de l’ordre ;
- Henri Dunant (1828-1910), homme d'affaires suisse, fondateur de la Croix-Rouge ;
- Prince Constantin E. Belosselsky Belozersky (ru) (1843-1920), Général-Lieutenant, Aide de camp Général de sa Majesté l'Empereur Nicolas II, grand-officier de l'ordre ;
- Louis Franchet d'Esperey (1856-1942), général français, maréchal de France, grand-croix de l'ordre ;
- Gaetano Giorgini (1795-1874), mathématicien et homme politique, grand-officier de l'ordre ;
- Vicomte Charles Hippolyte Vilain XIIII, diplomate belge, grand-croix de l'ordre ;
- Baron Adolphe de Vrière, ministre d'état, grand-cordon de l'ordre.
Ordres dynastique de la maison de Savoie
Les ordres dynastiques de la maison royale de Savoie sont riches d'environ 4 000 chevaliers. Ils comprennent l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, l’ordre civil de Savoie, l’ordre du Mérite de Savoie et l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade. Ils sont répartis dans de nombreux pays d’Europe, mais aussi en Argentine et aux États-Unis. Une forte majorité des chevaliers est italienne. La délégation de Savoie des ordres dynastiques (Savoie et Haute-Savoie) compte environ une soixantaine de chevaliers, organisés en association loi de 1901.
Notes et références
Voir aussi
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