Orbiting Solar Observatory (OSO) est un programme de l'agence spatiale américaine, la NASA, constitué d'une série de 9 observatoires spatiaux lancés entre 1962 et 1975. Leur mission principale est l'étude du cycle solaire de 11 ans par observation du rayonnement ultraviolet et X émis par le Soleil. Sur les 9 satellites OSO, 8 (OSO 1 à 8) sont lancés avec succès par un lanceur Delta.
Contexte
La deuxième génération des satellites scientifiques
Durant les cinq premières années qui suivent le lancement du premier satellite artificiel dans l'espace (Spoutnik 1 en 1957) marquant le début de l'ère spatiale, une première génération de satellites scientifiques est développée. Ces satellites, conçus sans disposer d'aucune expérience extérieure, sont simples, de petite taille (pas plus de quelques dizaines de kilogrammes car les lanceurs existants ont des capacités réduites) et n'effectuent généralement qu'un seul type de mesure. Au sein de l'agence spatiale américaine, la NASA, ce sont les premiers satellites du programme Explorer, les Injun de l'université d'Iowa, les Vanguard ainsi que les LOFTI et SOLRAD du Naval Research Laboratory. La NASA lance par la suite trois séries de satellites beaucoup plus sophistiqués : ce sont la série des OAO (Orbiting Astronomical Observatory), les OGO (Orbiting Geophyscal Observatory) et les OSO (Orbiting Solar Observatory)[1].
Un rayonnement solaire inobservable depuis la surface de la Terre
Les scientifiques observent le Soleil depuis l'époque de Galilée. Mais de nombreux processus internes du Soleil ne peuvent être étudiés qu'à travers le rayonnement qu'ils génèrent. Les observatoires terrestres ne peuvent étudier que la partie du spectre électromagnétique qui n'est pas bloqué par l'atmosphère terrestre ce qui écarte ultraviolet, rayons X et rayons gamma. Or les émissions produites par les processus solaires, parce que ces derniers sont très énergétiques, ont lieu principalement dans ces longueurs d'onde. Des observatoires spatiaux, parce qu'ils sont capables de s'affranchir de la barrière de l'atmosphère terrestre, sont seuls capables de fournir des informations essentiels sur les processus solaires[2].
Historique du projet
Les satellites du programme OSO sont tous conçus par le centre de vol spatial Goddard qui est l'établissement de la NASA consacré aux missions scientifiques. Le premier satellite de la série, OSO 1, est lancé en 1962 et parvient à mesurer le rayonnement électromagnétique du Soleil dans les bandes spectrales de l'ultraviolet, des rayons X et des rayons gamma. Les deux satellites suivants sont victimes de défaillance de leur lanceur. Finalement huit satellites parviennent jusqu'à leur orbite et fournissent des données. Tous ont pour objectif d'étudier le rayonnement du Soleil. Les OSO 5, 6 et 7 étudient plus particulièrement les éruptions solaires qui constituent une menace pour les équipages des missions Apollo qui ont lieu à cette époque[2].
Architecture technique
À l'époque de la conception des satellites OSO, la technique de stabilisation active de l'orientation des satellites, qui est souhaitable pour pouvoir pointer des instruments vers un objet céleste, n'est pas encore au point. Pour stabiliser son orientation, le corps du satellite est mis en rotation et un dispositif spécial doit être développé pour maintenir malgré ce mouvement un instrument pointé vers sa cible. Tous les satellites du programme Orbiting Solar Observatory sont stabilisés par cette méthode et adoptent une architecture qui, pour prendre en compte cette contrainte, comprend deux sous-ensembles : la Roue qui est un cylindre peu épais en rotation et la Voile pointant en permanence vers le Soleil grâce à un moteur électrique. La Voile porte les instruments qui analysent le rayonnement solaire ainsi que le panneau solaire qui génère l'énergie électrique du satellite. Instruments et panneau solaire sont donc maintenus en permanence pointés vers le Soleil malgré le mouvement de la Roue. Le palier assurant la liaison mécanique entre la Roue et la Voile constitue la pièce la plus critique du satellite car elle doit pouvoir fonctionner sans à-coups durant des mois dans les conditions difficiles du vide spatial et en l'absence de système de lubrification.La Roue abrite dans des compartiments en forme de tranche de camembert, les fonctions de support du satellite ainsi que certains instruments scientifiques. OSO 1 a une masse d'environ 200 kg. Les satellites OSO 2 à OSO 6 ont une masse proche de 600 kg. OSO 7 et OSO 8 ont une masse de 1 400 kg.
OSO 1, tête de série lancé en 1963, est le premier satellite artificiel à disposer d'un instrument pointé en permanence vers une cible fixe et il est également le premier à enregistrer les données recueillies par ses instruments sur un magnétophone à bandes (jusque là les données étaient transmises en temps réel et étaient donc perdues lorsque aucune station terrienne était à portée)[3].
Les missions du programme
OSO 1
Déroulement de la mission
Cette première mission de la série est lancée le 7 mars 1962. La roue dont le diamètre est de 1,2 mètre comporte 7 côtés. Le satellite est placé sur une orbite quasi circulaire ayant une altitude de 575 kilomètres et une inclinaison orbitale de 32,8 degrés. Son objectif principal est de mesurer le rayonnement ultraviolet X et gamma du Soleil. Un objectif secondaire est d'étudier la poussière présente dans l'espace. Le satellite fonctionne normalement jusqu'à la défaillance du second magnétophone utilisé pour enregistrer les données le 15 mai 1962. Il continue néanmoins à transmettre des données en temps réel jusqu'en mai 1964. Il est détruit en pénétrant dans l'atmosphère terrestre le 8 octobre 1981[4],[3].
Instruments scientifiques
Les instruments installés à bord d'OSO 1 sont[5] :
- Mesure du rayonnement gamma solaire 0,1-07 MeV
- Mesure du rayonnement X solaire 1-8 Ångströms
- Mesure du rayonnement X solaire 20-100 keV
- Mesure du rayonnement ultraviolet solaire 3800-4800 Ångströms
- Détecteur de protons solaires BF-3
- Détecteur de poussière
- Détecteur de rayons gamma à scintillateurs 50 keV-3 MeV (monté sur la Roue).
- Détecteur de rayonnement gamma à haute énergie (100 MeV) destiné à étudier les éruptions solaires.
- Détection des protons de plus de 2 MeV et des électrons de plus de 60 keV émis dans les régions situés en dessous des ceintures de Van Allen (monté sur la Roue)
- Mesure des émissions correspondant à la raie Lyman-alpha de l'hydrogène (monté sur la Roue).
- Spectromètre du rayonnement solaire entre 10 et 400 Ångströms.
Résultats
L'instrument mesurant le rayonnement gamma dans la bande 0,5-3 MeV a mis en évidence la présence d'un bruit de fond contribuant à esquisser la nature d'un problème que rencontrera l'astronomie gamma[4].
OSO 2
OSO 3
OSO 4
OSO 5
OSO 6
OSO 7
OSO 8
Satellite | Date lancement | Lanceur | Fin des opérations | Identifiant COSPAR | Masse | Commentaire |
---|---|---|---|---|---|---|
OSO 1 | Delta | 6 aout 1963 | 1962-006A | 208 kg | Premier observatoire solaire spatial | |
OSO B | - | Delta | - | - | - | Détruit avant le lancement |
OSO 2 | Delta-C | 1965-007A | 547 kg | |||
OSO C | 25 aout 1965 | Delta-C | - | - | 600 kg | Échec du lancement |
OSO 3 | Delta-C | 1967-020A | 600 kg | |||
OSO 4 | Delta-C | 1967-100A | 605 kg | |||
OSO 5 | Delta-C1 | 1969-006A | 645 kg | |||
OSO 6 | 9 aout 1969 | Delta-N | 1969-068A | 647 kg | ||
OSO 7 | Delta-N | 1971-083A | 1 400 kg | |||
OSO 8 | Delta 1910 | 1975-057A | ? |
Résultats scientifiques
Les satellites OSO ont fourni le premier aperçu détaillé et exhaustif des émissions du Soleil dans une partie du spectre solaire qui ne pouvait être observé avec des moyens terrestres. Les données recueillies ont permis un premier niveau de compréhension des processus complexes de notre étoile qi ont un impact critique sur la vie sur Terre[2].
Missions suivantes
Les missions OSO sont les premières d'une longue suite de missions développées par la NASA dans le but d'étudier le Soleil. Les missions suivantes comme les OSO seront conçues et gérées en phase opérationnelle par le centre de vol spatial Goddard. En 1980 la mission SolarMax est lancée pour étudier plus particulièrement les éruptions solaires alors que l'activité solaire approche de son pic. Une deuxième série de satellites est lancée pour étudier le cycle suivant : ce sont SoHO (1995) développé conjointement avec l'Agence spatiale européenne et positionné au point de Lagrange L1, TRACE (1998) assisté de la mission américo-européenne Ulysses (1990) qui présente la particularité de circuler sur une orbite héliocentrique polaire[2]. Depuis de nouvelles missions d'étude du Soleil sont périodiquement lancées. Parmi les plus marquantes figurent Solar Dynamics Observatory (2010), Parker Solar Probe (2018) et Solar Orbiter (2020).
Notes et références
Voir aussi
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